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Full text of "Bibliothèque françoise, ou histoire de la littérature françoise"

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HARVARD UNIVERSITY. 

LIBRARY OF THE 

French Department, 

SEVER HALL. 

GIFT OF 

JAMES HAZEN HYDE, 

(Class of 1898.) 
■■ I iljli iV| I fipitfi— 



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BIBLIOTHEQUE 

FRANÇOISE- 

TOME DIX-HUITIEME. 



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/ 



BIBLIOTHEQUE 

. FRANÇOISE, 

ou 

HISTOIRE 

DE LA 

LITTÉRATURE FRANÇOISE. 

Dans laquelle on montre l'utilité que Ton peur 
retirer des Livres publiés en François depuis 
l'origine de l'Imprimerie , pour la connoiflance 
des Belles -Lettres , de l'Hiftoire , des Sciences 
& des Arts s 

Et où l'on rapporte les Jugemens des critiques 
fur les principaux Ouvrages en chaque genre 
écrits dans la même v Langue. 

Par M. rAbbéJLPUJET , Chanoine de Saint 
Jacques de l'Hôpital , Afïbcié des Académies 
de Marfeille, d'Angers*, de Rouen , & l'un des 
Honoraires delà Société des Sciences, Arts 8c 
"Belles -Lettres d'Auxerre. 

TOME DIX-HUITIÈME. 

A PARIS , RUE S. JACQUES 9 

f H. L. Guirxn,&L. F.Deutour, 
Chez J à Saint Thomas d'Aquin. 

£P. G. Le Mercier, au Livre d'Of. 



M. DCC, LV1. 
Avec Approbation , & Privilège du Roi 



i 



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Harvard University, 
.French Dept. Ubrary, 




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BIBLIOTHEQUE 

F R AN Ç O I S Ej 

o u 

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE 
FRANÇOISE. 
, SUITE DE LA NEUVIÈME PARTIE, 
POETES FRANÇOIS. 

JACQUES ET N. ESPRIT. 

N a vu dans le Volume 
précédent que la plupart 
des Poètes qui avoient ac- 
quis quelque renom fur no- 
tre Parnaffe , avoient été Membres de 
l 'Académie Françoife ; je vais en of- 
frir de nouveaux exemples dans celui- 
ci. Je commence par Jacques Efprït, 
Tome Xrill, A 




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2 Bibliothèque 

M.. l'Abbé d'Olivet , le feu» de nos 
Jacques fJiftoriens * qui en parle avec quel- 
REsprit! <F e détail ^ le dit né à Beziers le 22 
1678. Oâobre 161 1 , & nous le repréfente 
mftoirede comme un homme affez inconftant. 
r A p? d 3^o& A l'âge de 18 ans, dit-il, il vint l 
ûû»* Paris joindre fon frère aîné >t qui étoit 
Prêtre de l'Oratoire. Il entra dans la 
même Congrégation le 16 Septem- 
bre 1629. , y donna 4 ou 5 années k 
l'étude des belles Lettres & de la 
Théologie , & en fortit par des vues 
d'ambition. Il avoit une heureufe 
phyfionomie , de la déticatefle dans, 
Tefprit , une aîmable vivacité , de 
l'enjouement , beaucoup de facilité 
à bien pàrler & à bien écrire ; il plut 
2 l'Hôtel de Lïancourt & à celui de 
Rambouillet , où on l'avoit intro- 
duit ; il en fut flatté % & quitta fa 
Congrégation pour devenir Courti~ 
fan. Ce ne fat pas fans fuccès. 

Goûté d'abord par M. le Duc de la 
Rochefoucauld , Auteur de ces Ma- 
ximes fî connues,, & qui méritent tant 
i> IC ha*eSln d%re hies , ce Seigneur le produifit 
dl C ii jtnv!' partout Xe Chancelier Seguïer voulut 
164*. ravoir enfuite , lui donna fa table , âc 
500 éeus de penfion : il lui procura de 
plus une peofipn de deux milte livres 



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Françoise. j 
far une Abbaye , & le Brevet de Con- ^ mmmmm 
feiller d'Etat, & le 14 Février 1639 * Jacqu " 
îl fut reçu à l'Académie Françoife. 
Ces fortunes font bien rares aujour- 1*7** 
d'hui parmi les gens de lettres ; elle» 
étoierit plus communes alors. Celle 
de M. Efprit fpufFrit quelque atteinte 
en 1644, On lui renaît quelque mau- 
vais office auprès du Chancelier , & 
il fe retira pour la féconde fois au 
Séminaire de S. Magioire , mais fan$ 
vouloir reprendre l'habit de la Con-» 
grégation. > 

Comme M. le Prince de Contî 
penfoit alors férieufement àfe donner 
tout entier à Dieu , îl fréquentait foiw 
vent ce Séminaif épotir conférer avec 
ceux à qui il avoit donné fa confiance* 
11 eut occàfioh d r y voir M< Efprit ; fa 
converfatiôn le charma , il le tira 
de S* Magioire , & lui donna un loge-^ 
ment dans fon Hôtel, avec mille écus 
de penfion. 

Avant ce tems-Ià , & , félon toute uem. cTAr- 
apparence, avant même que le Chan- ^"^jjVf* 
celier Seguier lui eût donné fa table , ** 5 ' 
il s'étoit déjà fait connoître en qualité 
de Poëte par quelques vers galans ^ 
& par la paraphrafe de quelques 
Pfeaumes. L'Abbé Cotin dans foa 

Ai] 



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4 BlItîOTHEQUE 
Recueil de Rondeaux , imprimé en 
JACQUES 1649 , en rapporte deux de M. Efprit 
Esprit it p a g es 63 & 65. Ce font des coin* 
N 'i E / P 8 RIT * P^mens galans adreffés à Julie d'An. 

gejines , Demoifelle de Rambouillet > 
depuis Duchefle de Montaulier , à la 
cour de laquelle il avoit été admis 
dès 1635, Voiture en fut jaloux, & lui 
enypya ce Rondeau , que Ménage a 
cru fans fondement, comme jë le 
pen£e, regarder M. Godeau, qui n'a 
eompofé aucun vers de galanterie 
depuis qu'il fut nommé Evêque. 

Comme un galant & brave Chevalier , . - 
Vous m'appeliez en combat fingulier 
D'amour, de vers, & de profe polie; 
Mais à fi peu mon coeur ne s'humilie , 
Je ne vous tiens jue j>our un écolier. , • 
Et fuffiez-vous brave , doàe , guerrier , 
En cas d'amour , n'afpirez au Jaurief - $ ' , ^ 
Rien ne déplaît a la belle Julie 

Comme un Galant. ' 
Quittez l'amour , ce n>eft votre métier ; 
Faites des vers , traduifez le Ptetutiér f 
Votre façon décrire eft fort jolie : 
Mais gardez-vous de» faire 4e fijie t » 
Ou je fçaurai , ma foi , vous châtie? 

Comme un Galant. , 

J'ai déjà rapporté ce Rondeau , en 
parlant de M. Godeau , mais je ne 



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Françoise; 5 
crois pas que le Le&eur fe fâche de 
cette courte répétition. Jacques 
En 1646 M. Efprit accompagna Esprit * t 
à Munfter Madame & Mademoiselle 
de Longue ville. Il eft vrai que Clau- 
de Joly né le nomme point dans fon 
curieux Voyage de Munfter ; mais il 
n'y nomme pas tous ceux qui étoient 
de la fuite de ces Princefles. M. l'Ab- 
bé d'Olivet n'en dit rien non plus 
dans fes additions à PHiftoire de 
l'Académie Françoife de M. Pellif* tettr. mir. 
fon : mais ce Voyage eft conftaté |j* c ^; , t ain 
par les Lettres manufcrites de Cha- &* s oaob. 
pelain , que je crois adreflees à Jac- ^ & *i 
ques Efprit , & non à fon frère aîné. vr * I647 ' 
Selon ces Lettres, M. Efprit étoit à 
Munfteren 1646. Il fuivit les Prin- 
cefles dans le voyage qu'elles firent 
à Ofnabrug , & en Hollande y oii il 
fit connoiflance avec la fçavante 
Madeiuoifelle Schurman & le dofte 
Heinfius ; il retourna avec elles à 
Munfter , quitta ce pays après le 
16 Mars 1647, & revint à Paris. 
L'Abbé de Boifrobert , avec qui il 
étoit lié , àvoit cherché à le détour- 
ner de ce voyage, comme on le voit 
par cette Ëpître , qu'il lui envoya , 
dans laquelle il fait un grand éloge 

A iij 



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6 Bibliothèque 
de Madame de Longueville , & n*oû- 

Bsi kit U it bHe paS celui de fon ami > à < î ui id dit » 
N Esprit 

x 6? g * Mon cher Efprit ! ah quel heur , & quel bien 

Epîcres' de Si tel cf P rit P 00 * 0 " ê «e le mien 1 
Boiir. in-4 G . Tu peux fouffrir cette turlupinade î 
**4?»dM7*» Je gage & prens pour juge Benferade* 
Que fi Montmort t'avoit complimenté, 
tfar cette pointe il auroit débuté. 

11 lui demande enfuite ce qui a pu 
le déterminer au voyage qu'il étoit 
Air le point d -entreprendre , 

Quel eft ton but ? parles-moi franchement : * 
SPais-tu deflèin de te rendre Allemand 
Eft-ce colère , ou chagrin qui te charte ? 
Qu'a fait Paris pour être en ta difgrace? ♦ 
Quoi tu le fiiis ï Quoi tu le veux quitter ? 
Vaut-il pas bien Ofnabrug & Munfter î 
T'a-t-on marqué vers ce climat fauvage , 
Quelques douceurs qui foient à .ton ufage ? . ^ 
Pourquoi chercher en terre fi lointaine , 
Ce que chez toi tu poflédes fans peine f 
5e dis cjiez toi , car tu t'en eft fait un 
-Sans courtifer , & fans être importun* 
Grâce aux bontés d'une illuftre Princefle» 
Grande en vertus auïfi-bien qu'en nobleiïc , 
Qui du mérite eft l'arbitre aujourd'hui* 
Et qui t'a cru digne de ion appui, 

•«moire- de J e ne f ça i fi i> on ne ^ 0 j t pas conclure 

] Acad rr. tt j * w'v*/* • / • • / 

i p. 35a. de ces vers que M Efprit etoit mane 



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Françoise. 7 
.avant le voyage de Mimfter. M. l'Ab- 
bé d'Olivet qui parle de ce mariage., Jacques 
fans en fixer la date, dit que Jac- n P £" r " 
ques Efprit *éfolu de Le contracter , ^g. 1 *" 
n'ayant pas de*quoi affûrer le douaire 
de fa femme , qui fe nommoit Gene- 
viève Bollain , Madame de Longue- 
ville lui fit préfent de quinze mille li- 
vres argent comptant,&que le Prince 
•de Conti lui fit Une promeffe de qua- 
Tante mille -, aiïignées fur le Comté 
*de Pezenas. Quand ce Prince alla 
dans fon Gouvernement de Langue- 
doc , oii il eft mort , la reconnoif- 
ifance obligea M. Efprit à le fuivre 
. en cette Province. Je vois par les t.ettr.mfr. 
Lettres de Chapelain , qu -il étoit à de cha P* jj u 
ïeziers au mois de Mars 1648, & au ^juiihidS 
17 Juillet tle la même année à Mont- l6 .4*« 
pellier, où il effuyï une maladie de 
plus de quatre mois. Sa faveur au- 
près du Prince devint telle , que 
toutes les affaires , petites & gran- 
des, paffoiënt par fesjnains. Après 
avoir perdu fon proteôeur en 1666 9 
il demeura à Beziers , uniquement 
occupé à bien élever fa famille, qui 
confiftoit en trois filles , dont deux 
ont été mariées , l'une nommée Ar- 
mande à M. Defpondeiffan , l'autre 

A iv 



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8 Bibliothèque 

appellée Filice à M. de PoulïaneUe ; 
Jacquis & j[ a troifiéme eft morte dans un Cou- 
n'esprit vent * M mourut lui-même à Beziers 
1^78. * I e 6 Juillet 1678. Il avoit été en liai- 
tett.mf. de fon avec les plus beaux efprits de fon 
j?aTié 4 r tems - J>ai déjanommél'AbbédeBois- 
robert. Qhapelain y ajoute MM. de 
Cerify, Conrard , Godeau , La Cham- 
bre. On voit auffi par la fameufe glo- 
fe que Saralin compofa fur le Sonnet 
de Benferade, quioçcafionnala guer- 
Nicer.mém. re ^ es Uranins & des Jobdins, qu'il 
étoit ami de tous les deux , & de Voi- 
ture même , contre lequel il fe dé- 
clara , en fe rangeant du parti des 
Jobdins , c'eft-à-dire de Benferade & 
de fes amis. La glofe de Sarafin com- 
mence par ces vers : 

Monfieur Efprit , d% l'Oratoire, 
Vous agitiez en homme îaint^ 
De couronner avecque gloire r 
Job de mille tourmens atteint. 

Outre le petit nombre de poëfies quî 
nous reftent de lui , il éft Auteur du 
Livre intitulé , la Faujfetê des vertus 
humaines 9 en deux volumes in- 12. 
dont l'un eft de 1677. & l'autre de 
l'année de fa mort. On voit par ce 



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François fe. 9 
Livre , où FAuteur rapporte auffi 
quelques vers François de fa compo- Ja 
fition , qu'il avoit lû les meilleurs ^ sp £ 
Poètes Italiens , dont il entendoit la ' l6 ! 
langue , & les Philofophes Payens 
les plus eftimés. On prétend encore 
que la tradu&ion du Panégyrique de 
Trajan, par Pline, que nous avons 
fous le nom de fon frère aîné , eft 
plus fon ouvrage que de Celui-ci. 

Ce frère aîné qui avoit été pareil- 
lement de l'Oratoire, comme je l'ai 
obfervé , & qui fortit dè même de 
cette Congrégation , cultiva auffi la 
Poëfie Françoife. C 'eft du moins foiis 
fon. nom qu'on a imprimé des Maxi- 
mes politiques mi/es en vers , poëme 
fort long , mais plein d'inftruftions 
utiles, & affez bien verfifiées. L'Au- 
teur le dédia à M. le Dauphin ; mais 
avant cette dédicace qui eft en vers, 
on lit une Epître en profe à M. le 
Duc de Montaufier , pour le fupplier 
de faire lire fcet ouvrage au Roi. Au 
titre , & dans l'etf pofé du privilège , 
on lit expreffément que ce Poëme 
eft du Jieur Abbé Efprit ; & comme il 
a été imprimé en 1669, tems ailc [ lie l 
fon frère étoit marié , il femble qu'on 
ne puiffe douter que ce poëme ne foit 




A v 



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IO BlBLIt)THEQUï 

de celui dont il porte le nom. Dansla, 
Jacques préface, l'Auteur donne une notice 
Esprit et de ^ifférens é cr ' lts Q i x î» on aV oit traite 
34. Esprit. , . t A r . Q • « 

4*78. avant lui k même lujet , & il en porte 

fon jugement avec beaucoup d'équi- 
té. A Tégard du poëme même , en 
voici toute la matiére^contenue dans 
xes vers à M. k Dauphins 

Tu verras ce qu'un Roi dans le pouvoir fuprêrne 
Doit à fon Créateur., ce qu'il doit à. foi-même ^ 
Tout ce qui peut entrer dans fes nobles projets*» 
Xes moyens glorieux de régir fes fujcts , 
L'art dont il doit voiler le facié Miniftére , 
>Ceux qu'il y doit placer-, la part qu'il en doit faire» 
-Comment il faut agir avec fes courtifans , 
Difpofcr fon Etat dans le-cours de fcs ans., 
Recevoir le bonheur , % & les fuccès contraires,, 
Connoître du dehors les diverfes affaires, 
^Déclarer une guerre , ou conclure une paix., 
Tt marcher fur les pas des Rois les plus parfaits, 

5e ne rapporterai point d'exemples 
<de la manière dont le Poëte traite 
«chacun d^ ces fujets. Ces maximes 
font toutes à lire , & il feroit à fôu- 
"haiter qu'elles fuffent gravées dans 
Tefprit & dans le cœur de tous les 
'Souverains , '& qu'ils y ctSrnformaffertt 
leur conduite. 'Outre ces Maximes * 
:j'ai vu encore xk l'Abbé Elprit uns 



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T71 A WÇ'OI <&'<£• 
'Ode pouf le Roi fur Jes conquêtes dans 
da Hollande, imprimée en 1672 ; un £ S J*£* U ** 
petit Poëme, de la même année ., n^espm" 
intitulé , Plainte de Madame fur le dé- a 678. 
part de Monjitur \pour la guerre de Hol- 
.lande, & une Ode .à M. le Cardinal 
Ma^arin fur la paix : celle-ci eft dans 
le tom. III. des Poe fies diverfes dé- 
diées à M.iePriuce de Conti ,p. 269, 
Elle a vingt-troisitances , chacune de 
'dix vers. Deux de ces pièces de PAb- 
bè Eiprit fe retrouvent imprimées 
-dans un Recueil de ce qui s eft fait dx 
plus confidèrablepar. les meilleurs efprits 
de ce tems, imprimé in-4 0 . fons date. 
Et outre les deux pièces de M. Efprit^ 
tce recueil,, dont je puis dire ici un 
-mot , contient »i. l'Eloge du Roi fur 
fes Conquêtes., «Ode , par M. de la 
Gravete. 2. Vers au Roi fur 3a Cam- 
ipa^ne de Hollande en 167a , par le 
Préfident Nicole. 3. La Hollande vain- 
cue ., ou Louis XIV. triomphant,, 
poëme héroïque , auRoi, dédié à M. 
le -Dauphin, par François Colletet* 
fils de Guillaume. 4. Les entretiens 
du Rhin & de la Meufe fur. la Cam- 
pagne triomphante de l'année pré* 
fente 1672, préfentés à Sa Màjefté le 
5 Sep temhre jour de fa naiflance~, 

.Avj 



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n Bibliothèque 
y— m par le ficur de la Che*e , Doyen du 
Jacques Chapitre de Sille. 5. Paraphrafe du 
Esprit et Pf. 20. accommode à la perfonne & 
N. Esprit. aux conquêtes du Roi , par M. Le 
1678. ç^ rc ^ ayec £ eux Sonnets du même , 
au Roi. 6. Devife pour le Roi , fur 
les préparatifs de la Campagne de 
1672 , expliquée par un Sonnet tra- 
duit en plufieurs langues, enfemble 
une fable Latine traduite en François 
fur le même fujet , par Oronce Fine 
de Brianville, Abbé de S. Benoît de 
Quinçay. 7. Lettre en vers & en pro- 
fe de M. de B. . . à M. le Chevalier 
de Lorraine , & la Réponfe de ce 
Chevalier , du Camp près d'Utreû le 
p Juillet 1672. 8. La Hollande aux 
pieds dit Roi , en trois Odes , par M, 
Delà Volpiliere, Do&eur en Théolo- 
gie , plus connu par fes Sermons , fes 
Difcours fynodaux, & fes autres ou- 
vrages de morale, que par fes talens 
poétiques. J'ai vu une édition fépa- 
rée de fes trois Odes ; faite à Lyon , 
chez Vincent Moulu, 1673. in-12. 
J'ignore en quelle année l'Abbé Ef- 
prit eft mort. Il avoit un troifiéme 
frère, qui fut premier Médecin de 
Monsieur , & qui mourut au mois 
d'Oâobre 1678, c'eft-à-dire, environ 



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F k a n ç o i s e. 13 
trois mois après l'Académicien. Sa 
Charge fut donnée à M. Lizot* dont E j£^'** 
le nom eft célèbre dans la Faculté de N Esprit. 
Médecine de Paris. I é 7 8 f 

JEAN DE BUSS I E RE S 9 - S 

Jésuite. 

Jésuite. 

Ce fut le 26 du même mois d'Oâo- \6ji* 
bre , & de la même année 1678 , que 
mourut le Pere Jean de Bufiîeres , Jé- 
fuite, plus connu par fes poëfies. La- 
tines , & en particulier par fon Poè- 
me de Scanderberg , que par fes vers 
François. On lit dans le Diûionnaire 
de Moréri , qu'il étoit né en 1607. Il 
fe difoit de Villefranche en Beaujo- 
lois ; mais Chorier qui Pavoit connu 
à Vienne en Dauphiné , & qui l'avoit 
encore fréquenté à Lyon , dit dans fa 
vie de Pierre BoifTat 9 qu'il étoit de vu* 
Lyon même. D'autres veulent ce- 
pendant qu'il fût de Beaujeu. C'étoit fuiv. 
un homme laborieux. Mais le Pere ^fy^f* 
de Colonia dit dans fon Hiftoire lit- a. p. 717, 
téraire de Lyon, que fes divers ou- 
vrages annoncent plus de travail que 
de génie. Il fut, ajoute-t-il , médio- 
cre Hiftorien , mauvais Poète Fran- 
çois , mais affez bon Poëte Catiiu 



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14 ^ B L IOTHIQU'E 
" î""""" Son Hiftoire de France, écrite en La- 
Ji-an de t j n e ft aujourd'hui peu recherchée. 
Jksuitï ^ a vie " e S. Louis, gin en fait partie^ 
1*78. mérite cependant d'être lue ; c 'eft le 
imorceau le plus travaillé de fon hif- 
toire. On peut voirce que M. Baillet 
> p. 317. & dit de fes poëiies Latines dans le tome 
Yui?. y e j e {Qs Jugemens des Sçavans. 

J'ai parcouru fes Defcriptions poé- 
tiques imprimées en 1644. in-folio, 8c 
je ne fuis pas étonné qu elles f oient tout- 
à-fait tombées , félon Texpreffion du 
Pere de Colonia. Il n'y a ni ftyle., ni 
poëfie, fou vent même ni exactitude 
dans les Hmes. L'Auteur prend un 
fujet tantôt fublime, comme le ciel 9 
le foleil, &c. tantôt fimple , comme 
la tulippe ., le lait , l'oranger ., &cu 
il le décrit lâchement A: trop fouvent 
obfeurément , & en tire une morali- 
té, bonne en foi., mais toujours fort 
commune , & qui quelquefois ne pa- 
roît pas tirée naturellement de ce 
qu'il vient de décrire. Quoiqu'il ait 
varié ces Defcriptions en employant 
tantôt FOde ., tantôt l'Elégie , les 
Stances , ou le Sonnet ., il ne laiffe 
pas que de tomber dans une monoto- 
nie yii fatigueroit quand même ce 
défaut feroit racheté par des beautés 



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François fc. 15 
qu'on y chercheroit en vain. SonPoë- — 
me de la fainte Baume , qui eft à la fin J*an ml 
de fes .Dtfcriptions -, ne cm'a pas plu Bussiews, 
da^vantage. Je me foirviens que le s ^ x *£ 
Pere^leneftrier parle de cet Ecrivain 
dans le tome I. de fa Philofqphie des 
Images ; mais je ne me rappelle pas 
♦s'il le blâme ou s'il le loue, Le Pere de 
IBuiîîeres étoit auïîî en grande relation 
^avec Chapelain , qu'il confultoit , & 
dont il fuivoit volontiers les avis. Je 
n'ai pas vu dans fes Lettres , qu'il lui 
ait confeillé de mettre au jour fes 
J^efcriptions poétiques. 

CHARLES C O Y P EAU !i 

D'AS* O UiCY. Charles 

COYPEAU 

Je ne puis me difpenfer d'entrer l67%m 
fdans un plus grand détail fur Charles 
Coyptau d 'Ajfoucy , dont je n'ai dit 
qu'un mot en parlant ailleurs de fort 
Ovide en belle humeur. J Cét Ecrivaiii 
Singulier par le caraûere de fon gé- 
mie , & par cette multitude d'aventu- 
res dont fa vie a été remplie, naquit 
a Paris fur la Paroifle de S. Etienne 
Mont , vers l'an 1604 apparem- 
ment , puifque dans fa Prifoti , im- P" r °" 
iprimée .en 1674, il dit 3 u'il avoit 



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i6 Bibliothèque 

alors foixante-dix ans. Il étoit fils'de 
Coype a LES Grégoire Coypeau , Sieur d'Afïbucy , 
x>*Assoucy Avocat au Parlement , à qui il rend 
1678, ce témoignage, Qu'il étoit un des plus 
ibid. p. 93 . beaux efprits du Palais , où il avoit fait 
paroître fon éloquence durant 40 ans , 
j ^, v * e £ tlires f an s y amaffer cependant que peu 
t. 1. P . »4. de bien , puiiqu il ajoute au même 
«5.16, endroit , Qu'il n avoit que le Code & 
t efprit en partage. D 'Affoucy fe dit no- 
ble d'extra&ion, petit-fils d'un Cava- 
lier Crémonois qui s'étoit diftingué par 
fon habileté à jouer du Luth. Il ne 
nomme point fa mere ; il fe contente 
de nous la représenter comme fort pe- 
tite de corps y mais grande par t efprit 
& le fçavoin L'incompatibilité des hu- 
meurs différentes du mari & de la 
femme les brouilla fouvent enfem- 
ble , & enfin ils fe féparerent. La fem- 
îne fe retira dans un bien qu'elle avoit 
en Lorraine ; Grégoire refta à Paris , 
C onfervant fon fils auprès de lui. 
Charles étoit comme fa mere, pe- 
r u. Avcm. tit de ftature & foiblede compléxion. 
- luU p ' a82 ' Il fit fes études chez les Jéfuites ; & fi 
on doit l'en croire > ce fut avec tant 
de[fuccès, qu'il remporta plufieurs 
Avèm.t.i. P r * x * & ces progrès furent fi rapides, 
p. 99. t. 2. r«. qu'à l'âge de heuf ans > non-feulemçnt 



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Françoise. 17 
îl entendoit le Grec & le Latin , il 
étoit même en état de s'exprimer en C HA * Llg 
ces deux langues ; dès lé même âge j^^ucy. 
il fçavoit jouer du Luth affez bien 147g, 
pour fe faire écouter. Le croira qui 
voudra. Comment en effet accorder 
des progrès fi furprenans dans l'étude 
avec cette vie prefque libertine , à 
laquelle il fe livra dès l'âge de huit 
ans ou environ , puifque , félon lui , 
il n'avoit gueres que cet âge, lors- 
qu'il quitta la maifon de fon pere 
pour aller à Corbeil , d'oii il ne re- 
vint à Paris que pour fe tranfporter 
à Calais oii il arriva n'ayant encore 
eue neuf ans. Dans fa Prifon , il ré- r. 1^ 
fume ainfi ces premières circonftan- 
ces de fa vie , 

Les futs enfans de mon quartier, 
A ûx ans me jettoient la pierre ; 
A neuf ans , petit Ecolier , 
Chez un peuple rude & groffier , 
Je fus , allant en Angleterre , 
Pris à Calais pour un Sorcier. 

C 'eft qu'il s'y mêla de faire des pré- Avent. 1. 1; 
dirions , & qu'il s'y fit pafTer pour 
fils de Céfar Noftradamus, ce qui lui 
valut bien des aventures , qu'il ra- 
conte fort férieufement 7 & qui n'en 



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ï 8 Bibliothèque 
font pas plus croyables. Il portoît 
Charles avec j u ; | es emblèmes d'Alciat , & 

SasÎoucy, les Iifolt fi affidument > qu'il nous 
l67 2 t ' afliure qu'à l'âge de dix ans il les fça- 

jprifon , p. vo ^ toutes P ar cœur. Il ïie nous ap- 
aj6. prend point combien de tems il de- 
meura en Angleterre ni ce qu'il y fit. 

A l'âge de 17 ans il étoit à Mont- 
pellier , 6h il montrait à jouer du 
Luth à deux jeunes Demoifelles de 
conditionne l'une defquelles il devint 
amoureux , & à qui il témoigna fa pat 
fion par des -vers qu'il rapporte dans 
4es Aventures du Voyage d'Italie, 
Avcnt. d*i- pag. 296 & fui v. Ce ïut peut-être ver£ 
ïtài. p. v7 & 1# même tems qu'il fit fon premier 
Voyage de Turin , oîi il entra auTer-k 
vice de Madame Royale qui le reçut 
\ à la recommandation de M. Je Comte 
d'Harcourt. Son féjour en cette Cour 
ne fiit pas long. Revenu en France , 
M. le Duc de Saint-Simon en parla 
Avem. t. i.Jl Louis XIII. comme d'un homme 
»5- g U i pouvoit amufer Sa Majefté par 
les Chanfons & par fon Luth. Le Roi 
ïibfd. t. ». p . l'entendit en effet à S. Germain en 
*o.&,,. Laye , & depuis ce tems-là il eut 
ibid. p . 3 .& toujours fes ^entrées libres. Il nous 
tfciv..p. 6. dit lui-même qu'il a diverti Louis 
XUl. pendant vingt ans. Il n'jeuî 



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Françoise. 19 
pas moins d'accès auprès du Duc 
d'Angoulême , fils naturel de Char- Charles 
les de Valois & auprès de Louis XIV. SSSÏL 
dans la jeuneffe de ce Prince. Ce fut , l67 ^ 
fans doute , vers ce tems-là qu'il fit 
imprime*chez Ballard un recueil de 
fes airs,qu'il dédia à Madame Royale, 
& dont il parle en plufieurs endroits 
de fes Aventures. Il ajoûtetjue le Roi ^ 
lifoit auffi fe vers à fon petit coucher , l'Haï, p. 97. 
6* qu 'il en rioit beaucoup ^ furtout de 
fon Ovide en belle hymeur , qui eft de 
Fan 1650 ou environ , & qui fut 
réimprimé en 1 6 5 3 . J'en ai parlé ail- 
leurs. 

En 1 6^ 4, ou {'année fuivante, d'Af» 
foucy partit de nouveau pour retour- 
ner aTTurin , » lui cinquième , dit-il , • 
» en comptant ma fièvre quarte , mon 
» mauvais génie., & mes deux Pages 
» vêtus de noir , un Luth , un Théor- 
» be , & fes papiers de Mufique. » Ces 
pages étoient de jeunes garçons , félon 
d'autres -, de jeunes nlles déguifées 
fous des .'habits d*hommes , qui cha n- 
toient fes airs, & dont il accompa- 
gnoitla voix fur fes inftrumens.Pans 
la relation qu'il nous a laiffée de ce 
voyage , il le donne pour un homme 
qui a voit une paffionpour le jeu qui 



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îo Bibliothèque 

' alloit jufqu'à la fureur , & dont il fut 
Charles fouvent la vi&ime. Son récit eft mê- 
C 'Assoucy lé auflî de beaucoup d'aventures bi- 
* x "^8 a CY " zarres , qui ne fentent que le Roman. 
Avenu 1. 1. Il trouva Molière à Lyon , le fuivit 
P ibi] 1, i o j u ^[ u ^ Avignon, & demeura dix mois 
141. ' P ' l4 °* en la compagnie. A Toulon fi eut un 
entretien avec le Chevalier Paul, qui 
s'eft rendu fi célèbre fous le régne de 
Louis XIV. & dont Chapelle tait cet 
N éloge dans fon voyage : 

C*eft ce Paul dont Texpérienct 
Gourmande la mer & le vent , 
Dont le bonheur & la vaillance 
Rendent formidable la France 
A tous les peuples du Levant» 



. En paffant par Pezenas , il eut l'hon- 
neur de faluer M. le Prince de Conti , 

3ui lui fit des préfens confidérables ; 
en reçut auffi de M. de Guillerague , 
& de plufieurs autres , que fon amour 
exceflif pour le jeu lui rendoit plus 
nuifibles qu'utiles. 
t. a. p. 47. Etant à Montpellier , il nous affûre, 
&fuiv. q ue quoiqu'on y eût oublié fon pre- 
mier voyage en cette ville, il s'y fit 
de bons amis , diftingués même par 
leur naiffance ou par leurs dignités. 
Ce qui ne l'empêcha pas d'y eproti- 



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Françoise. 11 
ver une diteracé cruelle dont on a 
parlé diverfement. Bachaumont & C q" p ^ les 
Chapelle difent dans leur ingénieux d ^soucy 
Voyage ^ qu'il y fut aceufé d'un crime 1*7%. 
contre nature , arrêté en conféquen- B ^fW d « 
ce , mis en prifon 9 & condamné au 47 * 59 . P i* t I# 
feu , dont il ne fe fauva que par le 
crédit d'un homme de condition. Ils 
ajoutent y qu'ils le rencontrèrent peu 
après 9 quittant Montpellier ayeç pré- 
cipitation , fuivi a* un Page ajje[ Joli y 
qu'en deux mots il leur conta les 
difgraces , que depuis ils le retrou- 
vèrent à Avignon , & que ne le re- . 
connoiflant pas bien d'abord > ils lui 
dirent : 



Eft-cc tous , Monfieux 4'Aflbuci ) 

À quoi if répondit : 

Oui , c'eft moi , Meilleurs , me voicj , 

N'ayant plus pour tout équipage , 

Que mes vers , mon luth , & mon Page : 

Vous nie voyez fur le pavé 

En détordre , mal propre , & laie ; 

Aufli je me fuis efquivé , 

Sans emporter paquet, ni maie; 

Mais enfin me voilà fauvé ; 

Car je fuis en terre Papale. 

Nos Voyageurs ajoutent qu'ils l'in- 
terrogèrent enfuite fur fon Page, 



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., 24 Bibliothèque 

aufïi. II compofa des vers contre quel- 
CoYVh^ S 4 ues P 0 * us > <I U * croyoient avoir plus 
p'Assoucy. ^ e ta * ens qû'il n'en voyoit en eux , 
x 1*78. des airs contre quelques Mujiciens , & des 
pièces contre les Médecins. Cette liber- 
té ,*ou , pour mieux dire , cette licen- 
ce , le fit liair de plujieurs , envier de tout 
ie monde , & peu aimer des grands. Il 
fentit qu'il étoit tems de te retirer , 
& il répandit une lugubre chanfon pour 
fes adieux y qui fit rire fes ennemis 
même. Sur ces entrefaites , la Ville 
de Trin ou Trino , en Piémont dans le 
Montserrat , ayant été prife le 2 1 Juil- 
let 1658 par le Marquis de Ville, il 
fit fur cet événement une chanfon , 
qui plut à Madame Royale , & le ré- 
concilia avec fa Cour. Mais cette 
lueur de bonne fortune ne tarda pâs 
encore à s'évanouir. Une autre chan- 
fon qu'il compofa , & dont le fens 
équivoque fut mal interprété , le re- 
mit plus mal qu'il n'avoit été. Le 
Chevalier de Surville eut ordre de 
lui commander de fe retirer , & il 
fallut obéir. Tout ce qu'il put obte- 
nir, ce fut quelque lettre de recom- 
mandation pour Madame la Prin- 
ceffe de Bavière , auprès de laquelle 
il comptoit fe rendre. 

Il 



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F JTANÇ.O I SE. 25 
Il y a apparence qu'il n'exécuta pas 1 
ce deflein , & que ce fut en fortant de Charlis 
Turin qu'il alla à Rome, Il eft certain %^ r# 
qu'il y arriva fous le Pontificat d'Alé- 1671. 
xandre VII , qu'il y étoit lors de la 
mort de ce Pape, qu'il y vit l'exal- 
tation de Clément IX fon fuccefleur , 
& qu'il y demeura au moins fept ans. 
Il y jouoit , comme dans tous les au- - Prifon ^ ^ 
très lieux oîi il féjournoit, puifqu'il 149. 
dit qu'il gagna une fois 500 piftoles 
au jeu chez le Chevalier*/* S. Heraru 
Il fréquentoit la maifon de Charles- 
Albert d'Ailly , Duc de Chaulnes , ib. p. ttf\ 
qui y étoit en 1665 en qualité d\Am- 
baiTadeur du Roi de France , & il 
reçut quelques préfens de ta femme 
de cet Amnaffadeur, entr'autres des 
chandeliers d'argent. Il lui arriva 
aufli quelque dîlgrace dans ht mê- 
me Ville : le feuxonfuma Tapparte* 
ment qu'il occupoit, & il ne put fau- 
ver deîl'incendie que le mahufcrit de 
fes Aventures £ Italie. C'eft prefqûe. 
tout ce qu'il nous apprend de Ion 
voyage & de* fon féjour à Rome 
dans ces Aventures & dans fa Pri- 
fon. Mais on trouve beaucoup plus 
de circonftances dans fes Rimes re- 
doublées qu'il ne imprimer qu'en 
Tome XriII. B 



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l6 B I BrL iTO^Ttï KQVt 

i6jï -iorfqn'il fut revenu en France. 
C^pe au* S^v* 1 * e témoignage qu 'il fe rend à 
d'Assoucy. ïui^ême dans cet ouvrage, on voit 
j^ 7 8. qu'il fe fit beaucoup d'amis à Rome , 
& qu'il les amufoit par fes vers & 
par fes infirumens. Les Corfes de la 
Garde du Pape ayant infulié le Diuc 
de Créqui , Àmbaffadeur de Sa Ma- 
ximes rc- jeûé très- Chrétienne , Y c'étoit fous 
Alexandre Vil , ) d'Affoucy fit des 
vers fur cet événement. £es vers 
coururent dans la Ville ; quelqu'un fe 
les appropria & les fit imprimer a vec 
P • . , ; quekjucs changemans , mais l'Auteur 
les revendiqua dans la fuhe comme 
iwd, p. 5*. fcn^ropre bien, lien fit d'autres à la 
louange de M, l'Abbé le Tellier , de* 
puis Arîchevêque de Reims , fur la 
convaléfeence du Pape Alexandre 
V>iï , eh l'honneur de Chriftine Rei- 
ne de Suéde, chez <pi il avoit fes ea- 
trées, & pôur pluiiewrs autres per* 
formes. Dans unq; Requête ipar la* 
ibid. p. i^f. quelle il demande à Chriftine d'être 
fpeûateur d'une Comédie qu'elle de* 
voit faire repréfenter , il lui dit ; 

■' »"*.'.* ^: ' * v [ 
Je «e fui* , je' vous certifie # r . 
ôueres plus grand qu'un champignon ; 
Ma ^rindeur eft ma pafiîoa - 



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Fr anço rs é. 




Pour admirer cette merveille 
Qui dit-on n'a point de pareille* 



Charles 
Coypeao 



d'àssoucy. 

Ce fut dans la même Ville , au mois 1 678. 
de Juillet 1665, que d'Affoucy fît à 
Chapelle cette Reponfe en profe & 
en vers qui forme le dixième chapi- 
tre du fécond tome de fes Aventures. 
J'en ai parlé plus haut. Il laiffa auflî 
courir quelques fatyres contre la vie 
de plufieurs Prélats de la Cour Ro- 
maine , contre les Moines & quelques 
autres perfonnes; & il s'expliqua avec 
la même licence dans fes conven- 
tions cette imprudence lui attira 
des chagrins que plus de fageffe & de 6l ' 67 ' c * 
retenue lui eût épargnés. Voici de 
quelle manière il raconte ce qui lui 
arriva fous Clément IX , par confé- 
quent depuis 1667. 

Après avoir préfentç quelques vers 
à l'Abbé le Tellier, cet Abbé lui dit 
de venir le trouver le lendemain à fou 
lever ; il y alla , mais avec un habit 
différent ae celui qu'il portoit la veil- 
le , ce qui fit que n étant point recon- 
nu , on ne le laiffa point entrer. Ce 
refus lui fit naître l'idée d'une Requête 
burlefque en profe & en vers , & de 
quelque* autres poëfies , qui font par-. 



Bij 



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ij Bibliothèque 
— — g tiè de f es rimes redoublées. Le jour mê- 
Charles me où il devoit préfenter fa requête f 
CoyPEAu il f ut arr êté & mis à l'Inquifition. 
^Assoucy. H j^ tois ^ ? j outç . t .a ^ fur le point 

• 7 " » de retourner en France 7 & fans mp 
» fouvenir que je n'étois point à Pa- 
» ris , mais que j'étois encorç à Ro- 
» me , moi qui jufques à ce teins-l^. 
» m'étois toujours tenu clos & cou- 
» vert , je fus affez fimple pour fairç 
►> voir mes Aventures d'Italie à plu- 
» fieurs perfonnes de qualité. Mai? 
» d'autant que ce n'jétoit p,as affeç 
» pour l'intention que Tefprit malin 
» avolt de rne 4éjtruir<e ? d avoir pur 

. . » blié mes écrits , il iji'infpira de fairç 
» des vers contre l'économie qui fem- 
» ble être naturellement attachée à I9. 
» robe longue , qui dans ce pays lé- 
» zineux & vindicatif m'auroient in- 
» failliblement perdu , fi le S. Efprit 
» en mêmç-tems ne m'eut infpiré 
» d'en faire d'autres contre la Romç 
» ridicule de $. Amant. Mais d'autant 
» que ce que j'avoig écrit çn faveur 
» de Rome n'avoit poiat encore pa- 
» ru 9 & que ce que j'àvois fait conr 
» tre le ménage de certains Prélats , 
>> avoit été vu . ..,.on n'eut pas de pei- 
H ne h perfuader au feu Pape Clément 



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F ft a n ç o i s e, 19 

t> IX 9 que depuis que j'avois été fî . 
» hardi de parler fi peu dignement Charles 
* def la rate , dans un lieii, où prin- Cojpia-u 
» cipalement elle doit être refpeftée, D 
» on ne manqueroit pas de trouver 
» des chofes encore plus libres , fi Ton 
» vifitoit les écrits que je me prépa- 
ie rois de rapporter en France. Je 
» fiis donc arrêté & mené au fàint 
» Office. » D'Àflbucy fait plaifam- 
ment un odietix pôrtrâit , & en méme- 
tems une cenfure très-fatyrique , de 
ce lieu, qu'il nomme un pietix Ënfir , 
& avoue qu'il avoit auffi fort mal 
parlé des Moines. » Cependant , 
» continue-t-il , le Pape Clément IX 
» ne m'y laifla pas longtems ; & j'en 
» fortis ami de ceux qui m'avoient 
» traité en ennemi , & avec tous mes 
» écrits. » Il accule, en particulier, 
de fon emprifonnement M. l'Evêque 
d'Heliopolis , contre lequel il décla- 
me avec vivacité en profe & en vers. 

Mais qrfoi qu'il dife du peu de durée 
de fa captivité , il faut qu'elle ait été 
plus longue qull ne le veut faire en- 
tendre , puisqu'il y eut le tems d'y 
compofer ce qu'il appelle fes Penféts 
fur La Divinité y une Requête en vers p- **• 
à Louis XIV , une Lettre en profe à 79t ' 7 ^ 9 ' 75 " 

Biij 



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jo Bibliothèque 
g—— M. le Duc de Chaulnes , des vers à 
Charles M. le Duc de Briffac , à l'Abbé 4e 

ÎaLowcy Machault ^ & à Clément IX - 11 dit 
U7l? Y dans ^ a K- e q u ^ te à Louis XIV. 

Grand Roi , l'honneur de l'Univers , 
Vous ref!ouvient-il de ma Lyre , 
Vous reflbuvicnt-il de mes vers , 
Qui tant de fois vous ont fait rire » 
Quand plus beau que le Dieu du jour; 
Couché , vous me faifiez redire 
Mes chanfons , & me fciGez lira 
Mes vers aux yeux de votre cour > 

^ Il finit 'cette requête en demandant 
que le Roi veuille bien employer fa 
médiation pour le faire retourner en 
France. 

Maintenant que î'augufte trait 
De votre valeur fans féconde , 
Des Rois vous renj le plus pariait » 
Je voudrois fçavoir en effet 
Comme le plus grand Roi du monde 
Peut avoir le vifage fait. 
Donnez à mon jufle fou bah 
Cène ample & digne récompense* 
Implorez pour moi la clémence 
Du Saint Pere au Chapeau vermeil , 
• Qu'il mé donne pour pénitence 
Tar l'Arrêt de fon faint Confeii , 
D'aller à pied jufques en France 
Pour vous faire la révérence , 
Comme une ombre à votre réveil » 



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Françoise; 

Sortant de ce lieu trifte & fombre , 
Où des mourans j'accrois le nombre..*. 
Hélas ! je ne voudrois finoù 
▼oir votre fabrique nouvelle 
Du Louvre & 4e votre Chapell# f 
Laquelle pourtant , ce ifcVbf* , 
H'eft ni fi bonne ni û Mie 
Que celle de votre façon , &c* 

Il dit à Clément IX* 

Je travaillois à votre, gloire * : 
Saint Pejre , ajors que je fus pris., 
Ec j'en exaltois le haut prix ;. 
La chofe eft bien facile à croire, 
Puifqu'on T a voit en mes écries. 
Cependant , ô l'étrange hiftoke ! , 
Dans le trifte état oit je fuis , &c» 

Il finit cette féconde Requête pdf 
fupplier le Pape d'ordonner que fes 
fers fuffent brifés. Ils le furent en ef- 
fet , & fori premier foin dès qu'il eut 
recouvré la liberté, ftit d'envoyer au 
Pape fa pièce contre la R&mt ridictile 
de S. Amant Cette pièce £tat à Clé- 
ment IX ; il voulntvoii 4 'd'Affouéy; , 
lui fit accueil , & lui dom¥i une mé- 
daille d'or enrichie de fon portrait. 
Le Pape voulut auffi avoir une copie 
de feï PtnJicsi que l'Auteur ne fit 



31 m 

Charles 

CoYPtAU 

•'Àssuuer. 



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Jl BlBilOTHE^UE 

imprimer que depuis fon retour en 
Coyp A eau ÏS Fram *> fous k titre de PenféesdeM. 
Assoucy. fAQbucy dajis le S, Office de Rome , 
l67 8. & qu'il nomme ailleurs Penfèes furHa 
Divinité^ parce que ce petit Livre 
contient quelques preuves de Fexif- 
tence de Dieu & de l'immortalité de 
Ta me contre les Athées, Il y attaque 
auffi les Seûes féparées de TEglife 
Romaine , & fe montre crédule juf- 

Îu'à l'excès au fujet des vifions. 
)ans l'Epître dédicatôire à la Reine , 
à qui il m hommage de cet écrit , if 
dit : » Ces penfées de la Divinité ne 
» font pas de moi ; je les tiens de la 
» Divinité même > qui me les a infpi- 
» rées dans le faint Office de Rome* 
» Au fortir de cette fainte captivité y 
» le feu Pâpe Clément IX les vit, 
» & les eftima d'autant plus dignes 
» de quelque confédération , que ces 
h vérités éclatantes étant affez éloi- 
» gnées de ta portée des hommes plus 
» éclairés , furpaflent , fans doute , ta 
» capacité d'un homme ordinaire 
» comme : moî. » Il ajoute que fi on 
lui demande où il a appris tant de 
PenKcs,p. dodrine^il répondra qvtec'eji à Véco- 
le des dif grâces; qu'il n'avoit Jamais lu 
que dans la */« de /> Ç f & qu'il payait 



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Françoise. 3? 
jamais eu la hardieffe de mettre te ne{ 
dans la 4iible de peur de ny rien com- Charles 
prendre. Coypeau 

D'Affoucy revint de Rome par D ^££ Tf 
Marfeille , qu'il revit , dit-il , pour la prifon de 
troifiéme fois. Mais il ne rentra, en ■* AIC 
quelque forte dans Paris, en 1670, 5 °* **' ** 
ou Tannée fuivante , que pour y 
éprouver de nouvelles diigraces. Peu 
de teins après fon arrivée, il fut con- 
duit à la Baftille. Mais il ne nous 
apprend point par quelle raifon ; il 
dit feulement , dans fes Rimes rtdou~ 
blees,page 8 , qu'il y demeura peu. 
Sorti de ce lieu , il continuoit à fré- 
quenter la Cour , lorfqu'un nouvel 
orage vint fondre fur fui. » J'avois 
» fait , dit-il , afficher par tout Paris 
»mes Concerts cromatiques , & trai^ 
» té avec un Libraire du Palais de 
» mes Aventures ; j'étois fur le point 
» de jouir de la gloire de mes perfé- 
» cutions , & de recueillir le fruit de 
» mes travaux,. . . lorfque je fus arrêté 
h chez moi par un Commiffaire, fuivi 
» de plufieurs Satellites. » C'étoitfur 
la même accufation qui l'avoit fait 
emprifonner ci-devant à Montpellier* 
On emmena pareillement fes deux 
Enfant de Muf^uty qu'il avoit ame- 

By 



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Bibliothèque 
nés de Rome, & qui deux ans âupa- 
Coyv£xu S ravant av °î ent > ait-il, chaftté à S* 
»'A>soucy. Germain, en Laye huit jours de fuite 
i6 7 %. en préfence de M. le Dauphin , & de- 
puis devant le Roi & toute la Cour* 
On pût le fceilé fur fes effet* & fur 
<L fes. papiers > & l'on fe faifit de foix 
argent.. Il fut conduit au Châtelet, 
fans lui dire de quoi on Taccufoit ^ 
ni qui et oit fa partie. Ses deux Pages: 
& lui furent mis chacun féparément 
dans un câchot. D'Àflbucy refta 
dans le fien 21 jours, dont il en paATa' 
quatre fans prendre aucune nourritu- 
re. Et lorfque fes deux Pages eu~ : 
rent été interrogés juridiquement y 
& trouvés, dît-il, înnocens , ils eu- 
rent tous trois la liberté de ce qu'on 
appelle le Préau. D'Afîbucy dit que 
ce fut le Jeudi de la Semaine Sainte 
cfu r il commença à refpirer l'air. Il 
105 & profita de cet adouciffement pour 
s'amufer a toucher fef> mjl rumens > a: 
lb.E.B^&c chanter *, & à jouer aux tartes. Il reçut 
des vifites ,.despréfens , & une bonne 
nautriuir^cfiie des perfonnes diftirt- 
guées. lui envoyaient. Il fut fecouru 
en particulier par M. de la Barre ^ 
Offîciet au Roi \ renommé par Jbs pieux 
écrits , par Madafn* ( AbheJJefa faut * 



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F bl A n ç & r StS. ; ,35 mmmmmmm 

. M. & Madame Coa#çfet % &'*tQj$e fa 
généreufe mai/on. Il e?r nomme enctffe Go ( Y "**" $ 
plufieurs autres. ^ ^ d'Assoocy. 

Dans fon cachot il avoit compofé l67 g. 
m vers une plainte a la France 9 qu'il • 
retint par cœur, faute d'avoir des 
moyens pour l'écrire* Lorfqufii eut 
plus de liberté, il adreffa plufieurs 
lettres *au Duc de Saint-Aignan , qu'il 
nomme* Pere dès Mufti & le Dieu du n>. p. ion 

* Parnaffe ; il écrivit auffi au Roi. Mais 
ces lettres ne firent alors aucune im- 
prefSon \ on Tavoit aceufé , on le 
crdyoit coupable , les efprits étoient 
prévenus , il falloit cîu tems pour 
diffiper les. préventions. Comme il 

étoit fam \ Avocat , fans Procureur , fans n>. p. »r/. 
affi fiance & fans confùl> il tâcha de 
faire connaître lui-ipeme foq inpo- p. u+ 
cence eu écrivant çn, ; pço(e 5c en vers 
à M. de Riants , PifQCweur du Roi au 
Châtelet, au Lieutenant Criminel y 
M. Deffit*» & à tout le Châteiet en 
corp*. Enfin te Duc de Saint-Aignan 
appuya , dit-il , fon innocence de tout 

* fon crédit & de tout? fon pouvoir ; le 
1 Rôi lui-même voW*ut bieniporle? à fes? 

Ju^e^ « d^Affouç^fômt de prifoii , 
*yans ;t jitgbmèht', { mt tfa finipIe-Re- 
; qaêtèV après avoir, étîé -détenu Jix l6 - *• 

ho as mois* R vj 



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y6 Bibliothèque 
— — m Le fieur Robinet parla ainfi de fa 
Charles fortie dans fa Gazette en yen : 

COYPEAU 

jo'Assqucy.. Appwnez «i l'honneur des fîHes de mémoire 
* *7** Q uc Je fieur d'AiToucy, que l'enere la plus noir* 
De Pefprit impoâeur envain avok noircr * 
Eft forti glorieux » & blase comme l'ivoire , 
Tout couvert des lauriers d'une entière, victoire* 
Rajeuni de trngt ans , il fe promené ici» 
Ke vous en mocquez pas : quand tout brillant d* 
gloire » 

On fort d'une prtfon en rajeunit aîniL 
Otv devrait diftinguer la fable de Phiftoire*. 
Avoir pour. fort prochain un peu de charité * 9 
ht Pafquio médifant nous.en a bien conié : 
Du vulgaire ignorant on ne doit pas toutcroîre... 
€)n dit qu'il doit beaucoup à la rare équité. ; 
r De Tes. juges divins , qui de ion innocence * 

A l'exemple du Ciel y embrasant la défenffe 
Ont confacré leur nom & leur intégrité 
Au temple glorieux de Pimmorralité, 
Mais on tient qu'il doit plus à la ftere pukïànc* 
De Pinvifible main qui l'a perfiécuté.; 
Jmpclàm déformais un éternel filence 
Aux langues des aifcks doat H étoit gâté* 

Selon le récit même de d'Àflauqrt; 
on parte très-diverfement des motif* 
qui l'avoient fait arrêter : on dit , ré- 
pond-il, à fon ami Eraôe , qui le prçf- 
foit de s'expliquer fur cela avec lui t 



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Françoise* 

Que ce fat VOn&rt de Motitrt , 

Que je fis moi pauvre rimeur, 

Non pour mettre en mauvaife humeur 

Les gens de bien que je révère , 

Et que j'adore dans mon cœur ; 

J'en prens à témoin te Seigneur; 

Je içais parler & fçais me tairez 

Mon efprit n'eft point détracteur % 

Ni Satyrique , ni Cenieur t 

Zt ne fçaxs point Part de déplairez 

D'autres difenr que ce malheur y 

Qui fît pâlir , & fît horreur 

Aux Dieux » amis de Pinnocencc » 

Fut un eftet pîeïn de fureur 

D'une jaloufe concurrence r 

Mais c'eft de quoi ma fuffifance , 

©races à Dieu , n'a point de peur z 

Je fois un trop petk Docteus 

Pour difpmer la préférence 

Au grand Dieu de la confônance» 

De qui je ûiis adorateur» 

11 eft vrai que de mon honneur » 

Ma plume qu'eftime la France » 

A pris ju&ement la défenfe 

Contre le trop joyeux Auteur 

De certain écrit impudeur 

Qui me détruit & qui m'oftenfe...» 

Mais ton efprit eft fans aigreur 

four tant de. fiel & de wn£ça&ç«w*, 



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38 BlBLIOTHÏ Q>UÎ 

Les gens qui mVnt porté guîgnon . 

Charles Ce font des gens, comme je penfe r 

Coypeau q u j jQyy reriîplîs jufqu'au roignon 

1>'Assouct. ^ « . y 

De vertus & de tempérance 

Coufins de Pierre de Provence r 

Sentent fort le Juif d'Avignon , kc. ^ 

En un mot ; conclut-il > jre ne croîs 
pas avoir eu contre moi d'autrer en- 
nemi que le vulgaire ignorant & ma- 
rin , & rien que des oui-dire. On a, cru 
fans examen les hiftoriettes de la Ga- 
zette de feu Lqret , & du Voyage de 
M. Chapelle, quoique Tun & l'autre 
n'ayent pas dit fur mon' compte un 
mot de vérité. 

Peu de tems après qu'il eut été mis 
en liberté , il publia fa Plainte à la 
France , avec THiftoire de fa Prifon , 
Dialogue en profe entre lui & fon 
ami Erafle. Sâ plainte commence 
ainfi : ' ' ' * * ' 

Que vous ^ai-je fait , ma patrie 9 
Pour mériter votre courou? ^ 
Hélas ! quai-je fait contre votr* f 
Quel Démon plein dé barbarie • 
Me tient en ::J Ia tfb&'arii Wfflotix V "* 0J 
Enfermé fous rSrtir dd ! terrotw *j -7 
Ma foi 'je vous trouvé? joiîè ' i 1. .1 
Quoi pour «tibrèflèr Vês^genowy M 
JTaursx J tkme. quitté * tfcafo 



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I 



Françoise. 

Son beau folcil & fon vin doux , 

Four être en proie à la furie 

De vos méchans & de vos roux? 

Que vous aî-je fait , ma patrie , 

Hela* ! qu'ai-je fait contre vous ? 

Moi de qui la Mufc bouffonne 

A votre efprit entretenu , 

Et de qui le chant ingénw 

Jamais ne déplut à perfonne. 

Ma petite maman pouponne 

Qui m'avez fait naître , & tout nu<$ 

Entre vos bras m'avez tenu j 

Vous qui devez une couronne 

A mon deftin trop combattu r 

Hélas , qui l'aîirwt jamais cru , 

Après m'avoir été fi bonne , 

Tous voir comme une Perfephonr 

Animer céntre ma venu 

Tous les ferpens de Tifiphone r j 

Pour étouffer la 'trille voix 

D'un Cygne mourant qui foupire* 

Et mettre une Mufe aux abois 

Qui tant de fois, vqus* a fait rkc » 

Et qui fçut charmer tant de fois; 

Par les doux accens de fa Lyre , . 

tes deux plus grands de tous vos Rofac 

Ha ! je vois bien que les accords , 
ïDe ma. Mufe facétieuft rfJ 
Ont f^ché la troupe envreufir , 
De vos Scribes croquerreforts> 
Jaloux du méritt des mort*- ' 



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Charles 
Coypeau 
^'Assoucy. 



4a BlBLIOTHEQVÈ 

Pourquoi , croupe fédjtieufe , 

Prenez-vous l'ombre pour le corps 

Faut-il , 6 fore plein de furie , 

Faut-il x à prodige nouveau , 

Que pour éteindre Te flambeau 

Pe ma trifte & mourante vie » 

Ma Maraftre foit ma patrie , 

Que ma prifon foi* mon tombeau- > 

Que ma vertu foie ma partie , 

Et mon efprit fbit mon bourreau l 

Oui , traître , perfide , vilain , 

Bourreau d'efprit qui fais le vain , 

Petit Auteur en mignature , 

Oui , oui 1 c'eft toi , bel écrivain r 

Qui plus faltot que Ncufgermaltk > 

Caufe les peines que j'endure* 

Efprk ht , efprit mal appris * 

Pourquoi fâcher ces beaux efprks r 

Et choquer tant de doétes plumes* 

Que fcroicnt-elles dans Paris , 

13cs Beurriéres fans leurs écrits» 

Les Charcuitiers (ans leurs volumes,» 

Et leurs vers qui n'ont point de prix ? . . . » r 

Il décrit enfuite les horreurs de foi* 
cachot r oh il compofa cette pièce p 
& finit par dire, qu'il fe doute bien 
que dans Paris on tient fur fon comp- 
te de fort fots difeours* 

Cette plainte eft fui vie d'un Dialo- 
gue moitié François & moitié Patois 
©ii d'Àffoucy rapporte tout ce qu'il 



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Françoise. 41 
fuppofe qu'on difbit de lui, mais _ 
qu'il taxe de fauffeté. Il traite en par- c^*"* 
ticulier d'infigne calomnie ce qu'on ^Assot/cr. 




moi , s'écrie-t-il à cette occafion 



Si le Saint Pere, en qui je croi , 
L'Egfife notre feinte Mcre , 
Et nos Seigneurs les gens du Roi y 
A la coupe la plus, févere 
M'ont trouvé tous de bon aloi > 
Sans macule & fans vitupère ; 
Proche de cette heure dernière v 
Oh chacun doit fonger à foi * 
Ai-je changé de fang , d'artère; 
D'habitude & de caractère , 
Pour m'applique* au vil emploi » 
Dont le crédule populaire 
Se fait mon vice imaginaire f 
Ofez-vous bien , en bonne foi , 
Cboquer l'Eftre que tout révère , 
Le Ciel , la nature , & la Loi ? .... ; 

S'adreflant enfuite au Roi, il dit: 

Grand Roi , de qui fcfprit fublime 
Pénétre & voit tout ici-bas ; 
Invincible Dieu des combats » 
De qui la vertu magnanime , 
Qui tout maintient & tout anime ; 



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4* Bibliothèque 

Sert de modelle & de compas 
Char l m A touf le$ amr€S Potcmats . 

COYPEAU c . . 9 ' . . 

•'Assoucy pour vous mon ma ™ 

1*78* 8 autrefois quelques appas , 

Grand Monarque , ne fouffrez pat 

Qu'un attentat illégitime 

V Souille vos bienheureux Etats: 

Ni qu'une innocente vi&imc , 

Dont 'les vertus ont fait fon crime 9 

Souffre en un jour mille trépas. 

n s'adreffe de même à tous fes Ju- 
gés , protefte de fôn innocence , les 
follicite de le condamner s'ireft cou- 
pable 9 ou de le mettre en liberté s'il 
^ft innocent : Au moins , dit-il, 

Au moins tout le monde verra » 
De Paris ju!qu % à Barcelone , 
Si cet Amant du fa, fol , la , 
Qu'Ami très- mauvais a mis là , 
Eft vert , ou gris , ou blanc , ou jaune \ 
Si tort ils ont , fi tort il a » 
Cet homme réduit à l'aumône , 
Qui vouJroit être en Macédone , ' 
Ou pour le moins en Canada ; 
» fcet homme un doigt plus grand qu'une aulne » * 
Que la fureur de Tifiphone 
N'a jamais pû mettre à quia. 

D'Affbncy ne fur vécut que de quel- 



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* Françoise. 4J 
fues années à fa délivrance. C*étoit 
en 1 674 qu'il fubit fa dernière prifon , Charlm 
& il avoit alors 70 ans, il mourut en ^ A YP \ A " 
1678. Il ayoït fàit imprimer en 1677 l6 ^ l% 
fes Aventures , en deux petits volu- 
mes in- il. qu'il dédia au Roi. Son 
portrait , qui eft gravé au devant , 
ne montre pas un homme de figure 
aimable. On lit ces vers au bas, 



co: 
tent 



mpefés par Chapelle , & qui fen~ 
it bien 1 ironie. i 



Contemple en ce portrait un miracle nouveau » 
Ceft ruiylïè du tems , qui malgré la furie 
Des plus fiers Aquilons , a fauvé fon vaitfeau , 
Et des plus fiers Tyrans vaincu la barbarie. 
Aujourd'hui fon deftin , des deftms le plus beau 
Parmi les plus heureux eft bien digue d'envie ; 
Puifqu'après mille morts , au fortir du tombeau» 
H a pu redonner à fa chère patrie » < 
Encore avant mourir , un trait de foa pinceau. 

L'année précédente il avoit publié 
Fhiftoire de fa prifon 9 dédiée encore 
au Roi , & dès 1676 fes P enfles dans 
le faint Office de Rome , dédiées à la 
Reine , quoiqu'on life au frontifpi- 
cede ces deux écrits Tannée 1678. 
Ses Aventures d'Italie , marquées en 
1679 , font de la même année 1678. 
Tous ces volumes a à l'exception dds 



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44 Bibliotheq ttE 
Penféts , font remplis de pièces ert 
vers de la compofition de F Auteur : ; 



i*7%. faites. J'ai parlé ailleurs de fon Ovide 
en belle humeur , & du Ravinement de 
Proferpine , traduit de Claudieh ert vers 
burtefques. J'ai déplus vu du même 
un Recueil de Po'èjîes & Lettres 9 con- 
tenant diverfes pièces héroïques 9 fatyri- 
ûues & burlefques, imprimé dès 1653 , 
& dédié à M. Bordier , Confeiller du 
Roi , Intendant des Finances , & Sei- 
gneur de Reincy. L'Àutetir dit dans 
ion Epître dédicatoire , quit y avùit 
tongtems qu'il et oit à la Cour , qu'il 
av oit déjà mis trois Livres au jour y & 
qtfiil ètoit habitant du Louvre. Il y lotie 
auffi Marcajfus qui avoit dédié un de 
fes ouvrages au même M. Bordier* 
D'Àflbucy donne le titre de vers hé- 
roïques à une partie de ce Recueil ^ 

{>ar<;e qu'il y loue le Duc d'Orléans , 
e Prinee de Condé , le Comte d'Har- 
court , le Comte de Sàint-Âignan , 
depuis Duc , MM. de Schomberg , 
Gaflïon , de Baffompierre , de Mont- 
brun, de Saint-Simon , &c. fur leurs 
expéditions militaires. Les vers bur- 
lefques font fur différens fujets , fui- 
vis de vers galans, & même de quel- 



& ce ne font 




les feules qu'il ait 



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Françoise. 45 , 
ques vers de piété. Il y a dans tout 
cela des Odes, des Stances , des Son- c Cha * l * s 
nets , des Epigram/nes , des Chan- Jj^sq^cx: 
fons. Dans une pièce a\i Préfident de i$ 7 %. 
Maifons , que le Poëte qualifie de 
Grand appui de nos Loix , Oracle de 
Thémis 9 d'Affoucy le remercie de fes 
bienfaits , &. furto^j de fa prote&ion, 
Il y a auffi des Sonnets à Ja Reine , 
à la Ducheffe de Savoie , fur l'in- 
conftance du jeu , que le Poëte n'é- 
prouva que trop , & à qui il fe fia 
toujours , fur \ç Livre] de Far et inti- 
tulé Y Honnête Homme, aux Archevê- 

Ïies de Rouen & de Sens ; & enfin 
es vers pour des Ballets. Ses Lefttes 
en profe à Madame Royale , à MM. 
de Lyonne, de Servien , &c. ne font 
guéres que des Requêtes pour deman- 
der du lecours contre l'indigence qui 
le preflbit , & oh la furpur du jeu & 
fon peu de conduite le réduifoient 
fouvënt. J'excepte de ce genre fes 
Lettres à Scarron , à Molière , & à 
Mcllitc 9 qui étoit apparemment fa 
.Maîtrefle. Du Pelletier & Chapelle ont 
loué ce Recueil. Le dernier , qui étoit 
alors fon ami , lui dit entre autres 
complimens : 



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Charles 

COYPIAU 

•p'Assoucy. 
+ 67*. 



4$ B1BLIDTHEQU1 

C'eft à cette foii, Dieu merci , 
Que Vous allez l'avoir entière, 
La gloire d'avoir réufli , 
Sur toute forte de matière , 
Mettant tous les jours en lumière » 
De nouveaux ouvrages , par qui 
Sera bientôt votre Libraire j 
De beaux écus blancs tout farci , 
Et plus riche qu'un Lapidaire. 
Mais à propos de riche , fi 
Vous me demandiez en colère, 
Quand le ferai-je donc auffi ? 
Je vous dirois , Grand d' Alloue? , 
Entre amis il ne faut rien taire , 
De bien n'entrez point en fouci ; 
Quoique nos œuvres puiflent plaire , 
Ni vous , ni moi n'en aurons guères , 
Oui bien Loyfon 8c Chamhoudry ; 
Car - pour des vers , c'eft chofc claire , 
Qu'il vaut bien mieux en ce tems-ci 
Aes débiter que de les faire. 

- ï 

A peine d'Affoucy étoit-il de re- 
tour de fon dernier voyage de l'Italie, 

Su'il donna fes Rimes redoublées , dont 
fit hommage au Comte de Lauzun. 
C'était en 167 1. Il dit à ce Seigneur : 
» Je fuis le but deil 'iniquité des mé- 
» chans, de l'ignorance des fimples^ 
» & de la malignité des fots ; c'eft 



igitiz*by( 



Françoise. 47 
» pourquoi ayant à me défendre de 
»tant d'ennemis, je n'ai pas befoin Charlis 
i, d'un moindre proteûeur qu'un Ca- Coypiau 
^pitaine des Gardes du Corps du ^Asjoucr. 
» Roi & d'un Commandant de fes ' 7 
» armées auffi valeureux , de qui 
» l'ombre feule peut détruire toute 
» cette vermine affamée , fi piquante, 
» & fi fatale aux honnêtes gens. » Il 
ajoute parlant des vers contenus dans 
ce Recueil, » que quoique conçus 
» dans les difgraces , ils ne foient 
»que les enfans d'un pere malheu- 
» reux , la France , qui s'en»divertit , 
» les trouve engoués , & le Parnaffe 
» qui les foiiflfré , les trouvé droites % 
» qu'ils ont d'ailleurs côniribué quel- 
le quefois au divertiffement du Roi* » 
Cela peut être ; mais il faut convenir 
aufli que ce plaifir n'a guéres duré , & 
que ces poefies font oubliées depuis 
ïongtems. ' ■ • 

* Qupi qu'il en foif , ce Recueil com- 
mence par une Epître badine, en pro^ 
fe & en vers. On avoit fait courir le 
bruit de la mort de l'Auteur. » Tout 
» de bon , dit-il , je crois que tout le 
» monde eft îfans yeux , oii qu'il a per- 
»du le fens ^ ily a plus d'un ah & de- 
» mi que'je fuis de retour de Rome , 



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jfl BlBnÔTH^QtTE 

D'où grâce à la toute-puiûance , 



Charles p our c h a fler les malins efprits, 

)YPEAU 

kssouc 



COYPEAU Jc porW de<Jans Paris f 

D ASSOUCY- . \ t . ^ 

L'aimable heu de ma natuance 9 



Mainte relique de haut prix , 
Et, comme un Chrétien bien appris. 
Maint beau pardon , mainte indulgence , 
Mes oreilles 8^ mes écrits ; 
Cinquante belles ebanfonaettes ♦ 
Un Théorbe, deux petits Luths , 
Cinq -cens écus dans mes pochettes » 
Trois dents de moins , quinze ans de plus » 
* Deux bonnes paires de. lunettes , 
? Et deux Pages fort bien vêtus. « 

» Et comme il y va de ma gloire f 
» ajoute-toi, que le monde , qui me 
» fyit l'honneur de sVntretenir fou- 
» vent de moi , fçacbe que je ne fuis 
» point encore une anatomie , je ne 
» laiffe paffer aucunp occafion de me x 
» faire voir. Je vais tous les jours au 
» Louvre , à la Comédie...... Et fî 

» vous ne m'en croyez pas , écoutez 
» ce qu'en dit la Gazette, qui ne vou- 
*> droit pas mentir : » 

Le pauvre Monfieur d'Aflbucy ; 
. A qui mainte raillerie , 

Dans maint écrit froid 8c trani, * ? 
A voit ôté trois fois la vie # . . 1 ki 



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F r a n ç o m; 49 

Se porte fort bien, Dieu merci, ' Chàjuis 
, Et de mourir n'a point d^envie. COYPEAU' 
On difoit que la calomnie D'AssoUCT. 
De feu Loret Pàvoit noirci ; 1^7 i« 

N'en croyez rien , c'eft raillerie j 
Il n'a pas feulement roufli : 
Très-glorieux malgré l'envie , 
Plus blanc qu'un Cigne il eft id. 
Ma foi , c'cft grande vilainie 
De- traiter une Mufe ainfi 
Dont la valeur cft infinie , 

On a dans ce Recueifta plupart des 
pièces qu'il avoit compofées à Rome, 
& dont j'ai dit quelque chofe ci-defllis; 
une Requête à M. le Chancelier , par 
laquelle il lui demande un privilège 
pour faire imprimer ce même Re- 
cueil ; un Remerciment à M. Del- 
faut) premier Préfident à Soiffons, 
; qui toi avoit offert de l'&rgent poiir 
-le mêmé fujet ; quelques pièces in- 
titulées, Hymnes ; Une Satyre contre 
un Commis des Finances de Savoye , 
& une Plainte de la Samaritaine fur la 
perte de fon Jacquemart & le débris de la 
mujiquc de fes cloclns^ 

On voit par ce détail des poëfies de Mem. de 
d'Aflbucy , qu'à Timltatiôn de Scar- ™!\ ^ 
rOn, h avoit çhoiu le .genre: burlef- pag. x«n, 
TomeXVIU. C 



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Bibliothèque 
555555" que, lequel , . quoique bas & mefqiiîn 
Charles par foi-ihême , fiippofe néanmoins 
Cotma© beaucoup d'efprit , deieu , de faillie , * 

* itii CJ " ^ une tQurnure ^ e caraûere qui eft 
dans la foçietë ce que le grotefque 
eft dans la peinture. Mais d'Affoucy 
ne fut guère», .que le finge de Scarron , 
que perfoiine n'a pu. jufqu'ici imi- 
ter qu'imparfaitement. C'eft ce: qui 

^Art. poct. * ui att * ra cett $ cenfure de M. DeC- 
ch. 1/ préaux: 

Au mépris du bon fens , le burlef^c effrontés 
Trompa les yeux d'abord , plut par ia nouveauté. 
On rie vît plta.cn vers que pointes triviale*. 

Le Parnaflc paria le Largage des Halles 

Ire plus mauvais plaifant eut Des approbateurs » 
£1 ]uù$£^<r.AfaBcy , tout trouva des k&euri. 

Cette exa&e jufMce que M* DcÙ 
pré^u^ r^n^oit à notre Auteqjr % dé- 
plut beaucoup à çeUu-ci, comme il 
te témoigne par cette fisguliere ex- 

p. »6*,&< c ^ amat ^ 0,î » W^il foi* ^ ans 4™**- 
Aûv." ' sures ^Italie ; » Ha ! cher Leâeur r fi 
» tu fçavoiç comme ce tous trouva ipe 
» tient au cqsur * tu- plaiftdrois nrn 
» deôinée ; j'en fuis j>ncpnfolablô , 8c 
h je. ne puis revenir de ma pamoi* 
h fon , principalement quand je penfe 



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Françoise. 51 
» qu'au préjudice de mes titres , dans 

ce vers qui me tient lieu d'un Arrêt Charlxi 
h de la Cour de Parlement , je me £a£mc 
» vois déchu de tous mes honneurs * D *• 
» & que Charles d'Affoucy , d'Empe- 
» reur du burlefque qu'il étoit , pre^ 
» mier de ce nom , il n'eft aujolir- 
» d'hui , fi on le veut croire , que le 
» reptile du Parnaffe & le marmiton 
» des Mufes.... Voici , cher Leôeur 9 
» ce qu'on gagne à faire de bons vers 
» burlefques. » 11 entreprend au mê- 
me endroit de venger ce genre de 
poëfie contre le décri où M. Def- 
préaux Ta voit fait tomber ; il fait fon 
apologie & celle de Scarron , & quoi- 
qu'il afFe&e de la modération en ré- 
pondant à la critique dont il fe plaint, 
qu'il dife même qu'il n'eft nrvindica- 
tif , ni malin , & qu'*7 a toujours mille' 
ans d? indulgence pour Us fautes £ autrui , 
on ne laine pas que de fentir un Au-* 
tcur piqué. 

Dans le tome XIIÎ. des Amuft- 
mens du Cœur 6r de l'EJprit, M. Phi- 
lippe a fait imprimer des vers de : 
dr Aflbucy fur la Convalefcence du feU" 
Pape Alexandre &de la feue Rei/ie-Mere f 
guéris en mêmt-tems 9 & il les donne 
comme n'ayant point encore parus,: 



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52 Bibliothèque 

Onles avoitdès 1671 dans les Rimes 
Charles re j ou fitf e s de l'Auteur. Quant aux \rers 
Copeau à la i ouange ae Lulii v que M. Phi^ 

P ASSOUCY. \ ' .P a q , M 

lippe attribue au même , & qu il a 
aufli publiés , j'ignôre fi on les trou- 
y oit déjà ailleurs. 

. Je ne dois pas omettre que d'Af- 
fbucy a été accufé de plagiat. Cette 
^cctifation eft expofée , mais non 
prouvée , dans une Lettre anonyme 
qui fe Ut parmi çelles qui ont été re* 
Lettres de cueillies par Richelet. » Vous avez 
* ich ^ u ** » tort , écrit l'anonyme , de vous eù 
» tom^querque le bon homme d'Af- 
h foucy pille nos fentimens. Il n'en 
» ufe de la fprte, que parce qu'il nous 
>f eftime. Ce qui me choque le plus , 
» eft qu'il attribue à fon imagination 
n les bons offices que lui rend fà mé* 
» moire ; & qu'il le croit l'auteur de 
» mille penfées qu'il n'â'prifes que 
j* dans nos ouvrages, C'eft un véritat- 
»> ble écho; il ne dit que ce que les 
>> autres ont dit : & néanmoins il eft 
>> fi fou , que lorfqu'il nous copie 
» mot-à-mpt , ij appelle cela compo- 
p> fer , &ç. » Peut-être que l'anonyme 
ou fon éditeur n'aproit pas mal fait 
d*en donner des preuves. Les ayant 
négligées , fon témoignage n'eft pas 
^e grand poids, 



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Françoise. 53 
JACQUES CAS S AGNES. 

* Jacques 

w Tv y , , , Cassaones. 

M. Delpreaiix n a pas mus epar- l6?9t 
gné Jacques CaJJagncs que d Àffoucy; 
& peut-être a-t-il eu moins de raifort 
de cenfurer le premier que le fécond. 
Celui-ci étoit un Aventurier, & fes ou- 
vrages n'étoient guéres propres qu'à 
gâter le goût ; l'autre étoit un homme 
îage , & qui n'a voit travaillé que pour 
fe rendre utile. Il étoit fils de Michel HHloirede 
Caflagnes, qui fut Maître des Re- j£ ca *™ . 
ouêtes du Duc d'Orléans , puis Thré- 170 & ftiiv. 
forier du Domaine de la SénéchaulTée Kiccr. \iém. 
de Nifmes. Jacques naquit dans cette l09 * 
ville vers Tan 1634. Il fut élevé dans paran. det 
le fein de fa famille , embraffa l'état jjjjj * d £ 
Eccléfiaftique , & eut le Prieuré de £59. »6oV 
S. Etienne. M. l'Abbé de Loménie de 
Brienne , qui Ta voit connu très-par- 
ticuliérement , dit qu'il ne prit que uém. mf. 
l'Ordre de Diacre ; ainfi , s'il eft vrai de Brienne ' 
qu'il ait été Do&eur en Théologie, 
comme le dit M. l'Abbé d'OKvet, 
ce ne fxit point dans la Faculté" de 
Théologie de Paris qu'il obtint ce 
grade; on fçait,qu'on ne le confère 

3u'à ceux qui font dans le Sacer- 
oce. 

C iij 



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£4 Bibliothèque 



— Venu jeune à Paris , il prit d'abord 
UES les deux routes qui peuvent le plus 
* ES * promptement mener 11 fe faire un 1 
nom : il prêcha , & fit des vers. Une 
Ode de 400 vers , qu'il fit en 1 660 
à la louange de l'Académie Françoife * 
lui en ouvrit l'entrée à l'âge de 27 ans . 
C'étoit en 1661. Il fiit choifi pour 
remplacer M. de Saint-Amant. La 
même année , il publia Henry U Grand 
au Roi , Poëme d'environ 6op vers. 
C'eft Henri IV qui y parle à Louis 
XIV, lui apprend la manière dont 
il a gouverné lorfqu'il vivoit , & lui 
donne de très-bons avis , tant pour le 
gouvernement général & particulier , 
que pour tout ce qui peut faire la fé- 
licité d'un Roi & celle de fes fujets ; 
pour les tems de guerre comme pour 
ceux de paix ; pour fa propre famille \ 
pour la Religion & pour les Lettres. 
Dès le commencement , Henri IV 
exhorte le Roi à lire fon Hiftoire qui 



de Péréfixe, fur quoi il dit ; 

Voi Couvent le portrait de mes jours glorieux , 
Qu'un îlluftre Prélat vient d'offrir à tes yeui : 
Dans fon cours éclatant cette immortelle hiftoire 
Découvre à ta vertu le chemin de la jloirc, 



avoit été 




>ofée par M. Hardouin 



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F* AKÇO I S E. $5 

ïlfparott maintenant aux yeu* deTuniters 
Vn chef-d'œuvre forait de chéB-d*œuvre$ â>ers : c^j^nu. 
CYft par fon arc charmant que la France ratie , j £y^ # 
JBft après mon trépas le témoin 3e ma vie; 
Et que de tous mes faits l'éternel fouvenir 
Doit rendre le pafle* préfent à l'avènir. 

Ce poëme plut extrêmement à M* 
Colbert ; & ce grand Miniftre , qui 
ne fçavoit point effcnrer fafls récom- 
penfer,procura à l'Auteur une penfion 
de la Cour , le fit Garde de la Biblio- 
thèque du Roi t & le nomma en 1663 
un des quatre premiers Académiciens 
dont l'Académie des Infcriptions /ut 
d'abord compofée. L'année ?pffécé- Mém. de 
dente i£6a, il avait donné une Ode ' t *<* 
de 260 vers fur la naifïaace de M. le P . 4 .' 
Dauphin ; & dans la fuite il entreprit 
de célébrer les Conquêtes du Roi en 
Flandres, dans la Ff anche* Comfé, & 
en Hollande : il fit fur les premières , 
en 1667, une Ode de i6o vers , & 
fut les fécondes, en 1668 , un Poème 
d'environ 500 vers : fon Pôëme furla 
guerre de Hollande en a mille , & pa- 
rut en 1672. M. l'Abbé de Loménie 
de Brienne , fon ami , a auffi inféré 
dans le tome fécond de fon Recueil de 
Ppifies diverfesj une Oie du même fut 

Civ 



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56 B X-JBLIOTHEQrUE 
la Paix des Pyrénées, & dans le tome 
Jacquis | j u m g me Recueil . neuf petites pié- 

CASSA6NES. , Vj , V; *i •/• 

ces qu on ht encore ayee plaijir. Les 
StàncQsfur U cAaj^t des Oï/eaux y qui 
en- font partie A font connues de tout 
le monde , ayant été fouvent réim- 
primée:; dans différens Recueils de 
Cantiques fpirituels. J'ai toujours 
âuiïi en endu faire l'élogje dexes deux 
Stances fur la mort: 

■ Rofes en "«jui je vois par oîire 
Vu éclat fi vif & Si doux , ' ' ' 
Vous mourrez bientôt : mais peut-être,. 
Je dois mourir plutèt cjue vous» 
4 La mort que mon arrte redoute » 
Peut m'arriver ince/femment : . 
Vous mourrez én un jour fans faute % 
JEt moi jScut^être en un' moment, - 

L'Abbé Caflagnes qui s'éxerçoit en 
profe comme en vers, fit auffi connoî- 
tre fes talens dans le premier genre , 
par la préface qu'il mit à la tête de 
l'édition des Œuvres de Balzac , faite 
en 1665 , pzr un . Traité de Morale fur 
la valeur, qui eft de Tac 1674, la 
traduôion de ta Rhétorique de Cîceron , 
ou des 3 Livres de Oratore , qui eft de 
la même année , 5c celle de Sallnfte 
qu de rHiJloire de. l& Guerre, des Ro* 



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Françoise. 77 
mains , qui parut en 1675. Ces deux e—— 
tradu&ions font ornées de préfaces Jacques 
qui ont toujours été eftimées. Celle Cassackes. 
<jui eft au-devant du Sallufte en par- ** 7 * # 
ticulier , me femblejudicieufe , quoi- 
que peut-être un peu trop difïufe. 

Quant à fon talent pour la Ghaire, 
fi décrié par M. Deipréaux, il eft 
certain que Caflagnes,après avoir été 
applaudi à Paris, fut nommé pouf 
prêcher à la Cour. Mais dans Tinter- 
Valle parut la troifiéme Satyre de M. 
Defpréaux , oii ce Poëte lança con- 
tre lui ce trait fatyrique : 

Moi qui ne compte rien ni le vin ni lajehere f 
Si Ton n'eft plus à l'aife affis en un feftin , 
Qu'aux Sermons de CaJ/agnéHHi de f Abbé Cotin, 

- On dit que ce fiit le fieur Furetiére 
qui nomma ces deux Prédicateurs au 
fatyrique. Quoi qu'il enfoit, Cafla- 
gnes crut prudemment qu'il ne devoit 
point fe montrer à la Cour , de peur 
d'y trouver bien des gens difpofés à le 
condamner fans l'entendre. Cepen- 
dant à juger de lui par fon Oraifon 
funèbre de M. Hardouin de Péréfixe, 
Archevêque de Paris $ imprimée en 
167 1 r il n'étoit pas fans mérite pour 



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8 B Ifi LIC THEQ DE 



- le tems où il prêchoit, » Et après tout, 
ES remarque judicieufement M. l'Ab- 



" bé d'Olivet , qu'étoit-ce parmi nous 



„ que l'éloquence de la Chaire, avant 
v que les Fléchiers nous euflent ap- 

pris les grâces de la diâion ; que 
„ les Çoffuets nous euflent donné une 

idée du pathétique & du fublime ; 
5 , que les Bourdaloues nous euflent 

fait préférer à tout le relie , la rair 

fon mife dans fon jour ? Jufqu'alors, 
, ? ce qu'on appelloit prêcher , c'étoit 
n mettre enïemble beaucoup de pen«* 
„ fées mal aflbrties, fouvent frivo- 
„ les , & les énoncer avec de grands 

mots. 

L'Abbé Caflagnes ne répondit point 
à M. Defpréaux; il ne témoigna mê- 
me aucun reflentiment contre lui. 
Mais le trait qui l'a voit piqué ne le 
bleflfa pas moins* Il continua cepen-» 
dant de prêcher encore quelque tems. 
Il étoit retenu pour PEglife de S. Be- 
noît ; il voulut fatisfaire à fon enga- 
gement ; & la curiofité ayant attiré à 
Ion fermon beaucoup plus de monde 

Ïu'il n'en avoit ordinairement , M. 
)efpréaux dit malignement : // m'ejl 
redevable de cet honneur , parce que je f ai 
fait connaître :/oms moi vu. m f gourou 




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François*. 59 

ptsquc tAbbè Cajfagnes eût prêçhe: nou- 
veau trait de fatyre qu'il a depuis em- Jac <* u *» 
ployé en vers contre l'Abbé Cotin. C ^ 0NE «- 

L'Editeur des Œuvres de M. Def- w# 
préaux , de l'édition de 1740 , feu M, t ^ CVTt é 
l'Abbé Souchay , met en partie fur le s. m1u%£ 
compte de ce Poëte la diforace qui \ c e [ u (ut t Boi- 
arriva enfuite à l'Abbé Cattagnes, le 4?"/^*''* 
dérangement de fa tête. Mais s il étoit 
vrai que le chagrin d'avoir été taxé 
d'attirer peu d'auditeurs à fes fer- 
mons , fut entré pour quelque cbofe 
dans fa maladie , il ne faut pas dou- 
ter que M. Perrault n'eût eu foin d -en 
tirer avantage contre M. Defprëaux. 
Il n'en dit pas néanmoins un mot ; & 
rien ne l 'empêchoit d 'en parler , puif- 
que quand le troifiéme volume du Pa» 
ralléleparat, Caffagncs étoit mort de- 
puis quatre àns. L'ambition de ce 
jeune Ecrivain , & l'envie qu'il eut 
de fe rendre digne de la connance & 
de l'eftime de M. de Péréfixe , & du 
Public , étoient fuffifantes poar nuire 
beaucoup à un homme que Chapelain 
repréfentoit dès 1661 comme de peu 
de fàtuL II fit en effet pour regagner 
l'eftime du Public des efforts qui 
étoient au-deffus de fes forces i> il pro- 
duifit coup-fur-coup les divers ouvra- 

C y y 



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60 BlBLïOTHEQ tT f E 

ges que j'ai cités; il travailloit de* 

çSgnV plus > à Ia foflicitation de M - de Péré- 
i$7*. * ^ xe > ^ un Scrmonaire, c'eft-à-dire, à 
des Homélies propres à être récitées 
. au prône dans les Eglifes où il n'y au- 
roit point de Prédicateur ; cn unmot 
fon travail fut fi excefîif , qu'il lue— ; 
' comba fous un poids qu'il ne pouvoir 
porter. Ses parens, avertis que fa tête 
fe dérangeoit , accoururent du fond 
de leur Province ; & l'ayant trouvé 
hors d'état de pouvoir être tranfpor- 
té en Languedoc , ils forent contraints 
de le mettre à S. Lazare. Il y mourut: 
le 1 9 Mai 1 679 âgé feulement de 46 
3ns ,. guéri depuis quelque rems de fa 
folie , mais n'ayant pas recouvré tou- 
te fa tête. 

. L'Abbé de Brienne dît dans le Mé- 
Hioireque j'ai déjà cité, que Caflagnes 
yy mourut en très-bon Chrétien y qu'il 
5 j avoit toujours été de fort bonnes 
t>9 moeurs > & qu'une mort telle que 
yy la fienne > qui lui a paru précieufe 
yy aux yeux de Dieu , & des hommes 
3> de bien y qui l'efttmoient , vaut 
# mieux , fans doute , que les meit-» 
^ leurs ouvragés dû inonde. ,„ M. de 
Brienne avoit été témbia de cette 
mort y, lui & l'Abbé Caffagnes demeu- 



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Françoise. 61 
rans alors à S. Lazare > où le dernier 
avoit revu les trois premières par- Charles 
ties d'un ouvrage fingulier du pre- Cassagnw. 
mier , intitulé le Roman véritable , ou voye*^ 
£ Hijloire J écrite du Janfénifme , en profe méiik. 
j& en vers. Caffagnes le fit auflr héri- 
tier de toutes fes poëfies ; car malgré 
Je dérangement de fa tête , il en avoit 
compofé beaucoup dans fa retraite de 
S. Lazare , fans compter celles qu'il 
avoit faites avant fa maladie , & qui 
n'ont point été rendues publiques. Au 
xelle M. de Brienne avoue que la Fon- 
taine n'eftimoit point les vers de foi* 
.ami ; & c'efl , ce femble , un plus 
-grand préjugée pntre lui qu^/tous les 
traits qui luiront lancés dans la troi- 
sième fcène de la Satyre intitulée , 
.Chapelain dicoefe , ou Parodie de quel* 
gues f cènes du Cid. ' 

ANTOINE DE RAMBOUILLET, Amow * 
Sieur de la Sablière. di Ram^ 

L'Ode & lé Poëme héroïque que ^eur" »t 
Caffagnes avoit préférés aux autres la Saslw» 
genres de poëfie , ne furent point le as- 
partage d'Antoine de Rambouillet, 
Sieur de la Sablière y Parifien , Con* 
faille* '-Secrétaire du Roi , Mai/on , Cou- 
ronne de Frajice & dé fes finances > fils 



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6l BlBLIOT HE QUE 

de M. de Rambouillet, Secrétaire dû 
Antoine i„ t érefle dans les Affaires de Sa 
îo^^Majefté. Il choifit le Madrigal , la 
Sieur de Chanfon , les Stances , & il y réuflït , 
la Sablie- principalement dans le Madrigal qui 
**• n'eft dans le fonds qu'une efpece 
* 6 79* d'Epigramme, qui doit finir par un 
trait un peu moins faillant, que ce 
qui porte parmi nous ce dernier nom." 
Matthieu de Montreuil qui s'eft fait 
beaucoup de réputation dans le même 
genre, etoit peut-être plus fimple, 
plus tendre , & plus aifé ; M. de là 
Sablière paffe pour plus ingénieux , 
plus galant, plus travaillé. ,, Il écrf- 
ikST't A i » VOlt > ditRichelet , kfcénieufement 
' U 1 en vers & en profc , oc faifoit de fi 
„ jolis Madrigaux , que M. Conrart 
„ lui donna en qualité de Secrétairé 
„ des Mufes , des Lettres de grand 
„ Madrigalier François. - 

Nous en avons un Recueil «n f\x 
Livres, où Ton trouve aufli quelques 
Staftces & quelques Chanfons. Ce ne 
fut point l'Auteur qui les mit au jour ; 
ils ne parurent qu'en 1680 , 8c il étok 
mort l'année précédente 1679. Ce ht 
fon fils , Nicolas de Rambouillet , 
Sieur de la Sablière , qui en fit prê- 
tent au Public j fi Ton peut dire qtfe 



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Françoise. 63 

te foit faire un préfent que de ne don- J 
ner que des poëïîôs , très-délicates , à D * N ^** 
la vérité, dans le ftyle & dans les pen- BOU1LLET 
fées , mais qui ne refpirent que la ten- sikur di 
drefle & l'amour, & qui n'offrent mê- la Sablier 
me en plus d'un endroit que des pein- R *• 
tures fort peu chaftes. VIris dont il 2m£h. 
eft fait mention dans plufieurs dç ces poet.in-4 u 
Madrigaux, n 'étoit point une Iris en *• p ' 
tair; c'étoit une Demoifelle de con- * 4 *' 
dition , qui par la délicateffe de fes 
fentimens , autant que par fes agré* 
mens extérieurs, a voit fçu fixer le 
cœur de M. de la Sablière. Il étoit 
fur le point de l'époufer, lorsqu'elle 
fut attaquée de la petite vérole , dont 
elle mourut quelque tems après. Voi- MadrÎRi j c 
ci ce qu'il en dit lorfqu'il en fut u Sabi.' p. 
prive. - 

De la beauté d*Iris voi le portrait fidcllc : 
Elle eut une ame digne d'elle , 
Un cœur tendre , un efprit charmant ; 
Tu peux juger de mon martyie ; 
Elle mourut , j'etois Amant ; 
C'efi tout ce que je puis te dire. 

L'Auteur fit un autre choix dont il T «- *« T ^ 
a'eut pas lieu de fe repentir/ Heffe- Jj' Fr ' + 
lin de la Sablière, fa femme, étoit une 
Dame de beaucoup de mérite & de 1 



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64 Bibliothèque 

. fçavoir. Elle étoit en grande, liaifon. 
Antoine avec la plupart des beaux efprits de 
Di Ram- f on tems ^ & j»Q n jfç a £t que la Fontaine 

Si°£ur "de q u ' elle lo g ea chez elle Pendant près 
zjl Sablie- ^ e xo ^ ns 5 en faifoit une eflime par— 
jub. tîculiere. Plufîexirs ont cru qu'elle 

**7*. a voit compofé des poëfies; & on lit 
dans la lifte des Auteurs qui eft à la 
tête'du Diôionnaire de Richelet y 
„ qu'elle s'eft diftinguée parmi les 
„ perfonnes de fon fexe par plufieurs 
„ ouvrages de poëfie , où Ton trouve 
„ beaucoup de délicatefle , & une 
„ verfifiçation exaûe , & dont , ajoû- 
„ te-t-on , on a fait tin recueil. „ On 
a répété la même faute dans plufieurs 
catalogues de Livres , oîi on attribue 
' / à Madame de la Sablière les Madri- 
gaux de fon mari. Mais il eft fur que 
cette Dame n'a jamais compofé de 
vers; M. Titon du Tillet cite en preu- 
ve M. le Gomte de Noce, gendre de 
M. & de Madame de la Sablière, & 
M. de Fontenelle qui a été leur ami. 
D'ailleurs, quand on a lu les Madri- 
gaux dont il s'agit , il n'eft pas diffi- 
cile de voir qu'ils ne peuvent être 
■ d'une Dame , puifqu'ils s'adreflent 

toujours à des Cloris , des Philisj 
des Iris^ ou à des Dames connues, . 



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Françoise. £5 



PIERRE DU PELLETIER. l 

Pierre du 

Le nom de Pierre du Pelletier , loin P "" T " ,U 
d'être aufli avantageufement connu 1 ™* 
que celui de M. de la<Sabliére , feroit . 
peut-être même entièrement ignoré 
-fi M. Defpréaux n*avoit pas pris plai- 
fir de le citer partout comme le mo- 
dèle des mauvais Poètes. C'eft fur ce 
ton qu'il en parle dans fon Difcours 
.•au Roi, & dans fes Satyres, I, II, III y 
:VII & IX ; & il auroit mieux vallu , 
•fans doute , d'être abfolument oublié 
que de n'être jamais cité qu'avec mé- 
pris & deshonneur. M. Baiiletlui afc 
•tribue quatre Centuries de Sonnets, Baiiiet,jng; 
que je ne connois point» Jé n'ai vu de dw 1 ^^ 1 : v 
lui que deux Sonnets , adreffés au * % * %%%n * 
Roi Louis XIV , imprimés in-folio , & 
une multitude d'autres Poëfies , de 
Sonnets en particulier , à la tête de 
la plupart des Livres qui ont été 
imprimés de fon tems. Ce font les 
•Sonnets adreffés au Roi , qui ont fait 
dire à M. Defpréaux dans fon JDi£- 
cours à Louis XIV : 

Oui , je fçai qu'entre ceux qui t*iadreflent leurs veille* f 
fusai des Pcllcùeri ont compte des Conieilîei» 



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£5 Bibliothèque 

Richelet , qui l'avoit connu , dit 
j'iUrKE do qu'il étoit de Paris, fils d'un bon 
J> *^ TI£R * B° ur g e °i s * M ajoute , que comme dès 
Lettre # de ^ a plus tendre Jeuneffe , il fit conrioî- 

J^^is d ,# tre ^ U '^ a ™°* t * es Livres , fon père 5 
Auteurs. M dans l'efpéranpe <Ten faire quelque 
chofe , eut foin de le pouffer à 1 étude. 
Il fit fes claffes au Collège de Har- 
court à Paris ; & fitôt qu'il fut ea 
troifiéme , au lieu de compofer des 
vers Latins , il n'en faifoit que de 
François, Ses Régens tâchèrent en 
vain de l'en détourner ; tous les fu}et$ 
cu'ik lui donnoient pour en compo- 
fer des vers Latins , il les rendoit en 
vers, François. Son pere averti de cet 
amour extraordinaire , pria fes Maî- 
tres de le laiffer faire , dans la penfée 
que fon fils pourroit s'avancer par cfe 
moyen. Le bon homme fut trompé* 
Du Pelletier forti des étwdes , fe fit;, 
félon quelques-uns, recevoir Avocat; 
mais ficela eft, au lieu de s'appliquer 
à fa profelïïon , il continua de rimer* 
Cependant comme il aimoit la ré- 
putation, voyant qu'il n'en acqué*- 
roit aucune dans le genre qu'il -avoit 
embraffé , il crut qu'il trouveroit 
mieux fon compte en écrivant eh 
profe , & il fit des Lettres Françoifes 



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Françoise. 67 
dont il compofa un petit volume, qui 
mourut tnnaijfant. Y êichè decemauvais P IÏRR1 w 
fuccès , il revint à la rime, & prodi- ^t*** 
gua fans diflin£Hon fon encens à tows 
ceux qui en vouloient. Dès qu'il fça- 
voit qu'un Auteur faifoit imprimer 
quelque chofe, il l'alloit voir aufli- 
tôt , & lui portoit un Sonnet en fa- 
veur de l'ouvrage qui s'imprimoit. 
C'eft à quoi M. Pefpréaux fait allu- 
fion dans fa première Satyre , où il 
dit , Je ne fçai point 

De mes Sonnets Auteur» Mer tout PUnivers » 
Kt vendre au plus offrant mon encens & mes qtrs» 

A l'âge d'environ trente ans , devenu 
amoureux d'une jeune Demoifelle , il 
compofa pour elle tant de Sonnets , 
bons ou mauvais, qu'elle fe laifla ga- 
gner ; du Pelletier l'époufa ; & com- 
me cette jeune perfonne étoit fage , 
adroite , laborieufe & économe , elle 
fe fit fubfifter avec honneur. On dit 
auffi que de fon côté , il alloit en- 
seigner en Ville la Langue Françoife 
aux Etrangers. Ceft fans raifon que 
M. Defpréaux en a fait un para- 
fite , dans ces vers de fa première 
Satyre: 



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68 Bibliothèque 

Tandis que Pelletier , crotté jufqu'à l'échiné > 
Va mendier fon pain de eu i fine en cutfine ; 
S ça varie en ce métier , fi cher aux beaux efprks 
Dont Mommaur autrefois fit Leçon dans Paris , 

♦ Prom.deS. „ Le bon homme, cRt M. Gueret 
Méinohei dî w dans fa Promenade deS. Clùud, avoit 
Bruys , t. aflez de fa cuifine pour vivre , & 
> v> *' „ d'ailleurs il étoit trop timide pour 
„ faire le métier de Parafite. Auffi M. 
9> Pefpréaux ir'avoit-il pas mis d'a- 
„ bora Pelletier, mais Collctet dont il 
„ ôta le nom à la prière de quelqu'un 
„ qui lui fit fubftituer celui de Pelle>- 
„ tier. „ C'eft par la même raifon que 
le même M. Gueret fait dire â celui- 
ci, dans fa Guerre des Auteurs , 

On me traite de Parafite , 

Moi qui plus reclus qu'un Hermite ; 

.. Ne mangeai jamais chez autrui. 
- O fatalité font fécond \ 

. Faut-il qu'on déchire aujourd'hui 
Celui qui loua tout le monde! 

Richelet met la mort de du Pelletier 
en 1 660 ; c'eft zo ans trop tôt : ce Poè- 
te ne mourut qu'en 1680, n'étant 
point encoré avancé en âge. Il fut 
inhumé à S. Severin fa Paroiffe. 



Pierre du 
Çeiletieiu 



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F R A N Ç O I S £• 



6 9 



JEAN D U V A L. 



JlAN DU- 



Ce fiit fur la même Paroiffe, & vAL - 
le 1 2 Décembre de la même année l * 
1680, que mourut Jean Duval^ Prê- 
tre , Bachelier en Théologie de la Fa- 
culté de Paris, & Chapelain du Col* 
4ége de Seès dans la même Ville, 
François Henry, ami de Gaffendi, 
qui l'avoit connu , dit qu'il ne man- 
quent pas de talens pour la Chaire f 



C'eft du même que j'ai appris, dans 
un Mémoire manùfcrit original, que rit , par les 
J'ai eu occafion de voir , que M, Du» B ^' t ^ 
val étbit aufli Poëte François , & en . 
cette qualité Auteur de deux écrits 
auxquels il n'a point mis fon nom. 

Le premier eft intitulé Soupirs 
François fur la Paix Italienne , petit 
poëme de Huit, pages in-4 0 . imprimé 
en 1649. L'Auteur le compofa au fu- 
jet de la paix dont les articles furent 
arrêtés à Ruel le 11 Mars de ladite 
année. Duval s'y plaint de cette 
paix, & l'appelle Italienne parce 
qu'elle avoit été faite par le Cardi- 
nal Mazarjin, & qu'il ne la regardoit 




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yo B ib;li or t h e q u e 
— ni comme fifïcére , ni comme devant 
être de durée. Il y a dans cette pièce 
beaucoup de vivacité contre le Cardi- 
nal; c 'étoit le goût de ce tems-là d'ou- 
trer Jes louanges ou la fatyre au fiijet 
de cette Eminence , félon fes préju- 
gés , ou le parti que Ton avoit em- 
buafle. 

Le fécond Poëme de Duval , beau- 
coup plus connu 5 & plus confidéra- j 
ble~, a pour titre , Le Calvaire propha.- 
né 9 ou le Mont-Valérien ujurpi par les 
Jacobins réformes du Fauxbourg S .* Ho- 
noré , adrejfé à eux-mêmes» Ce poëme 
d'environ deux mille vers libres de 
huit fyliabes, parut en 1664 in-4 0 . 
& a été réimprimé plufieurs fois de- 
puis en différentes formes. On voit 
dans (Hifioire de la Ville de Paris , par 
les Bénédidins , ce qui donna lieu à 
cette pièce. Les Jacobins ayant don- 
né à Louis XIV une faulfe idée de la- 
Congrégation ou Communauté du 
Calvaire , dit le Mont-Valérien , lieu 
de dévotion près de Paris , obtinrent 
cette Maifon , & y entrèrent par vio 
lence. Comme on oppofa la force à 
la force , le tumulte fut grand ; les 
Jacobins s'armèrent de tout ce ou 'ils 
purent trouver : il y en eutplulieurs 



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Fr an ç o is e. 71 
çut furent blefles dangereufement ; il — — 
ca coûta même la vie à quciques-ims J* an Dv* 
des combattans* l/afïaire fut portée VAt " 
au Roi , qui mieux inftruit , exclut 14 
les Jacobins 9 rendit la Maifon à fes 
véritables propriétaires , & eut foin 
d 'y faire rétablir la paix & le bon or- 
dre. Ce!! en partie ce qu'on peut 
voir dans le Poëme de M, Duval f 
qui eft en raême-tems hiftorique, fa- 
brique & moral dans F Hiftoire de 
Paris , que je viens de citer; & dans 
le FaÏÏum de M. V aret , pour les Prêtres 
& ff ermites du Mont-Valéricn. J'ai vu 
encore attribuer à M. Duval, i. Les 
Triolets du ttms , félon les vijions d'un 
petit-fils du grand Nojlradamus 9 faits 
pour la confolaiion des bons François , 
& dédies au Parlement , onze pages 
in-4 0 . 1649J, 2 » Le Parlement burlefqut 
de Pantoife; contenant Us noms de tous 
UsPréfidens & Conseillers qui cômpofent 
ledit Parlement : enfemble Us Harangues 
kurUfquts faites par le prétendu premier 
Préfident : libelle fatyrique, qui eft de 
1652. 3. Enfin, un poëme de 1 6 pa- 
ges , auiïï in-4 0 . H** a P our ^ tre : 
S ordonne au Roi t fur deruntvelles Thèfes 
contraires a la vérité y outrttgcufcs aux & 
berces de tEglife Gallicane % funcft es à 



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B I B 1I O T H E Q \J E 

t.Etat , & condamnées par deux jirréts 
J l anDu * du Parlement. M. Henri ne dit rien 
iîsp. de ces trois derniers écrits dans fon 
Mémoire, Sur la fin de fes jours , 
Duval tomba dans une mélancholie 
fi exceflive, qu'il fe tenoit toujours 
au lit , fe refufoit toutfecours , fe laif- 
fa manger de vermine , & moiurut 
prefque de faim. 

— - N. BIGRE S. 

N. BlGRfcS. 

1680. On m'a dit auffi que le fieur Bigres, 
Auteur d'un Poëme intitulé , Jefus 
mourant , étoit compatriote de DuvaL 
Ce Poëme parut dès 1644. in-4 0 . dér 
dié à la Reine ; mais FAuteur n'eft 
mort, à ce qu'on affûre , que long- 
tems depuis. Le fu jet de fon Poëme 
elt la mort du Sauveur du monde ; le 
titre feiil l'annonce. On trouve dans 
l'unique chant dont il eft compofé, 
toute THiftoire de la Paffion de Je- 
•fùs-Chrift, mêlée de quelques réflé- 
xions fur cet événement , le plus in- 
téreffant qui fut jamais pour le genre 
humain, fit fur, les fruits qu'on doit 
en retirer. C'eû tout ce qu'on peut 
lèire de cet ouvrage. 

NICOLAS 



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i 



Fr a nçoise; 73 



NICOLAS L'HERITIER. 

Nicolas 

Voici encore un Poète né à Paris, L'Hi Ri- 
mais d'une noble & ancienne famille rl f 6 i 09 
de Normandie ; c'eft Nicolas L'Héri- 
tier , Seigneur de Nouvellon & de 
Villaudon. Militaire d'abord , il fcr- 
vit dans les Moufquetaires du Roi , 
& enfuite dans le Régiment des Gar- 
des Françoifes. Une Weffure qu'il re- 
çut , en combattant avec valeur , dcMoréS'jc 
Payant mis hors d'état de continuer w- 
le fervice, on lui accorda la place de pag?^"" 9, 
Thréforier des Gardes Françoifes , & 
un Brevet d'Hiftoriogrtfphe du Roi. 
Ce dernier titre , joint à fon goût 
particulier , l'engagea à écrire plu- 
fieurs morceaux de rHiftoire de Frang- 
ée , & en particulier de celle de fon 
tems ; entre autres , la Campagne de 
Rocroy en 1 643 , celle de Fribourg , en 
1644 , & quelques autres où les Trou- 
pes Françoifes fe font fignalées. Feu 
M. l'Abbé Bignon poffédoit ces rela- 
tions, qui font demeurées manuferi- 
tes. Je ne connois d'imprimé , en 
genre d'Hiftoire , que fa Traduâion 
des Annales, & Hiftoire des troubles 
des Pays-Bas , écrites en L^tin par 
Tome XVIU. D 



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74 Bibliothèque 
Hugues Grotius : cette Traduftion eft 
de Tan i66x ; & un Tableau Hijforique 
des 'principaux événemens de la Mo- 
narchie Françoife , imprimé en 1669. 
in-12. 

M. L'Héritier s'eft fait connoître 
auffi par quelques poëfies. En 163 9 f 
il donna Hercule furieux , Tragédie 7 
efpéce de traduôion d'Euripide , où 
l'original eft fort maltraité ; dans la- 
quelle on ne rctonnoît ni art , ni con- 
duite , ni régies , & dont la vérifica- 
tion eft foibïe. On peut en voir Tana- 
lyfe dans V Histoire du Théâtre François f 
tome V , pag.. 451, &c. M. Titon du 
Tillet dit dans fon Parnaffe François y 
& on le répète dans le Supplément de 
Morériàt 1735, que M. L'Héritier 
rompofa cette Tragédie étant encore 
Moulquetaire. Il femble infinuer ce- 
pendant dans fon Epître dédicatoire 
à M, de Bautru, qu'il avoit déjà dé- 
pofé les armes , puifqu'il dit qu'on 
croira peut-être difficilement qu'une 
perfonne qui naguerre ne s'aidoit que du 
jnoufquet 6* de tèpie , ait pu Jitôt ap- 
prendre à manier la plume comme il 
faut. Il ajoute , dans la même Epître, 
» Qu'il n'eftime pas fes ouvrages par- 
» ce qu'il les a faits , mais parce qu'un 



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Françoise. 75 
»des meilleurs efprits du fiécie a 
» voulu prendre la peine de l'aider 
V à les faire. » On a foupçonné que 
c'était M. de Bautru lui-même; mais 
ce n'efl qu'une cpnje&ure. 

On cite du même une Tragi-Comé - 
die intitulée,, Le Grand Clovis 9 premier T » v « 
Roi Chrétien j & l'on dit dans l'Hifftoiré 
du Théâtre François , qu'elle n'a ja- 
mais été imprimée. Cela peut être. 
J'ai vu cependant la dédicace de cette 
pièce , imprimée en 165 5 in-8°. & 
adreffée à M. le Cardinal Mazarin, 
dont l'Auteur faitiin ppmpeux éloge \ 
dont il fe montre zélé partifan , & à 
qui ildit qu'il avoit des obligations.La 
même Epître nous apprend que cette 
Eminence avoit bien vouhi lire cette 
Tragi-Comédie, &, qu'elle lui a voit . 
plu. ILeft vrai. que l'exemplaire que 
j'ai vu de cette dédicace n'eft pas 
fuivi de la pièce même , mais elle 
l'annonce , & l'Auteur la finit par 
fupplier le Cardinal de continuer à 
fon Clovis r honneur qu 'il lui avoit déjà 
plu lui àccorder de fon efftme & de fa 
prote&ion. C'eft, ce femble , dire aitez 
clairement qu'il l'expofoit aux yeux 
du Public. 

Quoi qu'il en foit, je ne comtois 

I> il 




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B l't t IOTH È Q U E 
■» plus d'autres poëfies imprimées de 
Nicolas L'Héritier,que le Portrait d'Amarante i 
L'H e r i- en f e p t ft ances ^ chacune de dix vers 5 
TI j£g 0 inféré dans la féconde partie de Ut 
Galerie des Peintures , ou Recueil des 
Portraits & éloges en vers & en prof e , 
&c. imprimée chez Sèrcjr en 1663. 
ïn-12! & dont on a voit deja une édi- 
-Gaier. des tion faite en 1659. Cette pièce eft 
?^.p-577,. écrite avec beaucoup de nobleffe & 
de grâce. Celle que le Poëte y a 
-voulu peindre étoit Mademoilelle 
Françoife Le Clerc , nièce de M. Du 
Vair , Garde des Sceaux de France , 
que le Poëte époufa depuis , & qui 
mourut en 1704 , laiflant un fils & 
«ne fille , Nicolas L'Héritier 9 morf 
en 1730, & la célèbre Mademoiselle 
. L'Héritier , qui ne mourut qu'en 17 3 4. 
J'en parlerai ailleurs. Leur pere étoit 
mort dès le mois d'Août 1680 : il eft 
cnteité à S. Euftache. Mademoifelle 
L'Héritier *a fait graver fon portrait 
avec ces vers qui font d'elle-même : 

pans fes vers , dans fa profe , on voy ojtt mille charmes ; 
Son courage éclata .dans le métier des armes 9 
Les vertus , le fcavojr ornèrent Ça valeur ; 
%x lorfque fon cfprit , guidé par la candeur , 
P'un fidèle pinceau lui fit tracer THiftoire , 
Pc* ftéros qu'il peignit il partagea la gloire, 



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Françoise. :' *pj 

CLAUDE NICOLE. Claude 

Nicole. 

Claude Nicole, Préfident en i'EÏec* **** . . 
tion de Chartres , n'a pas iftérité le * 
même éloge. Ce Magiftrat n'a rien 
écrit fur PHiftoire, & a.prophané fa 
plume par cette multitude de traduc- 
tions en vers de quantité d'endroits 
choifis d'Anacréon , de Catulle^ d'Ho- 
race , de Martial , &c. par celles des 
Elégies amoureufes d'Ovide , desEji- 
gies de Properce, duRaviffemerttae 
Proferpine p^r Claudien , des Amours 
d'Adonis du Cavalier Marin ^ &c. H 
a fait auffi celle du quatrième Livre 
de l'Enéïdev J'ai rendit compte de 
toutes ces traduâions félon l'ordre 
des tems des Poètes anciens dont j'ai 
été obligé de parler. Mais* j'ai tou- 
jours nqfhmé le TraduÔeur Jean & 
non Claude , & je l'ai dit pere du cé- 
lèbre Théologien Pierre Nicole. Je 
me fuis fonde pour prendre ce parti 
fur un piacet dxeffé par Pierre Nico- 
le , & que Charlote fa fœur , fous le 
nom de laquelle il eft , préfenta à M. 
FEvêque de Chartres pour faire fup- 
primer une édition des poëfies profa- 
nes de fon pere qu'un Libraire de 



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7$ Bibliothèque 

Chartres vouloit entreprendre. Char- 



Claude i otte Nicole y dit : 

i?8o! - » Q ue Jean Nicole fon P ere a y ant 

ic de pferre » enfin reconnu qu'il étoit coupable 



Kieoie, t. i t 99 d'avoir employé fa plume à quan- 
4 ' 5,6 * „ thé d'ouvrages , & furtout à des 
poëfies , oh la licence dominoit 
•„ en avoit témoigné beaucoup de re- 
„ gret ; & qu'il avoit fait connoître 
>9 que fon intention étoit qu'ils de- 
„ meurafïent en quelque forte dans 
, # PoubIi , en fe contentant desédi- 
„ tions qui en avoient été faites , & 
que ceux qui n^voient point en- 
core paru, fuffent condamnés au 
„ feu. Que néanmoins le Libraire 
yy dont il s'étoit fervi de fon vivant, 
„ .... loin d'entrer dans des vues fi 
„ chrétiennes , étoit dans une difpo- 
„ fition très-prochame de réimprimer 
„ tous fes ouvragés , & enjoindre 
„ aux écrits de piété qui étoient for- 
p 9 tis en petit nombre de la plume de 
„ fori pere , toutes les poëfies licen- 
tieufes , & les attires ouvrages tout 
„ prophanes , qui ne Fa voient que 
•„ trop occupé, & dont il y étoit re- 
penti; &c.„ . 

Les poëfies contenues d^ns le Re- 
cueil de M, Nicole * foit dans l'édition 



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François t. 79 
de 1662 en un volume, foit dans celle 1— — » 
de 1695 qui eft en deux volumes , Claud^, 
confirment ce qui eft dit danscepîa- N* co "« 
cet. Tout eftprophanedans lapremre- 16 
re édition ; & dans la féconde , qtii eft 
fort augmentée , il y a en effet uri 
petit nombre de polies chrétiennes 
oui ne confiftent que dans une ver- 
éon libre des fept Pfeaumes de la 
pénitence , & des Pfeaumes 18, 23 , 
47,95, J03 & no; à quoi il faut 
ajouter des Stances intitulées, Retraite 
Chrétienne ; & au commencement du 
fécond volume une belle Ode à ia 
louange de M. le Duc de Saint- 
Àignan. Le repentit du Poëte, dont 
il eft parlé dans le piacet , eft vive- 
ment exprimé dans Parvis- att Le&eur 
qu'on lit au devant des Poïjies Chre~ 
tiennes , puifque l'Auteur y avoue , 
» Qu'après avoir donné autrefois de* 
» traduâions un peu trop libres & 
» trop enjouçes , il s 'eft fenti obligé 
» d 'en faire la rétraôation , & en mê- 
» roe-tems d'effayer par quelques ou- 
» vrages de piété d'effacer le fouve- 
» nir de fes vers libertins, . . . qu'il 
» fouhaiteroit de tout fon cœur pou- 
» voir anéantir , &c. » 

Il femble donc qu'on ne puiffe dou* 
Div 



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So Bibliothèque 

mmm ? a ~* ter que celui qui eft l'objet duPlacet 
Claude Charlote Nicole eft le même que 
ié*Q. l'Auteur des Poëfies dont il s'agit ici. 
Mais ce Poëte étoit-il le même que 
le pere de Pierre Nicole ? S'il n'y a 
pas d'erreur dans les noms du Placet 9 
il faut prendre l'affirmative. Les feu- 
les raifons de douter font que l' Au- 
teur des Pôëfies que nous avons eft 
nommé Claude 9 par ceux qui en ont 
parlé, & non pas Jean; que dâns Ifc 
privilège accordé pour l'impreffion 
de fes (Eiivres , il eft qualifié Préjîdent 
en t Election de Chartres , & que le pere 
de Pierre Nicole ne prenoit que la 
qualité d'Avocat; que l'Abbé de Ma- 
rollès qui parle de cet Avocat dans 
fes Mémoires ne lui attribue aucunes 
poëfies ; & qu'enfin Chapelain dans 
deux lettres écrites au même Jean Ni- 
cole , pere du Théologien y l'une du 
4 Avril l'autre du 24 du même mois 
1670 9 ne le fait Auteur que d'une tra- 
Xew. mfr. du&ion des déclamations attribuées 
4c chapei. fauffement à Quintilien , & d'un Son- 
net à la louange de la verfion de Job 
en vers François t par Dom Julien- 
Gatien Morillon , Bénédiâin de la 
Congrégation de S. Maur , Sonnet qui 
ne fait point partie des Poëfies pieules 



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Françoise. $i 
du Nicole dont j'ai voulu parler ici, & 
dont on rapporte la mort à Tan i 68o > 
ou environ. 

N. DE HEAÇFILLE. ■ 

N. DE 

M. Baillet qui ne dit rien du Poëte Hi auvil- 
Nicole , n'a pas oublié M. de Heau- Lt " l6 i Q9/ 
ville , Prêtre Abbé de Chantemerle , 
Ordre de S. Auguftin , au Diocèfe de 
Troyes. Ce Poëte Chrétien étoit lié 
d'amitié avec les plus beaux génies de 
fon tems. Mais je n'en connois aucun 

3ui nous ait inftruit des chxonftances 
e fa vie. On le croit mort vers 1 6Bo ; 
ce n'eft cependant qu'une conjeûure. 
Son Catéchifme en vers dédié à M. 
le Dauphin , a toujours été eftimé. 
Dès qu'il parut en 1669 , il ne fe pro- 
duifit qu'avec les approbations de M. 
Hardouin de Péréfixe, Archevêque 
de Paris 9 de FeHx Vialard , Evêque 
de Châlons , des Evêques de Bayeux 
& d'Angoulême , & de 23 Do&eurs 
en Théologie. Ces illuftres Appro- 
bateurs difent unanimement, » que 
dans ta leôure de cette poëfîe , toute 
>► pleine d'une doârine très-orthodo- 
» xe & très-pieufe , les Chrétiens 
» fe fortifieront avec douceur &l fa- 

Dv 



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$2 BlBlIÔTHEQUE 

y—— - » cifité dans les connoiffances des vé- 
N. de n rites de notre foi. » 

H£auvil- c'eft en effet tout le but de l'An- 

"itf&o teur > <I u î dans ce Catéchifme expli- 
que avec autant de fotidité que de 
netteté & d'élégance les vérités chré- 
tiennes dont la croyance & la prati- 
qué font -aécefîakes , Je Symbole des 
^ Apôtres, les Commmandemerw^ de 

Dieu & de FEglife f les Sacremens , 
les péchés * les, hmt héathudes , les 
œuvres de miséricorde. Il y a ajouté 
plttfieurs Prières chrétiennes. Le tout 
eft en forme de Cantiques y avec des 
airs convenables. Si Ton trouve dans 
çe Livre quelques faartes légères con- 
Avî$ de tre les régies exa&es de la poëfie, je 

udeux! au ( ^ ra ^ a V€C l'Auteur* » qu'un Ecrirait 
„ obligé d'enchaîner enferabie la ri- 
„ me , la raifon & la foi , mérite bien 
„ fur cela quelque excmfe ; & qu'on 
„ doit pareillement lui foire grâce v 
„ fi n'étant pis foutemi de fa matîé- 
„ re , il tombe quelquefois , & s'il ne 
„ s'exprime pas toujours d'une ma- 
„ niére atrffi noble & auffi délicate % 
„ que le pourraient faire ceux qui 
„ ne font pas indilpenfablementobli- 
>y gés de fe fervir des terjnes confa- 
M çrés à l'explication des Myfiéra fk 



Digitized'by CjOOglC 



Fa ANçorsr, . 
*des> vérités de la Religion. » On a 
inféré une partie de ce Catéchifme N. i>* 
dans le tome I. du Rtctuil des Poïjies ^ EAtmL - 
diverfes dédié au Prince de Conti. \6%o. 

M. l'Abbé de Heauville a fait en- 
core un Livre des Devoirs du Ckré~ 
tien , qui a. pareillement mérité l'ap- 
probation des Evêques de S. Pons r 
de Périgueux, d'Amiens , de Leytou- 
re , de Condom , & de pluficurs Doc- 
teurs y qui rappellent tous encore 
avec éloge le Catéchifme en vers. 
Ce nouvel ouvrage ne parut qu'en 
1 684 ; & dans le privilège du ij Avril 
1683 obtenu pour Timpreffion de ca 
Livre % il eft dit qne l'Auteur étoit 
mort. On y retrouve tout ce qui 
étoît dans le Catéchifme publié en 
% 669 ; mais on y a d e plus les De- 
voirs du Chrétien f où la Morale dè 
Jtfus-Chrifi , en 14 chapitres ; un Trai- 
té des cérémonies de la Meffe , un 
Traite de la Prière > les fept Pfeau- 
mes de la Pénitence , les Litanies r 
le tout en vers , & l'Hiftoire des 
Myftéres de Notre Seigneur Jefus- 
«Chritf & de la Sainte Vierge , en 
forme deCantiques r pour te tems de 
l'AveiatrCe qui eft futvi de l'Hiftoi- 
re de la Paffioa, félon les quatre 

D vj 



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COURT, 
1680 



84 Bibliothèque 

Evangeliftes pareillement en versv 
M. Titon du Tillet a donné place à 
l'Auteur dans fon Parnaffe François. 

LAURENT DRELINCOURT. 

Laurent 

Drelin- Laurent Drelincourt n'a cherché 
non plus qu'à inftruire dans fes'&vz* 
nets Chrétiens fur divers fuj&s divifés cri 
quatre Livres , dont je connois trois 
éditions , la première en 1677 , dé- 
. diée à Madame Emilie,née Landgrave 
de Heffe, Princeffe de Tarente ; la 
féconde peu de tems après la mort 
de l'Auteur ; &; la troiftéme en 173 1. 
Les fujets de ces Sonnets font variés ; 
ceux du premier Livre font fur la na- 
ture & ion Auteur. La création dii 
Monde , la Divinité , l'Efprit qui ani- 
me tout , la création dfe l'Homme , les 
Elémens., les Phénomènes les plus 
connus , les différentes faifonsde Tan- 
née, l'Aimant, les Pierres précieu- 
fes,la Providence^ &c. en font l'ob- 
jet. Dans le fécond Livre le Poëtfc 
nous donne une idée des faits les plus 
confidérables rapportés dans l'An- 
cien Teflament* Il nous y fait pafler 
en revue l'état d'Adam & d'Eve dans 
le Paradis Terreûre y leur chute, le 



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Françoise, £5 
meurtre d'Abel , le Déluge , l'Hiftoi- 
re des Patriarches , des Juges, de Laurent 
quelques Rois & de plufieure Pro- 
p^tes, &c. Tout cç qu'il y a de P4g0 ^ 
pnncipaldans le Nouveau Teftament 
eft expofé dans le troifiéme Livre. 
Le quatrième eft fur diverfes Grâces & 
divers Etats. La féconde & la troifié- 
me édition font augmentées d'une 
Tradu&ion paraphrafée des fept 
Pfeaumes de la pénitence f trouvée 
parmi les papiers de l'Auteur , qui 
avoit fait cette paraphrafe pour fe 
confoler dans fes infirmités. Le der- 
nier de ces Pfeaumes n'étoit point 
achevé , un des amis du défunt a fup- 
plée à ce qui y manquoit. 

Les Sonnets font fort pieux , affez 
bieqprerfifiés y exaôs pour le dogme 
comme pour l'hiftoire , & je n'en ai 
pas vu un feul qui fe reflente des 
erreurs du Calvinifme dans lesquel- 
les M, Drelincourt étoit engagé. II 
étoit fils de Charles Drelincourt^ Mi- 
niftre de l'Eglife prétendue Réfor- 
mée de Charenton, & de N. Bolduc., 
Il fiit Miniflre à la Rochelle , & en- 
fuite à Niort ; oii il eft mort en 1 68o> 
fix mois après être devenu aveugle* 
n'étant âgé que de 56 ans. On a die 



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£6 B I B L r O t H E Q V E 
lui des Sermons. Si les Sonnets %f 9 
Dreun- T 28 & , 2 9 du quatrième Livre, fur la 
court. mort £ un * filk unique 5 regardent quel- 
j *8o. qu'un de fes jenfans , comme 09 te 
croit, il étoit pere tendre & compa- 
tiffant . mais en même-tems très» 
réfigné à la volonté de Dieu. Voi- 
ci le premier de ces trois Sonnets. 

Ainfi de tes beau* ans je voi finir le eonrs , - 
Doux objet de mes vœux f ainfi la mort cruelle r 
Couvrant d'Un noir bandeau ta brillante prunelle r 
Change en autant de nuits îc refte de mes jours..: 

Quoi t'en vas-tu fi-tAt ? t'en vas- tu pour toujours * 
Trois ans onvils borné ta carrière mortelle ? • 
Et fenfuis-tu de nous ,& fi jeune , & û. belle 
Revien , mon cher enfant f mon tréfor , mes amoim, 
Mais pourquoi rappelle», par un tranfport extréfnc r 
Ta fainte ame , qui vole à la gloire fuprême* 
Mon cœur , ayons plutôt ce fendaient pierre 

Ceft par Tordre d'enhaut que la mort t'a ravie : 
It Dieu veut , en nVôtant la moitié de ma vie , 
Que l'autre ne rerpirc ici-bas que les d'eux» 

' GABRIEL GILBERT. 

Gabriel 

€ï i*Zo*' Gabriel GiBkn , Parifien , Secré- 
taire des Commandemens de Chrif- 
4 tine Reine de Suéde , & fon Réfiderit 
en France, étoit encore un Poète êe 
la Religion prétendue Réformée. 



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Françoise. 87 
Chapelain dit de lui : » C'eft un efprit 
» délicat, duquelon a des Odes, de g Gab ^ 
>► petits Poèmes, & phifieurs pièces "^g"* 
» de Théâtre , pleines de bons vers. Mélanger* 
» Ii n*a pas une petite opinion de IuL» dc » Lctlr - de 

a r if r r • j i Chap.p. 

Avant que d entrer au fervice de la 
Reine Chfîftine , il avoit été dans fa 
jeuneffe Secrétaire de la Ducheffe de 
Rohai*. Il étoit en Itafie avaift 1657 , 
cumme on k voit par TEpître dédica- 
toire de fa Tragédie des Jmours de 
Diane & SEndhmion. Ailleurs il nous e p . dédîe, 
apprend qu'il étoit bien venu chez ^ CTt ^°^i 
M. de Lionne , Miniftre d'Etat, chez mours de Ké- 
M'. Fouqwet , Surintendant des Finan- ™^J" 0 *Ï 
ces , & que te Cardinal Mazarin fe de, 1 
délaffoit quelquefois dans la leâtire 
de fes ouvrages ; & cependant il * 
avouoit en 166 3 qu'il n'a voit tiré 
d'autre avantage de fes divers écrits 
en preft & envers , que celui de les avoir 
frèfentis a ce que fa France a de plus 
auguflc & de plus eminent. Sa fortune Parn.Fowf? 
fiât en effet h peu confidérable T qu'il P- 3 8 7* 
auroit paffé de triftes jours fur la fin 
de fa vie , fi M> d'Hervart , amateur 
des gens de Lettres , ne lui eût donné 
un azile favorable dans fon Hôtel à 
Paris , où il mourut vers Tau 1680* 
La Reine de Saéde ne l'avoit pas 



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Stë Bibliothèque 
■—— » apparemment récompenfé autant 
Gabriel qu'il l'avoit efpéré, & qu'il s'y étoit 
Gilbert, même attendu , comme on peut en 
juger par cette Epigrammequ'il fit 
après l'abdication de cette Princefler 

£n ferrent cette Reine égale ats Amazones r 
Je n'aurai pas perdu Cix ans ; % . 

Car t^ui fçait donner des Couronner r 
Sçaic bien faire d'autres préfens* 

Gilbert a compofé feîze pièces de 
Théâtre , qui çnt été imprimées in- 
8°. & in-n, depuis 1641 jufqu'eti 
1664. Lorfcjue le Thé|tre de l'Opéra 
fut établi , il voulut aufli effayer s'il 
pourrait s'y "faire cdtonoître par quel- 
que pièce , & il donna en 1671 Us pei- 
nes & Us plaifirs de V Amour ^ qui n'eu- 
rent , dit-on , qu'un médiocre fuccès. 
On peut confuiter fur ces pièces dra- 
matiques YHifioire dit Théâtre François 
de MM. Parfait. 

Il étôit attaché à la Reine de Sué- 
de , lorfqu'il donna en 1655 Y Art de 
plaire, qu'il dédia à cette Reine. Ceft 
un poëme divifé en deux Livres, fait 
à l'imitation de Y Art a" aimer £ Ovide. 
La morale n'en eft ni chrétienne , ni 
fouvent même raifonnable* Dans 



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Françoise. 89 
prefque tout le premier Livre 9 le — — 
Poëte n'eft occupé qu'à expofer les Gabrul 
moyens dont il prétend que les fem- GlL "* T * 
mps ulent pour le faire aimer* Il y 
découvre , comme il s'exprime lui- 
même au commencement du fécond 
Livre , 

Ces rufes ces fineffcf , 

Dont ufent contre nous nos fubtiles Maîtreflcj. 
• 

À-t-il prétendu , en entrant dans de 
pareils détails , honorer un fexe dont 
il fait d'ailleurs le plus outré panégy- 
rique ? Le fécond Livre a plus de rap- 
port que le premier à l'Art d'aimer y 
qui de voit être Tunique but de tout 
le Poëme. Ce fécond Livre eft adreffé 
à Monjieur* frère unique du Roi ; & 
il eft étonnant qu'on ait foufïert que . 
le Poëte ait ofe donner à ce jeune 
Prince des préceptes auflï dangereux 
que ceux qu'on lit dans ce deuxième 
Livre, Le feul qui foit fupportable y 
eft celui par lequel le Poëte finit» 

L'art de plaire eft celui de fe rendre honnête homme.*» 
Le mérite peut tout , chacun en eft charmé : 
Deviens aimable enfin » & tu feras aimé. 

Mais devient-on honnête homme eo 



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<JÔ BIBLIOTHEQUE 

y——" mettant en pratique toutes les rufes , 
Gaiwil tous ks artifices , je dirois prefque 
Cxlbirt. t ou tes les baffefles détaillées dans ce 
È 09 poëme , & en fe livrant de foi-même 
a tous les périls où le Poëte jette im- 
prudemment celui qu'il feint d'ins- 
truire ? 

Gilbert dit qu'il étoit jeune lorf- 
qu'il.fit ce poëme, on ne s'en apper- 
çoit que trop. Lorfqu'il le fit irppri- 
mer en 1655 ^ en joignît un fecbnd 
compofé dès 165 1. C'efl un panégy- 
rique très-étenau , très-diffus y en 
fiances , chacune de dix vers , de 
Chriftinè de Suéde , devant laquelle 
le Poëtç fait éclipfer toutes les Hé- 
roïnes mentionnées dans FBiftoire 
& dans la fable. Il accorde à la tien- 
ne tous les talcns de Pefprit & toutes 
les qualités du coçur qu'on ne trouve 
pas même dans la perfbnne la jpjus 
accomplie. Il eft fi enthoufiafme du 
fuj et qu'il a choifi pour fon poëme , 

Îru'il croit que cet ouvrage eft fuffi- 
Lnt pour rendréfon nom Immortel: 

Jadis aux bords de la' Seine , 
Bartas , Malherbe & Ronfard , 
N*om fait fortir de leur veine 
Que <ks chcfs-d'atiivxes de Tan \ 



Poè'me a la 
R. de Suéde, 



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Françoise. 



9» 



Çombaut , Chapelain , Corneille , 
Aujourd'hui charment l'oreille* 
Êc portent loin leur renom ; 
ITt mes vers aux bords de la Loire > 
Ne manqueront pas de gloire 
Puilqu'ils chanteront ton nom» 



G ABRIît 
GlLBIRT. 



Ces Chefs-d'œuvre* de du Bartas 8c 
èc Ronfard , & ces vers de Chapelain 
qui charment £ oreille , ne font pas hon* 
ftcur au goût de Gilbert, 

Ce goût ne brille pas en effet dans 
la plus grande partie de fes poëfies , 
non-feulement dans celles que je viens 
de faire connoître , ît0ffk encore dans 
fes Pot/îes diverfes 9 qu'il publia ert 
1661. Comme ce nouveau Recueil 
eft dédie au Rot , les premières pièces 
qu'il contient font à la louange de ce 
Prince ; mais prefque toutes les au- 
tres ne roulent que fur l'amour , à 
l'exception de quelques poëfies fpiri- 
tuelles qu'on lit à la fin , & parmi 
lesquelles il y a une paraphrafe affec 
froide du Pfeaume Super flumind Ba- 
bylonis. Gilbert dans FEpître dédica- 
toire de ce Recueil, demande au Roi 
la permiffion d'écrire. foiyHiftoire ; 
je ne fçai pas fi elle lui a été accor- 
dée ; m ais je doute qui! eût pu mar 



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9* BlBLIOTHJEQVE 
nier noblement une fi belle matière. 
.Gabriel On eftime encore fa Tradu&ion de 
Gilbert. j 0 des Pfealimes de David , qu'il fit 
léga " en vers fur les mêmes méfures que 
ceux de Marot, & dont je ne connois 
qu'une édition faite en 1680. La pré- 
face , qui eff au-devant , efï fenfëe , 
& Téloge que le Poëte y fait des 
Pfeaumes eû dans le virai. Mais de 
tous fes écrits en vers , celui où je 
crois qu'il y a plus de génie poéti- 
que , c'eft ion Ode au Cardinal Ma- 
zarin, compofée en 1659, & qui a 
Wift * 4 $, réimprimée dans le troifiéme to- 
me du Recuemfe Poïjîcs divcrfes, dé- 
dié à M. le Frince de Conti. Je se 
fçai cependant û elle n'eÛ pas un 
peu trop longue : elle a 4$ ûrophes, 
chacune de dix verser 

r—l— MICHEL DE MARQLLES. 

Michel 

J l A l'exemple de Albert , &: des au- 

itfi. fres Poètes fes contemporains r l'Ab- 
bé de Marolîes fe perfuada auffi qu'il 
manqueroit quelque chofe à fa gloi- 
re , s'il n'entreprenoit point comme 
eux de nionter fur le Parnaffe. Il 

Bain. jug. crut , 'ditfcl. Baillet, que fa compa- 
res Sav. t. 5. . 7 t - . 7 1 r 

t . iyir gnie ne leur teroit point de deshon- 



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Françoise. 93 
neur , & quoique dans ua âge oîi les 
autres fongent férieufement pour l'or- Michel 
dinaire à s'éloigner des .Mufes , il fe D E M A " 
préfenta à elles , & voulut leur faire E "g I 1 , ft 
fa cour. Il en fut mal reçu ; & mal- 
gré la prodigieufe quantité de fes 
vers , on peut dire qu'il eft prefque 
entièrement ignoré fur notre Parnaf- 
fe. J'ai déjà parlé fouvent de cet 
Abbé à l'occafion de la multitude de 
fes traductions /la plupart en profe , 
& quelques-unes en vers, des anciens * 
Poètes Latins , & je fuis fâché d'en 
avoir pû rarement parler avec une 
certaiaè eftime. Ce n'eft pourtant 
point encore pour le louer que je le 
fais reparoître fur la fcène. 

Qui ^ft-ce qui connoît aujour- 
d'hui , ou du moins qui eft-çe qui 
auroit la patience de lire, fpàtraduç* 
dons en vers François dei Prophètes 
Jonas & Nahum touchant les Ninivites , 
de la Prophétie dp Baniel , du Canti~ 
<pie des Cantiques, des Lamentations de 
Jirirnie , & de VApocalypJk de S. Jean ? 
Son goût, fon ftyle, fa verfification, 
fontr-ils plus fupportables dans £a 
Description fuccinte de Paris, & nlan~ 
moins ajfe[ ample de cette grande Fille 9 
far un certain nombre d'JZfigrammes d$ 



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$4 Bibliothèque 

quatre vers chacune fur divers fujttà 
dans fa Géographie facrée^ ou Ecclêfia\ 
tique de tout le monde en Quatrains 
& dans fes Quatrains fur les Papes 
Us Cardinaux François , les Archevi* 
ques & Evêques de France dans Us aw 
ciennes limites du Royaume , lcfqud\ 
.ont vécu depuis 1600 jufquuu premier 4 
Mai 1677 ? Si Ton fait quelque gracd 
à fes Quatrains fur Us perfonnes de l\ 
Cour , & Us gens de Lettres , c'efl ? 
41 caufe des noms que FAuteur y rapJ 
pelle , & dont plufieurs font célébresj 
On y voit les curieux XEfiampes ; les 
Peintres , Graveurs , Sculpteurs , Sé 
autres Artiftes , dont la profefSon a 
rapport au Deffein ; tout ce qui peut 
être l'objet de la Peinture ; le Roi & 
la Cour , les grands Officiers , les 
Parleniens & la Robbe , les gens de 
Lettres, les Théologiens, les Méc^ 
cins, les Jurifconfultes , les Mathéma- 
Mém-d'Ar- ticiens , les Hiftoriens , les Poètes La- 
tigny^, t. 6. t j ns François , &c. Mais quoique 
cet ouvrage foit aflez curieux en 
lui-même, on ne peut le lire, non 
plus que les autres poëfies de T Au- 
teur , fans fe rappeller ce vers de 
Defpréaux : 

Il fc tue à ,nmex, que n'écrit-il ea. pxofc? 



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Françoise* 9f 
Il y a tel de ces Quatrains , oi* PAb- — — t 
be de Marolles gêné par la rime & Michel 
par la mefure # s'exprime d'une ma- M*, 
niere peu correûe , fouvent inin- RO j^g $- 
telligible , & quelquefois ridicule. 
Dans fes Poètes , par exemple , 
après avoir fait l'éloge de Coras , 
il dit : 

. Reviens ici, Coraf : ton ara! Vaumorieres • 
Eft un (âge critique , & lai-même aujourd'hui 
En matière de vers en fait qui font de lui. 

Cet éloge n'eft-41 pas plaifant , & 
plaifamment tourné ï Chaque page 
des poëfies de ce trop fécond Ecri-> 
vain eh pourroit fournir * plusieurs 
exemples à peu près femblables. 
Mais s'il rcvenoit au monde , je ne 
fçai s'il ne fe confoleroit pas de fou- • 
bli oîi il eft tombé , en relifant Pen- 
droit de fes Mémoires (t. i . p. 173.) ibid. 1. 1 . p. 
où il donne le dénombrement des dit- î 8 *» J 8 *» 
férens Auteurs qui lui ont prodigué 
leurs éloges ; & il croiroit encore que 
c'était la beauté de fes produ&ions 
qui avoit infpiré Roger de Gagnie- 
res , à l'âge de treize ans , de faire fur 
ces mots Michel de Marolles , cet ana- 
gramme Cor de mille charmçs y & de 
l'expliquer par ces vers 1 



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$6 Bibliothèque 

Ton pere a triomphé dans la gloire des armes , 
Michel Et w vas furpaflànt par tcs doétes écrits 

DE Mir 

JL o L L E s. ^ C ^ U J ama,s produit les plus rares efprits , 
1681. De-là vient qu'on te dit Vor vrai de mille cher mes. 

Œuvres de M. Godeau flit auffi un de fes Pa- 
f^mo^^égyriftes , & l'éloge qu'il en reçut 
dutle flatter beaucoup. Ce Prélat lui 
dit entre autres chofes dans TEpître 
qu'il lui adreffe : 

Abbé dont les écrits au Temple de mémoire , 
Malgré le jtems ingrat feront vivre la gloire , 
Et qui par tes travaux , & doftes & pieux , 
Ioftruis les ignorans , & plais aux curieux > 
Qu'un aimable repos accompagne ta vie. 
Et que ton heureux fort paroît digne d'envie ! .... 
Tu pouvois juftement par ta noble naiflance , 
Ton efprit » ton fipavoir , ton cœur , .ton innocence * 
Afpirer à l'honneur que la Cour fi louvent 
Donne au plus importun , non pas au plus fçavant. 
/Te laiflanc enchanter aux plaifirs de l'étude , 
De ton cher .cabinet tu fais ta folitude ; 
Et la Cour a laiiTé dans cet heureux tombeau , 
De tes jours fans emploi confumer le flambeau. 
Mais ne t'élevant pas jufqu'à la prélature , 
On t'a fait une grâce , &'non pas une injure.*.. 
Il vaut mieux , cher ami , ne vivre que pour Coi 
Que jouir des fplendeurs d'un fi pénible emploi , 
Qu'en courir les danger*, qu'en foufrir les tumultes, 
Mieux confulter les morts , comme tu les coafultes, 

Et 



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Françoise. 97 

Et que tu fais fortir de leurs fameux tombeaux , 
Sans tes Traduction* , fi pompeux & fi beaux , 
Qu'aux rives de la Seine ils ont f air aufli libre , 
Qu'ils l'eurent autrefois for les rives du Tibre, &c. 

Les louanges données à l'Abbé de 
Marolles par Madame de Montbel 
dans fon portrait tracé de fa main , 
aufli en vers François , ne font pas 
moins exceffives. Je n'en citerai rien ; 
on peut lire ce portrait dans la Gale 
rie des Peintures , pu Recueil des Por- 
traits & Eloges en vers & en profe , fé- 
conde partie , pag. 409 & fuivantes. 
Cette Madame de Montbel étoit ap- 
paremment Charlotte de Menou , qui 
avoit époufé en troifiémes noces lp 
15 de Septembre 1647 Antoine de 
Montbel , Seigneur de Çhamperon. 
L'Abbé de Marolles , qui étoit parent 
de cette Dame, en parle dans fes 
Mémoires , première partie, fous l 'an- 
née 165 1„ 

Michel de Marolles né en Tourai- 
ne le xi Juillet 1600 , étoit fils de 
Claude de Marolles , Capitaine des 
cent Suiffes de la Garde du Roi , Se 
d'Agathe de Châtillon , d'une famille 
noble du Forez. Claude attaché au 
parti de la Ligue * eft fameux dans 
lomcXVUI. E 



MîCHEI. 
DE M A- 
RO L L E S* 



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<■— — notre Hiftoire par fou combat fingu- 
Michel lier avec le fieur L'Ifle-Marivaut * 
b e Ma- Royalifte , qu'il tua fous les murs 

*°i6U S ' de P aris > à là vûe des deux Arméçs , 
le jour même de la mort de Henri 
Kker.Mém. HL Michel fut deftiné de bonne l*eu- 
* re à Pétàt Eccléfiaftique , & dès 1609 

fôn per<e obtifrt p6ur lui du Roi Hdii^ 
ri IV. l'Abbaye de Bougerais en Tôu- 
ràine. H fit fes premières études dans 
la Màifon paternelle 9 & en 161 1 on 
le mit en penfion à Paris-dans le Col- 
lège de Clermorit , où des Séculiers 
•enfeignoient les Humanités fous là 
^direôion des Jéfuites. Dix-huit jotiris 
après , il pafTa au Collège de la Mar- 
che , '& eh 16 16 il retourna en Tôu- 
raine , d'où il revint encore à Paris 
faire fa Philofophie fotis Janus Ceci- 
liiis Frey , qui enfeignoit au Collégte 
de Montaigu. Il étudia eftfuite en 
Théologie ; & depuis 1&23 jufqu'à 
mort , Ion occupation prefque uni- j 
que fitt la compofition de différens 
ouvrages , & furtout de traduire ce 
grand nombre d'écrits des anciens 
qu'il a fi fouvent fort mal traités. Le 
5 Décembre 1626, Louis XIII le 
popuna à l'Abbaye de Villeloin en 
-^ouraine, Il mourut à Paris le 6 Mars J 



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f R A N Ç O * S E. 99 
*68i dans fa 8 I e année. Ses Mémoires 
devenus fort rares, font un ouvrage Michll 
curieux & intéreffant : on vient de les D E M 4 ~ 
réimprimer avec des notes. itiu 

C H A RLE S COTIN. H 

Charles 

Ce ne feroit peut-être pas un fujet Co ™ *• 
d 'éîoge pour l'Abbé Cotin que de dire 1 u 
que l'Abbé de Marolles avoit pour lui 
plus d'eftime que M. Defpréaux n'en 
a marqué. Mais en eft-il moins vrai 
{pie ce dernier a outré la fatyreàfon 
égard, comme en vers l'Abbe de Caf- 
fagnes ? Toutpréjugé à part , dit avec 
raifon M. l'Abbé d'OUvet ; l'Abbé 
Cotin étoit-il homme û méprifable Hîftoiredc 
qu'il méritât d'être immolé à la rifée [*"*'*ï£ 
publique } » Si j'étois chargé de faire fîfiv." 
» fon apologie , continue le même 
Hiftorien , » je chercherois M. l'Ab- 
» bé Cotin dans fes ouvrages férieux : 
» dans ce qu'il a écrit fur les princi- 
» pes du mtmde, fur l'immortalité de 
» l'ame , fur le Cantique des Canti- 
# ques. Je montrerais par ces mêmes 
» ouvrages , qu'il étoit verfé dans la 
» Philofophie & dans ta Théologie ; 
» qu'il fçavoit de l'Hébreu , du Grec , 
» du Syriaque. Je m'appuierois fur 

E i j 



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IOO BlBLIOThÉQ UE 

— » l'autorité de ceux qui aflïirent i 
Charles >y ^ comme Perrault dans fon Paral- 

^1*82* * ) V*il aur0lt pu dire par cœur 
Paraii. r. y » Homère & Platon. Je dirois que dans 
» fes Poëfies même , qui font le plus 
» fbible de fes ouvrages , il y a des 
» chofes très-fpirituelles , & bien 
» tournées. Je trouveroîs dans les 
» endroits qu'il a traduits de Lucré- 
' » ce , des vers affez beaux pour faire 
» honneur à un Poëte,qui n'auroit été 
» que Poëte. Je ferois avouer que fa 
» profe a ce je ne fçai quoi d aifé , 
» de naïf & de noble , qui fent fon 
» Parifien élevé avec foin. Enfin je 
» dirois que M. l'Abbé Cotin avoit 
» l'honneur d'être reçu & chéri dans 
» les plus illuftres compagnies , où 



» chez Madame de Guife , chez Ma- 
» dame de Nemours , à l'Hôtel de 
» Rambouillet , chez Mademoifeile 
» de Montpenfier. A l'égard de fes 
» Sermons , comme il ir'fen refte au- 
» cune trace 9 je me contenterois de 
» faire obferver qu'il a prêché feize 
» Carêmes dans les meilleures chai- 
» resde Parié, & que vrai-femblable- 
♦ » ment , s'il avoit toujours été auffi 
» frété que Ija fatyre le dit , il n'auroit 



» l'on ne faifoit accueil 




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Françoise. ioi 
* pas eu la confiance de pouffer fi 



» loin une carrière fi pénible. Charles 
- - - -- - - n om. 

16*1» 



Chapelain avoit dit avant M. l'Ab- CoTlh * 



bé d'Olivet : » Cotin a beaucoup 
» d'efprit & de fçavoir dans les Hu- 
» manités & dans la Théologie , & 
» il efl bon Philofophe moral & Lo- Uéhnge t\- 
» gicien. Il écrit facilement , pure- j£ Lc,t - 
» ment & éloquemment , aufli-bien 4s , ?î 9 ?' 
» eû vers qu'en profe , & a l'air du 
» monde & de la converfation : ami 
* de la liberté & du plaifir, fans dol 
» & fans malice. Le jugement & la, 
» connoiflance des affaires du monde 
»n'eft pas en quoi il excelle. Il a 
» beaucoup publié d'ouvrages de ga- 
» lanterie & de piété avec une ap- 
» probation égale; & fi la principale 
» partie étoit de la force dés affres r 
» il pourroit paffer entre les premiers 
» de nos Ecrivains. » Peut-être dira- 
t-on qu'il n'appartient qu'aux Chape- 
lains de louer les Cotins : mais outre 
que le jugement de Chapelain fur le 
mérite des gens de Lettres n'eft pas 
fi fort â méprifer , ce qu'il dit de trop 
doit être reâifïé par ce que je viens 
de rapporter d'après M. l'Abbé d'Oli- 
vet , dont le préjugé ni l'intérêt d'a- 
mi n'ont point conduit la plumer { 

E nj 



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101 B I B L ï OT heijue 
Charles Cotin étoit de Paris, & 
Charles d' une famille honnête qui le fît éle- 

rdSi ver avec f° m ' ^ embrafla de bonne 
Mém. d'Ârt. heure l'état Eccléfiaftique , & prit 
t. e. p. 117, tous i es Ordres facrés. Il fut Confeil- 
**** 1er & Aumônier du Roi en 1630 ou 
peu de tems après : car dans une lifte 
d'environ 130 Aumôniers honoraires 
de Sa Majefté, de Tannée 1657 , il 
fe trouve le vingt-quatrième ; & M, 
Balefdens, qui l étoit dès 1637, n ' e ^ 
que le foixante-quatriéme. On lui 
donne dans quelques autres liftes 
deux autres qualités celle iïJbbi de, 
Montfronchtl , & celle de Chanoine de 
Bayeux* Pour l'Abbaye, je ne fçais 
ce que c'eft* A Tégard du Canonicat, 
H eft vrai que Cotin en prit poflef- 
ûonétfi6<o; mais ne voulant pas 
réfidër à Bâyeux , il le réfigna dès 
Tannée fuivante. Il étoit à peine forti 
de l'enfance lorfqu'il fît le Madri- 
gal y qui commence par ce vers , 
Iris s* eft rendue à ma foi , qui fut trou- 
vé une des plus jolies chofes qu'on 
eût en ce genre , & dont l'air , fur 
lequel on 1 a mis , eft digne des pa- 
roles. En i6i8ilcompofafur laprife 
de la Rochelle une pièce , auffi en 
vers , qui fut applaudie. Ce n'eft 



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Françoise. 103 
qu'un Sonnet : Il parut de nouveau «FI— *3 
en 163.4 *vçç d'autres poëfies du me- Charges 
me, A* Jirufalem dé/olée > ou Médita- C ° T1 J- 
tion fur Us Leçons des Ténèbres , Hymn* 1 
de. la Divinité , Us contentemçns (fArifije 
( dans la folitude) en neuf ftances , 
chacune de fix vçr$ , quatre Sonnets 
fur des fujets de piété, un cinquième 
au Roi fur fon premier voyage d'Ita- 
lie , & un à Alexandre Bichi fur fa 
promotion au Cardinalat , faite pa,r 
Urî>ain VIII en 1634 même. J'ai vu 
un autre exemplaire de ces poeiies , 
aufliin-4 0 . qui porte la date de 1636; 
mais il m'a paru le même que celui 
qui efl de 1634. J^'annçe fuivaote 
1635 *l paroître fon Pçëmçfur la 
Magdelçiçe qui chercha JçfusrChrijl,. 
Sejwkkre , & le dédia au Cardinal de 
Richelieu: ce n'eft pas la meilleure 
de fes pièces. 

Dans le même-tems , il s'amufoit 
à compofer des énigmes , genre de 
poëfie très-inutile , félon moi , &ç qui 
n'eft propre qu'à amufer des gens 
oififs. Dès 1638 on en imprima plu- 
fieurs de fa façon dans un Recueil 
<f Enigmes fans nom & rempli d'obfcé- 
nités. L'Abbé Cotin fe fâcha de fe 
trouver malgré lui en fi mauvaife 

Eiv 



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Ch 

COTIN, 



ÏO4 BiniOTHlEQUE 
compagnie , & il avoit raifon. Il s'en 
arles plaignit dans un Difcours f»r les Enig- 
N mes qu'il donna en 1646 avec un Re- 
cueil des poëfies de cette efpéce qu'il 
avoit faites en différens tems. Ce Re- 
cueil a été réimprimé plufieurs fois 
depuis. Il dit dans le difcours qu'à 
cette occafion , quelques perfonnes 
de mérite & de condition lui donnè- 
rent la qualité de Père de l'Enigme par- 
mi les Poètes François , parce qu'il avoit 
commencé à le faire revivre parmi nous , 
& qu 'il étoit le premier Auteur des Def- 
criptions énigmatiques. On voit par ce 
même Difcours qu'il étoit bien reçu 
dès-lors dans une des plus célèbres com- 
pagnies du Royaume ; apparemment à 
THôtel de Rambouillet. Il y prouva 
un jour que comme l'on dit , un poè- 
me , un thème y &c. on pouvoit bien 
dire un énigme 9 » les noms que les 
>> Grammairiens appellent neutres , 
» & que nous empruntons des Grecs , 
» fe tournant ainfi en Latin. » L'ufa- 
ge a prévalu contre cette règle , & 
aujourd'hui l'on dit toujours une énig- 
me. Le Recueil de Cotin , du moins 
dans les éditions de 1661 & de 1673 
eft divifé en trois parties, La première 
contient foixante dix-huit énigmes s 



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Françoise. 105 
la féconde quatre- vingffquatre , & la 
troifîéme quatre-vingt-trois. Cot-in* 1 " 

L'Auteur qui l'avoit publié en fa- ^ 
veur des Dames , leur fit préfent en ' ? 
1649 d'un nouveau Recueil de divers 
Rondeaux. Ce Volume contient 160 
Rondeaux, & il n'y en a que deux 
qui portent fon nom. Il ne conve- 
noit pas en effet à un homme de fon 
caraftere de fe faire connoître pour 
Auteur de tant de galanteries qui n'au- 
roient jamais dû fortir de fa plume» 
Mais Cotin , dit Richelet , » homme 
» jafTez bienfait , quoique de médiocre 
» taille y étoit toujours fort propre , 
» aveçune perruque blonde, & bien 
» frifée. Il a voit les yeux vifs , le vi- 
» fage rond , l'humeur agréable , un 
» peu trop coquette pour un Abbé , 
>r& il fréquentoit fans ceffe les fem- 
» mes.» Richelet ajoute ; » Qu'il'n'cn 
v> aimoit cependant que l'efprit & la 
» converfation , dans la penfé« oit 
» il était y qu'elles poKflbient les 
» mœurs. » Bayle & M. Baillet lui 

, , ' . n. . aux Qucft. 

ont reproche avec juftice d avoir cru a un Prov. t. 
pouvoir allier innocemment dans fa "^j*- 4 £v 
perfonne les qualités de Courtifan des desSçav. t. 5. 
Dames , de Poëte galant & de Prédi- 3*4 > *«5- 
cateur de l'Evangile. 

£ v 



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io6 



>6 BlB^OTHEQUE 

Ces ouvrages de l'Abbé Cotin^ 

Charlis ; 0 i n ts à fa Théoclée, ou la vraie Phi- 
~otin. ' 



Cotin. lojophit des principes du monde , qui eft 



de Tan 1646, & à fon Trahi de VAme 
immortelle , qui parut en 16^5 , lui ou- 
vrirent en 1656 l'entrée de l'Acadé- 
mie Françoife , & il n'y fut pas un 
membre inutile. Il paflbit alors pour 
l'ordinaire l'Automne à Châteauneuf 
où il étoit aimé & recherché. Il y fut 
malade en 1658 , & Chapelain qui 
craignoit pour lui un pareil accident 
Lettr.mf.de en 1659 , lui écrivit de Paris pour 
Si^sV Engager à revenir dans cette Ville , 
& à ie trouver aux affemblées de 
l' Académie oii fes amis fouhaitoient 
fa préfence. La réputation littéraire 
de Cotin fe foutint jufqu'en 166$ 
que M. Defpréaux le repréfenta dan$ 
fa troifiéme Satyre comme un Pré- 
dicateur aux Sermons duquel on etoii 
afjts à fon aife. Et voici , félon M» 
l'Abbé d'Olivet ce qui donna lieu 
Hîftoircrfe à ce trait de fatyre. » Les premiers 
rA *ss j g ** » ouvrages de M. Defpréaux corn* 
1 ' » mençant , dit- il, à faire du bruit fur 
» le Parnaffe , ce Poëte fouhaita d'en 
» montrer quelques eflais à l'Hôtel 
» de Rambouillet , alors fouverain 
» Tribunal des beaux efprits. Chape- 



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Françoise. 107 
» lain , Ménage & Cptin y étoient le 
» jour qu'il parut. Arten;ce & Julie 
» louèrent le jeune Poëte ; i^i^is en 
» même-tem$ kii conseillèrent p*r 
» bonté , & avec cette politeffe dont 
n les perfonnes de leur rang fçaverçt 
» toujours aflaifonner un ?vis , 4 e 
» confacrer fes tajens à une efpéçe 
» de poëfie moins odieufe , & plus 
» généralement approivyée ^ que n'eft 
» la Satyre. Chapelain , Ménage & 
» Cotin appuyèrent la même tnèfe ; 
» mais durement , & avec l'aigreur 



» me. Defpréaux en fut piqué , & jura 
n dès-lors in petto de fe venger en 
» tems & lieu. Une autre fourçe cje 
» fa haine pour l'Abbé Cottin , c'e# 
» que celui-ci étoit intime ami de 
» Gilles Boileau v & que dans lçs 
» brouilleries qui furvenoient entre 
# les deux frères , il prenoit toujouf s 
» le parti de l'aîné , & n'ouhlioit rien 
» pour fufciter des chagrins domeftU 
» ques au cadet. >r 

Cotin , loin d'imiter la modération tefevre <?c 
de C iffagnes que M. Defpréaux avoit s - Marc, no- 

/ j a • r r /V . tes fur Boi- 

pique du même trait, ne put iouftrir ieau, s*t. %. 
que fon talent pour la chaire lui fût p- 55- 
centeilé. Pqu* s'en venger , il fit 




E Y\ 



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io8 Bibliothèque 
une mauvaife Satyre contre M. Def^ 
Cotin RLES P r ^ aux > dans laq u ^He il lui repro- 
choit comme un grand crime, d'a- 
voir imité Horace & Juvenal. Il ne 
s'en tint pas-là : il publia un Libelle 
en profe , intitulé , la Critique dcfinté- 
rejfee fur tes Satyres du tems , dans le- 
quel il chargeoit fbn adverfaire des 
injures les plus groffiéres , & lui im- 
putait des crimes imaginaires. Il s'a- 
vifa encore , malheureufement pour 
lui , de faire entrer Matière dans cette 
difpute , & ne l'épargna pas plus que 
M.Defpréaux.Celui-ci ne s'en vengea 
1 que par de nouvelles railleries r qu'il 

répandit dans les Satyres qu'il donna 
depuis, & qui font trop connues pour 
que je les rapporte ici. Mais Molière 
acheva de le ruiner de réputation r 
en l'immolant en 1672 for le Théâtre 
à la rifée publique, dans la Comédie 
des Femmes fçavantes, fous le nom de 
Tricotirty qu'il changea dans ha fuite 
en celui de Trijfotim 

jM. l'Abbé d'Olivet donne encore 
un axttre motif à la vengeance de Mo- 
lière. >r Quand celui-ci , dit-il r don* 
H^oire^c » na fon Mtfanthrope^CoÛn & Ména- 
rAcad. page » g € f e trouvèrent à la première re- 
* préfentatioi>, & tous deux au for tir 



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Françoise. 109 
» de-Ià , allèrent fonner le tocfin à ■—— 
y> l'Hôtel de Rambouillet , difant que Chaule» 
» Molière jouoit ouvertement M. le Cotin. 

Duc de Montaufier, dont en effet la ***** 
» vertu auftére&infléxiblepaffoit mal 
» à propos dans l'efprit de quelques 
» Courtifans pour tomber un peu dans 
» la mifanthropie. Plus raccufation 
» étoit délicate , plus Molière fentk 
'» le coup. Mais il l'a voit prévenu , 
» en communiquant fa pièce, avant 
» qu'elle fut jouée, à M. de Montau- 
» fier lui-même 9 qui loin de s'en of- 
» fenfer , Ta voit vantée comme le 
h chef-d'œuvre de l'Auteur, » Le 
Poëte comique n^en voulut pas moins 
punir là mauvaife^ intention dé Cc*- 
tin ; Se il faut convenir que la fcène 
de TrifTotin & de Vadkis eft d'après Fcmm.f w 
nature. Car Cotin eft véritablement Aô - 
Auteur du Sonnet à ta Princeffe Ura- 
nie , & ce Sonnet eft dans la i c partie 
de fes Œuvres galantes, fl l'avoit fait 
pour Madame de Nemours , & il étoit 
allé le montrer à Mademoiselle , qui 
fe plaifoit à ces fortes de petits ou- 
vrages y & qui d'ailleurs confidéroif 
tellement Cotin , qu'elle l'honoroit 
même du nom de fon ami. Ce Son-* 
net a occafîonné une autre difpute 



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flO BrBLlOTÏfEQlTË 
entre Cotin 6c Ménage , qui a eu des 

Charles fuites. Voici le fait r 

;otin. Comme l'Abbé achevoit de lire fes 
* ég *' vers , Ménage entra. Mademoifellp 
les lui fit voir y fans en nommer FAu- 
teur.Ménage les trouva fortmairv^ai^ 
& ils l'étaient en effet : lâ-defïus nos 
deux Poètes fe dirent à peu près l'up 
i l'autre les douceurs que Molière a 
fi agréablement rimées dans la fcène 
citée , où Ménage eft défigné fous le 
nom de radius. Cotin irrité de la 
franchife d'un homme qui avoit été 
jufques-là fon ami y rompit avec lui y 
& le fit avec éclat. De fon coté Mé- 
nage chercha Toccafion de le morti- 
fier , & en trouva le prétexte dairçs 
une Epigramme que Cotin avoit fai- 
te à Toccafion de la furdité de Ma- 
demoifelle de Scudery, conçue eji 
ces termes i 

Suivre la Mufir cft une erreur bien lovait y 

• De fes fleurs voyez le fruit : 
les écrits de 5*pho menèrent t^nt de bruit r 
Que cette Kymphe en devint fourde. 

Ménage prétendit que Cotin avo*t 
voulu iniuker par ces vers Madç- 
œoifelle de Scudery i & en çopfç- 



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Françoisï. iii 
quence il lâcha contre l'Auteur une 
Epigramme trop réellement injurieu- c ^"^ tI# 
fe à l'Abbé Cotin. Qu'en arriva-t-il ? u ^ 
Celui-ci y répondit par un Libelle f 
ou avec quelques plaifanteries affe* 
bien tournées , on trouve en profe & 
en vers beaucoup d Injures , d'irtmie* 
& de traits fort piquans. On y donne 
à Ménage tous les ridicules. Et que 
n'y dit-on pas de fon pédantifme* 
de fa vanité , de fon plagiarifme , 
ée fa galanterie ! 

J'ai vû deux éditions de ce Libelle. 
La première fans nom d'Auteur & fans 
date,eft intitulée y LaMtnagerie 9 à fon 
Alttjje Royalt Mademoifelle , imprime 
par Us Antiménagijlis , rut des mauvais 
Garçons , à tenfeigne de la CorneilU 
JtEfopty che[ le Pédant démonté: à Cof~ 
mopolis. La féconde édition a Ample- 
ment pour titre , La Ménagerie 9 par M* 
fAbbé Cotin ; à la Haye , 1 666 , in-i u 
„ J'appelle ainfi , dit Cotin , un Re- 
yy cueiî de vers que mes amis & mor 
avons faits en faveur du fameux 
M. Ménage > lequel a cherché que- 
relie avec moi , & Ta trouvée^ Ce 
y y galant homme a fait contre mor 
yy une Epigramme de 18 vers, qu'à 
„caufe de fa bigarrure de Latin &: de- 



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m Bibliothèque 

mmmmmÊ „ Grec , j'appelle une Epigramme à 

i^ïîv 99 ter obligeamment de brutal Se d'in- 
„ fenfé , comme ayant attenté àt'hon* 
» neur de la divine Mademoiselle de 
9 y Scudery ; & cela pour ayoir tour- 
„ né à la gloire de ton efprit un dé- 
5 , faut purement de corps r pour avoir 
„ plaint fa furdité. 

Cette Satyre de l'Abbé Cotin eil 
peut-être aujourd'hui' le feul ouvrage 
de cet Ecrivain que Ton recherche 
encore , & qu'un curieux fe plaît à 
mettre dans ion cabinet. On fait un 
moindre accueil à fa Pafioralc facrée , 
ou Paraphrafe en vers du Cantique des 
Cantiques , qui eft de l'an 1662 , & à 
fes Odes Royales fur les Mariages des 
Princejfes de Nemours , c'eft-à-dire , fur 
le mariage de Marie-Jeanne-Baptifle 
de Savoye , Princefle de Nemours , 
avec Charles-Emmanuel Duc de Sa- 
voye , Roi de Chypre , & fur celui 
de Marie-Françoife-Elizabeth de Sa- 
voye , Ducheffe de Nemours & d'Au- 
malé,*avec Alphonfe VI Roi de Por- 
tugal. Ces Odes font de 1665. L'Au- 
teur les accompagna d'une troifîéme 
Ode fur l'embarquement de la nou- 
velle Reine de Portugal, d'un adieu 



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Françoise. iij 
à la Prîncefle de Nemours allant en 
Savoye, de trois infcriptions Lati- CHARLlf 
nés , & d'une Epïtre , dans la même °^' u - 
langue, à Céfar d'Eftrées Evêque- 
Duc de Laon, datée de 1665, Ce 
Prélat honoroit Cotin de fon amitié. 
Dans Favertiffement mis au-devant 
de ces pièces , l'Auteur dit qu'il avoit 
déjà fait les Noces facrées du Cantique , 
c'eft la Paf orale 9 que je viens de ci- 
ter , & les Noces Royales de Louis XI P. 
& de CAugujle Théréfe. Il ajoûte que 
V Académie Françoife n avoit pas défap* 
prouvé fa tentative pour fes Odes Roya- 
les : c'efl un témoignage de plus en fa 
faveur. Ces Odes ne m'en ont pas 
paru moins froides. 

On ne recherche guéres plus fes t. s . ch. t* t 
Œuvres galantes en profe & en vers 7 im- 
primées en deux parties en i66y 9 
quoique Bayle dife dans fes Réponfes 
aux queftions d'un Provincial , » qu'el- 
„ les eurent alors un fi prompt débit, 
yj qu'il avoit fallu que la féconde édi- 
„ tion de 1665 fuivît de près la pre- 
„ miere ; » & dans fes Penfèes fur la Co- 
mète , tome 3 , page ^99 , quony trou* 
ve un difcours contre l AJfrologic judi- 
ciaire , dans lequel, en badinant , r Auteur 
ne laifje pas de frapper a*affe{ bons coups* 



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1 14 BlBLlOTIjEEQUS 

— M — *.On a même prefque oublié fon 1?*- 
Charles^// ^ Poë/fo Chrétiennes , imprimé 
:< ï!£ dès 1657, & dans lequel il réunit en 
*" 1668, lorfqu'il en donna une nou- 
velle édition y phifieurs pièces qu'il 
avoit déjà fait paroître, telles que lei 
Poëme de la Ma§deUne au Sipulchre de 
Jefus-Chrijl , fon imitation des Lamen- 
tations de Jérémie , Us Contenumens 
d'Arijle , & V Hymne de la Divinité. 
Je trouve de plus dans le Recueil dp 
1668 , une Ode fur la verfion faits, 
des Œuvres attribuées à S. Denys 
PAréopagite , par le P. Goulu, Re- 
ligieux Feuillant ; un Cantique fur la 
défaite des Anglois en rifle de Rhé ; 
un Hymne & un Sonnet fur la prife 
de la Rochelle; un Cantique au S. 
Efprit y le jour de la Pentecôte ; un 
Hymne à t Amour divin ; une Ode fur 
ta mort heurcufe ; une autre fur l'entrée 
du Roi en Flandres ; & un nombre de 
Sonnets & de Madrigaux. 

Bayle , dans Touvrage cité , ajoûte 
qu'on ne voit pas que depuis 1671 , 
après la première repréfentatiori des 
Femme s f avant es fCoûn ait donné nul 
figne de vie , à l'exception d'un Son- 
net qu'il infér^ans le Mercure Galant 
du mois de Juillet 1678 , & M. l'Abbé 



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Françoise. itf 
d'Oïl vet a fiiivi M. Bayle fur ce point. T*—? 
Il eft cependant vrai que Cotin donna Charlm 
en 1673 une nouvelle édition de fon C ° x "g^ 
Recueil d'Enigmes ; qu'il prêchoit en- 
core au mois de Mars 1672 ; que les 
traits lancés contre lui par Defpréaux 
& par Molière , ne lui firent perdré 
aucun ni de fes amis ni de fes protec- 
teurs ; qu'il continua même de yerfi- 
fier comme il avoit fait auparavant. 

Je trouve dans le Mercure du mois 
d'Avril 1677 qu'il fit plufieurs pièces 
à la gloire de MonfiturZM fujet de la 
bataille de Caffel ; & le fieur de Vizé 
ajoute r » J'ai beaucoup de vers de 
„ M. l'Abbé Cotin que je fuis con- 
„ traint de garder pour une autre 
fois ; mais je ne puis m'empêcher 
„ de vcms envoyer ces huit de fa 
„ façon, „ Ils font adrelTés àMonfieur 
for fa viftoire. Il y en a dix autres 
au Roi y à la page 106 ; & outre le 
Sonnet cité par Bayle , qui fe voit ^ 
dans le Mercure de Juillet 1678 , 
on lit dans celui de Novembre fui- 
vant une particularité afTez remar- 
quable. M. l'Abbé Colbert > mort de- 
puis Archevêque de Rouen , fut reçu 
de l'Académie à la place de M. Efprit» 
M. Racine qui étoit alors Direfteur 



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Il6 B 12) LI O T HEQUE 
répondit au Difcours de M. Colbert. 
Charlb* L'Affemblée étoit brillante & nom- 
Cotin. breufe. Le Direfteur ayant fini , de* 
manda aux Académiciens, fuivant 
l'ufage , s'ils avoient quelque chofe 
à lire. M. l'Abbé Cotin commença 
par un Difcours de Philofophie , dont 
il ne put lire qu'une partie , parce 

3ue fon âge ne lui laiffoit pas affez 
e voix pour fe faire entendre dans 
une fi grande affemblée. 

Au mois de Juillet précédent , il 
avoit préfenté lui-même au Rpi un 
Sonnet, & il fat très-bien reçu de Sa 
Majefté. Il figuroit donc encore en 
cette année 1678, quoi qu'alors âgé 
d'environ 75 ans. Il ne paffa en efïet 
dans l'inaôion que les dernières an- 
nées de fa vie , oîi il tomba dans une 
efpéce d'enfance , comme M. Per- 
rault , fon ami & fon apologifle, en 
convient ; ce qui engagea fes parens , 
dit le même , à agir pour obtenir qu'il 
fut mis en curatelle. Mais on raconte 
ce dernier fait autrement dans les 
dîmes de Additions au Bolœana. „ L'Abbé Co- 
é&i747. >/tin, dit-on , n'avoit pas grand bien 
in- 8°, t. v.p. „ de fon patrimoine : mais il lui échut 
,6 ** „ tout à coup deux ou trois fuccef- 
v fions, qui le rendirent riche * Il eut 



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Françoise. 117 
^ des procès à effuyer , & cela l'obli- — — 
„ gea à donner tout ce qu'il avoit à Charles 
„ un de fes amis à certaines condi- Cotjn. 
„ tions. Ses parens furent li fâchés l6%tm 
„ de cette donation , qu'ils préfente^- 
„ rent Requête , pour lui faire créer 
„ un Curateur , & prétendirent le fai- 
„ re paffer pour fou, L'Abbé, au lieu 
„ de comparaître , alla voir fes Ju-* 
ges , & les pria de venir entendre 
„ quelqu'une de fes prédications qu'il 
devoit faire pendant le Carême. 
„ Ses Juges y vinrent ; & ils furent fi 
„ fatisfaits de fes fermons, & fi in* 
,, dignes de l'injuftice de fes parens, 
„ qu ils les condamnèrent aux dépens 
„ & à une amende. ,, L'Auteur de ce 
récit auroit dû dater cet événement, 
nous aurions fçu s'il peut quadrer 
avec l'aveu que fait M. Perrault , que 
fon ami tomba dans une efpéce d'en- 
fance fur la fin de fes jours, 

Richelet dans le peu qu'il rapporte 
de Cotin , & qui eft rempli de fautes , 
dit qu'il mourut en 16^3 , âgé d'envi- 
ron 5 5 ans. Il eft certain au contraire 
qu'il n'eft mort qu'au mois de Janvier 
1681 , & qu'il avoit alors environ 
78 ans , & peutrêtre même plus. Peij 
de tems aprè§ fa mort^ & en 168^ 



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^1 



-11$ BlBLIO T HEQUE 

— même , on fit ces quatre vers 
Chaules 

Cotin. ^ . . 

148*. Sçavex-vous en quoi Cotin 

Diffère de Tri florin ? 

Corn a fini fes jour*, 

Triflbtin vivra toujours* 

Outre les poëfies de fa compofitîon f 
dont j'ai pailé, on en voit plufieurs 
dans les Recueils de fbn tems , & 
même dès 1627, qui ne font point 
comprifes , ni dans fes Poïjies Chré- 
tiennes , ni dans fes Œuvres galantes. 
Je ne parlerai point de fes trois Dis- 
cours en profe , donnés fous ce titre : 
Salomon , ou la Politique Royale , & 
imprimés féparément : ils ne font 
point ici de mon fujet > non plus que 
quelques autres de fes éçrits en pro- 
fe , citéspar M. l'Abbé d'Oiivet. 

— ?5— ! MADAME DE VILLEDIEU. 

Madame 

de Ville- L'Académie des Ricovrati de Pa- 
W 1*83. ^ oue ^ t ' A Marie-Catherine-Hortenfe 
des Jardins , plus connue fous le 
nom de Madame de Villedieu, le mê- 
me honneur que l'Académie Françoi- 
se a voit faite à Cotin. Elle la reçut 
au nombre de fes Membres , & elle 



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Françoise. 119 

le méritoit par fon efprit. Voici de 
quelle manière cette Dame , li con- Madame 
nue par lès galanteries & par fes ou- DE VlLL1 * 
vrages, fe peint elle-même dans ion D "$gj ^ 
Portrait traci de fa maïn , & imprimé La «aiierfe 
dans la Galltrit des Peintures , &c. d « s Peimu- 
J'ai , dit-elle , la phyfionomie cÛcûd«Pw- 
heureufe & Spirituelle 9 les yeux traits ou Eio- 
noirs & petits , mais pleins de feu ; & en^rJfc! 
la bouche grande, mais les dents féconde par. 
y9 aflez belles pouf ne rendre pas fon jnVa/p!*^ 
fy ouverture défagréable ; le teint auf- 
„ fi beau <pe peut l'être un refte de 
„ petite vérole maligne ; le tour du 
vifage ovale , les cheveux châ- 
tains. . . . mais j'ofe dire , que j'aurois 
bien plus d'avantage à montrer 
mon ame que mon corps , & mon 
efprit que mon vifage; car fans va- 
„ nité , je n'ai jamais-eu d'inclination 
déréglée. La paffion dominante de 
„ mon fexe ne me touche point. J 'ai- 
y 9 me mieux la chaffe que le cours ; 
y, & je ne retire du plaifir du bal , de 
la promenade & des feftins , que 
„ ce qu'il en faut pour remercier obli- 
geamment & fans contrainte ceux 
„ qui me donnent ce divertiffement , 
„ mais non pas affez pour les quitter 
avec peine. J'aime fort Paris, & 



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flO BlBLIOfHÊQUE 

„ pafle pourtant affez bien mon tems 
Madame f> feule à la campagne , pour y de- 
de ^ViLLt ^ meurer toute ma vie fans chagrin, 
PI JHg| » J' a * une compaflion fi grande pour 
„ les malheureux, que bien fouvent 
„ la pitié qu'ils me caufent, me met 
„ de leur nombre. » Elle vante en- 
fuite fa pente à la libéralité , & ajou- 
te:,, Mon ame n'eft agitée ni par 
„ l'ambition, ni par l'envie, & fa 
„ tranquillité n'ëft jamais troublée 
9 , que par la tendrefle qtie j'ai pour 
„ mes amis.., J'ai plus de joie des 
9y biens qu'ils reçoivent , que s'ils 
„ m'étoient envoyés ; . • . . mais ma 
„ tendrefle n'eft pas aufli générale , 
„ qu'elle eft forte , car je ne la donne 
„ qu'à peu de gens , & pour qu'un 
„ homme foit digne d'être mon ami, 
il faut que fes inclinations foient 
conformes aux miennes, & qu'il 
„ foit le plus difcret homme de fon 
„ fiécle. Ce n'eft pas que je don- 
99 ne grande matière de difcrétion , 
„ car j'ai de la vertu, & de cette 
„ vertu qui eft également éloignée 
„ du fcrupule & de l'emportement, 
99 dont la fimplicité fait la force , & 
99 la nudité le plus grand ornements. 
99 J'ai une fort grande fierté ; mais 

comme 



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F R À N Ç OISE. II? 

profité du dernier , elle quitta la 1— ^ » 
maifon paternelle , vint à Paris , Madame 
& avoua fa faute à la Ducheffe ^ £u VlLLE " 
de Rohan , qui eut la bonté de 
la mettre en penfion dans une mai- 
fon où elle mit au monde un gar- 
çon qui mourut au bout de fix fe- 
maines. , , . 

Différentes petites pièces de poë- 
fie l'avoient déjà fait connoître à 
Alençon , & même à Paris , avant 
Tévénement dont on vient de parler, 
& qui ne prouye pas la fageffe dont 
elle fe vante dans fon portrait. Mais 
après cette première épreuve de fa 
foibleffe \ obligée de refter à Paris, 
elle cultiva avec plus de foin ce ta- 
lent qu'elle avoit d'écrire en vers , 
& elle ne tarda pas à acquérir une 
grande réputation parmi les beaux 
efprits de ce tems. La Tragi-co;né- 
die de Maniais ( Totquatus ) , dont Vo r c7 ; 
l'Abbé d'Aubignac lui avoit donné c federAbS 
le plan , & cjîi'elle mit en vers , .pa- d'Aubi^iac. - 
rut avec fuccès fur le Théâtre de 
l'Hôtel de Bourgogne , au mois de 
Mai 1662*, & fon nom donn^ à 
cette pièce *ne réputation dont 
elle auroit été privée fous le nom 
d'un #utre. . < . 



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Î14 B I BL I O t H É Q UE 

Des Jardins 9 jeune Demoifelle , 



* Madame 

j>e Villi- Dit Loret dans fa Mufe Hijlorique du 
* IEU * 6 Mai de la même année . 

A fait cette pièce nouvelle A 

Oîi très-bien des gens font d'accord , 

Qu'on y voit du tendre &. du fort ; 

Une judicieuse fuite , 

Du génie & de U conduite « 

£t le tout , fi beau % fi touchant , 

Qu'à moins d'avoir l'efprit méchant , 

Envieux 9 jalpux , & fauyage , 

Il faut admirer cet ouvrage , 

Que plufieurs nomment merveilleux , 

P'autres difent miraculeux...... 

Déjà plufieurs beaux écrits d'elle 
Çouroient de ruelle en ruelle ; 
pn trouvpit fort doux & fort nets 
Ses Quatrains , Sixains , & Sonnets i 
JElle a voit fait mainte Elégie , 
Pleine d'efprit & d'énergie : 
Ses Impromptus , & Madrigaux 
Aux plus rares étoient égaux ; 
On idolâtroit fes Eglogue^ 
Quoique pourtant (ans dialogues î 
J*ais des gens d'aflèz bon gu îu$ 
Pilent que dans fon. Torqjtatus , 
Cette ame belle & bien fenfée , 
$*cft infiniment furpaiTée. 

facilité <jue la Demoifelle des 



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Françoise. 115 
Jardins ayoit d'écrire en vers & en ■ » 
profe , lui fit entreprendre un autre Madame 
ouvrage, qui dans Ion genre fiit aufli DE VlLLE - 
bien reçu que fon Manlius. Elle Pin- °™g. 
titula Carou{el du Dauphin ; & voici 
encore ce que Loret en dit dans fa 
Mufe Hijloriqut du xj Mai de ladite 
année 1662. 

Cependant que de jour en jour , 
Tous les plu» galans de la Cour 
Apprêtent tous leurs équipages , 
D'habits , chevaux , Valets & rages , 
Pour paroître en pompeux aroi , 
Au Carrouzel de notre Roi , 
La jeune Autrice de Torquate , 
Pièce charmante & délicate 9 
A fait en ftyle net' & fin , 
Un Carouxel pour U Dauphin , 
Partie en vers , partie en profe , 
Qu'on tieat une aufli rare chofe , 
Que depuis long-tems par écrit , 
Ait produit un fublime efprir. 
L'invention en eft û belle 0 
Et l'économie en eft telle , 
Que certainement tous Lecteurs 
Deviendront les admirateurs 
De cette pièce finguliére , 
Quand on l'aura mife en lumière, &c. 

L'année fuivante 1^63 * Mademoi^ 

F iij 



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i*6 Bibliothèque 
felle des Jardins donna fa Tragédie 
Madame j e ffi £ fâ s . m ^ is cette pi^ce n'ayant 
de Ville- * /r ^ j*r i j' 

pieu. -pasreufu, cette dilgrace la dégoûta 

pour quelque tems du Théâtre, & 
la fit retourner à fes petits Romans , 
dont plufieurs avoient déjà été ap- 
plaudis d'un certain public. 

Ces occupations littéraires ne pre- 
noient rien fur fon penchant à la 
galanterie. Parmi fes foupirans , le 
jeune de Viliedieu , Capitaine d'In- 
fanterie , fils du fieur Boëffet de la 
Mufiqué du Roi , obtint la préfé- 
rence. Il avoit de l'efprit , une figure' 
aimable , & des façons preffantes. 
Mademoifelle des Jardins voulut 
cependant cacher fon attachement 
pour lui fous lç voile du mariage ; 
& comme M. de Viliedieu avoit 
époufé depuis un an, la fille de M. 
de Fez , Notaire à Paris i elle lui per- 
fnada de faire déclarer nul fon ma- 
riage , en alléguant qu'il avoit été 
forcé de la part de fes parens. Cette 
idée , toute folle qu'elle étoit , plut 
au lieur de Viliedieu. Ilentreprit de 
la réalifer , & fit publier des bans 
pour fon mariage. Sa femme, qui en 
fut informée , y forma oppofition 5 
& comme elle étoit connue de I4 



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F R A N Ç ô I S t\ I 17 

Iteine-Mere , elle lui préfenta un iÊimÊmm *, 

placet contre Mademoifelle des Jar- Madame 
clins. Celle-ci avertie de ce qui fe DB VlLL *" 
paflbit , prit le parti de fuivre Ville- Jt 
dieu à Cambrai, oti fon Régiment 
étoit en gamifon. Comment s'y pri- 
rent-ils pour y conclure leur hymen ? 
c'eft ce qu'on ignore. Ce qui eft cer- 
tain , c'eft que quelque tems après , 
ils revinrent erifemble à Paris, & 
tpie Mademoifelle (Jes Jardins y pa- 
rut fous le nom de Madame de Vrltë- 
dieu. 

Cette union ne fut point heureufe. 
La Dame s'en plaignit inutilement 
en profe & en vers. Voyant qu'elle 
fi'étoit point écôutée , elle fe crut 
Cn droit d'ufer de repréfailies. Ville- 
dieu feignit d'être jaloux; elle ne 
s'en mit point en peine: la divifion 
fe mit entr'eux ; mais elle ne dura 
pas long-tem$ ; le jeune Capitaine , 
obligé de partir pour l'armée , fut 
tué a la première rencontre des en* 
nemis. La prétendue veuve continua 
de vivre comme elle avoit fait au- 
paravant. L'amolir & les Romans 
partagèrent toutes fes occupations; 
elle reprit auffi fon goût pour le 
Théâtre 5 & donna au mois de Juin 

F iv 



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n8 Bibliothèque 
— — 1665 * a Tragi-Comédie du Favori 9 
e^Vilim eut P^ US ^ e ^ licc ^ s qu'elle n'en 
ieu. ILL1 " méritoit. Liée alors d'amitié" avec la 
1683. Dame Thévart , veuve d'un Procu- 
reur , & voyant cette femme atta- 
quée de vapeurs , elle lui confeilla , 
quoique déjà avancée en âge , de fe 
remarier, & elle le lui perfuada fi 
bien , que cette vieille étoit fur le 
point d'époufer un jeune homme , 
lorfqu'une attaque d'apopléxie rem- 
porta en un quart d'heure. 



Cet événement ouvrit les yeu* 



pre conduite ; elle en rougit, réfolut 
de la changer , & en fît part à M. dç 
Harlay , Archevêque de Paris , qui 
fe prêtant à fes vues , lui ouvrit un 
azile dans une Maifon religieufe , 
où elle fe fît aimer & eftimer par la 
douceur de fon efprit, & même par 
la piété qu'on ne fut pas long-tems 
à remarquer dans fes adions. Il faut 
croire qu'elle a voit un vrai defir de 
continuer ce nouveau genre de vie , 



Tindifcrétion du frère d'une Reli- 
gieufe de cette Maifon, qui confia 
a fa fœur le détail des avantures de 
la nouvelle proféjyte. La Hçligieufe 



à Madame de Villedieu fur fa 





dérangé par 



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Françoise. 129 

fcandalifée , dévoila tout ce que 
elle fçavoit; on tint confeil, on Madame 
députa à M. l'Archevêque; & Ma- ^J""" 
dame de Villedieu fiit congédiée, ,$gj s 
Elle auroit pu trouver une autre re- 
traite ; mais foit dépit , foit par quel- 
qu'autre motif, elle profita de l'offre 
mie lui fît Madame de Saint-Romain, 
(a fbeur, de la recevoir chez elle. 

Madame de Villedieu y retrouva 
les écueils qu'elle avoit voulu éviter. 
Comme fa fœur recevoit grand mon- 
de , elle reprit en peu de tems dans 
cette maifon fon ton de galanterie. 
Ce fut-là qu'elle connut le Marquis 
de la Chatte, qu'elle époufa dans la 
fuite. Ce Marquis avoit alors envi- 
ron 60. ans , & étoit peu avantagé 
des biens de la fortune. Il eft vrai 
qu'il avoit époufé la fille d'un Cor- 
donnier de Paris , qui lui avoit ap- 
porté en dot 25 mille écus de con- 
trats fur la Ville y ce qui formoit un 
effet confidérable pour le tems , s'il 
eût été réel ; mais les contrats fe 
trouvèrent faux, Le Marquis indigné 
de cette fourberie, n'en témoigna 
cependant rien au dehors ; le feuî 
parti qu'il réfolut de prendre fut de 
quitter fa femme» Il follicîta en co&- 



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I^O BlBLÎ OT HEQUE 

féquence , & obtint une Compagnie 

dit Vn^T ^ ans * es troll P es 5 ue * e eil ~ 
bilu. ILLE voyoit alors au fecours faVlûe de 
16%). Candie , qui appartenoit à la Répu- 
blique de Venife , & dont les Turcs 
s'efforçoient de s'emparer ; & lorf- 
que , plus de dix ans après , il revint 
à<Paris , il trouva que fa femme s'é- 
toit retirée en Province , oii elle 
vivoit du peu de bien que fon pere 
lui avoît laifTé en mourant. Mais en- 
fin elle vivoit encore, & Madame de 
Villedîeu ne Tignoroit pas quand elle 
propofa au Marquis de Tépoufer. M. 
de la Chatte ne fit pas plus de diffi- 
cultés. Les deux Artiansjfe conten- 
tèrent de cacher leur marche, 8c ils 
furent mariés à dix ou douze lieues 
de Paris. Cette affaire terminée, ils 
revinrent dans cette Ville , & an- 
noncèrent leur mariage à leurs meil- 
leurs amis , mais fous le fceau du 
fçcret. Le fruit de cette union fut 
tin fils , que M. le Dauphin & Made- 
xnoifelle de Montpenfier firent tenir 
fur les fonts de Baptême. Cet enfant 
ne vécut qu'un an , & M. de la Chatte 
l'ayant fitivi d*aflez près, Madame 
de la Chatte , après avoir paru quel- 
que tems inconfolable , l'oublia.» 



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Fr AKÇOi S t r 15 i 
reprit le nom de Madame dé Ville-- SUSSS^ 
dieu , qui hu plàifoit davantage , & Madame 
époufa en troifiémes noces un de fes DE VllLt ~ 
coufins , appelle aufîî des Jardins. ^'g 

Elle paffa encore quelques années 
dans le monde , ou elle s'occupa à - 
campofer des Romans pleins d'efprit 
~ & de îendreffe , qui contribueront 
beaucoup à faire perdte le goût des» 
grands Romans ; & enfin elle fe re- 
tira à Clinchemore , petit Village 
dans le Maine. Ce fut-là qu'elle mou- 
rut à la fin du mois d'O&obre; oir 
au commencement de Novembre de 
Tannée 1683. On dit qu'elle abrégea 
fes jours par l'excès d'eau*de-vie r 
qu'elle s'accoutuma à boire , même 
à; fes repas. Il paroît par quelques- 
imés de fes léttres , qu'elle avoit fait 
un voyage en Hollande : on y trouve 



Haye. 

: On voit toujours dans fes écrits , 
dit l'Editeur du Recueil de Barbin y 
de nouveaux tours , de nouvelles ex- 
pfrefîïons ^ ides fentimëns d'amour fi 
raffinés & £ délicats j qu'on pourroit Recueil «te 
feulement lui reprocher que l'efprit * nrb - i' 
y a eu plus de part qiie le cœur. Il %Vm 
faut peut-être eji excepter fes Elégies, 




charmante de la 



Fvj[ 



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131 BlBLIO THEQ VE 
f— où malgré le mélange d'idées pafto- 

Madame raies que bien des Critiques y ont 
de Ville- çenfuré f c 'eft prefque toujours le 
1)1 * u " cœur qui parle , & où l'efprit même 

Not. de m. eft tendre & paffionné. Quelquefois , 
de s. Marc , à la vérité - fes vers font négligés • 

fur Dm I » m _ . . _ _ , - V 



foutenu : mais on peut douter , fi dans 
cette forte d'ouvrage c'eft un dé- 
faut auffi grand qu'on Ta voulu dire* 
Au refte , outre les trois pièces de 
Théâtre de Madame de Villedieu, 
je n'ai' vu d'elle que deux Elégies , 
quatre Eclogues , des Sonnets , des 



Chantons , des Lettres en profe & en 
vers y & quelques autres petites piè- 
ces. J'ai lu encore de la même des 
Fables ou Hiftoires allégoriques, qu'elle 
dédia au Roi 3 & qui parurent en 
1670. La dédicace eu en vers , & le 
Recueil contient huit fables y qui 
m'ont paru affez bien racontées ; 
c'eft dommage qu'elles ayent toutes 
pour objet 1 Amour, & le pouvoir 
qu'on lui attribue * & qfci ne vient 

2ue de la corruption de la nature. 
les fables font firmes du Triomphe 
de F Amour fur? enfance , Ballet de M. 
le Dauphin > envoyé à Ad. le Duc de 



Madri! 




des Stances , quelques 



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Françoise. 135 ^ A 
Montaufier , en profe & en vers ; ^"—^ 
d'une Lettre , auflî en profe & en Madam * 

. _ _ . _ ~ X - - TV» Vu « 



vers, à M. de Lyonne fur les Cabî- 



de Mademoifelle de Lyonne & de 
M. de NanteuiL 

Prefque dès le commencement de 
fa carrière poétique , Madame de 
Villedieu demanda du feçours au 
Roi par ce placet ; 

Monarque incomparable à qui j'offre ces fers , 
Daignez vous fouvenir d'une Mufc naiûante y 

Que votre vertu bienfaifante 
.Semble feule oublier dans ce vafte univers. 
Je fçai qu'en ma faveur rien ne vous follicite; 
Et loin de préfumer quelque chofe de moi , 
Ce qu'on autre croirort devoir à fon mérite , 
Je veux bien le devoir tout entier à mon Roi, 
Toutefois fi Terreur oh nous jette l'enfance r 
Permettoit à ma Mufc un peu d'aveuglement , 
Elle attendroit , grand Prince , allez confidem- 
ment , 

Quelque royal eflét de ta magnificence. 
Tous ceux que ta bonté comble ici de bienfaits * 
Dont même tu préviens la- voix & les fou» 

bafts , t 
Ces Âpollons mortels qu'au Temple de Mémoire 
On verra par le tems à jamais révélés , 
Et qui (ont parvenus au fommet de la gloire , 
1 font montés d'abord par de moindies-dégtés% 



nets 




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134 Bï-B L I 6 T ft ï e 

Letems peut m'accorder un pareil avantage ; 
Et fi c^ft pour ma Uufe afpîrerun peu hant > 

L r audace n v eft pas un défaut 

Dans une Mufe de fon âge. 
Daigne flonc foutenlr fon vol audacieux. 
Anime les ardeurs de fon bouillant courage , 
Et fais enfin , grand *Roi , que ta bonté Rengage 
A porter quelque Jour ton beau nom jufqu^aux 
Cieux, 



Je ne fçai pas fi ce Placet fut ré- 
pondu favorablement. Ceux <Jui 
nous* ont parlé de Madame de Villé- 
dieu ne nous ont point appris fi elle 
avoit éré gratifiée de quelque pen*- 
fion ; ou de quelques àutres bienfaits 
de là Cour. Ses œuvres ont été raf- 
femblées deux fois. Barbin les re- 
cueillit en dix volumes in-12. à Pa- 
ris ,' depuis l'année 1702 jufqu'en 
171 1. Depuis, la Compagnie des 
Libraires de la même Ville en fit au- 
tant : cette fecotjde édition a douze 
volumes, qui parurent depuis 171 5 
jufqu'çn 1721.,. Cependant on les 
lit peu aujourd'hui , & j'oferai dire 
qu'on les lit encore trop, vu le dan- 
ger que les jeunes gens furtout ne 
peuvent manquer de courir en fai- 
t. a. p, a , fant cette leâure. Dans l'édition des 



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Françoise. 135 
Œuvres de M. .Pavillon , faite en fy *— * 
1747 y on donne fous le nom de ce Madami 
Poëte un Madrigal , affez peu digne DE VlLL *~ 
de fa plume y adreffé à Madame de 
Villedieu lorsqu'elle n'étoit encore 
que Mademoiselle des Jardins* 

LOUIS-ISAAC LE MAISTRE L 

DE SACX- Louis- 

ISAAC LE 

Ûn ne fera pas furpris que je tien- J£ A "™ 
ne un autre langage en parlant des u*y* 
poëlies de Louis-Iiaac Le Maifire de 
Sacy ; elles ont toutes l'inftruâion 
ou l'édification pour objet. Mais on 
ne s'étonnera pas non plus que je 
n'entreprenne point d'entrer ici dans 
le détail de fa vie. Je n'apprendrois 
rien de nouveau à ceux qui font au 
fait du Nécrologe de Port-Royal & 
de fon Supplément y des excellens 
Mémoires de M. Thomas du Foffé % 
& de tant d'autres ouvrages hiftori- 
ques du même genre pour lefquels 
le public éclairé a toujours témoigné 
rempreffement le plus vif. Je me 
contenterai donc de dire ici , qije 
M» de Sacy étoit fils d'un Maître des 
Comptes, & frère puîné du célèbre 
Avocat, Antoine le Maiftre, depuis. 



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136 Bibliothèque 

Confeiller d'Etat ; qu'il fit fes études 
Louis- au Collège de Beauvais à Paris ; 
**?f " qu'étant honoré du Sacerdoce, il en 

1AISTRE * t* t r n> 

>i Sacy. a rempli les fondions avec une gran- 
1683. de piété & un travail aflidu, & très- 
utile à la gloire de Dieu & de l'Egli- 
fe ; qu'il etoit né à Paris le 29 Mars 
161 3 , & qu'il mourut à Pomponne 
le 4 Janvier 1684, âgé de 71 ans. 
Tout le monde fçait auffi qu'on lui 
doit cette belle & fidelle tradu&ion 
de l'Ecriture Sainte , qui eft entre 
les mains du fimple Fidèle , comme 
dans celles du Pafteur 9 & quantité 



une eftime univerlelle, & que mal- 
gré fes rares talens , perfonne ne 
porta peut-être plus loin que lui la 
vertu d'humilité , qu'il faifoit con- 
lifter furtout dans ce qui] a exprimé 
lui-même dans ces quatre vers : 

Se mépîifer foi-même , & méprifer le monde » -, 
Ne méprifer perfonne , & fouffrir le mépris 9 
Ce font les quatre effets d'une vertu fans prix 9 
Qui fur Dieu .feulement toute fa gloire fonde» 

Né avec beaucoup dégoût pour 
la poëfie françoife , il en fit quel- 




i fe font acquis 



quefois fon amufement > & plus fou* 



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Françoise. 137 
veiit fon occupation. Dès le tems — i ém 
qu'il étudioit en Philofophie , il com- Louis- 
pofa en ce genre divecfes pièces dont ^aac li 
plufieurs ne feroient pas indignes de Ma ^ t ** 
voir le jour. Je connois en particu- ^f^** 
lier une Lettre en vers & en profe f 
<pirituellement écrite , qu'il adrefîa 
à fa mere , pour la remercier de qua- 
tre bourfes de couleur différente, 
dont cette pieufe Dame avoit fait 
préfent à lui & à fes trois autres frè- 
res. Cette Dame , qui ne connoiflbit 
point ce talent dans fon fils , t eçut 
cette lettre avec plaifir, la lut avec 
fatisfa&ion , & defirant qu'il ne con* 
facrât ce talent qu'à la Religion , 
elle l'engagea à traduire pour elle 
en vers françois une des Hymnes de 
l'E^life qu'elle lui marqua. Le fil$ 
obéit , la traduftion plut ; on lui en 
demanda une féconde, puis une troi- 
fiéme , une quatrième ; & infenfible- 
ment M. de Sacy les traduifit pref- 

3 ne toutes , & on imprima cette tra- 
u&ion en 16 50 dans le Livre d'Egli- 
fe qui efl connu fous le nom à 9 Heures 
de Port-Royal. Il s'en eft fait depuis 
beaucoup d'autres éditions ; mais je 
ne dois pas répéter ce que j'en ai dit 
ailleurs. J'ajouterai feulement que 



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1 38 BlBtl O T H É 0 U E 



* > f M. de Segrais faifoit une eftime par-* 
Louu- ticuliere de la tradu&ion de ces Hym* 

M Vst" nCS ' comme on * e P eilt vo * r ^ ans ^ a 
v^Sac* P r éface fur fa traduâion en vers 
2t$f t françois de l'Enéide de Virgile. 

Une autre tradu&ion en vers frân- 
çois qui a fait beaucoup d'honneur 
à M. de Sacy , efl celle du Poème de 
S* Profptr contre les Ingrats , c'eft-à- 
dire contre les ennemis de la Grâce 
de J. C. & elle fe fait encore admirer 
aujourd'hui par lés critiques les plus 



leurs, & je renvoyé à ce que j'en 
ai dit. C'eft encore M. de Sacy qui 
a mis en vers françois les Racines 
Grecques de M. Lancelot ; il étoiP 
alors a Port-Royal des Champs avec 
Ce fçavant homme , qui fé fît depuis 
Religieux dans l'Abbaye de S. Cy- 
fan ; & il regarda ce travail comme 
Un amufement, qui lui coutoit peu, 
& qui pouvoit être utile. 

Les autres poëfies dont perfônne 
rie doute qu'il foit l'Auteur font 
les Enluminures du fameux Almanack 
des PP. Jéfuites , intitulé, La déroute <§• 
la confujion des Janfénifies , ouvrage 
dogmatique & critique , d'environ 
deux mille vers , dont il fe fit deu# 



intelligens. 




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Françoise. 139 
éditions en moins de deux mois au 
commencement de 1684, & que l'on " L °vi*- 
a plufieurs fois réimprimé depuis ; ^ 

un Poème contenant la Tradition de Sac y» 
tEglife fur le Très-Saint Sacrement de 2683, 
fEuchariftie , qui n'a été publié qu'a- 
près la mort de l'Auteur. Ce poème 
efl: en fiances , &> divifé en dix li- 
vres." Comme M, de Sacy l'avoit 
compofé étant encore affez jeune , 
& quelques années après que la Ro- 
chelle eut été réduite fous Pobéif- 
fance de Louis XIII , il a cru pou- 
voir y parler de ce fiége fi fameux , 
de cette digue élevée au milieu de 
1* mer , qu'on regarde comme la 
merveille de ce tems-là de la 
prife d'une Ville , qui paiToit prefque 
pour imprenable , & qui étoit alors 
comme le boulevard de l'héréfie 
dfems ce Royaume. Si ce poëme n'a 
été rendu public que plufieurs an- 
nées après la mort de l'Auteur, c'eft 
qu'outre qu'il ne l'avoit fait que 
pour fa propre édification , & pour 
fe remplir dans fa retraite de ce qui 
occupoit plus fortement fon cœur + 
il a voit affez de peine à remplir l'idée 
qu'il a voit .de la poëfie , & que fes 
autres occupations Tempêchoicnt dô 



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140 Bibliothèque 

revoir cet ouvrage & de le perfec— 
Louise tionner autant qu'il l'auroit voulu. 

Mms C tre Tel eft on le Bt avCC qU f lq V C 
s^Sacy. plaifir & avec beaucoup d'utilité , 

2*8). n'étant proprement qu'un enchaîne- 
ment des paflages des anciens Pères , 
de la do&rine defquels le Poëte 
avoit eu foin de fe nourrir dès fa 
jeuneffe. Le difcours en profe qui 
eft à la tête en forme de préface , 
montre un Théologien également 
pieux & profond. 

■ PIERRE CORNEILLE. 

Pierre 

Corneil- A rimîtation de M. de Sacy , le 
f célèbre Pierre Corneille employa 

auffi fa plume à la traduftion en vers 
françois de divers ouvrages où PE- 
glife reconnoît foh efprit & fa doc- 
trine; & fi ce n'eft pas par ce genre 
d'écrits qu'il a acquis aux yeux des 
hommes cette immortalité que tant 
de Poètes fe promettent,& que fi peu 
obtiennent, la gloire qu'il en a reti- 
rée n'eft ni moins réelle ni moins 
folide. 

vie de p. Ce fublime génie qui a élevé le 
5c° Fomem Théâtre François au plus haut point 
ou on Tait jamais vu, étoit né à, 



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Françoise; 141 
Rouen en 1606. Pierre Corneille fon mmmmmm 
pere étoit Maître des Eaux & Forêts * Pl **** 
en la Vicomte même de Rouen , & CoRNEIt - 
avoit mérité par les fervices qu'il "1684. 
avoit rendus à Louis XIII en diffé- 
l-entes occafions , que le Roi lui ac- 
cordât des Lettres de nobleffe. Sa 
mère fe nommoit Marthe le Pefant. 
Il fit fes études chez les Jéfuites , 
dans le lieu de fa naifl'ance > & il y 
prit en particulier les leçons du Pere 
Delidel . comme il le dit dans une 
Ode qu'il compofa depuis fur un 
Traité de la Théologie des Saints 9 que 
ce Jéfuite donna en 1668 . in.4 0 . Le 



fur fa fidélité à fuivre les mouve- 
mens de la grâce , ajoute : 

J'en connois par toi l'efficace , 
Sçavant & pieux écrivain , j 
Qui jadis de ta propre main 
ATas élevé fur le Pamaïïe ; 
C'étoit trop peu pour ta bonté 
Que ma jeuneflê eût profité 
Des leçons que tu m'as données ; 
Tu porte plus loin ton amour ; 
£t .tu veux qu'aujourd'hui mes dernières an- 



Poète 




nées 

De tes inftruâions profitent à leur tour. 



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*î4* Bibliothèque 

Je fuis ton Difciple» & peut-être 
Pierre q w ph cureux ^.i at ^ mcs ?erf 
Corneil- Eblouh aircz runivm 

LE. 

- 1684. * our * à * re P 611 hontc au Maître 1 &c. 

Ses études finies, il voulut fré- 
quenter le Barreau pour lequel il 
n'étoit pas fait ; auffi le fuivit-il fans 
goût & fans fuccès. Mais dans le 
teins qu'il exerçoit tranquillement 
dans le fein de va. patrie la Charge 
d'Avocat Général à la Table de mar- 
bre, une petite occafion, qu'il n*a- 
voit pu prévoir, fit éclater en lui un 
génie tout différent. Un jeune hom- 
me de fes amis, qui âimoit urte De- 
-moifelle de la même Villè , Payant 
prié de l'accompagner dans une de 
ces vifites aflidues , où l'amour étoit 
fon guide , il arriva que le nouveau 
venu plut davantage que l'int#oduc- 
teur. Le plailir de cette aventur© ex- 
cita dans M. Corneille un takntîqu'il 
ne connoiffoit pas , celui <le la. poëfie 
dramatique. Sur ce léger fujet , jl fit 
la Comédie de Mélitc , qui parut en 
162J. On y découvrit ,un earaôérc 
original, on conçut que la Comédie 
„ alloit fe perfectionner , & fur la con- 
fiance qu'cm eut au i*p.uvel Auteur 



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F R ANÇ6I5É. 143 

qui paroiffoit, il fe forma une nou- 
velle troupe de Comédiens. 
T Le jugement que Ton porta dé 
Méliu fut qite cette pièce etoit trop 
limple 9 & avoit trop peu d'évene- 
mens. Corneille piqué de cette cri- 
tique , fit Çlitandre , & y fema les in- 
tidens &; les avantures avec une très- 
VicieYife profiifion t plus pour cenfi^- 
ter le goût du publicy que pour sV 
accommoder. Il paroît qu'après cefa 
il lui fut permis de revenit à fon 
naturel. La Galerie du Palais 9 la Veu- 
ve 9 la Suivante , la Place Royale , en 
approchent davantage. Après avoir 
fait un èffai de foh génie dans ces fi* 
premières pièces , oèi il s'éleva déji 
au-deffus de fon fiécle \ il prit tout 
à coup Teffor dans Médee, & monta 
jufqif au Tragique le plus fubKme. 
A la vérité , il rtit fecouru par Séné- 
cjif c ; mais il ne iaiffa pas de faire voir • 
ce qu'il pou voit par lui-même. L7//i- 
jion comique , qu'il donna enfitite ; liii 
fit du tort. 1 Pièce irréguliete & bi- 
zarre , les agrémens qu'on y trouva 
ne purent faire excufer fa bizarrerie 
& fon irrégularité. Mais l'Auteur ne 
tarda pas a fe relever de cette chute , 
en faiïant HeOi; qui eût le plus grand 




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*44 Bibliothèque 
— — f U ccès , qui a été traduit dans toutes 
Pierre les Langues de l'Europe , hors 1 Ef- 
Corneil- davonne & la Turque , & qui nous 
LE# a valu ces judicieux Sentimens de 

l '* 4# £ Académie Françoife , dont j'ai fait 
mention à l'article de Chapelain & 
ailleurs. Quand M- Corneille eut une 
fois , pour ainfi dire 9 atteint jufqu au 
£id, il s'éleva encore dans les Hora- 
ces, & alla enfin jufqu'à Cmm ? & ^ 
PolieuSe, au-deffu$ defquels, dit-on, 
il n'y a rien* 

Suivant mon plan , je n entrerai 
dans aucun détail fur toutes ces piè- 
ces , où j'aimexois beaucoup mieux 
voir le Chrétien que le grand Poète; 
je ne nommerai pas même les mitres 
Tragédies & Comédies qui fortirent 
de la même plume , & qui toutes en- 
femble forment 33 pièces de Théâ- 
tre, fans compter Pfychè, Tragédie- 
. Ballet dont il a fait le prologue , le 
fécond & le troifiéme aûe , & plu- 
fieurs fcènes. On peut voir fur tout 
cela les Examens que Corneille a 
faits lui-même de fes pièces,/' Hijloin 
du Théâtre François , & le tome V . des 
Jugemens desSçavans de M. Baillet; 
Ce judicieux Ecrivain parle en cri- 
.tique de chaque pièce en particulier , 



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François e. 14c 

Je de toutes en Chrétien , & les Dil- 
fertations fur plufieurs Tragédies de pIER ** 
Corneille & de Racine , recueillies ^ RNm " 
en <ieux vokimes in-ïi, par feu M. \^%^ 
l'Abbé Granet, qui y a joint une cu- 
rievife Préface. 

Ce? Differtations ne font cepen- 
dant pas les feules qui parlent ou ex- 
preflement, ou comme en paffant f 
des Tragédies de Corneille ; & fons- 
prétendre indiquer tout ce qui a été 
fait fur ce fujet, je connois de plus, 
la Critique de Britannicus , par Bour- 
fault ; un Jugement fur le Comte d*Ef- 
fex , dans le Mercure Galant du mois* 
de Janvier 1678, un Jugement fur la 
Tragédie d'Horace dans leSpe3ateut f 
tome 1. Difcours 52, page 205 de 
la troifiéme édition , laDéfenfe de 
Cinna , & cette de Rodogune , dans 
les Œuvres de M. de Saint-Evre- 
mont , un Jugement fur la Tragédie 
4e Pompée , dans un Difcours de feu* 
M. Olivier, de l'Académie de Mar-> 
feille , imprimé dans le tome IV des 
Mémoires de Littérature du Pere desr 
Moletz, deux Differtations fur TŒdi- 
pe , dont une par Mademoiselle Bar- \ 
bier , laquelle eft dans le Mercure de 
Trévoux, Février & Mars 1709, & 

Tome XVlll. G 



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146 BlBLIOTHÉ Qtl E 

Ï^^SSï l'autre dans le Mercure de France i 
Corme" f econ de partie du mois de Juin 1 729 f 
tE# une Differtation fur ce vers de la 

1684. Tragédie des Horaces, ou quun beau 
dèfefpoir alors le fecourut , dans le Mer- 
cure de France , mois de Juillet 1 748, 
& une Défènfe du même Poëte , & 
en particulier d'un endroit de la Tra- 
gédie de Rodogune , par M. Coc- 
quard, Avocat à Dijon, dans le mê- 
me Mercure, Février «741. Cette 
lettre ou défenfe répond à deux au- 
tres , dont }'une eft dans ledit ou- 
vrage périodique , Décembre 1738, 
& l'autre au mois de Mai 1739. 
. MrCorneilie fut reçu le 12 Janvier 
1647 àl' Académie Françoife,à la pla- 
v ce de M, Maynard. Quelques années 

après , en 1653 , il donna Pçrtharite, 
Tragédie qui ne réuflit point. Cette 
chute , qui avok été précédée de 
quelques autres , le rebuta du Théâ- 
tre 9 & il déclara qu'il y renonçoit, 
dans une petite préface affez chagri- 
ne qu'il mit au-devant même de Per- 
thariie. 

M, <le Fontenelle dit dans la vie de 
ce grand Poëte, fon illuflre oncle, que 
ce fut alors qu'il entreprit la Tra- 
duction en vers de V Imitation de Je/us* 



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Françoise. 
Chrift.^ Mais fi la Tragédie de Pertha- ■ ■ 
rite n'eft que de 1653 , il falloit dire Pierre 
=que M. Corneille entreprit alors de c °Rneil- 
continuer la tradu&ion qu'il a voit LE ' 
déjà commencée des quatre Livres de 1 ' 4# 
l'Imitation. Car il efl certain qu'il 
en avoit donné le premier Livre dès 
165 1 . Ceft lui-même qui le dit dans 
l'Avis qui eft à la tête de l'ouvrage ; 
où il ajoute , que celui-ci a commen- 
cé avec l'Epifcopat de M. i'Arch. de 
Rouen. On lit dans le Carj>tntariana y 
page 284 & fui vantes * que cette tra- 
duâion fut une pénitence que lui im- 
pofa le Pere Paulin , Tierçaire du 
Couvent de Nazareth , pour réparer 
le fcandale qu'il avoit caufé par la 
pièce lubrique intitulée 9 fOccafon 
perdue & recouvrée , & M* de la Mon- 
noie dit la même chofe dans fes Re- t.t.ç. 3^ 
marques fur les Jngemens des Sça- 
vans de M. Baillet. Mais première- 
ment, ce petit poëme ne fiit impri- 
mé pour la première fois qu'en i66z; 
& , comme je viens de Tobferver , 
le premier Livre de l'Imitation tra- 
duit par Corneille étoit public dès 
1651. Il s'enfuivroit donc que la 
pénitence auroit précédé le péché , 
& que Corneille fe feroit repenti 



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148' Bibliothèque 
mmm d'une faute qu'il ne devoit^commet- 
Pkrre tre que plus de dix ans après. En fe- 
Corniil- con< i lieu , je prouverai ailleurs que 
L \tf4 VOccajion perdue & recouvrit n'eft point 
v. ci-après de Corneille , mais du fieur de Can- 
rartdcCan- tenac ^ ce qui (uffit feul pour faire 
tmm, tomber l'anecdote de la prétendue 
pénitence impofée au premier pour 
cês vers obfcènes. M. de la Monnoie 
ajoute cfue le premier Livre de l'Imi- 
tation étant achevé , la Reine Anne 
d'Autriche f à qui , dit-il , le Poëte le 
préfenta* en fut fi contente , qu'elle 
lui demanda le fécond ; enfuite de 
quoi , dans une dangereufe maladie y 
qu'il €iit quelque tems après , il pro- 
mit le refte , & le donna; & ce récit 
- eft encore pris du Carpentariana xjue 
M. de la Monnoie avoit vû avant 
l'impreffi^n. Mais quelles preuves 
M. Charpentier donne-t41 de ce ré- 
crit? aucunes. M. de Fonteneile fe 
contente de dire, que fon oncle fut 
. porté à faire cette traduûion par' 
quelques Jéfuites de fes amis , par 
des fentimens de piété qu'il eut toute 
fa vie, & peut-être auffi par TaéHvité 
de fon génie , qui ne pouvoit demeu- 
rer pififé 

, Cet ouvrage eut un fuccès prodK 



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Françoise, 



U9 



gieux. Cependant , dit M. de Fon- - 1 ? ■ 
tenelle , » fi j'ofe en parler avec li- Pi£*ri 
» berté, je ne trouve point dans cette C(>RN£Ft ^ 
» traduéKon le plus grand charme de 
» l'Imitation de J. G. je veux dire fa * 
» fimplicité & fa naïvetés Elle fe perd 
» dans la pompe des vers qui étoit 
» naturelle à M. Corneille , & je crois 
» même qu'abfolument la forme de 
» vers lui eft contraire. Ce Livre , 
>> le plus beau qui foit parti de la 
» main d'an homme, puifque lHvàk- 
k » gile n'en vient pas r n'iroit point 
>p droit au cœur comme il fait , & ne 
» s r en faifiroit pas avec tant de for- 
» ce 9 s'il n'avoit un air naturel & 
- » tendre , 5 quoi lar négligence même 
» du ftyle aide beaucoup. 

M. Corneille dédia fa Traduôion 
au Papa, à qui il ne témoigna que 
• des fentimens pleins de modeftie , 




Œuvres <fe 
Rac. t. i. jp, 
«17. 



Couronné par lies mains d*Àugufte & d'Emilie. r 
A côté d'à KcnapîY Corneille ^humilie ; 



îaree qujen effet ii paroît lùwnêaie ' 

Giij 



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150 Bibliothèque 
avoir voulu s'humilier, piiifqu'il dit 
au Pape dans fon Epître dédicatoire : 
» La tradu&ion que j'ai choifie, par 
» la fimplicité de fon ftyle ferme la 
» porte aux plus beaux ornemens de 
» îa poëfie , & bien loin d'augmenter 
» ma réputation , femble facrifièr à 
» la gloire du fouverain Auteur, tout 
» ce que j'en ai' pu acquérir en ce 
» genre décrire. » 

Il fe paffa fix ans pendant Iefquef* 
il ne parut de M. Corneille que Pou- 
Trage dont on vient de parler. Mais 
enfin follicité par M. Fouquet , qui 
négocia en Surintendant des Finan- 
ces , & peut-être encore plus poufle 
par fon penchant naturel, il fe ren- 
gagea au Théâtre, où il fit repré- 
ienter encore dix pièces nouvelles 
depuis 1659, qui eft la date de la 
première repréfentation d 9 Œdipe 9 ju£~ 
qu^à Surtndy qui efl de 1675. 

Ce fut dans cet intervalle de 1 65^ 
à 1675 qu'il traduifit en vers Fran- 
çois t Office de la faintt Vierge > avec Us 
fept Pfeaumes pènitentiaux , les Vêpres 
& CompUes du Dimanche , & teus les 
Hymnes du Bréviaire Romain. Cet ou- 
vrage auquel l'Auteur joignit des 
inârufèons & des prières , tirées de 



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Françoise, 151 
fa traduâion de l'Imitation , fut ache- «— — 
\é d'imprimer le 15 Janvier 1670, Pierre 
& Corneille eut l'honneur de le pré- Corneil- 
fenter à la Reine, à qui il le dédioit. LE * 
Cette traduftion dit M. Gobillon , l6%4 ' 
Curé de S. Laurent , qui avoit lui- 
même du talent pour la poëfie Fran- 
çoife , » cette traduâion de l'Office 
>> de la fainte Vierge , &c. efl un 
y> ouvrage qui exprime le fens des 
» Pfeaiimes & des Prières de l'Eglifje 
» d'une manière fi nette y fi majef- 
» tueufe , & fi touchante en même* 
» tems , qu'il donne de grandes lu- 
» miéres pour leur intelligence r qu'il 
» en imprime la vénération par de 
& hautes idées , & qu'il excite ta 
# piété dans le cœur par de faintes 
» affeftions. » 

Iï efl étonnant que depuis -cet ou- 
vrage, M. Corneille ait encore tra* 
vaifié environ cinq ans pour le 
Théâtre ; mais les hommes font pleins 
de contradiâiohs. Il y renonça enfin 
pour toujours après Surcna qui fiit 
joué en 1675 , & ne P en ^ a pl us qu'à 
mourir chrétiennement , félon M. 
de Fontenelle , qui ajoute qu'il ne 
fut pas même en état d y penfer beau- 
coup la dernière année de fa vie, 



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iji Bjbliotheqvï 
y— qu*iltermina à Paris le premier Oc* 
Pierre tobre 1684 dans la foixante-dix-neu- 
Corneil- viéme année de fon âge. Le Roi qui 
lE lui avoit donné en phifieurs ocea- 

lions des marques de fon eftime , 
lui en donna^ de particulières dans 
fa dernière maladie ; ayant appris 
Tétat dangereux oîi il étoit y il en* 
yoya chez Jui pour lui faire fçavohr 
Fintérêt qu'il prenoit à fa fanté , ce 
qui fut accompagné de libéralités 
4ignes de Louis 3lIV. C'efl ce que 
nous apprend M. Racine , fon illut 
ire Rival dans le genre dramatique , 
dans le difc ours qu'il prononça le 1 
Janvier 1685 , à la réception de Tho- 
mas Corneille, nommé à l'Académie 
Françoife à la place de fon frerew 
Voici Téloge que M, Racine y fait du 
•défunt. 

Après avoir repréfenté Fétat p^ 
toyable oii étcit le Théâtre parmi 
nous, fans ordre, fans grâce, fans 
jrégle ; & ce qui eft beaucoup plus 
pernicieux , fans honnêteté & fans 
jnenféance , » ilfaitconnoxtre la for- 
cée avec laquelle Corneille furmon- 
•rtant tout obftacle fit le premier 
# paroître fur la fcène la raifon a£- 
p compagnée de toute la. pompe & 



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Françoise. ^53 

» de tous les ornemens dont notre «! 

» langue efi capable , & fçut accom- P'**** 

^ J_ 5 \r , T * CORNIXL- 



» moder heureufement le vraifem- 
» blable & le merveilleux,"en biffant " 
*» bien loin de lui tout ce qu'il avoit 
» de rivaux. Gîi trouvera-t-on , dit-- 
» il , un Poète qui ait poffédé à la 
fois tant de grands talcns, & tant 
» d'excellentes parties; l'art, la for- 
» ce , le jugement , l'efprit \ Quelle 
» nobleffe ! quelle économie dans les* 

» fu jets ! quelle gravité dans les fen- 
» timens ! quelle^ dignité* & en mê- 
» me-tems quelle prodigieufe variété 
» dans les cara&éres ! Combien de 
» Rois de Princes , de Héros nous 
» a-t-ii représentés , toujours tels 
» qu'ils dévoient être , toujours uni- 
» formes avec eux-mêmes , & ja> 
» mais ne reflemblant les uns aux a\i- 
» très ? Parmi tout cela , une magni- 
» fîcence d'exprefliQns proportion- 

• » née aux Maîtres du monde , qu'il 
h fait fouvent parler ; capable nean* 
*> moins de s'abaiffer quand il veut r 
» & de defcendre jufqu'aux limples 
» naïvetés du comique , oii il eft 
f> encore inimitable. Pçrfônnage vé- 

. » ritablement né pour la gloire de- 

. » ion pays ; comparable , je ne dis- 



1^84; 



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rf4 Bibliothèque 
— — » pas à tout ce que l'ancienne Ko 
Pierre » me a d'excellens Tragiques, puif- 
orneil- n qu'elle confefle elle-même qu'en 
L » ce genre elle n'a pas été fort heu- 

x » reufe T mais aux Efchiies , aux So- 
» phocles , aux Euripides, dont lar 
■n fameufe Athènes ne s'honore pas 
» moins y que des Thçmiftoeles , def 
» Périclès, des Alcibiades, qui vi- 
: » voient en même-tems qu'eux. La 
» fcène retentit encore des accla* 
» mations qu'excitèrent à leur naif- 
» fance le €id , Horace , Cinna r 
Pompée y tmis ces chefs-d'œuvres. 
» repréfentés depuis fur fantde Théâ- 
» très , traduite en tant de langues r 
» & qui vivront à jamais dans la 
f> bouche des hommes. » Voilà Ir 
Poëte peint par Racine. VokiThom- 
xrte crayonne par M. deFontenelle. 

» M. Gorneilfe étoit affez grand ,, 
» & affez plein , l'air fort fimple 
»«& fort commun, toujours né- 



t> teneur. H avoit le vifage affez 
y> agréable ,* un grand nez , la boi^ 
* che belle , tes yeux pleins de feu> 
*la phyfionomie vive , des traits 



irtranfmis à la poûerite dans, une: 




curieux de ion ex- 



» fort 




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François. ijy 
» médaille ou dans un bufte. Sa pro- ! 
inondation n'étoit pas tout-à-fait Pierre 
» nette ; il lifoit fes vers avec force, CoRNtIL * 
» mais fans grâce. "1*84. 

» Il fçavcit les Belles-Lettres , 
» l'Hiftoire , la Politique ; mais il les 
» prenoit principalement du côté 
» qu'elles ont rapport au Théâtre. Il 
$> n'avoit pour les autres connoiffan- 
» ces ni loifir, ni curiofité , ni beau- 
» coup d'efiime. Ilparloit peu, même 
» fur la matière qu 'il entendoit fi par- 
» faitement. Il n'ornoit pas ce qu'il 
» difoit , &. pour trouver le grand 
» Corneille , il le falloir lire. 

» Il étoit mélancholiqtier II lui fal- 
^ loit des fujets plus folides pour ef* 
n përer & pouf fe réjouir, que pour 
fe chagriner & pour craindre. Il 
avoit 1 humeur brufque , & quel-' 
quefois rude en apparence ; an 
foYid , M étoit très-aifé à vivre , 
bon père r bon mari, bon parent, 



, y quefois rude en apparence ; an 
„ foYid , M étoit très-aifé à vivre , 

99 

„ tendre & plein d'amitié. Son tern- 
ie, pérament le portoit affea à l'a- 



mour , mais jamais au libertinage , 
„ & rarement aux grands attache-- 
mens. Il avoit Tame fiére & incfé- 
pendante, nulle foupleffe , nul ma- 
t „ nége: ce qui L'a rendu très-propre- 

G VJr 



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1^6 Bibliothèque 
— ■» „ à peindre la vertu Romaine , Se 
Pierre 99 très-peu propre à faire fa fortune. 
Corneil- 9r \l n'aimoit point la cour 7 il y ap- 

„ portoit un vifage prefque incon- | 
L * „ nu , lin grand nom qui ne s'attiroit 
^ que des louanges , & un mérite qui 
99 n'étoit pas le mérite de ce pays-là. 
99 Rien n'étoit égal à fon incapacité 
9i pour les affaires r que fon ayer- 
>9 fion : les plus légères lui caufoient 
„ de l'effroi & de la terreur. Quoi- 
„ que fon talent lui eût beaucoup 
y, rapporté r il n'ei*étx>it guéres plus 
, „ riche. Ce n'eft pas qu'il eût été fô- 
„ clié de l'être ; mais il eût fallu le 
„ devenir par une habileté qu'il n'a- 
. yy voit pas, & par des foins cju'il ne 
pouvoit prendre: Haie s'étoit point 
„ trop endurci aux louanges , à force 
. rr d'en recevoir : mais s 11 étoit fen- 
^ fîble à la gloire^ il étoit fort éloi- 
„ gné'dela vanité. Nfe de Fonte- 
nelle ajoute , qu'à beaucoup de pro- 
bité naturelle >il a joint dans tous !es 
. tems de fa? vie, beaucoup de religion , 
' & qu'il a eu fouvent befoin d'être 
rafluré par desCafuiftes fur fes pièces 
de Théâtre.. Ces Cafuiftes étoient 
. bien indidgens. La raifon que M. 
4e. Fontenefle .dpnnc de leur djécjfion 



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François tfj 
& que je me dilpenferaï de rappor- ; 
ter , n*anroit pas raffuré M. Racine Purr* 
après fa converfîon , & ne raffûrera Corneh^ 
jamais un Chrétien perfiiade que le LE * ^ 
Théâtre: n'a* été en aucun tems , & 1 
ne peut devenir une école de vertu. 

Ce que dit M. de Fôntenelle que f<wi 
oncle tu s 'était point trop endurci aux 
louanges ? Corneille Ta preuve lui- 
mêmepar celles qu'il fe donne dans 
fbn Excufc à Arijlc y oùil pailë ainfi : 

Nous nous aimons un peu t -c*cft notre foibîe à tous î <f urr; 
Le prix que nous valons, qurle fçait. mieux que ^ e Corn; a) # 

nous ï Mî ' 
Et puis fr modè en eft ,.& la Cour tfautoriie. 
Nous parlons de nous-même avec toute franebifr ,- 
Ita fauge humilité ne mec plus* en crédit* 
Jfc feai ce que je vaux, & croi ce qu'on 'm'en dit; 
Pour me faire admirer-, je ne fais* : point de liftie, 
JL'ai peu de voix pour moi, mais je les ai fans brigue 
Et mon ambition , pour faire plus de bruit , - 
Ke les va point quêter de rédu.t en réduit. 
Mon travail fans appui monte fur le Tnéatrcv 
Chacun en liberté l'y blâme,. ou l'idolâtre;; - 
Ca , fans que mes amis prêchent leurs fentimens ,« 
J'arrache quelquefois leurs apptâudi/Temens ; 

, content du fuccès que le mérite donne 
Far d'illuftres avis je n'éblouis perfbnne 
Je fatisfais cnfemble & peuple & counifans , 
El mes ver* en tous lieux font -mes feuls partifan* ^ 



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ry # BrBLIOT RE QUE 

Par leur feule bouté ma plume eft eûimée , 
Je ne dois qu'à moi feul toute ma renommé*, 
Et penfe toutefois n'avoir point de rival 

qui je fafle tort en le traitant d'égal , &c. 

Cette pièce fut faite vers l'an i6}6. 

On a encore plufieurs autres élo- 
ges de Pierre Cprnelfle; & j'en ai 
,tru un affez bien tourné par le fieur 
de la Fevrerie dans le tome 30» de 
l'Extraordinaire du Mercure Galant. 
M. Barafon Fa loué ainfi en vers t 

PoèTîcs de Corneille tout rempli d'un cfprir héroïque , 
ïârat. page A par .un noble effort- porté le Dramatique 
Plus loîti que n'avait fait toute l'antiquité r* 
Le Théâtre François fi grand, fi magnifique,* 
Lui doit fa régularité» 
Il a le génie admirable 
Pour traiter les grarfds fentimer» y 
Et dans cet Art incomparable 
Kul Auteur »*à reçu tant d'applaudifTemens. 
, Pour les Héros enfin c'efr un excelle nf Maître* 
Mais de l'homme fou vent il' outre le portrait > 
Il le peins' comme il devroit être, 
Et- non comme il eft en effet. 

Itlais tous ces Panégyriftes n'ont loué 
feûr Héros que comme grand Poète 
Dramatique^ ffc ont tous paffé foas 
filence fes autres poëfies , excepté 
M^de Fontenelle qui a même oublié 
de nommer la traduûion de l'Office 



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F R A N ç o r S E. r^y 



île la Vierge & des Hymnes de 
l'année , & qui ne dit qu'un mot de 



toute 



CORN£lL» 
LE. 



{es Poèfies diverfes. Celles-ci font ce- 
pendant en aflez grand nombre , & 
il y en a phifieurs dont Ta beatïté 
«ût fait une grande réputation à tout 
autre qu'à M. Corneille, Tels font 
tes poèmes compofés à la fbuange de 
Louis le Grand & de M. le Dauphin- 
depuis 1663 jufqu'èit 1680. Il me 
femble f dit l'Abbé Granet qui a re- 
cueilli ces Œuvres diverfes de Coi*- pré&cedt* 
neille , » qu'il feroit difficile de trou- œwretdm 
» ver des ouvrages de cette efpéce , 
»ok la louange foit maniée d'nntf 
y> manière plus noble & plus héroï^ 
» que.»Teïles font encore les traduc- 
tions de quelques poèmes Latins du 
Pere de fa Rue , Jefuite, & de M- 
de Santeul , qui font autant de Pané- 
gyriques de Louis XIV. 
- Des 1632 , Corneille avoit donné 
hîi-même à' la fuite de la Tragi-Co^ 
me die intitulée Clitandre^ des Milan*- 
gts poétiques. C'eft un petit recueil der 
Sonnets de Madrigaux , de Ghan-- 
fons, avec un Dialogue , & une Ode- 
galante; Il y a apparence que c r é~- 
toient les premiers eflais de fa mufe r . 
qu'il ne- laiffa imprimer y fi on l'es& 



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t6ô Bibliothèque 
gàgg croit r que pour céder à l'importunité 
Pierre dit Libraire qui les lui demandoit. 
Cornul- On y trouve des pîaifanteries d'un I 
W 1 ut - %°^ lt P eu délicat , & divers traits 
* d'une galanterie trop libre , mie M. 
FAbbé Granet a bien fait de luppri- 
mer dans fon édition des Œuvres di- 
verfes de notre Auteur. Il* en a éga- 
lement rejetfé quelques pièces du 
même caraftere , inférées dans le 
Recueil de Sercy . Pkr une* autre rai- 
fbn , it auroit peut-être pu. fe difpea* 
fer de faire réimprimer la traduâion 
de 50 des Pfeaumes de David , & 
des Cantiques des trois Enfans , de 
la fainte Vierge, de Zacharie & de 
Siméon , cette traduftion étant déjà 
dans M Office de la Vierge ,« dont j'ai 
parlé. Niais, il a bien fait de ne pas 
©mettre les Leuanges dt la' fainte. Vier- 
ge , compofées en rimes Latines , & 
imprimées parmi les (Euvres de S. 
Bon aventure , qu'on ne croit pas en 
être l'Auteur. Quoique cette traduc- 
tion de Corneille en vers François 
eût paru dès 165-5 ^ u*-n. ce petit 
volume ne le.trouvoitplus. On a en- 
core dans le même Recueil ce que 
fe Poëte avoit fait pour la Guirlande 
Julie ^ les* vers qji'il comgofa p t ar 



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_ Fr ah ç o I s e. . 161 
terdre de la Cour r pour êtrfc mis au 
bas de auèiques figures de Valdor^ P^rre^ 
qui reprefentent les plus célèbres ex- t £ RNE1L ~ M 
ploits de Louis XIIL quelques pié- 
ces qui n'étoicnt point encore con- 
nues y & toutes celles qu'on lifoit 
déjà dans les Epimcia Mu/arum à la 
louange du Cardinal de Richelieu > 
dans les poefiefc du Pere de la Rue , 
<lans celles de Santeul , &c. Il y a de 
plus quelques poëfies Latines ; cat 
M. Corneille faifoit auffi très-bitn 
des vers -Latins. C'eft en 1738 que 
l'Abbé Granet recueillit ces Œuvres 
diverfes, avec une Préface qui eû uti» 
le , & un écrit du feu Pere de Toutv 
nemioe , Jéfuite , qui a pour titre 9 
Définie 4u gpaad Corneille* Ce getit 
^crit avoit déjà pàru fans nom d'Au* 
leur dans les Mémoires de Trévoux 
du mois de Mai 1717 , fous le titre 
-de Défenfe du grand Corneille contre 
le Commentateur des œuvres diverfes de 
M. Boileau De/préaux. Mais il eft là 
moins ample d'un tiers que dans les 
Œuvres diverfes de Corneille. Dans 
l'édition de 1717 , le Pere de Tôur- 
- nemine s'arrête uniquement à l'Apo- 
logie de Corneille. Dans l'édition de 
-X73&, U prend déplus la défenfe ds 



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ht, 



161 Bibliothèque 
plufieurS Auteurs cenfurés par notre 
Pierre Satyrique François , & fe laiffe aller 
CORNE»- contre lur à bien des vivacités qui 
^ g n'ont pas été du goût de tous les 
Le&eurs. 

M. l'Abbé Granet auroitpu encore 
groffir fon Recueil , s 11 avoit voulu 
y faire entrer ce nombre de vers que 
M. Corneille * fui vant Pufage de fon 
feins , a adreffés à divers Poètes dra«* 
matiques , & à d'autres Auteurs , de- 
puis 1630 jufqu'en 1660 , & qui ont 
été imprimés au commencement de 
leurs ouvrages , dont ils contiennent 
Féloge. Mais ces vers faits ordinai- 
rement avec précipitation , lui dtst 
paru froids & peu intéreflans ^ & il 
n'a imprimé que deux ou trois pièces 
de ce genre, pourien faire connoître 
le caraôere. S'il n*a pas remplace 
cette omiflîon par la traduftion des 
deux premiers Livres de la Thébaïde 
de Stace , que Corneille avoit faite 
auffi en vers , j'en ai dit la raifon ail- 
leurs ; c'eft que jufqu'à préfent on ne 
connoît perfonne qui ait pu recouvrer 
un exemplaire de cette traduâion. 
^eciwpeUu On VOït P ar * es Lettres manufcri- 
^0 juillet 8t tes de Chapelain , que M. Corneille 
du^j Août ayQit f ^ t en Utin rEpitaphe ^ 



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Françoise. i6y 
Jt. P. Dom Jean Goulu , Religieux 
Feuillant T mort en 1629, qu'il eit fit 
confidence à Chapelain , fon ami 9 Corneil* - 
& que Balzac , qui en ignoroit l'Au- " lé g^ 
teur y fit des vers Latins contre cette 
Epitaphe. Je ne fçai pas fi c'eft celle 
qu'on lit aux Feuillans , & que M,. 
Piganiol de Ta Force a fait imprimer 
dans fa Defcriptiox de Paris. Chape- Defcrjpt.dr 
lain confeille à M. Corneille de ne * 
point fe plaindre des vers de Balzac r 
de peur de rompre avec lui une ami- 
tié dont Piin & l'autre fe faifoient 
honneur. Ces Lettres de Chapelain , Lettrerifc 
de même que quelques autres, mon- f^JJ' Acjfr 
trent auffi que Corneille fréquentait 1643 » & du 
fouvent M. le Chancelier Seguier,. 8No *'**s*- 
& l'Hôtel de Rambouillet » & qu'il 
y lifoit fes- pièces dramatiques avant 
de les livrer au Théâtre; Il les com^ 
muniquoit «rafli à une Madame dtr 
Pont, fémmed'un Maîtredes Comp- 



fong-tems avant fon mariage , dans 
îe .tems que lui-même étudioit chez 
les Jéfuites , & pour qui il avoit com- 
pofé un nombre de pièces galantes 
qu'il n'a jamais voulu rendre publi- 
ques , quelques* inftances que lut 
ayent fait fes amis ; qu'il brûla même 



tes. de Rouen 




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l64 BlÉLIOTrtEQ UE 

environ deux ans avant fa mortl Où 
Piirre dit que cette Dame avoit beaucoup 
corneil- apprit, & quelle critrquoit fort ju : 
1684* dicïeufement ce que notre Poète lui 
montroit y enforte que Corneille a 
dit pliifieurs fois r qull lui étoit re- 
devable de j>Iufieurs endroits de fes 
premières pièces. C'eft de cette Da- 
me dont il parte dans fon Excuft â 
Ariftt , où il convient qu'il avok 
pour elle un amour tendre & vit 
qu'il avoit îong-tems confervé. Il 
fe voyoit fou vent forfquil étoit à 
Rouen ; & lorfqu'il ne pût plus l'ai- 
mer légitimement, il dit qu'il n'aima 
• plus du tout, 

Après beaucoup de vœux & de fournirons » * 
Vn malheur rompt le cours de nos affe&iont , 
Mais toute mon amour en elle confommèe , 
Je ne vois rien d*aimafele après ravoir aimée: 
' Auifi iTaimai-je plus , & nul objet vainqueur 
»*a polfédé depuis ma veine ni» mon cœur. 

; ANNE DE LA VIGNE. 

Anne de * 

ia Vign*. La Normandie , qui a eu ht gloire 
1*84. de produire le grand Corneille, & 
qui a* toujours été fi féconde en gens 
de mérite , a auffi donné k naiffançe 



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Françoise. 165 

Mademoifelle Anne delà Fient 9 n _ 
>nnue par la délicateffe de Ion ef- Anne di 
it , & par fes poëfies Françoifes. LA Vig »ê- 
.le étoit née à Vernon , petite Ville 1 ** 4 * 
j cette Province. Son pere , Michel . s *w {é >*:' 

k TT . . . . r , / A de Mot. 6é 

Vigne , qui etoit de la même i 7J5 . 

illë , fut un célèbre Dofteur çn 

médecine , & fe diftingua auffi par 

m éloquence. Il difoit plaifamment, JJp* MarT * 

wr marquer la différence qu il y P . 97 . 

mit entre fa fille & fon fils 9 homme 

'un efprit un peu borné : Quand* fai pj^? u ™' 

lit ma fille , je penfois faire mon fils ; page 

: ' quand j'ai fait mon fils^je penfois faire 

a fille. Ce fils époufa Madame de N <>*- i* 

. Vigne Villedo , dont il eft fait men- Bai\u°u ^ 

on parmi les Dames devenues illuf- P» 458. 

es par leur érudition. 

Pour Mademoifelle de la Vigne f 

lie demeura dans le célibat ; & par 

m application continuelle aux feien* 

, & principalement à la poëfie , 

!c devint Tune des plus fça vantes 

^ des plus foiritu elles filles de l'Eu* 

*>pe. Dès fon enfance elle faifoit fi 

fément des vers qu'il fembloit qu'el- 

étoit alaitée par les Mufes. Elle 

l'avoit pas moins de goût pour la 

^hilofophie , furtout pour celle de 

Oefcartes , comme on le voit par la 



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t*66 Bibliothèque 
— — pièce intitulée l'Ombre de Défiants^ 

A^ViGN DE ^ ue * a n ^ ce ^ e ce g ranc * Philofophc 
* k xil^ lui adreffa^ & dans laquelle elie fait 
verschJuîs ainfi parler fon pncje ; 

Au P.:fiouh. 

f. a 5 & fui?, Mcrve i lle <j c jour* , jeune &l>cllc Héroïne, 
Qui fous les doux appas d'une beauté divine 4 
Cachez tant de vertu , d'efprit & de fçavoir ; 
Ne vous étonnez pas qu'un mort vom vienne voir*. 
Je n'ai pu vous entendre eftimerrnes ouvrages , 
Et vous voir chaque jour en feuilleter les pages, 
■Sans (entir en mon cœur tout ce qu'on peut 
•fentir, &c. 

Mademoifelle de la Vigne répon- 
dit à ces vers par d'autres auffi dé- 
licats , & dans lefquels elle ne mon- 
tre pas moins de modeftie gue de 
iw.f,-s9 fïnefle d'efprit. Son Ode intitulée, 
le fuiv. Monfeigneur U Dauphin au Re,i 9 eft une 
*bid. p. 41» pièce admirable. L'Auteur en reçut 
iine jufte récompense , & d'une ma- 
piére également galante & gracieufe. 
Peu de tems après que cette Ode eut 
été répandue ^ un inconnu lui e^ 
yoya une petite boëte de coco , dm 
étoit une lyre d'or émaillée , avec 
des vers intitulés , Ode à Climent , 
où parlant à Mademoifelle de la 
Vigne , le Poëte inconnu dit entre 
autres : 



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Françoise 167 

Tes vers oqt qe tour .augufte 

ANNE 1) S 

Ce tour qu'il faut pour les Rois, lA y 1GNJL 

Si beau, iî grand, & fi jufte. 

Ainû chantoit autrefois 

Celui qui -chanta d'Augufte 

Les vertus & les exploits,. 

Tel en les voyant paroître t 

Crut voir fc^alh^be renaître. 

ReçoJ donc , be^Wéroïne , 
Vnc Lyre qu'Apollon 
Pour xe deiTcin te deftine. 
Souvent Ton illuftre Ton 
A fous une main divine 
Changé le facré Vallon î 
Trop beureufe qu'elle obtienne 
De redonner fous la tienne. 



Mademdfelle de la Vigne répon- ïht pt 0i 
dit à cette Ode par de fort belles îo# 5*>îjI 
Stances , & un Madrigal ingénieux 
à Madpmoifelle Dupré. Toutes ces 
pièces , de même que le Madrigal de 
Mademoifelle de Scudery # Climtnt , 
& une Réponfe auffi en vers de Ma- 
demoifelle Dupré , font rafTemblées 
dans les Vtrs choifis du P. Bouhours* 
Il y eut encore quelques autres piè- 
ces faites à la même occafion , qu'on 
trouve réunies dans un petit volume 



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*l6i BlBtïOTHIQÎJE 

in-8°. imprimé à Paris en 1673. 
Î N Vign! L'excellente Ode de Mademoifelle 
lA J GNE ^ de la Vigne à Mademoifelle de Scude- 



n'a pas mérité de moindres louan- 
ges. M. Péfiffpn la fit imprimer , 
avec la Réponfe jkJMademoifelle 
de Scudery 9 à la fi^p de fon Hiûoi- 
re de l'Académie Fraaçoife f de l'édi- 
tion de 1671. On connoît encore de 
Mademoifelle de la Vigne , des Stan- 
ces fort eftimées , qu elle adreffa à 
M. le Dauphin , & une Réponfe à 

Ver &œu ir ' unt ^ t ^ atl0H 0 l*éaure monde que M. 
iSePaviiLéd' Pavillon lui avoit envoyée. Cette 



me. Trop d'application caufa beau- 
coup d'infirmités à Mademoifelle de 
la Vigne. Sur la fin de fes jours elle 
fiit même attatjuée de la pierre , & 
mourut à Paris à la fleur de fon 
âge, en L'Académie des Rico- 
vratide Padoue l'a voit reçue dansfon 
iein. Elle a voitfait,peu de^tems ayant 
fa mort , -ces vers témoinsde & piété. 

Vaine beauté , que ? oulez-vous 4e moi ? 
Quels font vos droit* , Iris, pour engager ma foi » 



3 y , pour la congratuler fur le prix 
'éloquence qu'elle remporta au ju- 
gement de rAcadémie Françoife, 




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Ah ! fur mon cœur ce fiez de rien précendre ; 
Ceflcz de le faire fouffrir : 



Anne dî 

LA VIGNE» 

Le Ciel ne l'a pas fait fi fenfiblc À û tendre-» 1 6 8 4, 

Pour aimer ce qui doit périr. ^ 

Ces vers avoient été précédés d'utt 
Sonnet , intitulé , la Pajfion vaincue , 
qu'on lit auifi dans les Vers choifis du 
Pere Bouhours, fans nom d'Auteur, 
mais que M. Le Fort de la Moriniere 
dônne fous le nom de Mademoifelle 
de la Vigne dans le tome deuxième * 
de fa Bibliothèque Poétique. 

JACQUES CAREL DE SAINTE- — — 

GARDE. Jacques 

Carel de 

Jacques Carel , Sieur de Sainte- s A 1 N r £ - 
Garde , a compofé.plus de vers que G *£jj^* # 
Mademoifelle de la Vigne , mais il 
a donné moin3 de poëhes. Son Poè- 
me héroïque , intitulé Childébrand , 
ou les Sarrajlns chaffes de France , n'a 
à la vérité que quatre chants ou li- 
vres , mais il devoit en avoir feize ; 
& ce^'elique le mauvais accueil, 
fans doute , que i'on a fait aux qua- 
tre premiers, qui a empêché l'Auteur 
de mettre le relie au jour. On fçait, 
ce qu'eadit M. Defpréaux, qui dans 
Tome XVIII. H 



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170 Bibliothèque 
fon Epître neuvième le met ni de- 
Jacques veau avec le Jonas de Jacques de 
Sainte* Coras > & qui en blâme jufqu'au nom 
Garde. d^rHéros dans le troifiéme chant de 
2 6 84. fon Art poétique : 

La fable offre à fefprit mille agrémens divers . 
Là tous les noms heureux femWent nés pour Jes vers* 
- Ulyfle, Agamemnôn , Orefte, Jdoménée » 
Hélène » Ménélas , Pâris , Heftor , Enée. 
O le planant projet «"un Poèjce ignorant , 
Qui de tant de Héros va choifir Childcbrand 1 . 
f D*un feul nom quelquefois le fon dur & bizarre 

Rend un poëme entier , ou burlcfque ou bizarre» 

Le nom de Childtbmnd n'efi 
cependant inconnu .dans notre 
toire. De Serres, Dupleix, Mezerai 
diient xp'il fut envoyé par Châties 
Martel , fon frère , au-devant des^ar* 
rafins qui ravageaient la Guienne > 
& qu'il contribua beaucoup à leur 
défaite. On pourroit dire auffî , à 
Toccafion des deux derniers vers de 
M. Defpréaux , que ce feroit poufler 
un peu loin la délicatefTe , que de 
rebuter un poëme qui feroit bon 
d'ailleurs , par la feule raifon qu'il 
s'y trouveroit quelques noms pn** 
Dr^s, dont le fon ne feroitpa^agréa* 
î>Ie. Mais ce n'eft pas aum parxettç 



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f r a n ç o:t s 171 
raifon que le poème de Childtbrànd — ■ — jg - 
a déplu , c'eîft par le fond même du Jacques 
poëme & par la verfifîcation. Uue Car **- 
preuve ^ ce femble , de cette vérité , ^ A 1 N T E 
que le fieur de Sainte -Garde iti^. 
ayant fait réimprimer fon poëme en 
1668 , & y ayant ûibHàtoé le nom 
de Chartes Martel â celui de Childe- 
bretnd , ce poëme n'én fut pas plus 
applaudi, & que depuis long-téms 
perfonne ne s'avife de le lire. 

Quelques années après cette nou- 
velle édition , le fieur de Sainte-Gar- 
xle fe voyant raillé fur le choix & 
fur le nom de fon Héros , publia , 

Î>our fe venger , un petit écrit fous 
e titre de Defenfe des beaux efprits de 
ce tems contre un fatiriqut r & fous le 
nom de Lerac qui e# ramagfamme de 
Carel. Mais ce petit écrit qui parut 
en 1675 * & ? ue l'Auteur dédia à 
MM. de l'Académie Françoife , n« 
le réconcilia pas avec le Public. On 
blâma les injures groffiéres que le 
Poëte y dit à M. Defpréaux , & on 
rit des efforts. ..qu'il y faifoit pour l 
juilifier fon choix par la conformité ^ 
qu'il trouvoit entre le nom de Ckit» 
debrandtk celui à' Achille 

M. Charpentier dit dans le Car* 
Hij 



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rji Bibliothèque 
— — pentariana , p. 460 & 46 1 , que Saintc- 
Jacqvls Garde lui écrivit une Lettre aufujet 
arel di j c cc poë m e , où il lui avouoit que 
ard"" * es Libraires craignoient fi fort de 
Texpofer en vente, qu'il fembloit 
-qu'on le leur eût défendu ; » Voilà., 
» ajoûte-t-U , un aveu bien fincérc 
-» de la part d'un Auteur : mais , con- 
< » tinue-t-il , il ne me parle pas tou- 
» jours fur ce ton-là dans fa lettre. 
» Si notre langue , m'ajoûte-t-il , it* 
» voit être auffi durable que la Grecque , 
» ou que la Latine 9 /ejpererois le dejiin 
m de Menandre. Vous fçave[ quon m 
» reconnut qu après fa mort ce que var 
loient fes ouvrages v » Voici , dit en- 
» core fur cela M. Charpentier , un 
» retour de tendrefle d'Auteur pour 
» fa produ&ion. Je ne crois pas c&- 
♦> pendant , conclud-il , que perfon- 
» ne reconnoifle à préfent dans le 
» poëme de Childebrand , rien qui 
» puiffe faire regretter fon Auteur. » 

Le fieur de Sainte-Çarde étoit de 
Rouen, Prêtre & Prédicateur. Dans 
le privilège qu'il obtint pour l'ini- 
preffion de fon poëme , & qui e& 
•daté du mois d'Oâobre 1666 , il 
ajoute à fes qualités celle de Con-r 
feiller & Aumônier du RoL On voit 



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F R A N Ç O I S E. 



par les lettres manufcrites de Cha- — — 
pelain > qu'il accompagna en Efpa- J AC Qui 
gne George d'Aubuffon de la Feuil- < ** E „V! 
lade , alors Archevêque d Embrun , g a r d e, 
& depuis Evêque de Metz; lbrfque 1**44 
ce Prélat fut envoyé en ce Royau- 
me Pan 1661 en qualité d*Ambaffa-' 
deur extraordinaire ; & que ce fut à 
Madrid qu'il compofa fon Poëme. 
J'apprends des mêmes Lettres que M. 
de Sainte- Garde étoit ennemi , de' 
même- que Chapelain , de la Philo- 
fophie de Defcartes, que l'un & l'au- 
tre trouvoient plus luifante que foMe\ 



doârine de ce Philofophe , princi- 
palement contre fon fyftême du mona- 
de , des Lettres que M. l'Abbé de la • N 
Chambre fit imprimer à Paris- ew 
t66 j y & dont Chapelain fait un très- 
grand éloge : Que fon goût pour la 
Philofophie, & fon oppofition à cel- 
le de Defcartes , lui firent entrepren- 
dre encore Un Dialogue Latin,, où il 
traitoit des idées & des principes de* 
chofes j & que ce Dklogue s'eft per- 
du entre les njaûis d'un Monfieur de 
Gueudreville à qui l'Auteur Tavoit 
confié. Au refte les Lettres que Cha- 
pelain écrivit à M. de Sainte-Garde y 




le premier compofa contre la 



Hiij 



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. 174 B I B L I O T h é: q V Ê 
à Madrid , au nombre de 14 , deputf 

•«2m le 16 Fëvrkr 1662 i 0 *! 11 '» i<J Nd- 
aihte- vembre 166 y , font ttès-curieufes â 



1*84.. porte de beaucoup d'Auteurs Espa- 
gnols > furtout des Poètes de cette 
nation 9 & de plufiettrs queffcons phi- 
lofophiques qu'il y agite* M* de Sain- 
te-Garde fçavoit parfaitement la mê- 
me langue , & l'écrivoit purement. 
Il revint en France au commence- 
ment de 1666 , & l'on croit qu'il eft 
mort en 1684. H avo *t donné en 
2671 un petit poëme intitulé : Louis 
XI F. le plus noble d$ tous les Rois par 
fis Ancêtres : le plus J agi de .tous les £0- 
tentats par fa conduite : le plus admh> 
rable de tous Us Conquérons par /es vic- 
toires: c'eft un in*4°. de 16 pages* 
Je crois que foi* dernier ouvfâge eiî 
celui qui parut en 1676 fous le titre 
de Réflexions Académiques fur les Ùra* 
teurs & fur Us Poètes. C'eft un petit 
ih-ïi. dëdié à M. du Bois , Seigneur 
de fiaillet , Avocat Général en la Cour 
des Aydes y chez qui l'Auteur alloit 
pafleï quelquefois le tems des va* 
cances; & c'efl un fruit des en- 
tretiens qu'il a voit avec ce Magiftrat. 
Il contient une comparaifon du %le 




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Françoise* 17$ 

8e Cicer on avec celui de Sénéque 5 iaaM> — > — * 
une traduôion du traité de Séneque J AC <^* 
i/e la Providence , avec des qbferva- $ **^ L t *! 
fions; là Défenfe d'Homère & de Vir- G * X R D 
gîle ; & des Réflexions furla rer/fyïc& 1684/ 

Françoife propre au Poème héroïque* 
Cet ou vf âge prouve que l'Auteur 
fçavoit la langue Grecqué , Se qu'il 
avoit bien étudié Homère , quoiqu'il 
en eût fi mal profité. 

BALTHASAR JtUIN. —— 

Baltma-* 

Sans la Bibliothèque Lorraine du « A * Hom. 
R. P. Dom Auguftin Calmet , je n'au- x***^ 
rois eu aucune connoiflfgce d'ua au- ion. in-foir. 
tre Poëte qui mourut atrai en 1684. fc f fl9 * * 
Ce Poëte eft Balthafar J5fcw, Con- * 
fciller à la Cour Souveraine de Lon 
raine & Barrois 9 & Intendant de la 
Duchefle Marie-Louife d'Apremont, 
féconde femme de Charles IV. 11 
, naquit à Nancy le 9 Février i6zj , 
& mourut à Bruxelles le ii Juin 
16S4. Il étoit fils de Nicolas Huin > 
Concilier d'Etat , & Préfident dn 
Confeil de l'Hôtel de Ville à Nancy. 

Balthafar cultiva la poëfie $ pour 
laquelle cependant il n'avoit qu'un 
talent très-médiocre* L'Ode furtout 

Hiv 



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* 17$ Bibliothèque 

— n'étoit pas foa fait , fi Ton en juge 

Ba ÎT ha " P ar ce ^ e °^ ^ célèbre le retour de 
Charles IV, dans fes Etats , & que 
Dom Calmet a faif imprimer dans 
la Bibliothèque citée. Je. n'ai point 
vu les autres pièces en vers que le 
même Poëte a laiffées fur la vi&oire 
remportée à Nortlingue par le même 
Duc, Charles IV. fur celle de Poli- 
gny , la retraite de Cernay , le 
fecours de Cambray , la fortie de 
Nancy du Duc Nicolas-François 
& de la Princeffe Claude fon époufe. 
Il paroît par une Ode en vers alcaï- 
ques , rapportée aufli^ar Dom Cal- 
met , que M. Huin faifoit mieux des 
vers LatinfSjue des vers François ; 
& ceux qui ont étudié la politique 
difent qu'il avoit encore plus de dif- 
pofitions pour cette fcience que pour , 
la poëfie. Il en a donné , dit-on , des 
.preuves- dans fes Mémoires fur les pro- 
portions de la France pour la rejlitution 
de la Lorraine , dans ceux qu'il a écrits 
fur t alternative des propojitions de la 
France fur t option faite par M. Canon 
le 31 Octobre 1678, & fur une autrt 
•ption faite par le même du 4 Novem- 
bre de la mime année : enfin dans un 
Ecrit intitulé 9 Nullité du Traité fait, à 



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Françoise. 177 

Paris en 1662 , par feu fort ÀtteJJe de 
Lorraine. M. Hiiin étoit frère de Jean- Baltha- 
JofephHuin/qui^ftdiftingué par iA j/J 01 *' 
fa valeur 9 & qui fut créé par l'Em- 
pereur en 1707 Feld-Maréchal de 
toutes fes Armées & Confeiller de* 
guerre. 

DOM LOUIS-GABRIEL BROSSE. 1 

D. Louis- 
Deux, autres Bibliothécaires Bé- Gabriel 
nédiâins , Dom Bernard & Dom B "/£. 
le Cerf de la Vieville > font pareille- 
ment mention d'un Poëte contem- 
porain de M. Huin , d'ailleurs aflfez 
peu connu* C'eft de Dom Louis-Ga^ 
briel Brojjfe né à Auxerre en 1619,, 
qui prit 1 habit Religieux dans l'Ab- 
baye de la Sainte Trinité de Vendo-* BMoth.' 
me , Ordre de Saint Benoît , de la * 
Congrégation de Saint Maur, & y Bibiiot. des 
fitprofeffion lç 3.9 de Mars de l'ai* 
1637 , âgé de 18 ans. Ce Religieux s. Maur, 
aimoit l'entretien des Mufes fit **• ' 
fes efforts pour leur plaire ; mais il 
n'aima que celles qui étaient chaftes ; 
& comme la piété étoit l'amfede tou- 
tes fes occupations , il n'a travaillé 
que fur des fujets convenables à font 
état & conformes à fes fentimens. * 

H. T v 



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Je n'ai vu de fes poëfies que la vît 
G À \°Ri S ' de tri$mlllu fi n V jj& 1 & Martyre fainte 
Bros$i I1L Marguerite * nouwkement mïfe en yen 
itl y François : avec les riches Anagrammes 
tirées du nom de la Reine , fans chan- 
gement d'aucune lettre, fuivies de Son* 
nets 9 & d'une Ode Royale furcesAna* 
grammes. Ce petit volume , dédié à 
la Reine > eft de 1669. Mais Dom 
Broffe dit qu'il Favoit tiré du Para- 
dis facri des Mufes faintes , autre ou- 
Trage en vers , qu'il avoit pareille- 
ment compofé. Dont Le Cerf ne par- 
lé point de ce Recueil. Mais il cite la 
vie de fainte Marguerite ; des Hym- 
nes fur différens fujets, imprimés en 
1650 ; les Tombeaux & Maufolées 
des Rois inhumés dans PEglife de 
Saint Denys 9 depuis le Roi Dago- 
bert jufqu*à Louis XIII. Avec im 
àbrégé des chofes les plus notables* 
arrivées pendant leur règne, volume 
ih-8°. qui parut en 1 6 5 6 ; & le Triom- 
phe de la Grâce fur la nature en la 
vie de fainte Eufrofine , Vierge , & 
Patrône de PAbbaye de faint Jean 
de Reaulieu-lez^Compiégne. C'efturt 
Jn-4°. imprimé en 1671. Tous ces 
ouvrages font en vers Frârtçois. Donl 
JBroflfc avoit déjà donné ctt profe la 



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» 



vie de fainte Euphrofine , en 1649. 

Ce Bénédiâin eit mort en l'Abbaye D. Louis-: 
« _ . — — - Gabriel 




point 

dans fa Table des Auteurs EccUJîafti* 
ques , ni M. l'Abbé Lebeuf dans le 
îome deuxième de fes Mémoires pour 
ftrvir à tHifioire EccUJîafiique & Civile 
efAuxerre. M, Papillon dans fa Biblio- Bibiîoth. 
ihique des Auteurs de Bourgogne , s'eil dc Bourg, p. 
contenté de copier Dom le Cerf. 

JEAN DE MAYRET. ■ 

Jf AN DE 

Je ne ferai prefque que copier à M */g£ T " 
mon tour THiftoire du Théâtre Fran- 
çois dans une partie de ce que je 
vais dire de Jean de Mayreu La rai- 
fon de ce choix , c'eft qu£ les Au* 
teurs de cette Hiftoire ne parlent én 
eux-mêmes que d'après un Mémoire p . ' |£. tf * 
envoyé de Befançon jparM. de May- fr*v. 
*et , Seigneur de Romain , & neveu 
du Poëte. J'ajouterai cependant ce 
que celui-ci dit de lui-même dans les 
préfaces dé fes pièces de Théâtre > 
dans fes Epîtres dédicatoires , & dans 
les pdëfies diveffes. 

Jean de Mayret tire fon origine 
Hvj 



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1 8o Bibliothèque 
— — d'une ancienne famille noble, éta« 
Jean de klie dans la ville d'Ormond , en 
Mayret. Weftphalie , & qui eft une des dé- 
i6%6. pendances de TEleâorat de Cologne. 
La Religion Proteftante s'étant in- 
troduite dans le pays , Gabriel May* 
ret ,. bifayeul de notre Auteur , qui 
étoit avec raifon attaché à celle de 
fes ancêtres , & qui craignôit la fér 
duftion ou la violence , abandonna 
fa patrie & fes biens , & fe retira à 
Befançon , avec Jean de Mayret foa 
fils unique, cjui fut obligé de fe met- 
tre dans le négoce pour fubfifter. Ce 
Jean de Mayret mourut le 11 No- 
vembre , laiuant entr'autres enfans 
un fils de même nom & furnom que 
lui, qui avoit époufé Marie Clerget, 
Demoifelle de Troyes en Champa- 
gne , &*qui eut pour fils celui dont 
il eft ici queftion. 

Prefque tous ceux qui ont cru parler 
avec exaôitude de Jean de Mayret , 
le font naître en 1610 , fondés iïir ce 
que dans fon Epître dédicatoire des 
Galanteries du Due d'OJJonc , Cornér 
die, qui eft datée dii4Janvier 1636, 
il dit » qu'il a commencé de fi bonne 
» heure à faire parler de lui , qu'à fa 
>> vingt-fixiéme année , il fe trouvoit 



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Françoise. iSi 
h le plus ancien de tous les Poètes — w 
» dramatiques alors vivans , » d'où Jean db^ 
l'on a conclud. qvi'il avoit vingt-fix Mayret^ 
ans lorfqu'il parloit ainfi en 1636, lét *? 
& que conféquemment il étoit né en 
1610. Mais ielon le Mémoire de fâ 
famille , envoyé de Befançon , il étoit 
né le 4 Janvier 1604, Il commença 
fes études dans le lieu.de fa naiffan- 
ce ; mais la pefte y ayant enlevé fon 
pere &_fa mere , il fut obligé de ve- 
nir à Paris , & de les continuer air 
Collège des Graflihs , d'où la conta- 
gion qui fe fit pareillement fentir 
dans cette. ville,. & q\û obligea de 
fermer les Collèges pour un tems , lè 
contraignit encore de fortir. 

On dit dans le Mémoire cité que 
Mairet profita de ces vacances for- 
cées pour aller à Fontainebleau où 
la Gour étoit alors , & .que ce fut 
dès ce tems-là qu'il trouva accès au- 
près du Duc de Montmorenci , grand 
Amiral de France , & Gouverneur dû 
Languedoc. Màiret arrange autre* 
ment les faits , & félon ce qu'il rap- 
porte , il. dormoi t. encore dans la pouf- Ep. dédiW 
Jiere &C obfçuritédes écoles, lors qu'éveil- ^ d ^qY 
lé par le bruit que commençoit à faire fon C " C 
par fcs Roëfies Antoine Brun , qui a 



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r#i Bibliothèque 
été depuis Procureur Général au Par- 
Jean di lement de Dole , l'audacieux dtfir <U 
MM** P orur f es P** f ur Jiens 9 lui perfuadar 
de changer , comme il fit , tait de Befan* 
çon à celui de Paris , a l'âge dcjeiçe 
ans , par conféquent en 1620, tems 
auquel il donna fa première pièce , 
la Tragi-Comédie de Chriféidc & 
tfArimond. Il ajoute : » Ce fut-là , 
» c'eft-à-dire à Paris , où prefque en 
» arrivant , je rencontrai par une 
» heureufe témérité , la proteôion & 
» la bienveillance du plus grand , du 
» plus magnifique , & du plus glo- 
» rieux de tous les hommes de 
» condition , que la France ait ja- 
» mais porté , fi nous en ôtons les 
» trois derniers mois de fa vïe, avec 
» laquelle toutes mes efpérances ent 
# fait naufrage. 

Ce Seigneur , dont il fait un fi bel 
éloge , étoit Henri II, du nom , Duc 
de Montmorenci , qui fut décapité 
dans l'Hôtel de Ville de Touloufe 
le 30 Oâobre 163 2. Mayret plut en 
effet à ce Duc; & celui-ci voulut 
qu'il l'accompagnât dans fon expé- 
dition contre M. le Duc de Soubife 3 
chef du parti Huguenot , lequel pro- 
fitant de la révolte de la Rochelle $ 



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Françoise. ifj 
fenôit la mer & les ifles de Ré & — 
d'Oleron. Mairet, quoique fort jeu- * EAN D * 
ne , fît cette campagne , en qualité Ma ™ 
de Volontaire , & s'y dïffingua dans # 
deux batailles , qui furent données 
dans Fefpace de douze jours, l'une^ 
fur mer^ & l'autre fur terre. M. de 
Montmorenci , à qui la .viâoire de- 
meura , témoin de fa valeur, voulut 
fe l'attacher plus intimement, & dans 
cette vue, il le mit au nombre desj- 
Gentilshommes de fa Maifon , avec 
une penfion de i yoo livres , & bou- 
che à Cour. » Ma Mufe au berceau, 
» difbit Mayret en 1636 , reçut de 
» ce Seigneur plus d'affiftance & de 
» bienfaits dans la foibleffe de fort 
» enfance , qu'elle n'ôfe efpérer dé- 
» formais de tous le$ autres dans la 
» vigueur de fon adolefcence. Il efl 
» vrai , ajôute-t-il, parlant de lui & 
» des autres Poëtes fes contempo- 
h raîns , » qu'on nous fait au Louvre 
» des facrifices de louanges & de fu- 
mées , comme fi nous étions les 
» dieux de l'antiquité les plus déli- 
» cats , ôîi nous aurions beloin qu'on 
» nous traitât plus grofliérement , & , 
» qu'on nous offrît plutôt de bonnes 
» hécatombes de roiffy, avec une 



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184 Bibliothèque 
_____ » large efïufiôn de vin d'Arbois-, de- 
Jean de » Beaune , & de Coindrieux. On nous 
KIayrlt. » am ufe encore d'une certaine cou- 
» ronne de laurier , qui ne pourroit 
» nous fervir tout au plus , quand 
» elle feroit efFeûive 9 ... qu'à Ia_ dé- 
» coration d'un Jambon de Mayence 
» en un feftin. C'eft en cette matié- 
» re , comme en toute autre , que no- 
» tre Martial François , lé Préfident 
m Maynard, a fencontré , ce me fein- 
» ble 9 fort plaifamment , quand il a 
» dit aux Mufes , pariant du Po'êu 
» croti de notre gros ami- Sainte 
» Amant? , 

Traitez-lé plus utilement; 

Le Laurier n'eft pas une étoffe 

Dont il veuille un habillement. 

Il convient cependant que M. leDue 
de Longue ville ne fe contentôit pas 
d'honorer lés gens dè lettres , & fur- 
tout lès Pôëtes , mais qu'il étôit auflî 
attentif à pourvoir à leurs befoins ; 
St il paroît qu'en effet Mairet en re- 
çut plufieurs gratifications. Il met en- 
core M. le Comte de Belin au nom- 
rp.^éaicit. jj re de fès bienfaiteurs, & il dit qu'il 
1C lûi fut attaché durant fix années 



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FRANÇOISE.. 1-8^ 
c'eft-rà-dire jufqu'à la mort de ce ~ 
Comte y que je mets au mois de No- m ^ret DE 
vembre 1638 , puifque Chapelain .^g"* 
dans une de fes lettres du 17 No- Lett. mf. de- 
vembre de cette année , tâche de le cha P cUin - 
confoler fur la perte qu'il venoit d'en 
faire. Mairet fuivoit le Comte au 
Mans v & dans lèsdiverfes terres qu'il 
poiTédoît , & que notre Pbëte nom- 
me autant de Parnajfes. » Ce fut là 
» dit.il , que je compofai en différens, 
» tems r le Duc d?O.J[one,U Virginie, 
» la SophonisU , la Cléopâtre , le Soly- 
» man,\e Cor/aire illujire,& le Roland.. 
Il avok dit ailleurs : » Je compofai 
» ma Chriféide' à feize ans , au fortir 
.» de Philofophie ; la Silvie fuivit un 
» an après : je fis la Siivanire à vingt* 
» un an , le Duc d'Offone à vingt- 
» trois, la Virginie à vingt-quatre ^ 
» Sophoniffie à vingt-cinq , Marc-An- 
^ » toine , & Soljman , à vinzt-fnt, ... 
» pendant que je m'iniljuifois à FHô- 
» tel du grand Henri de Montmoren- 
» ci , & dans la maifon du fëu Comte 
» de Belin , à la pratique dû monde 
» de la bienféance & de l'honneur,... 
» Chez celui-ci , dit-il encore , je 
h mené une vie dont le repos n'effc 
» troublé que par- le fou venir d'unes 



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î86 BlfirLlOtMÉQtÊ 

» maîtrefle : & depuis SUvartite , que 

Jean di w j e compofai fous les ombrages de 
May £ t - » Chantilly , je dois le refte de mes 
* ' » derniers ouvrages au foin <jue M. 
» de Belin a pris de me folliciter de 
» les faire. 

Son fejour au Mans lui procura la 
connôiflancedc Charles de Ëeaûma- 
noir Evêqtie de cette Ville, qu'il eut 
foin de cultiver, & après la mort du 
Comte de Belin , il paffa encore Qua- 
tre ou cinq mois chez Emeric-Marc 
de la Ferté , qui avoit fuccédé à Mr 
de Beaumanoir mort le ix Novenv- 
Bre 1637. Chapelain lui écrivit plu- 
fieurs lettres dans cet intervalle. 
Dans une du 15 Décembre de ladite 
année 1637, il lui mande qu'il avojt 
tt~?> pot? hn d» Cardinal de ftkH** 
lieu une gratification de 600 livres, 
que lui & l'Abbé de Boifrobert lui 
avoient fait obtenir. Le Cardinal fît 
cruelaue chofe de plus , il le grati- 
fca d\me penfion de mille livres , 
apparemment à la follicitation de 
la Ducheffe d'Aiguillon , puifque 
dans un Sonnet adretfé à cette Da- 
me , & qu'on lit après l'Epître dé- 
dicatoire de VlUuJirc Corfairc , il lui 
dit i 



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Françoise. 187 

C % cft par votre faveur que l'invincible Armand , 
| iVttn regard tout enfembk & propice & cÀannant , 
A relevé fefpoir de ma bonne fortune. 

Il eft vrai qu'il n'en jouit pas long- 
teins. Mais la mort de ce Mmiftre ne 
dérangea point fa fortune ; M. le 
Comte de Soiffons & le Cardinal de 
la Valette l'en dédommagèrent pen- 
dant leur vie. Marie-Félice des Ur- 
Ans 9 veuve de Henri IL Duc de 
Montmorenci , & plufieurs autres 
personnes de confidération , s'em- 
preflerent aufli de lui faire du bien. 

Le (leur de Mayret s'étoit marié en 
1648 à Paris avec Jeanne de Cor* 
douan , dfte de Courton , d'une an- 
cienne Maifon du bas Maine , & il 
fc retira «*yw elle à Befançoû . oit 
elle mourut fans poftéritéle 21 Jan- 
vier 1658. Ilavoit déjà renoncé au 
iThéâtre , & même depuis long-tems r 
fa Sidonu 9 Tragi-Comédie héroïque^ 
Ta dernière de fes pièces , étant de 
1637, Mais il n'avoît point négligé 
les liaifons & les connbiffances qu'il 



fit que depuis fon mariage , il fiit 
chargé deux fois de ménager une fuf- 
penfion d'armes avec la Province de 



s'étoit faites à la Cour. C'eft 




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1&8 B î B LI O THE QUE 
y— Franche-Comté- La première en 16491 
Jean de H eut l'honneur de figner un Traité 
May r et. à ce fujet au nom du Marquis de Caf- 
}* u : tel-Rodrigo , Gouverneur des PâyS- 
Bas , du Gouverneur du Comté de 
Bourgogne , & du Parlement de Be- 
fançon , avec M, le Maréchal de Vil- 
feroy. En 16 51 il entreprit avec fuc- 
cès une pareille négotiation. La Rei- 
ne-mere Anne d'Autriche, alors Ré- 
gente , fut fi" fatisfaite de fes bons 
offices, que pour les reconnoître , Se 
lui donner en même-tems des mar- 
ques de reftime dont elle Phonoroit, 
elle lui fit remettre par Madame la 
Comtefle de Brienne un préfent de 
mille piftoles. Dans la fuite il prit 
occafion de ces fervices rendus à la 
Province, pour travailler à rétablir 
fa famiiie dans Ist nobleffe dont elle 
avoit joui autrefois, & il en obtint 
en efFet des Lettres de l'Empereur 
Léopold , tant pour lui , que pour les 
enfans de fon frère.. Ces lettres da- 
tées du 18' Septembre 1668 font fort 
honorables pour fa famille. 

Depuis la mort de fa. femme , il fit 
encore cruelques voyages à Paris; 
mais enftn ayant fixé Ion féjour au 
lieu de; fa naifîance , il y mourut le 



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~ T F R À "N Ç O 1 S "E. 
31 'Janvier 1686, âgé de 82 ans & 27 ammmmKmmm - 

jours. Il laiffa pour héritiers fes trois Jean D * 
Jieveux , enfans du fieur Jacques- M j^J" 
Antoine de Mayret fon frère , vivans 
en 1716 ; l'aîné , Chanoine de la Ca- 
thédrale de Befançon ; le fécond , Sei- 
gneur de Romain , Confeillerdu Roi, 
premier Subûitut de M. le Procu- 
reur -Général du Parlement ; fc le 
troifiéme, Confeitlerau Magifirat, Ju- 
rifdiâion particulière de la même . 
ville. 

A l'exception d^Athcnaïs^ Tra^i- 
Comédie , qui eft de 163 5 , j'ai deja 
nommé toutes les pièces de Théâtre 
de Jean de Mayret , qui font au nom- 
bre de douze , & qu'il donna dans 
refpacede dix fept années. Oivpeut 
voir ce qui eft dit de chacune dans 
VHiftoirc du Théâtre François , tome 
IV. & {uivans. Je dirai feulement , 
qu'il y a des beautés dans tous fes 
ouvrages , mais qu'elles font offuf- 
•quées par la multitude des défauts 9 
& particulièrement par la négligence dc , M * 
de fes vers , & la dureté de la die- w ar cfurBoii. 
tion. Ce Poète avoit certainement p- s*- 
un génie capable d'aller plus loin , 
-mais il auroit fallu qu'il eût em- 
ployé y ce qu 'il ne fit pas , l'étude & 



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T90 Bibliothèque 

les réflexions à le mûrir. Il aimoît 
Jean de l es pointes , & fa Sophonisbt n'en cft 

^Is**' P as exemte » q 110 "! 1 ^ d'ailleurs écrite 
1 * affez raifonnableraent pour ce tems- 
là. 

Cette Tragédie dont le fieur des 
Barreaux fait fans preuves honneur 
au fameux Théophile , que Mayret 
avoit en effet connu , eut un fuccès 
étonnant dès qu'elle parut , & l'ap- 

Î)laudiflement qu'on lui donna dura 
ong-tems. On la repréfentoit encore 
du tems de celle de Corneille , & 
beaucoup la lui préféroient. La rai- 
fon , félon M. de Saint Evremoht * 
Disert, fur eft que Mairet a tâché de rendre les 
Rac kx Wuvr mœurs de fes perfonnages conformes 
de* s. Evi. à celles de fon fiécle , & qu'ainfi il a 
t. s. p. joi. rencon tré le goût des Dames, & le 
vrai efprit des gens de la Cour , au 
lieu que Corneille, qui a, dit~il , 
prefque feul le bon goût de l'antiqui- 
té, a eu le malheur de ne pas plaire 
\ k \ à notre fiécle , pour être entré dans 
le génie des nations où il prenoit fes 
héros , & avoir confervé à la fille 
d'Afdrubai fon véritable cara&ére. 
Corneille lui-même parle très»avan* 
tageufement de la Sophonifbe de Mai- 
ret. Depuis trente ans f dit-il, qu'il 



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. Françoise. 191 
a fait admirer cette Tragédie fur no- ^ mmmm ^ 

tre Théâtre , elle y dure encore ; & Jean D * 
il ne faut point de marque plus con- M **g"* 
vaincante de fon méritt , que cette 
durée 9 qu'on peut nommer une ébau- . 
che , ou plutôt des arrhes de l'immor- 
talité qu'elle affûre à fon illuftre au- - 
teur; & il faut avouer, ajoute-t-il, 
qu'il y ? des endroits inimitables , Se 
qu'il feroit dangereux de retâttr. 

Malgré ces éloges , un anonyme Nouv.Mere. 

• • r f • j 1 r imprimé à 

qui a fait un examen ieneux de la So- Tr £ v . 1 

phonifbe de Mayret , trouve que cet- »7°s>. 

te'piéce ell ridicule dans la conduite, 

intolérable dans les fentimens que le 

Poëte y prête à fes perfonnages , & 

mauvaife pour la diûion. „ On ne 

„ voit rien 9 dit-il f de grand ni de 

M noble dans fes héros , rien qui foit 

^ capable d'infpirer fur leur malheur 

M cette tendre compaffion, qui doit 

n être l'ame de la Tragédie» Syphax 

„ eft moins un grand Prince, qu'un 

„ bon Campagnard ; la Sophonifbe 

„ de notre Poëte efl une jeune effron- 

„ tée 9 Maffinifla efl un étourdi ; en 

„ un mot tous les caraâéres font pi- 

„ tié. fl Le Critique entre fur cela 

dans un détail , que Ton peut voir 

dans fon écrit. 



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TÇ1 BlBXTO THÏQ VI 

■ La Silvic , Tragi-Comédie-Pafto^ 

•j ean de ra j e 9 e fl encore une des pièces de 
Aayret. .Mayret qui a fait le plus de bruit , 
& ceux qui n y trouvent aujourd hm 
aucun mérite , fbit pour l'intrigue, 
foit pour l'arrangement , ni même 
pour les caraûéres & Ja verfifica- 
tion y conviennent qu'elle eut en fon 
tems toute la réputation que puiffe 
jamais prétendre aucune pièce de 
Théâtre. Elle Ait repréfentée avec 
un fuccès étonnant pendant quatre 
ans. Mais le Cid de Corneille ayant 
commencé à lui faire perdre fon luf- 
tre , la jaloufie 9 vice trop ordinaire 
des gens de lettres , rendit ennemis 
Corneille & Mayret , d'amis qu'ils 
étoient auparavant. Le dernier s'é- 
tant déclaré contre le Cid , Corneille 
fit en vers fon Excufe a Arijle , à la- 
quelle il joignit contre Mayret ufl 
Rondeau qui commence ainli : 

Qu'il face mieux-, ee jeuhe jouvencel ., 
A qui le Cid donne tanc de mortels 
Que d'entafler injure fur injure . 
Rimer de rage une lourde impofture 
Mx fie cacher ainfi -qu*un criminel , &c, 

Mayret répondit par d'autres vers 

fatiriques 



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FllA>îÇOlSE. 195 
fatyriqiies fous le titre de Y Auteur du 
vrai Cid Efpagnol à fort Traducteur ^^f* 
François , fur une Lettre en vers quil à l6 
fait imprimer , intitulée , Excufe à Au- 
rifie , &c. C^eft un Efpagnol qu'il fait 
parler ,&Éa pièce eftfignée Don Bal- 
ta^ar de la Verdad. Je ne fçais pas 
pourquoi les Auteurs de YHiJloire du 
Théâtre François , ( T. 4. pag. 353.) 
donnent cette fatyre aufieur Claveret. 
11 paroît certain qu'elle eft de May- 
ret , & il ne l'eft pas moins qu'elle 
eft poftérieure à V Excufe à Arijle. 

Parmi le grand nombre de Libel- 
les qui parurent contre le? Cid , celui- 
ci fut un de ceux gui chaerina le plus 
Corneille. Il fentit d'oîi le coup par- 
toit , il fit la Réponfe de **fous le nom 
zfArtyle. C'eft une brochure de 8 pa- 
Tges in-8. Mayret qui y eft fort mal- 
traité , y oppofa une Epître familière 
au Jieur Corneille fur la Tragi-Comédie 
du Cid 9 avec une Refponce à VAmy 
du Cid fur fes invecBves contre le jieur 
Claveret : c'eft un écrit de 38 pages» 
La vivacité -n'y manque point. Il tâ- 
che d'y juftrfier fa Silvie. « Pour cette Epître h _ 
» pièce , dit-il , que mon adverfaire, r » 7 . & 
» ( c'étoit Corneille même ) nomme fuiv ' 

les faillies d'un jeune écolier qui 
Tome XV1U+ I 



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194 Bibliothèque 
f— » craint encore le fouet , il ne fau- 
Jean di » roit nier ^ ni vous auffi , qu'elle 
Mayrlt* n n ' a it eu ^ ans durant toute.la répu- 
***** »tation que puiffe jamais prétendre 
& aucune pièce de Théâtre 5 je n'en 
» excepte pas même les v^^res. Elle 
» parut toutefois en un tems que cel- 
» les de M. Hardy n'étoient pas en- 
» core hors de foifon * & que celles 
» de ces fameux écrivains % MM. de 
» Racan & Théophile , cofrfervoient 
» encore dans les meilleurs efprits 
» cette piriffante inoprefïîon qu'elles 
.» avcwent jiuflement donnée de leur 
» beauté., & cependant > je ne l'ai 
» point appellée ni mon chef>d'œu~ 
» vre , ni mon ouvrage immortel..... 
» Néanmoins t fi je ne craignois de 
» vous ennuyer , j-e dif ois que la SiU 
» vit de Mayret , & le Cid de Cor- 
neille > ou de Guillen de Câftro, 
comme il vous plaira > font les 
» deux pièces de Théâtre , dont les 
. M beautés apparente? & phantafli- 
p ques ont le plus abufé d'honnêtes 
>^gens* Il eftvrai que le Gid a; quel- 
» <jue chofe de plus décevant que la 
* Silvie , puifqu'il a pu tromper foà 
\ » Auteur , même après 3 o ans d *étur 
>« de^ Il ç& vrai auffi d'autre côté, 



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Françoise. 
»que le charme de la Silvie a duré — — ■» 
h plus longtems que celui du Cid , Jean de 
» veu qu'après 12 ou 13 impreffions, Mayret. 
„ elle eft encore aujourd'hui le Paf- u8 *~ 
»torfido des Allemands , &c. „ C'eft 
ainfi que Mayret s'encenfcit lui-mê- 
me. On lui a encore attribué la Lettre 
i ** fous le nom fArific ; mais il la 
défavoue dans fon Epitre familier* > 
où il fait entendre qu'elle yenoit 
d'une perfonne qui tenoit un rang 
confidérabte en Normandie. On ne 
doute point «qu'il ne fok F Auteur 
d'un autre écrit de 37 pages irt-4* in-» 
titulé , Apologie pour M* Mayret con» 
trtles calomnies du Jitut Corneille de 
Rouen : à la page 1 1 . il fe trouve une 
Lettre fignée de lui à M„ de Scudéry , 
contenant fa généalogie : cette Lettre 
eft datée de Belin le 30 Septembre 
1637. 

Mayret a fait encore d'autres Poë- 
fies que celles que j'ai citée*. l'en ai 
vu deux petits Recueils , contenant 
des pièces diverfes, l'un en 1629. 
à la fuite de fa Silvie , imprimée cette 



en 1631. in-4. à la fuite de la Sib&* 
nirt. On a dans le premier deux OdeSf 
au Duc de Montmorenci , la pre- . 



année chez François Targa l'autre 




ni 



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196 Bibliothèque 
— miere fur le combat naval oîi il défit 
Jean de les ennemis en 1625. la féconde 
Iayret. ^ ur j a p a j x j e !<5 2 6. plufieurs autres 
* 6 *** pièces fur quelques autres aftions re- 
marquables du même Seigneur de 
Montmorenci , ou adreflees à Marie- 
Félice des Urfins fa femme , une en 
particulier fur la mort du Cardinal 
Aléxandredes Urfins , frère de ladite 
Dame , mort au mois d'Août 1 6 16. 
n'ayant que 33 ans; une Ode fur 
l'Aurore ,une à la Comteffe de Cruf- 
fol , & une encore au fieur Bazan , 
Chymifte connu, cpxi par fes remèdes 
avoit contribué a tirer Mayret de 
deux rtialadies dangereufes ; une , 
entre autres , dont il fut attaqué lors 
de la rédu&ion de Tlfle de Ré en 
1625, 

Après Pafliftance des Dieux , 

C*eft toy qui rendis à mes yeux 

Les fruits de la clarté célefte , 

Lorfque les fofîbyeurs de Ré 

Marquolent déjà Tendroit funefte ^ 

Ou je devois être enterré. 

- La pièce qui m'a plu davantage 
dans ce Recueil , eft celle qui eft in- 
Pa^.xda. titutèe h Solitaire Çourtifan. Les Ré- 



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Françoise. \<p 
flexions fenfécs & bien exprimées 
dont cette pièce eft remplie , la font Jean DE 
lire encore avec plaifir. Voici le por- 
trait qu'il y fait de la Cour & des 
Grands i 



La Cour eft une mer aux faîfons plus feraines 

Perfide à fes nochers , 
Où cous les Courtifans font autant de Sy reines , 

De bancs & de rochers. 
Là les plus grands vaiûeaux font les plus grands 
naufrages y 

Même dedans le porr , 
Et les plus aflurés remettent leurs voyages* 

A k merci du fort. . . • • •• 

• f 0 ¥ r •' + * 

Croy-moy , ceux que tu vois à la fuite du Prince» 

Avec plus d'appareil , 
Ne deviendront pas-tous Gouverneurs deProvinee,* 

Ou chefs de fon Confeil. 
le fon de qui la Cour eft le premier mobile. 

D'un caprice outrageux 
Careflera le fot v choquant le plus habile , 

Et le plus courageux . 
Ne te pique donc plus d'une chofe fi vaine r 

Et ne fois pas honteux 
De fortir d'un Dédale où la peine eft certaine r 

Et le repos douteux : 

l iijj 



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BlBLIOTHEQVE 

— — ' Où le wee gouverne , & ce qui plus irrite 
Jean de 

Maya et. Uia <f P"* bicn fcnf ^ 

ll&l* OU le plus fortuné , fan» égard du mérite » 

Eft le plus avancé» 



Xt puis quand un bonheur n'auroit point de li- 
mite , 

y En vain nous nous flattons # 
Veu que fi par bazard lui-même ne nous quitte > 

Enfin nous le quittons. 
L'impitoyable mort d'une rigueur commune , 

Au milieu du plaiiir > 
Et même entre les bras de la bonne fortune » 
A droit de noue feifir » &c. 

Le fécond Recueil ne contient pre£ 
«pie que des pièces que May r et corn- 
pofa dans le teins qu'il etoit atta- 
ché à la raaifon de Montmorency, 
8r fur-tout au fervice du Duc Henri 
IL Auffi dit-il que ce font les fruits 
d'une plante que ce Seigneur a fait 
cultiver lui-même , & que fi prefque 
tous lui font offerts , c 'eft qu'il n'y en 
a prefque aucun qui n'ait été pro- 
duit pour hii. La plupart de ces piè- 
ces en effet , font comme autant de 
monumensdes différentes aôions mé- 
morables de la vie de ce Seigneur, 



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& quelques-unes étoient déjà dans le _" 555g 
Recueil de 1629. Il y en a d'autres Jean M 
où le Poëte fait parler Madame de M ^ P g"' 
Montmorenci , fous le nom de Silvie^ 
fur les dangers fréquens 0*1 la valeur 
de ion mari expofoit ce qu'elle avok 
de plus cher au monde. J'ai vft auS 
dans ce Recueil une loiïgue pièce in- 
titulée , le Pefckeur au la Prophétie de 
Neptune fur la ruine de la Rochelle : ce' 
Poëme efi adrefle au Roi. Il y a de 
plus des fonnets , des fiances , quel-' 
quesPoëfies galantes 5 quelques Chan-* ^ 
tons 9 &c. Je ne rapporterai que les 
fiances oîi le Poëte témoigne fa re-* 
connoiffance à la ville de Dole ert 
Franche-Comté , oîi il avoit demeuré 
à plufieurs reprifes- 

Séjour des plus fconneftes Dames » 
Bes plus nobles eiprics 9 & des plus belles amer 

Qu'éclaire l'œil de l'Univers , 
Belle ville où préfide un Parlement augufte , 

Que le reflèntinrent eft jufte 
-Qui m'a follirité de te donner ces vers ! 

Ce n'eft pas que ma Mufe penfe 
Avecque deschanfons donner la récompenfc 

Qu'elle doit à ton bon accueil : 
Le but où feulement afpire mon étude > 

C'eû d'éviter l'ingratitude , 

I iv 



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1Q0 BIBLIOTHEQUE 

Jean de Qu'un bon cœur doit haïr autant que le cercueil» 
I/Aftre qur la terre vifite 
Voit-il quelque autre endroit oii les gens de mérite 

Soient mieux reçus & plus chéris ? 
-Ou qui peut comme moi prendre part à tes charmes >. 

Qui ne les quitte avecque larmes , 
Et qui ne les préfère aux douceurs de Paris- > 

\ CLAUDE - EMMANUEL LU1L- 

Emmanuel LIER r SURNOMMÉ CHAPELLE. 

LlJlLLlER , 

sur homme Mayret, comme on vient de le 
Chapelle - voir , aimoit les Grands , & recher- 
16 t. c jj 0 j t i eur proteftion , malgré les ré- 
flexions philofophjques qu'il fait fur 
cela dans fa pièce intitulée , le Soli- 
taire Courtifan ; au contraire le génie 
de Chapelle te portoît à l'indépendan- 
ce , & lui faifoit préférer à tout te 
plaifir & la liberté. 

On feit que le vrai nom de ce 
Poëte eft Claude-Emmanuel Luillier, 
& qu'il n'î été furnommé Chapelle 9 
que parce qu'il étoit né au village de 
la Chapelle , près de Paris , fur la 
route de S. Denys. Il étoit fils de 
François Luillier, Maître des Comp- 
tes à Paris , & Confeiller au Parle- 



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FR A N Ç O I S E. . 101 

ment de Mets , & de Marie Chanut , 
qui le mit au monde en 1626, Son Claude- 
pere le fit légitimer en 1642. & mou- 
rut à Pife dix ans après. Ce Magif- surnommé* 
trat qui avoit beaucoup de fortune , Chapelle.. 
étoit homme de mérite , & amateur 
de ceux qui fe diftinguoient par leur 
efprit. Il fut en grande relation avec 
MM. de Peirefc , Saumaife , Balzac , 
& autres ; & ce fiit à lui que Saumai-- 
fe dédia fes Remarques fur les A*- 
mours de Clitophon & de Leucippe,. 
d'Achille Tace. Comme il n'étoit pas 
inoins ami du célèbre Gaffendi , &r 
que ce Philofophe logea même dans 
fa propre maifon dès 16:24. cette liai— 
fon fut d'abord très-utile à fon.fils' 
Chapelle; 

Gaflendi qui avoit fouvent oçca- , v ^. dc G 0 af- ' 

- , - \ r * 1 r fcndi, p. 89. 

fion de le voir , ioit chez ion pere 9 o. 
foit au Collège des Jéfuites , où le Parn '^ n ^ 
jeune homme faifoit fes études , {uî v . 4U * 
voyant qu'il avoit de grandes difpo- 
fitions pour les fciences v fe chargea 
volontiers, lorfqu 'il en fut tems , de 
lui enfeigner la Philofophie r & il 
voulut bien admettre aux* mêmes le- 
çons Molière , depuis fi* connu par * 
fes Comédies , & François Bernier v 
qpi s'eil acquis une grande réputa^ 

L v 



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toi Bibliothèque 
î""" tk>n par fes écrits philofophiques^ 
Claude Molière & Chapelle fe lièrent dès- 
Emmanuel j Qrs ^ xme ^^fa am itié que le teiïlS 

LuiLLIER , ~ ^ 

surnommé put aflfoiblir. 

Chapelle. Le génie heureux & facile de Cha- 
i*s$. pelle lui rendit en peu de tems fami- 
lières toutes les fciences auxquelles 
îl voulut donner quelque applica- 
tion ; i! fit principalement beaucoup 
de progrès dans la Fhilofophie , dans 
la Poëlie , & dans la connoiflance 
des meilleurs Auteurs de l'Antiquité, 
Grecs & Latins. Mais il paroît qu'il 
ne tarda pas à facrifier Pàffidiih-é que 
demande l'étude pour y réuffir , à 
l'amour de l'indépendance & de la 
-liberté , & que plus fenfible au plai- 
lir qu'à la gloire 9 il préféra à tout ce 
qui pouvoit le contraindre , les dou- 
ceurs d'une vie libre & nonchalante. 
Ses ftances à M.. Moreau , & fa lettre 
•en profe au même y écrites de S. La- 
zare à l'âge de 10 ans ,;prou vent qu'ils 
a été quelque tems dans cette mai- 
son. Etoit-ce volontairement ou de 
force ? S'il ne s'exprime pas r feloa 
moi , afiez clairement pour le déci- 
der , il me femble au moins qu'il ia- 
finue <jue cette retraite n'étoit pas de 
fon choix , puifqn'ii -dit que la def- 



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F^R A IT Ç GT S E. 20 J 
cription qu'il envoyé de ce lieu à M. 
Moreau, il l'a compofée pour Vexci- Claudi- 
ter à compajjîon. Quoique fbn pere Emmanuel 
Paimât beaucoup , voyant qu'il etoit L T ^!:" €R V 
peu attache aux biens & aux: nchel- chapelle* 
fes , & qu'il étoit d'ailleurs incapa- i*85- 
î>ie de gouverner fon bien , il fe 
contenta de lui laiffer une penfion 
viagère dë'huit mille livres. 

Il y a lieu de croire que lorfgu'ii 
partit pour FItalie vers 165 1 , il rem- 
mena avec lui, ou même qu'il l'avoit 
fait partir dès 1650. Ileftcertain que 
Chapelle a fait ce v oyage ; il en parle - 
dans quelques-unes de fes Poëfies 
gui n'ont point été imprimées ; il y 
infirme même que par une trop gran- 
de liberté d'éfprity il manqua de s'at- 
tirer l'attention ^ & peut-être aufli 
Tanimadverfion Ai Tribunal de lîn- 
quifition y & qu'il brûla par cette' 
laifon diverfes Fbëfies trop libres 
qui lui étoient éckapées. 

De retour en France , & content 
dii revenu ^uefon pere lui a voit laid 
fé 9 il fui vit fans aucune gêne foa 
penchant naturel, & û laifla entraî- 
ner à tous les plàifirs quileflattoient,. 
Mais comme il avoit* beaucoup de* 
goût , des connoiffances peu com^ 



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204 Bibliothèque 
inunes , & de grands agrémens dans: 
Claude l> e fprit , il fut également recherché 
Emmanoel j es Ecrivains les plus difîingués , 

LuiLLIfcR , £ t r I • ° 

suknommi & par les perlonnes du premier rang. 

Chapelle» Non feulement il étoit ami de Molie- 
re , comme on Ta dit , il Fétoit en- 
core de Racine & de I>efpréaux. Ces 
grands hommes le conlultoiènt fur 
feurs Ouvrages , & ils fuivoient vo- 
lontiers fes décifions. On a même dît 

Ju'il avoit beaucoup aidé Molière 
ans fes Comédies. Mais ce fait eft 
nié dans le Bolœana. Il eft bien vrai 
dit M. de Lofme de Monchenai v Au- 
teur de ce Recueil , que dans là Co- 
mèdit des Fâcheux , Molière étant 
preffé par le Roi , eut recours à Cha- 
pelle pour lui faire la fcéne de Cariti- 
dès ; mais on ajoute que Molière la 
trouva fi froide , qu'il n'en conferva 
pas un feul mot. Ces quatre amis 
s'aflembloient plufieurs fois la fe- 
maine , dans un appartement que M; 
Defpréaux avoit loué' exprès ; ils y 
difcouroient librement fur leurs Ou- 
vrages , ou fur quelque point de Lit- 
térature 9 & l'on juge biert que l'éru- 
dition , les grâces &. les faillies d'e£ 
prit aflaifonnoient ces entretiens, qui 
durèrent ainfi quelque tems.Xa Eon- 



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Françoise. 105 
taïhe , Furetiere & quelques autres 
étoient aulïî de leur foçiété , , & quel- Claudê- 
quefois ils fe réuniïïbient chez un fa- ?^£^* L 
meux Traiteur , oîi ils faifoient alors su ^omkÛ 
defréquens repas , ou ailleurs. D'in- chapei.lb. 
génieufes plaisanteries égayoient ces 16% 6. 
repas r & les fautes étoient févére- 
ment punies. Le Poëme delà Pucelle p.. 74. 75. # 
de Chapelain étoit fur une table , & 
on régloit le nombre de vers que de- 
voit lire le coupable , fur la qualité 
de fa faute. Elle étoit fort grave*, 
quand il étoit condamné à en lire xo 
vers , & T Arrêt qui condamnoit à lire 
ta page entière , étoit l'arrêt de mort. 

Plufîeurs traits de la Comédie des 
Plaideurs 9 dont Chapelle fournit fa 
part , fiirent le fruit de ces repas. 
Dans une autre occafion , M. Racine 
parlant de fa Tragédie de Bérénice , ibid.py?tf- 
& voyant que Chapelle ne la louoit 
ni ne la critiquoit, pendant que Def- 
préaux & les autres, difoient libre- 
ment leurs avis r lepreffa vivement 
de fe déclarer. jdvoue^-moi m ami y 
lui dit-il , votre fentiment. Que penfeç- 
yous de Bérénice} Ce que fen penfe? re- 
pondit Chapelle , Marion pleure, Ma- 
rion crie , Marion veut qu'on la marie.- 
Cette faillie, qui a été attribuée, mal- 



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106 BlBLrOTHEQtTE 
à-prôpos à d'autres , fît quelque peîne* 
Claude- à Racine , fans lui rien faire perdre 
Emmanuel j e j a con fi ance qu'H a voit en fon 

surnommé ami. ^ _ 

Chapelle. Celui-ci étoit auffi avec Molière , 
i6 bd. Defpréaux & quelgues autres de ce 
fameux fouper fait à Âuteuil, qui fe 
termina par un événement , lequel 
quoique peu croyable , eft très-véri- 

»id.p. w 9 . table. Le vin ayant jetté fous les con- 
vives dans la morale la plus férieufe, 
leurs réflexions fur les miferes de la 
vie , & fur cette maxime des anciens, 
que le premier bonheur ejl de ne point 
naître 9 & le fécond de mourir prompte? 
ment, leur fit prendre l'extravagante 
réfolution d'aller fur le champ fe jet- 
ter dans la rivière. Ils y alloient , & 
«lie n'étoit pas loin. Encore quelques 
kiftans, & la folie étoit confommée. 
Mais Molière leur ayant repréfenté 
qu'une fi belle aftion ne devoit pas^ 
être enfevelie dans les ténèbres , & 
qu'elle méritoit d'être faite en plein 
jour , ils s'arrêtèrent , & fe dirent en 
fe regardant les uns les autres : lia 
mifon\ à quoi Chapelle ajouta : Oui % 
Mejjieurs 9 ne nous noyons que demain; 
matih ; & en attendant 9 allons boire le 
yui qui nous rejfe. On fent bien que le 



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Françoise. 207 
jour fuïvant changea leurs idées. — — — * 
Cette paflion pour le vin étoit do- Claude- 
minante chez Chapelle , & fes amis Emmanui l 
lui en faifoient de continuelles répri- 

. . . « . * . SURNOMME 

mandes , qui etoient toujours inuti- chapillm.. 
les. M. Defpréaux le rencontrant un 
jour dans la rue , lui en voulut par- 
ler. Chapelle lui répondit r J'ai réfolu itid. P . sj. 
de ni* en corriger ; je Jens la vérité de vos 
raifons :. pour achever de me perfuader , 
entrons ici , vous me parlerez plus à votre 
aife. Il le fit entrer dans un Cabaret, 
& demanda une bouteille qui fut fui- 
vie d'une autre. Defpréaux en s'ani- 
mant dans fon difeours contre la paf- 
lion du vin y buvoit avec lui , jufqu'à 
ce qu'enfin le Prédicateur & le nou- 
veau Converti s'enyvrirent. 

J'ai dit que les perfonnes du pre- 
mier rang ne recherchoient pas 
moins que les plus beaux efprits la 1 
compagnie & même l'amitié de Cha- 
pelle. On compte parmi ces perfon- 
nes le grand Condé , les Ducs de* 
Vendôme & de Sully , les Marquis 
de Vardes & d'Effiat , la Duchefle de- 
Bouillon ,.ie Duc de Nevers-, & plu* 
fieurs autres Seigneurs. Chapelle au* 
roit pu tirer de grands avantages de 
cette fociété , & il y en eut plufieur5> 



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io% B r b l rorT » e ç u e 
qui lui propoférent des emplois dit 
Claude- tingués , des places lucratives & ho* 

Iuilli N £r IL nonhl ^ Mais iL refilfa tout .> P ar 
surnomm! Pappréhenfton de donner atteinte à 
Chapelle, liberté , & qu'on ne le tirât de cet- 
i68*. te vie fans contrainte , dont il fai- 
Tit.duTîu. foit fon capital. Entre divers exem- 
g^ n ;/ ranç * pies qu'on pourrait en rapporter , 
en voici un qui paroît fingulier. 

Henri- Albert , Duc de Briflac, vou» 
Jant aller paffer quelque tems dans - 
,fes terres en Anjou, & y avoir une 
compagnie qui lui fût agréable , pria 
Chapelle d'être de la partie. La pro- 
pofition ne lui plut pas plufieurs de 
îes amis le blâmèrent de fon indiffé- 
rence , & lui firent tant d'inftances 
qu'il fe rendit enfin. Le Duc très-fa- 
tisfait partit avec joie : le quatrième 
jour on arriva à Angers ; Chapelle, 
. du confentement du Duc , alla dî- 
ner chez un Chanoine qu'il a voit 
connu autrefois à Paris ; il ea fut bien 
reçu , & l'on tint table jufqti'à la 
nuit. Le lendemain , le Duc étant 
prêt de continuer fon voyage , Cha- 
pelle lui dit qu'il ne pouvoir le fui- 
vre , parce qu'il avoit lu dans un 
vieux Plutarque qu'il avoit trouvé 
la veille chez fon Chanoine >. que 



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Françoise". 209 
qui fuit Us Grands , ferf devient. Le — 
Duc lui protefta en vain qu'il ne le Claude- 
regardoit que comme fon ami , & Ewmanuïl 
qu'il feroit abfolument le maître chez LulLLIER j 
lui ; il n en put tirer d autre reponle, CHAPiLLtr 
finon que la maxime qu'il venoitd'aL- %$%6* 
léguer étoit de Plutarque , & que cet 
Ecrivain parloit jufle & avoit raifon; 
il quitta ainfi M. de Briflac , & 
revint à Paris. Il avoit eu quelque 
tems un appartement dans l'Hôtel 
de M. Pelletier de Souzy , qui avoit 
beaucoup de goût & d'efprit > & il 
alloit quand il lui plaifoit au Château 
de Chîlly , appartenant alors à M. le 
Marquis d'EÎKat , & il y reftoit au- 
tant qu'il le vouloit. Mais tout cela 
le touchoit affez peu , & il aima 
mieux faire bâtir à Chilly même une 
petite maifon pour y fuivre fon pror 
pregoût avec encore plus de liberté. 
Quand il n etoit point feul , il fe plai- 
foit à vivre avec fes égaux , & même 




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ÎIO BIBLIOTHEQUE 
fe trouver avec elles à quelque partîe 
Claude- d e pl a ifir on de table. En voici un 

Luuuer EL trait ' ^ ue M ' Titon du TilIet ra P* 
surnommI porte dans fon Parnajfe François. 

Chapelle. Chapelle étant à Fontainebleau f 
i6%*. le grand Prince de Condé l'invita à 
fouper, & lui marqua le jour. Cha- 
pelle promit de fe rendre à cette ho- 
norable invitation : mais le jour mê- 
me où il devoit fe trouver chez le 
Prince r étant allé fe promener dut 
côté du Mail , il s'arrêta à voir jouer 
à la boulle quelques Maîtres d'Hotet 
& Officiers de Seigneurs de la Cour. 
L'attention qu'il prétoit à leur jeu ftrt 
remarquée ; on te pria de juger d'un 
coup qui étoit fujet à conteftation ; il 
décida le différend, & fa partie étant 
finie , les joueurs l'invitèrent de ve- 
nir manger fa part de dix écus qu'il 
y avoit de gain deffiné à un fouper 
dans un tel cabaret. Il accepta l'of- 
fre , & refta 7 à 8 heures à table , au 
grand contentement de toute la com- 
pagnie , qui ne pouvoit fe laffer de 
l'entendre. Il ne fe refTouvint que le 
lendemain de la parole qu'il avoit 
donnée au Prince ; M. de Condé loi 
fit quelques reprodies,Chapellppour 
toute excufe conta fon aventure ^fe 



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FrANÇOI SE. 
iermina ainfi fon récit : En vérité , — 
Moizfeigmur^ c'étaient de bonnes gens & Claitoe- 
bien aifés à vivre , que uux qui mont ^ MMANUtL 

j i r LUïLLllR Y 

donne ce fauper. surnommé 
Il ne parlent pas toujours d'un tan cha?ell«. 
fi modéré , même en préfence des \6%6. 
Grands. Un jour qu'il étoit à table Pa ™- Fr * 
chez un de fes amis à Paris , un Sei- p * **** 
gneurquirevenoitde la Cour , arri- 
va au milieu du repas , & prit bru£ 
quement fa place auprès de Chapel- 
le , qu'il ferroit un peu. Ce Seigneur 
après avoir débité quelques nouvel- 
les , s'avifa de parler des Poètes qui 
âvoient, dit-il, la hardieffe défaire 
des chanfons contre des perfonnes 
de condition, & ajouta , que s'il les 
connoUToit , il leur doonerok voloa- 
tiers 20 coups de canne. ChapeHe 
impatienté de fes difeours , 4l de 
n'être pas à fon aife à table , fe levé , 
& dit au Seigneur en présentant le 
dos ; frappa & va**~*n. Celui-ci éton- 
né du ton dont Chapelle avoît pro- 
noncé ces paroles , en fentit la force, 
lui fit beaucoup d'honnêtetés , le 
preffa moins. Une autre fois dînant 
en nombreufe compagnie chez le 
Marquis de Marfilly , dont le Page 
pour tout domeftique fervoit àbeire» 



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Claude- 
Emmanuel 
jluillter , 
surnommé 
Chapelle. 

Jbid. p. 415. 



2x1 Bibliothèque 
ce qui étoit caufe qu'on ne lui en dort- 
noit pas auflî fouvent qu'il le fouhai- 
toit , Eh ! je vous prie, dit-il , Mar- 
quis y donnez-nous la monnoie de votre 
Page. 

Le célèbre Comédien Baron difoit 
quefi Chapelle avoit querquefois de 
ces brufqueries originales , H avoit 
auflî le rare talent de dire à chacun 
fes défauts d'une manière fi agréable 
& fi plaifante , que loin que perfonne 
s'en fâchât , il s'attiroit fouvent des 
remercimens de ceux qu'il corrigeoit 
en les divertiflant. Il alloit quelque- 
fois fouper chez Mlle Chouars , fille 
de condition , gui avoit du mérite, 
& quelque érudition. Quoique dé/a 
avancée en âge, il avoit pris de l'in- 
clination pour elle , & fa tendrefle 
s 'augmentant dans le vin', if lui pro- 
pofoit quelquefois de l'époufeF. Mais 
cette Demoifelle , qui étoit très {âge, 
& qui connoiffoit Chapelle , le dé- 
tournoit en riant de cette idée. Sa 
Femme de chambre étant entréè un 
foir après un long fouper dansr la falle 
où l'on avoit mangé , & trouvant fa 
maîtrefle en pleurs , & Chapelte ex- 
trêmement trifte , & ne pouvant de- 
viner la caufe de cette mutuelle 



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Françoise. 215 
fituatîon , la demanda avec vivacité. 
Chapelfe lui répondit : qu'ils pieu- Claude- 
roientlamortdu Poëte Pindare, que ^ MANU£L 
les Médecins avoient tue par des re- surnomm! 
médes contraires à fon état ; & fur Chapuj.e. 
cela il recommença à entrer dans le i6%6. 
détail des belles qualités de Pindare 
& de fes grands talens , & à vanter 
la force de fon tempérament , qu'on 
avoit détruit par des remèdes qui ne 
lui convenoient point* Il dit tout cela 
avec cette éloquence naturelle ^ Am- 
ple & féduifante , qui charmoit & 
qui perfuadoit facilement ; & il le dit 
d'un air fi touché, que la bonne Fem- 
me de chambre , qui ignoroit aflïïré- 
ment que Pindare étoit un mort de 
plus de deux mille ans , s'intéreffa 
pareillement à fon fort , & joignit fes 
larmes à celles de fa MaîtrefTe. 

On comprend bien qu'un homme 
de ce caraftere avoit un grand éloi- 
gnement pour les procès ; aufli les 
évita-t-il avec foin , aimant mieux , 
dit-on , céder ce qu'on lui deman- 
doit plutôt que de contefter. Les 
deux fœurs de fon pere lui avant fuf- 
cité quelque fujet de querelle , il ne 
s'en vengea que par cé fonnet 'qu'il 
adrefla à fon ami M. Moreau, & 



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Claude- ne ffe. 
Emmanuel 

LUILLIER , 

surnommé 
Chapelle, 

s*g<r« 



114 Bibliothèque 
qui eft peut-être de fa première jeu* 



Oui , Moreau , ma façon de vivre 
Eft de voir peu d'honnête» gens , 
Et prier Dieu qu'Urne délivre 
Sur «corn de Meilleurs mes parens» 



Ce que j*ai fouftèrt avec eux » 
Surpaffc même la fouftranec , 
De celui quipe*ir fa confiance , 
Dans l'Ecriture eft fi fameux. 

Hélas ! ce (âge miférable 
N'eut jamais affaire qu'au diable 
Qui le mit nud Air le fumier. 

Pour voir fa patience entière , 
U falloit que Job eût affiure 
Aux deux feeurs de M. Luillier. 



Chapelle pafla une partie des der- 
nières années de fa vie dans fa mai- 
fon de Chilly ; mais il mourut à Pa- 
ris au mois de Septembre 1686 y. âgé 
d'environ 70 ans. 
Préf. du Quoiqu'il fut naturellement pa- 
Fc . de la r effeux % il n'a pas laiffé que de nous 
.oan. d onner d'excellentes preuves de la 
beauté & de la délicateffe de fon ef- 
# ' prit dans quelques pièces en vers & 
en profe qui nous font reftées de lui. 
Il avoit fur-tout un talent particulier 



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Françoise. %i< 
a faire des vers d'un tour aifé & na- S - 
turel , témoin ceux-ci qu'il fit fur le Claude- 
£haixip« * Emmanuel 

LJBlLLlhK , 

Tout bon habitant êa Marais , surnommé 
Fêt ées vers qui ne cousent gu ère. Cha^ell*. 
P*ur mor c*efc aiûft que jf tm fais , 1 4 

Kt fi je 1er voulais mieux faire , 
Je les ferais bien plus mauvais. 

L^amouf & te vin étoient fon Àpot- 
ton , comme M. de Voltaire le lui 
fait dire dans fa lettre à l'Abbé de 
Chaulieu. C'étoit eux qui l'infpi- 
roient , félon le même, 

Pour chamer toujours fur fa Lire 
Ces vers aifés , ces vers coulant , 
De la nature heureux enfans , 
Où l'Art ne trouve rien à dire* 

Emporté par le feu de fou génie , il 
le mettoit quelquefois au-defius des 
régies* Mais les beautés vives & ori- 
ginales , tant de fes vers que de fa 
profe , obtiennent aifément grâce 
pour ces petites négligences , qui 
d'ailleurs né font pas fréquentes. Il 
excelloit en particulier à compofer 
des vers fur des rimes redoublées , 
c'eft-à-dire , fur deux feules rimes , 
l'une mafculine , l'autre féminine 



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2i6 Bibliothèque 

dans chaque fiance , genre de PoëSe j 

Claude- également difficile & harmonieufe, 
Luulier EL otll,Qn doit le regarder comme un 
suRNOMMi excellent modèle. L«s vers de cette 
Chapelle,, efpéce qu'il fit à la louange du Roi , 
l6 }*~ j qui partok pour l'Armée , lui valu- 

rent une g rat *fi cat î° n de Sa Majefîé. 

Tout le monde connoît fon ingé- 
nieux Fvyagt en profe & en vers,tqui 
avec fon nom porte auffi celui de 
François le Coigneux de Bachau- 
mont , fon ami , qui n'y a , dit-on , eu 
que très-peu ou point de part. M. 
Defpréaux parlant de cet écrit , di- 
foit que c'étoit une pièce excellente, 
& M. de Voltaire , dans fa lettre en 
profe & en vers à l'Abbé de Chau- 
lieu , le cara&érife ainfiT 

Chapelle vint ; à fon approche 
Je fentis ua tranfport foudain • 
Car il avoît fa lire en main * 
Et fon Gaflèndi dans & poche : 
Il s'appuyoit fur Bachaumont , 
Qui lui fervoit de compagnon 
Dans le récit de ce voyage , 
Qui du plus charmant badinage 
Fut la plus charmante leçon. 

C'eft en effet un chef-d'œuvre dans 
<:e genre d'écrire , & toutes les per- 

fonnes 



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Françoise. 117 
formés d'efprit & de bon goût ne le 
confidérent pas autrement. Ce vOya- Claude- _ 



ge fi agréablement décrit étoit réel 



en foi. Mais en quelle année fiit-il SURNOM] 
fait ? l'Auteur ne le dit point. On Chapeu 
croit que ce fxit en 1655 ; & cette 
conje&ure eft fondée fur ce que nos 



rent des nouvelles de la mort de M. 
de Chauvieny , Baron de Blot , qui 
étoit attaché à Gaftori Duc d'Or- 
léans , comme d'un fait tout récent. 
Or félon la Gazette , ou la Mufe hit- 
torique de Loret , ( livre 6. lettre 
1 1 . ) ce Baron fi connu par fes ehan- v 
f<jps fatyriques , & par d'autres poë- 
fies , dont la très-grande partie n'a 
point été imprimée , & ne pourroit 
l'être décemment , mourut à Blois 
vers le mois de Mars 1655. Loret en 
parle eiv effet ainfi dans la Gazette 
du 13 dudit mois; 

Blot , ferviteur dudit Oafton , , 
A fenti l'effort de Cloton , 
Qui, par un procédé barbare , 
K'épargne non plus l'homme rare , 




à Blois , demande- 



Que le moindre lourdaut,qui n'eft , 
Le phis fouvenr, qu'un gros benêt. 
Je ne fçais s'il eft dans la gloire , 



Dans les Limbes ou dans le Purgatoire 9 



TomeXrilh K 



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2,i8 Bibliothèque 



(Il vaut mieux juger bien que mal ) \ 
Mais Ci pour être joyial , 



Claude- 
Emmanuel - . . c . t 
T,c,r fl .o D^ncœitrgenereua, fetme & brave , 

surnommé D une huracur ,Are & 900 €ftkvç » 
Chapelle De bo1 * ***** & d,rf P^ 1 pwtu , 

On acquiert un rang Jionorable 
Dan* le Royaume perdurable ; 
Je voit bien 4es gens aujourd'hui , 
Qui feraient au«»deflbus<lc lui. 

Je n*ai point parlé de ce Chanfon- 
nier , parce que, comme je viens de 
le dire , il n'y a prefque rien de lui 
qui foit imprimé , & que l& peu que 
j'en^i vu mamifcrit ne. mérite, félon 
moi , que d'être enfe.veli dans les tjf- 
uébres. Le Cardinal Mazarin, fatigué 
de fes chanfons , Tavoittattiré à ion 
parti , ce qui le fit renvoyer par Ga& 
, ton de France qu'il chanfomia à foa 

tpur.d^n$ des terme&indécens; mais 
n'étant pas payé dei la penfion; dont 
le Cardinal lui avoit donné le bre- 
vet , il recommença à lancer contre 
lui fes chanfonsfatyriques, & rentra 
dans les bonnes grâces de Mon- 
sieur. 

Je reviens au voyage de Chapelle. 
On en a fait un gjrawfnombje 'd'édi- 
tions; dès 1667; on lui dotma place 



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Françoise. 119 

dans le t. i.du Recueil de quelques pié- — 
tes nouvelles & Galantes , tant en profe Claude- 
qu 9 en vers , qui parut cette année in- Eûmanull 
ix. Richeletl'a inféré en grande par- ^" UR • 

. - , & T r SURNOMME 

tie dans le tome' r. des Lettres di- gi^afelle 
verfes cju ? il prit foin de recueillir & itb6. 
de publier. Dans une autre édition Ric l h " tre t s d ^ 
de ce voyage, l'Editeur ou le Li- ^]\ 7 ^ ' ** 
braire s'étant avifé de joindre à ce 
voyage les Amours de Catulle , de M. 
de la Chapelle de l'Académie Fran- 
çoife , l'Abbé de Chaulieu fit cette 
Epigramme : 

Lc&eur , fans vouloir t'expliq'ter , 
Dans cette édition nouvelle , 
Ce qui pourroit t'alembiquer 
EntteChapcIit & La Chapelle , 
Lis leurs vers , & dans le* moment 
Tu verras que celui qui fi maufladement 
Fit parler Catulle & Le(bïe , 
N'eft pas cet aimable génie , 
Qui fît ce voyage charmant , 
Mais quelqu'un de r Académie.' 

Le feul reproche que l'on ait fait à r 
l'Auteur de ce voyage , c'eft que fort 
génie fàtyrique & badiïï Vû quelque- ' 
fois emporté trop loin. Ce qu'il y dit 
de d'Aflbucy en eft un exemple. Ce- 
lui-ci en fut vivement piqué Skie 1 

Kij 



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22o Bibliothèque 
ne crois pas qu'il eût tort. Mais il ré- 
ClaudilJ pondit lui-même avec trop d'aigreur, 
Saluer" dans fes Aventures , foit dans fes 
surnomm! Poëfies, & en particulier dans cette 
Chapille. ample Apologie en profe & en vers , 
i6H6. qu'il fit à Rome en 1665 , qu'il adreffa 
à Chapelle même , & qui fait partie 
• du i. volume de fes Aventures. On 

peut voir ce que j'en ai dit ci-devant 
en parlant de d'Affoucy. Celui-ci re- 
proche , avec raifon , ce femble , à 
Chapelle de ce qu'après avoir com- 
pofé en-divers tems des vers à fon 
henneur , il l'avoit fi cruellement 
maltraité dans fon voyage , & furtout 
de ce qu'il y avoit autorifé , autant 
qu'il étoit en lui , des calomnies dont 
il lui eût été aiféde connoîtrela fauf- 
feté, & des faits deshonorans qui. 
n'a voient point de réalité. 

Je ne conriois au refte de vers faits 
par Chapelle à la louange de d'Affou- 
. cy que ceux qu'il compofa pour fon 
portrait , & qui refTemblent encore 
pjus à une ironie qti'à un éloge fé- 
r'ip\\x 9 Sc tuie courte Epître en .vers , 
que d'Affoucy a fait imprimer à la 
tête de fes Poëjîes & Lettres , & qui 
«ft en effet toute à la louange de ce- 
l^i à qui. elle eft adreffée. 



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Françoise, 211 

Quoique Chapelle ne foit guéres S 

connu comme Auteur , que par fou Claude- 
voyage , on lit encore avec quelque 
plaifir les autres poefies , malgré la surnommé 
critique qu'en faifoit M. Defpreaux , chafelie. 
qui, au rapport de l'Auteur du Bo- i<>*6* 
lœana , les trouvoit informes , négli- 
gées , & tombant fou vent dans le 
bas , témoin , ajoute-t-on . fes Stan- 
ces fur une cclipfe , où il finit par ce 
quolibet , Gare le pot au noir , & fait 
venir comme par machines, Jufte- 
Lipfe , afin de trouver une rime à 
éclipfe. Ces diverfes poëfies de Cha- 
pelle font , outre celles que j'ai déjà 
citées , Y Ode à Carre , une Lettre écrite 
de la Campagne à M. de Molière , line 
autre au Marquis de Jonfac , des vers 
contre Cufage des rideaux, une Lettre à 
fa Maîtrcfje en lui envoyant un pâté y 
une autre a MM. de Nantouillet & de 
Sercelles , & une Epigramme de deux 
vers à Philis. On lui doit de plus 

Suelques Rondeaux contre Benferade 9 
ont je parlerai à l'article de celui- 
ci 9 trois Epîtres au Duc de Nevers y 
fur deux rimes , imprimées dans le 
tome. 1. de l'édition des (Œuvres de 
l'Abbé de Chaulieu , faite en 1750 ; 
& Ton affûre que plufieurs perfonnes 

Kiij 



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2%i Bibliothèque 

confervent encore du même quel- 
Ciaude- q lies Chanfons Bachiques & Galantes > 
Emmanuel QÎl jj a ^ dit-on , beaucoup de délica- 
suRNo^f i teffe/Je ne doute point que Chapelle 
Chapelle, n'ait réuffi dans ce genre de Poëfie ; 
16*6. & c'eft peut-être par là principale- 
ment que l'Abbé de Chaulieu l'efti- 
jnoit , qu'il parle de lui comme de 
ion Maître , & qu'il le place au mi- 
lieu de Catulle , d'Ovide , ,& de <piçl- 
quejs autres Poëtes qui ont Quje chhiI- 
heureux talent de bien traiter des ûi- 
jets qui ne plaifent qu'aux volup- 
tueux. 

Chapelle au milieu d'eux , ce Maître qui m>prk 
Au fon harmonieux des rimçs redoublées , 
L'art de charmer l'oreille &d'amufer Peffwil . 
Par la diverfité de cent nobles pensées. 

. «uvre» de Et ailleurs : 

Chaul. édit. • . , 4 

de 1750. t. a. Chapelle par malheur rencontré dans Anet* 

S'en vint infe£rer ma jeunefle 

De ce poifon fatal qui coule du Pcrme/Tc > 

Et cache le mal qu'il nous fait , 

En plongeant l'amour propre en une douce yv rcflfc . 

Çetefprit délicat ».cpmme moi libertin , 

Entre k tabac & le vin , 

M'apprit fans rabot & fans lime 

L'art d'attraper facilement » 

Sans être efclave de la rime , 

Ce touraifé , cet enjouement , 

Qui fçul peut faire le fublime. 



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FRANÇOIS DE BEAUWLLIERS, f **«ço« 
Dvc de Saint Mgnan. "„ B t « u " 

Doc DE S. 

M. Titon du Tillet dit en parfant Aign*n, 
de Chapelle , dont on vient de lire ***7. 
l'article > qu'on a dé lui une Epître à 
François de Be&uvilliers , Duç de 
Saint Aignan : je rie la connois pas* 
J'en ai vu une du Perel^ Moine , Jé- 
fuhe , qui nomme ce Seigneur , Tit. 4u ttiu 

fart. Fr. 

Hoimeur de la Coar do ce terne r ^Lettre* i jv 

Modèle dc*toave»g*lans, du Pere Le 

B Moine. 



Ami de Mars & de Minerve* 



C'eft qu'en effet ce Seigneur 6-eft 
également diftingué dans les armés 
& dans les Lettres. Ses titres de Pair 
de France , de Chevalier des Ordres 
du Roi , de premier Gentilhomme de 
fa Chambre , de Lieutenant Généraf 
de fes Armées , & de Gouverneur 
du Havre de Grâce , ne furent point 
un obftacle à la familiarité qu'il vou- 
lut contrafter avec les Mmes , ni à 
la Cour qu'il leur fit prefque toiite 
fa vie. Peu de gens , même dans le Hiftoirede 
grand loifir d'une vie privée , ont r Acad. Fr. 
plus marqué de goût que lui pour &*fû& %M * 

Kiv 



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114 B l B M O THEQ/UE 
■» g les Arts qui vont à orner l'efprit. 
< François «Mais en s'attachant à ce que les 
- de Beau- » Mufes ont de fleuri , dit M. l'Abbé 
Du"™ s » d '° livet > il eut grand foin auffi de 
Aign a n. " * ne P as tou cher à ce qu'elles peu- 
ié%7. » vent avoir d'épineux. Il ne rem- 
Pam. Fr. » porta de leur cor&qiçrçe que Ce qui 
p. 4 iy , 410. >» pojivoit contribuer à répandre dans 
» fa manière de penfer , d'agir , & 
» d'écrire , cette galanterie fine & 
t » in^énieiife , qui eft comme la. fleur 

.-■y •• » de la pôlitefle ». 

JalQux des titres qui décorent un 
homme de Lettres , il fouhaita d*en- 
trer dans l'Académie Françoife , & 
il y fiit reçu le 8 Juillet 1663. Il ac- 
cepta une pareille place dans celle 
\ dç$ Ricovrati de Padoiië , & danis une 
- Académie de Phyfique qui fe forma 
; en 1662. à Caën ,lous les auipices 
Hua. Com. de M. Huet , depuis Evêque d'Avran- 
™b tar ad * c ^ eSt ^ demanda lui-même à M. Huet 
pcnin. fo™ d'être un des membres de cette nou- 
t* .« velle Société 3 ,& il le demanda avec 
. inftance, En /1669. il procura l'éta- 
bliflement de l'Académie d'Arles , 
qui a cela de fingulier, qu'elle ne 
doit être compofée que de Gentils- 
hommes. Il fit plus. Càr fçachantque 
' , dans la ville de C a en , on couronne 



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Françoise. ut 
tous les ans une pièce de Poefie a — — y 
l'honneur de la lainte Vierge , il François 
concourut pour le prix en 1667, dans DE Beau- 
la vue de ranimer ces fortes d'exer- ™ " s * 
cices , & de leur attirer un nouvel aignan. 
éclat , en faifant voir qu'un Seigneur 1 687. 
de fon rang étoit frappé de la gloire 
qu'on y acquiert. Il fait viôorieux, & 
tous les Poètes de Normandie applau- 
dirent à fon triomphe , ceux mêmes 
qui avoient été fes rivaux fans le 
fçavoir 5 & il y eut la même année 
un volume de pièces publiées à fa 
louange , tant en Latin qu'en Fran- 
çois. Il étoit en relation avec les 
plus beaux efprits & les plus polis du 
R oyaume , Scarron , Voiture , Cor- 
neille , Racine , & beaucoup d'au- 
tres ; & la plûpart l'ont célébré par 
leurs écrits.. Madame des Houlieres 
lui adrefla plufieurs de fes Poëfies ; 
M, de Grille d'Efïoublon , Marquis 
de Robias , ltii a dédié fes Lettres 
écrites pendant fon voyage d'Italie en 
1669 ; combien d'autres lui ont rendu 
lemêmehommage ï Le Sieur Guy on- 
net de Vertrou en parle dans ces ter- 
mes : 

Il eft , iîliïftre D*uc , cTheureufes (îeffirrées r 
lu mérites Tcftime & la faveur des Rois ï 

KL v 



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B rit TO T FF E Q UE 

.paris , Arles , Padoue ont de toi fait un choix ; 
François g t tcs j ours f ont autant débitantes journées. 

"f" 0 ' L'Abbé de Marolles, dans fon 

L.JLX V x* o ^ — # # _ 

pue de S. nembrement a Auteurs , lui attribue 
Aignan. une pièce de Théâtre intitulée Bra- 
***7. damante, & M. l'Abbé d'Olivet dit 

au'il y eut en effet une Tragi-Comé- 
ie fous ce titre , imprimée fons nom 
d'Auteur en 1637. Les Ecrivains de 
FHifloire du Théâtre François ne la 
nomment point ; ils ne parlent que 
de la Tragi^Comédie de Bradamantty 
du Sieur de la Calprenéde qjii eft 
de: 1*636. 

Eorfqu*en fa qualité de premier 
GentiHiomme de Sa-Majefté r c'étoit, 
-à M. de Saint Aignan à diriger quel- 
que Fête , Speâacle , Ballet ,Carron- 
iel 9 &c. à peine a voit-il- reçu les or* 



moment il concevoit 
Speâacle magnifique r il en traçoit le. 
plan il compofok une partie des 
récits ; & quand Sa Majeflë diûri- 
buoit les perfonnages , elle lui per- 
mettait de choifir toujours le plus 
(Times de difficile. Dans les Plaifirs dt fljle en? 

d?i iw Vt' d ' d******* Fête donnée à Verfailles en 
*' 1 664. & à laquelle il eut beaucoup de 
part,., on lui fait dire n 



dres immédiats du Roi 




d 



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Françoise; 117- 



Les cx>mbats que j'ai faits en Tille dangereufe , ÎrançOis <• 
Quanlde tant de guerriers je demeurai vainqueur, B£ gj A ^.. 

Suivis d'une épreuve amoireufe , VIllïirs 
Ont fignalé ma force au flî bien que mon cœur» Due de S*. 

La vigueur qui tait mon eftime , Aignan. 
Soit qu'elle enabraflè un parti légitime v 1^87-- 

Ou qu'elle vienne à s*échapper , 
Fait dire pour ma gloire aux deux bouts de là «ne,. . 

Q u'on n'en voit ppkit en tome guerre , 

Ni plus fouventni mieux frapper. 

Pour l'ordinaire lefujet deces Fê- 
tes galantes étoit tiré de nos vieux 
Romans r dont il fçavoit imiter jus- 
qu'au ftylë, comme ffous le voyons » 
par quelques-itaés dé fes lettres im- 
primées avec celles de Voiture. Il Fut 
auffi un des Commandans du Car- 
roufel qui fiit doniié en 1685 , à là 
tête dtiquet étôit M. lé EJauphiri. 

Qtiafnt £fés pbëfies r dit M- l'Abbé 
è *Oli vet , ïë pelt -qu 11 en a làiffë for- 
tir de Ton Cabinet , montre qu'il 
pofîédôit les réglés dé l'art, comme 
fceux qui en font leur principal objet j 
mais que par une fîrieiîè de l'art mê*- 
me , il y réparidoit de ces négligen- 
ces méditées ,~ qui donnent lieu ■ # 
Croire qu'on n^én a.fait que fbnamu-- 
fement. J'ajoute quefi l'brrprenoit là: 
raine de ^amaiTeir. tes lettres £-totttesi 



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Bibliothèque 

les pièces que Ton a de fa façon ,îm- 
François primées dans les volumes du Mer- 
©e Beau- cure ? <jans j es Œuvres de Séhrron , 
Duc de s dans celles de Madame des Houli ères, 
Aignan. dans le Recueil des pièces Académi- 
1687. cjues du Sieur de Vertron , & peut- 
ri"n in "1 A 6 etre ailleurs , on en formeroit un af- 
p. 109, j 10* fez gros volume in-12. Je fuis même 
furpris qu'un projet femblable , & 
d'ailleurs fi.facrle^nefoit pas encore 
exécuté. On doit cette efpéqe d'hom- 
mage à un Seigneur qui honora les 
beaux Arts , & qui répandit fes bien- 
faits & fes largeffes' lur tous les Poè- 
tes defon tems. On cpnnbît fa Rclar 
tïon en vers du vçyage du Roi À Nan- 
tes , du 2 de Septembre 1661 , im- 
primée en 1667, dans le Recueil il 
quelques pièces nouvelles & galantes? 
tant en profe quen vers r t, i- p. 99^ 
fui vie d'une Réponfe anonyme faite 
au nom des Dames de Fontainebleau. 
La Relation a au moins 3 50 vers. 

M, de Saint Aignan avoit porté les 
armes dès fa plus tendre jeunefle. En 
1635. *1 ^ e trouva " X. la retraite de, 
_ Mayence fous te Cardinal de la Va- 
lette. La même année % au combat de 
Vaudrevange , où le Duc de Vaimar 
& le même Cardinal de la Valeite 



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F R AN ÇOÏSE, II9 
défirent cinq mille hommes , il fut 
blefle au vifage ; & Tannée fuivante François 
il le fat à la cuiffe au liège de Dole. ** L J^T 
Il étoit à celui de Corbie lorfque cet- * E 
te ville ffttprife. Il fignala encore fon aignan. * 
courage en diverfes occafions , & 1*87. 
principalement aux fiéges de Lan- 
dréci , de Maiibeuge 9 de Chimai y 
d'Ivoi, de Gravelines en 1644, oîi 
il fervit de Maréchal de Camp , & où 
il fut dangereufement bleflé. En 
1 64 5 . il fe trouva au paffage de Col- 
xnè & à la prife du Fort de Linck, 
Sa Majefléle fit Chevalier dè fes Or- 
dres en 166 1 , & érigea en Duché- 
Pairie fa terre de S. Aignan en Berrû 
Ce Seigneur mourut le 16 Juin 
1687. à l'âge de 80 ans. Ce fut un? 
deuil univerfel fur le Parnaffe, & 
. ehâ cun s'empreffa de jetter des fleurs 
fur fon tombeau. Je ne rapportera? 
que cette Epitaphe que lui fit Mada- 
me Le Camus 1 

Saint Aignan finit une vie r 
Qui fut toujours d'honneurs & de plaifirs fuivfev 
Mais khTons fon éloge > il n'en a pas fcefoin 
Les fil les de mémoire 

Piendront pour Ju : le même foin r 

Qu'H prit autrefois pour leur gloire». 



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B ïBLI OTITE Q U E 

Le Pere Bouhours a rapporté cette 
D J*{JJJ IS Epitaphe dans fon Recueil de vers 

ÏÎllieÎ!", choifis » P a 8 e lx 9- Elle eft auffi dans 
Dvc dï s. le Parnafle François de NL Titon du 
Aignan. Tillet. 
16% 7- L. PETIT, 



Jb« Petit* 

ié«/, ^ e dans même Recueil du 
P. Bouhours ( p. 162. ) un Madrigal 
d'un nommé Petit 9 pour répondre à 
un autre de l'Abbé BofquiHon à MUe 
de Scudery 9 fur u r quelle avait dit au 
Jigct des vols qu*m avait voulu faire 
che^ dle. Mais quel eft ce Monfieur 
Petit ? Je n'en içais rien. : je trouve 

Sefri*^ 51 1* ^*? S ^ ^î 0116 ^ de Serci plufieurs 

p . X j\\ \ 7 \\ pièces lignées de ce nom ; des Stances 
t. * . pag.. à une Demoi/ille tourmentée des vents , 
n une Ode longue & aieziroèée fur la 

t j. p . 397. migraine d'une Dame , un ituUaèn 
contre un Médifant > une Ballade fur 
l'Amour , un Dialogue qui a \&mèm& 
objet y un Madrigal fur la mort de 
M. de Pizani à Madame de Ram- 
bouillet fa mère, un Sofrnet én bouts 

- ^ limés , un autre Sonnet galant , &: 

une Elégie 0k le Poète fe plaint des 
rigueurs de. fon Anlarillys., Il y a 
anflî quelques autres piétés qui pa~ 
roiflent dit même dans un Recueil que: 



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) 



F« AN ÇOTS E. 1JI 



f *ki déjà cité , de quelques pièces nouvel- T mtmmm 
les & galantes r imprimé en 1667. en L * Pet1 
2, volumes in-i 2- M. Titon du Tillet 
attribue cès Poëfies au fçavant Pierre 
Fetit^ Parifien, Doâeur en Médecine,. 
Philofophe difiingué , célèbre par 
fon érudition r très-bon Poëte Latin 
mort à Paris le 1 3 Décembre 1^87. 
dans la 71. année de fon âge. Mais 
j'ai peine à croire que ces Poëfies 
viennent de # luK Petit étoit un Ecri- 
. vain grave , férieux , profond ; fe 
feroit-il amufé à compofer des vers- 
galants , & d'autres fur des fiijets û 
peu convenables à fon caraôere & 
au genre de fes études ? D'aiHeurs 
l'Abbé Nicaiie , qui avoit été fon? 



ne dit pas même qu'il foit jamais fortr 
de fa plume aucun vers François* 
M. Baillet , qui l'àvoit auffi connu r 
n'en fait pareillement aucune men- 
tion. L'un & l'autre ne le mettent 
qu'au nombre des Poëtes Latins,. 

En 1686. on imprima à Rouen' 
des Difcours faty riques & moraux , ow 
Satyres générales en vers y ,fignée& 
Petit , & dédiées à M., le Duc de* 
Montaufier. -L'Auteur doit être enco- 
re différent de celui dont ona imprir- 



. ami , & qui nous a laiffé feu él 




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zj2 Bibliothèque 

^"*— me les Poëfies qui fe lifent dans le 

u ÎF lT * RecueiI de S€rci » & JI différ< ? fûre - 

1 7 * . ment de Pierre Petit , comme ta Let- 
Janv. 1686. tre L. le défigne. Dans les Nouvelles 
MM. de la République des Lettres , on dit 
cpie l'Auteur de ces difeours en vers 
etoit de Rouen, & l'on a ràifon. Il 
s'appelloit Louis. Son pere , Pirocu- 
reur à la Chambre des Comptes de 
Rouen j étoit fils d'un Gentilhomme 
au bec-Corbin. Louis fut quelque 
tems Receveur général des Domai- 
nes & bois du Roi ; mai^ il quitta 
cette charge pour fe livrer entière- 
ment aux Belles-lettres. Il étoit ami 
particulier de Pierre Corneille , & il 
fiit l'Editeur de fes pièces de Théâ- 
tre, réimpriméesà Rouen chez Lalle- 
mant. Corneille ayant quitté Rouen, 
M, Petit alla auffi à Paris, & il y fût 
très-affidu à l'Hôtel de Rambouillet, 
où il fe fit aimer & eftimer. Les Ducs 
de Montaufier & de S. Aignan eurent 
pour lui beaucoup de confédération. 
Le dernier fur-tout lui éerivoit fou- 
vent , & le qualifioit de fon Confrère 
$n Apollon. M. Petit étoit pareille- 
ment en commerce de Lettres avec 
quantité de Sçavaris de fon fiécle ; en 
particulier avec le Pere Cominire, 



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Françoise. 133 
Jéfuite , grand Poëte Latin , qui lui a 
adreffé le Poème intitulé, Cicures Luf- 
ciniœ totâ hyeme décantantes > p. 136. 
du premier volume de l'édition de 
Barbou 17 14. M. Petit eft mort à 
Rouen en 1693. âgé de 7$ ou 79 ans, 
& x fiit inhumé à S. Eloy ôii eft le 
tombeau de fa famille. Il étoit grand 
oncle de MM. Petit de Captot , fa- 
mille confidérée à Rouen , dont un 
eft aâuellement Avocat Général en 
-la Chambre des Comptes. 

Les Satyres de Louis Petit font au 
-nombre de douze. La 1. eft contre 
Pambition , l'avidité des richefies , 
& la volupté. Le but de la 2. eft de 
- montrer qu'on ne fe corrige que bien 
rarement des vices d'habitude. La 
vie de la Cour eft l'objet de la j. 
Dans la 4. le Poëte commente cette 
-maxime , le nombre des fous eft infini. 
La 5. eft en forme de Dialogue : 
l'intention du Poëte eft d'expofer 
quelle différence on a coutume de 
remarquer entre les gens de néant 
qui deviennent riches , & un homme 
de naiflance fage & content de la 
médiocrité de fa fortune. La 6. atta» 
. que vivement les gens d'Eglife , dont 
* les mœurs ne répondent point à leur 



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X34 B IiB L I O T H E^Q U E 

■gggB profeffion y & qui abiifent des reve- 

L. Petit, nus qui ne leur font confiés que pour 
i6%7. les partager avec les indigens, La 7. 
eft un Tableau de la mifere de Thom- 
nie. La 8. eft encore un Dialogue 
contre les vieilles Coquettes. Dans la 9. 
le Poëte parle des inconvéniens & 
des abus de la critique. La 10. eft 
contre les dangers & les malheurs de 
la guerre. L'onzième eft contre le 
menfonge 9 & la 1 2.. contre la mode 
& fes abus. Il y a une Lettre préli- 
minaire , auffi en vers , à M. le Duc 
de Montaufier > qu'on pourroit enco- 
re regarder comme une Satyre , une 
féconde à une Demoifelle r dont ta 
fortune n % étoit pas tonne , & des Stan- 
ces contre les menfonges & les extrava- 
gances des Poètes. 

On dit dans le Journal des Sçavans 
du 21 Janvier 1686, « que la route 
» que l'Auteur a fuivie dans ces Saty- 
» res y eft que fans que perfcnne sTy 
» trouve nommé > chacun y «pourra 
» voir fon portrait , &fe détromper 
» des erreurs où l'emportement des 
» paffions plonge fouvent les gens 
» les plus éclairés y & qui paient 
♦♦quelquefois pour les plus fages 
On répète prefque la même chçfe 



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Françoise. 23 7 

dans les Nouvelles de la Republique des mmm — ^5 
Lettres du mois de Janvier de la mê- L. Petit» 
me année. l6 *7* 

Ce qu'on peut blâmer dans ces Sa- 
tyres , c'eft que la Poë'fie en eft trop 
rempante. L Auteur n'en difconvient 
pas. « J'avoue , dit-il dans fa Pré- 
» face , que mon flylen'eftpas d'une 
» grande élévation. Ainfî ma Mufe 
» chante aflez uniment. Elle n'eft 
» point foutenue de ces expreflions 
fortes & recherchées 9 qui font la 
» grande beauté d*un ouvrage... Elle 
» a un peu de facilité ; je penfe que 
„ c'eft tout ce quelle a de bon ». Le 
Poëte difoit peut-être plus vrai qu'il 
ne penfoit. Il eft certain que c'eft au 
même qu'il faut attribuer des Dialo- 
gues fatyriques & moraux en profe % 
qui parurent auffi en ï6<8tf , & dont 
on tait un grand éloge dans les Nou- 
velles de la République des Lettres , du 
mois de Mai 16^7 , article V. On 
fait aufli que le même Auteur a fait 
plufieurs pièces de Luth , & l'on m'a 
afTûré qu il avoit eu part à U Mufe» 
Normande* 



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13S Bibliothèque 

N. DE SAÈATIER. 

La fagefle caraâérife également 
les Epîtres morales & académiques 
de M. de Sabotier , de l'Académie 
Royale d'Arles. Ces Epîtres ont été 
imprimées à Lyon en 1687. în-n. H 
yen a 54, toutes fort courtes, & 
adreffées à des perfonnes connues. 
Les fujets en font intéreffans en eux- 
mêmes ; mais comme l'Auteur ne fait, 
pour ainfi dire , que courir fur cha- 
cun , il laiflfe fon Le&eur vuide d'inf- 
truôion. Voici ce qu'il dit en parti- 
culier dans l'Epître 51, contre la 
leâure des Romans : 

He t'occupe jamais d'une telle leéture , 
Ignore d\m Héros Tamoureufe aventure ; 
On nous la peint toujours des plus douces cou- 
leurs , . 
Mais un ferpent cruel eit caché fous ce* fleurs....» 
Une fage beauté , je te le dis encore » 
Ne doit jamais fçavoir ce qu'il faut qu'elle 
ignore. 

La pocfie de ces Epîtres eft dans 
le ftyle familier , mais fans bzffeffe. 



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Françoise. 237 



L. P. DE LONGE VILLE. L. p. de 

Long ev il- 

M, le Duc de Montaufier à qui le 
Sieur Petit a dédié fes difcours en x ** 7# 
vers , a été loué encore vers le même 
tems par l'Auteur d'un Poëme héroïque, 
dont le titre annonce affez le fujet ; 
c 'eft r Homme-Dieu fouffrant^ où l'Hif- 
toire de la paflion de Jefus-Chrift , 
depuis fon entrée au Jardin des Oli- 
ves jufqu'à fa mort fur la Croix. 
L'Auteur , qui a dédié ce Poëme au 
Roi , figne ainfi fon Epître dédicatoi- 
re, £. P. de Longeville , à faint Victor 
le premier Septembre 168 1. Il y a eu 
une première édition antérieure ; je 
ne fçai en quelle année. Ce Poëme 
eft fort pieux , & les vers font affez 
bien foutenus. Il eft précédé d'un 
Sonnet , qui contient une prière à 
Dieu pour le Roi , & fuivi d'un élo- 
ge de Monfieur le Dauphin , auffi en 
grands vers , de M. de Montaufier 
fon Gouverneur , & de M. Boffuet 9 
qui étoit alors inftituteur des études 
du même Prince. Le Poëte n'y ou- 
blie point le Roi , dont il célèbre les 
conquêtes. Il finit aufli fon Poëme 
par une exhortation très-pathétique , 



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x3? Bibliothèque 
mmmtmm & par une prière où il demande à 
1 L# P# DI Dieu la grâce du falut , pour lui- 
Longevil- même , pour M. le premier Préfident 
le. de Lamoignon & fa famille , pour M. 

de Bailleul , M. de Harlay , Arche- 
vêque de Paris , M. le Chancelier Le 
Tellier , & enfin pour le Roi. 

JEAN DOUJAT. 



Doi îat. Jean Doujat eft beaucoup plus 
i*s8. connu que les trois derniers Ecri- 
vains dont je viens de faire men- 
tion. Grammairien , Traduâeur, 
Hinorien, Politique, Jurifconfulte , 
Orateur même ; on a de lui des ou- 
vrages dans tous ces genres , fans 
compter ceux qu'il a voit achevés, 
& qui n*ont point été imprimés. 
Lettr« m/T. Chapelain qui étoit fon ami , en par- 
4cchapci. k a i n fi en écrivant à Bakac le 24 
Septembre 1650. « On ne fçauroit, 
» dit-il, lui rien apprendre dans les 
H langues Grecque , Latine, Italien- 
» ne , Efpagnolè. Il a beaucoup de 
»-connoiffance de TEfclavonne , de 
^ l'Allemande , & de l'Hébraïque. 
A tant de talens , ajoute-t-on dans le 
Journal des Sçavans du 21 Février 
1689 y «il avoit joint une rare mo 



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Françoise. 239 
+ deftie., une exa&e probité , & un » 
» parfait défintéreffement. Jouiffant j£AN 
» par fon travail d'un revenu confi- Do *££ 
» dérable , il ne fongea jamais à faire 
* des acquifitions , ni à amaffer des 
» richeffes. Content d'en tirer une 
» honnête fubfiftancc , il employa 
» toutlefuperflii au foulagement des 
^pauvres». 

Mi l'Abbé d'Olivet qui ne Ta pas 
oublié dans fes additions à l'Hiftoire 
de l'Académie Françoife de M. Pel- 
liflbn , met au nombre deNTes ouvra- 
ges des Poëfies Latines & Françoifes ; 
mais il ne dit rien de fes talens en ce 
genre. Chapelain les regardoit com- 
me fort au-deffus du commun. J'ai 
reçu , lui dit-il dans une Lettre qu'il 
lui envoya à Touloufe le 10 Juillet 
1638, « j'ai reçu beaucoup de con- 
» tentementdans la lefture des beaux Lettres mft. 
» vtrs que vous avez faits depuis que dc chipd. 
» vous nous avez quittés. Et à vous 
» en dire mon fentiment , j'y trouve 
» partout le bel air de notre Poëfie, 
» & il y a force Stances, entre autres 
scelle de l'Aubedans l'Ode delà Ré- 
»furreôion , qui pourront donner de 
y> la jaloufîe aux meilleures qui fe 
» fàffént de deçà. . . Touloufe n a voit 



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34o Bibliothèque 

» point encore produit dans notre 
» langue de Poëte qui en méritât au-. 
» tant le nom que vous ,& fans faire 
» tort aux autres Mufes qui habitent 
» votre belle province , la vôtre a 
» grand droit d'y prétendre *le pre«* 
»mier rang. » Dans une autre Lettre 
du 27 Novembre de la même année f 
il le loue fur le fuccès de fes Chant* 
Royaux & de fes Ballades , & lui 
confcille de compofer l'Ode qu'il 
projettoit pour les Jeux floraux <le 
Touloufe. 

Je ne fçai pas fi toutes cesPoëlîes 
ont été imprimées. Je n'ai vu de M. 
Doujat qu'une Ode fur la naiffancc dt 
M. le Dauphin, en 1661. in-4 0 . un 
Sonnet & un Madrigal dans un petit 
Recueil intitulé , La Rljouiffancc pu- 
blique pour t entier rétablijfement de la 
fanté du Roi , en 1687. m-4 0 . & * es 
Eloges des perfonnes illujlres de t Ancien 
Tejlament , pour donner quelque teinture 
de rHifioirefacrée; à Vufage de M. U 
Duc de Bourgogne. Cet ouvrage , orné 
des portraits de ceux dont l'Auteur 
fait l'éloge 9 & d'une courte chrono- 
logie , eftdeî'an 1688. Il contient 
environ fix cens vers. Le ftyle enefl 
fimple , .mais tel qu'il convient à une 
narration. M. Doujat 



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François é. 141 

M. Doujat étoit de Touloufe. 



Après y avoir fait dans l'étude des JfAN . 
Belles-Lettres , de la Philofophie fc^JJ"" 
du Droit , tout le progrès que Ton 
pçut attendre d'un heureux naturel, 
fécondé d'un travail affidu , il y prê- 
ta le ferment d'Avocat en 1637. 
Deux ans après il prêta le même fer- joum. des 
ment au Parlement de Paris , où il|** v " 
avoit déjà fait quelque voyage , v * 16 9# 
comme on le voit par les Lettres ma- 
nuscrites de Chapelain. La réputa- 
tion de fon fçavoir & de fon élo-' 
quence s'étant accrue de jour en 1 
jour , il fut élu par l'Académie Fran- 
çoife pour remplir la place vacante 
par la mort de M. Baro , & reçu le 
20 Août de Tannée 1650. L'année 
fuivante il obtint une chaire de Pro* 
fefleur en Droit au Collège Royal , 
& en 16 K 5 il fut pourvu d'une autre 
Chaire ae Dofteur Régent en la Fa- 
culté de Droit. Partagé entre ces 
trois emplois qui auroient fuffi pour 
occuper trois perfonnes, il s'en ac- 
quitta avec autant de foin & de fuc- 
cès^ que s'il n'en avoit eu qu'un feul. - 
Ses ouvrages font en grand nombre ; 1 
mais ce n eft pas ici le lieu d'en par- 
ler. Il avoit encore la plume à la 
TomcXFIII. L 



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I 



%4X. BlÇLIQTHEQVE 

— ^ maîn pour foutenir les droits de Sa 
Jean Majefté fur la Lprraine , & il médi- 

Douiat. to i t d e décrire le fiége de Philifbourg, 
1 * & la campagne de Ai. le Dauphin , 
torique, tous, ces projets fureat difll- 
pés par fa mort qui arriva le %j Oc- 
tpbre -168$, à Pifoe de 79 ans. Il étoit 
alors Doyen de 1 Académie y du Col- 
lège îloyal > & de la Faculté «U 
Droit. Furétiere en parle affez mai, 

Fum ft T & cherche même àle rendre ridicule, 

p. «84 , »8y! dans fon fécond FaSum contre l'Aca- 
démie Françoife ; mais ce Faclum 
ii'éft guères qu'une fatyre^ 

! PHILIPPE QUINAULT. 

Philippe 

Quinault. La Poëfie qui n'étoit quVn amuf^ 
x * 88# ment pour M. Doujat, fut l'occupa- 
tion la plus ordinaire de Philippe 
Faôumdc Quinaulr. Celui-ci étoit Parifien-,né 
Fur«. t. 1. en 163 5. Furétiere qui ferable n'avoir 
p nSdirVic entrepris de fe détendre contre les 
rAcad. Fr. attaques de l'Académie Françoife, 
fcfuiv^ * 5I# <I ue P our cn décrier Jè corps 8ç ks 
Nicer. Mém. membres , ihfinue que celui dont il 
l ' pVm. Fr. s'agit étoit fils d'un Boulanger , & ! 
p. 406. qinl avoit fervi de dome&ique à 
Triftan , ce qui a dopn4 lieu à cette 
Epigramme ; 



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•Françoise; 243 

^ ;Elie , ainfi qu'il eft écrit , 

©e Ton manteau joint à fon double efprir , 
Recompema fon fervifeur fidèle., 
Triton eût fui vi ce modèle 
Mais Triffcan qu'on mit au tombeau , 
Plus pauvre que n'eft un Prophète , 
En laifiant à Quinault fon efptit de Poète , 
NeputluUailTefr de-wameau. 

Ménage au contraire , Perrault > St 
plufieurs autres , drfent que Quinault 
étoitde bonne fartïilfe. Quoi qu'il ea 
fait , les talens ne dépendent pas de 
la naiffance , & Quinault avoitfûre- 
ment beaucoup de talens. Formé dès 
retîfefice dans le genre dramatique 
par Triftan lTîermite'qni a voit vieil* 
K dans la carrière du Théâtre , il 
n'a voit que 18 ans lorfqu'il cotnpô* 
fa les Rivales , Comédie en cinq ac- 
tes , en vers , qui fut repréfentee en 
* 6-5-3 , & eut beaucoup de fuccès ; & 
à l'âge de 30 ans il avait donné quin- 
ze autres pièces dramatiques , tant 
Comédies que Tragédies, qui forent 
repréfentées depuis 1654 jufqu'en 
1666. H a voit aufli compofé dans 
Tintervalie une Paftorale des Amours 
de Lyfis & à'Ifefpérie , fur le fujet de 
la négociation de la paix & du ma* 
riage-duRoi , qui Fut repréfentee au 



Philippb 
Quinault. 
1688^ 



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%44 BlBLIOTHE QU E 

■SB"™"! 1 ? Louvre le 9 Décembre 1660^ MM. 
Philippe Parfait font connoître toutes ces pié* 

QyiNAULx. ces dans leur Hiftoire du Théâtre 
' François r à Texceptidn de la Pafto- 
rale qui , poux de certaines raifons , 
n'a pas été rendue publique : je ren- 
voie à cette Hiftoire. 

tfcfpr. Stt. On prétend que les traits que M. 

Lu»! ch?"* Defprcaux a lancés contre Quinault 
tw-u-î. dans fes premières Satyres & dans 

p*g« *I7« & { on L u trin , ne regardent que fes 
Tragédies & Comédies ; & M. Per- 
rault, ami de l'Auteur, convient que 
les connoifleurs publioient qu'il n'y 
avoit aucune de ces pièces oîi les 
régies fuflent obfervées. Il eft vrai 
qu'il traite çette décifion de pure ima- 
gination 9 qui n'étoit fondée que fur 
la faujfe prévention où ces prétendus 
connoijfeurs étoient , dit-il , qu'un jeu- 
ne homme qui n'avoit pas étudié à 
fond la poétique d'Ariftote né pou- 
voit faire de bonnes pièces de Théâ- 
tre: & il ajoute que celles de fon 
àmi firent pendant dix' ou douze an- 
nées les délices de Paris & de toute 
la France. \\ ^voue cependant quel- 
les ne font pas toutes dans ta dernière ré- 
gularité , & il ajuroitpu convenir aufli 
que ce n'eft pâ$ fans raifon qu'op 9 



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Françoise. 



*4J 



î>lâmé Quinault de n'avoir fait que ™H 
des pièces où l 'amour paroît toujours Philippe 
le principal but ? & où l'on ne tro.uve Qui J JJ lT# 
rien de ces fentimens mâles & ver- 
tueux , ni de cette grandeur Romai- 
ne ,< qu'pn voit dans la plufpart des 
pièces de Corneille , de Racine & 
jd-e plufieuirs autres. Tels étoient les 
«défauts , & de plus grands encore f 
que -M, Defpreaux y trouvoit , & 
jqû'il^ cenfuroit. 

Ce Critique n'épargna pas même 
la Tragédie à'JJlrate , Roi de Tyr. M. 
de S alto avoit dit dans le Journal des j ourna j j 0 
Sçavans, qnç Ton découvre dans la m»« 
fimple leâure de cette pièce beau- l66s# 
coup de grâces dignes d'être admi- 
rées ; qu'elle a par-tout de la ten~ 
drefle , & de cette tendrefle délicate 
qui eft toute particulière à l'Auteur; 
qu'on y remarque auffi plufieurs ma- 
ximes nouvelles de politique & d'a- 
mour , pouflees dans toute leur éten- 
due ; qu'enfin les vers en font magni- 
fiques & bien tournés 9 & cjue les in- 
cidens , tout furprenans qu'ils paroif- 
fent , fe démêlent fans peine & fans 
violence. M. Defpréaux au contrai- 




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'%4fi BlBLIOTHEQVE 

y—— de mauvais goût dans fa troifiéme 

Philippe Satyre ; 
Quinaulx, 

1*8 S. f . ; àtcz-tous vû YAftrvu ? 

C'efl-là ce qu'on apptlie un ouvrage mchcré» 
Sur-tont F Anneau Rcyèl me Aérobie bien trouré , 
Son ûijct eft conduit d'une belie manière , 
Et chaque aâe en ùl pièce eft une pièce entière. 

C'eft déclarer que cette Tragédie 
péchoit contre une des premières ré- j 
ries du Théâtre , qui eft , qu'il ne 
faut qu'une aftion pour le fujet d'une j 
pièce dramatique, & que cette aûion 
doit être non feulement complette , ( 
mais continuée jufqu'à la fin , fans 
aucune interruption. Or M. Def- 
préaux prétend , par ce : qu'il fait dire 
à fon campagnard , que dans l*Aitra- 
te , l'aâion Théâtrale eft interrom- 
pue à la fin de chaque a£te % ce qui 
tait autant d'aûions qu'il y a d'aôes 
dans la pièce. En général , il blâmoit 
dans toutes les pièces Comiques ou 
Tragiques de cet Auteur le toh fade 
& doucereux qui y régne en effet 
prefque par-tout. 

Les Héros dans Qufaault parlent bien autrement» 
IbiJ. Sat. 3. ' Et jufqu'àjfc vous hais , tout s'y dit tendrement. 

On dit cependant que fe? Corné* 



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F 41 A N Ç 0 ï S §. I47 

«ftes lui ont fait pl^s d'honneur que SH^E* 
fes Tragédies , & qtie Ton eftime Philippb 
beaucoup celle qui eft intiMée U Lr# 
Afer* Caquau. On peut voir le juge* 
ment au'en porte feu M> RkçobiQûi 
dans ton Traité de la Réfcxmatioji 
des Théâtres. 

Pendant que M. Quînault fe mon* 
troit au public en qualité de Poëte* * 
il étudioit çn particulier dans la vuô 
4'çmbraffer la profeflion d'Avocate 
M. Perrault dit dans fes Hommes il<* 
iuftres, qu'il s'y rendit habile. « J'en 
» douterois volontiers , dit M. PAbbé 
» d'Olivet ; car un rimeur qui tous 
» les ans donng, une pièce , & quel- 
wquefpis deux y ne fç^uroit guère 
» pâlir fur le Code. Pour ne rien 
» outrer , bornons-nous à dire que la 
» feience qu'il acquit chez un Pro* 
h cureur 5 û elle ne fut pas des plus 
» profondes , elle fut du moins neu«^ 
»reufe pour lui , jraifqu'elle procura 
»fon établiflement ». Un riche Mar- 
chand de Pa^s , homme de bonne 
foi , mais que fes Affocié* inquié- 
taient , parce que fes comptes ne 
paroiflbient pas clairs , eut recours ^ 
lui pour le tirer de leurs chicanes , 
& il y réuflit. Ce Marchand mourut 
• Liv 



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14$ BliLIOTHEQUE 

peu de tems après , & Quinault 
Phui?pe époufa fa veuve , affez jeune encore 
j*gg LT * pour lui donner une nombreufe po£ 
térité. Ce fut à l'occafion de ce ma- 
riage , qu'il prit une charge d'Audi- 
teur des Comptes , & qu'il ceffa de 
travailler pour le Théâtre de la Co- 
médie. Comme il avoit trouvé quel- 
que oppofition à fâ réception , à eau- 
ie de tes pièces Dramatiques , un 
Poëte fit ces vers , cru'il adrefla à 
MM. de la Chambre des Comptes : 

Quinault , le plut grand des Auteurs , 
Dans votre corps , Meffieurs , a dcflèin de pa- 
roître ; 

Puifqu'il a fak tant d*i uditeurs , 
Pourquoi l'empêçbez-yout de Titre ? 

Cette charge ne Poccupa pas beau- 
coup, Louis XIV. ayant goûté le 
fpeâacîe de l'Opéra-, qui ne faifoit 
eue de naître en France , & connoif- 
ànt les talens de Quinault pour les 
pièces lyriques r Pânima à composer 
ces fottes d'ouvrages , & Pencoura- 
gea en' lui donnant une penfion de 
deux mille livres. Lully d'ailleurs 
qui en compofoit la Mufique, étoit 
charmé d'avoir trouvé un Poëte tel 
qu'il poiivoit le deûrer 9 qui avoit 



( 



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7 ; F R a n ç o i Si n.u 44^ 

•une oreille délicate fcour ^çchomr ; 

que des paroles harmonieuses ; un Philippe 
goût tourné à la tendrefle , : pour va- ( ^ u I I ^ A g ULT? 
rier les fentimens confacrés à qette * 
efpéce de Tragédie ; une^rapde fa r 
cilité à rimer, pour êt^ toujours 
prêt à fervir le Roi au befoin ; une 
docilité encore plus rare , pour fe 
' conformer toujours aux idées , ou 
même au caprice du Muficien. Nous 
-avons de M. Quinault 14 pièces eçi 
.ce génfe , compofées depuis 167?, 
jufqu'en i68jS, & l'on ne peut difcon- 
venir que ce font ces pièces qui ont 
lë plus Contribué à fa grande réputa- 
tion. Mais pn lui a reproché aveç 
juftice un grand défaut, c'eft d'avoir 
jCherçhé à plaire en prêchant par r 
; toutl , amôur ( & la volupté , fcd'avoif \ 
jftéçrédité la vçrtu ,* en s'efforçant d,e * 
rendre le vice aimable. C'efi cp qtîç 
M. Defpréaux appelle dans fa dixiè- 
me Satyre, 

: ■•;..:>• * • Morale lubrique,. 
t Que Luïïy réchauffa des fons de fa Muûque. *" 

Et c'eftçejqui fait auflï , du moins en 
partie /que le fpeftacle <fe l'Opéra , 
' fi dangereux ^n^orç par d'autrgs -en- 
droits r ne peut s'accorder en^iicuqe 

r l v 



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*5 Ô ftro-mçvt 

y****** manière avec les régies du ChrifHa* 
Philippe nifme.. Vn de ces Opéra , Jlcefie ou 

Q y?as°' LT ' U Triom P he fJlcïdt ) * donné lieu à 
M. Perrault , zélé apolbgifte de l'Au- 
teur , de compofer fon Dialogue de 
Cléon & (TArifiippt , ou examen de la 
Tragédie intitulée Alcefie y.&c. dans 
v lequel , N fous le nom de Cléon , il a 
tépondu aux objeôions d'Ariilîppe* 
cenfeur de cet Opéra. Ce Dialogue- 
eft à la fin d'un Recueil in-4 0 . de divers* 
Ouvrages en proje & en vers , de Ml 
Perrault , dédié à M. le Prince de 
<3onti par M. Le Laiaureun 

M. Quinault travailloit à un de 
ces Poëmes lyriques , dont le Roi lui 
a voit prefent le fujet , lorfqu'il fit 
tes jolis vers , oîi il dit que -1 Oper* 
difficile à fon gré > ce n'ell pas celui 
qué le Roi lui deittaade /mâis^'dl 
d'avoir cinq filles à niarîer. ' « 
- - J i- 

Ce n'eft pas V Optra que je fais pour le Roi f 

Qui m'empêche d'être tranquille , 
jXôut ce qu'on fait pbur lui' paroît toujottrr. 

facile ; 1 ■ i 

•La grande peine où je- me foî > . 
C'eft dVdir cinq filles cita, mt>! 
tfôntlâ moins âgée efehufeflel , - 
jfeilôh les établir , de voudra le pou*èir 5 x 
H**9 avec A poîlm on ae s^njtffeh guère» 



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Françoise; 251 

d*eft avec peu de bien un terrible devoir ~PHiLiPPt 

De fc fentir preffé d'être cinq fois beaurpere. ^'auet. 

Quoi ! cinq Aétes devant Notaire , itf 88é ^ * 

Pour cinq filles qu'il feut pourvoir * 

O ciel ! peutron jamais avoir 

Opéra plus fâcheux à frire ? 

Plaifenterie toute pure , dit M, 
VAhhé ^Olivpt ; car M. Quinault 
étoit opulent. Sa femme lui ayoit 
apporté plus de cent mille éçus* Le 
Roi lui donnôit , comme je ï'ai dit r 
deux mille livres de peiïfion ; & Lulli, 
quatre mille livres pour chaque Ô-» 
pera. Ainfi \ n'ayaht point de fils , il 
n'étoit pas embarraifë 4 e & v °i r c * n( ï 
filles. Trois ont été Religieuses , & 
deux mariées avantageufëment. 

Sur. la fin de fa vie M. Quinault 
témoigna dû repentir devoir 
ploy;éTÔp tems à fàitè <d£$ Ôpëra , 8c 
il prît la 'rè&futiôn : deî'^.plus côm- 
pofer de vers que pour. cKânter le$ 
louanges de ÏKëu & les grandes ac- 
tions de Louis XI^. Il commença 
par un Poëme fur F extîn&ion de Fhé- 
néfie 9 dont Voici les 4 premiers vers : 

Je n'aj quexrop chanté, les Jfiux & les Ainouxs , 
- jfrt un ton pî us (ublirne ji faut nie faire entendre ' | 
* * Je-yous dis adieu ,Mufe tendre i 
}& voû$ d0 adieu pour toujours. 

Lvj 



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152 Bibliothèque 

Ce Poëme , & quelques autre Po&- 
Philippe f ies j e j a même plume, parmi lef- 

im? T? <i uene ' s efl un€ Sat y n à M * Bu f l 

Rabutin 9 font , dit - on , entre les 
mains de fa famille , qui n'a pas en- 
core jugé à propos de les mettre au 
jour. Mais on a imprimé de lui quel- 
ques Epigrammes aui font voir qu'il 
badinoit très - agréablement y & un 
petit nombre d'autres Poëfies s entre 
autres la Dtfcription de la mai/on dt 
Seaux, , de M. Colbert y petit Poë- 
ifie écrit avec beaucoup d'elprif & 
de délicatefle, M. Titon du Tillet 
dit qu'il n'a ep aucune part aux pa- 
rties de la Pfyché de Molière , quoi* 
que pfyfieurs lëslùi ^ient attribuées y 
4u moins, eri partie. 

Comme il ayoit été reçu à l'Âca^ 
demie Françpifç en 1670 , il eut auflî 
ôccafion de jfaûre, voir qu'il n r étoit 
pas mQins Orateur que Poète , . non 
feulement dan? la harangue qu'il 
prononça le: jour; de fa réception , 
lîiais aufli dans deux autres qu'il fit 
au Roi fur fes conquêtes ^ à la têtç 
ifiêmë de TAcad^niie. On# remarqué 
qu'ayant appris £ là nouvelle de la 
mort de M. dè Yirrenne, , au imm- 
inent qu'il alloif haranguçç |^Roi , il 



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Françoise. %tf 
eti parla for le champ d'une manière 
fi }ufte & fi fpirituelle , que toyte la Philippe 
Cour en fUt furprife , & lui donna de 
grands applaudiffemens. 
. M. Quinault étoit d'un caraftere 
aimable , poli , & prévenant ; & , ce 
qui eû une vertu héroïque dans un 
Poëte y il étoit fans^ fiel. Jamais les 
traits fatyriques, dont il fut cruelle- 
ment percé , ne le portèrent à écrire 
contre M, Defpréaux , qui éfoh l'ag- 
grefleur. II rechercha même fon ami- 
tié ; & celui-ci eft convenu depuis , 
dans une /de fes Préfaces , qu'il n'a- 
voit jamais prétendu nier qu'il n'y 
eût beaucoup d'efprit dans les ou- 
vrages de M. Quinrault. « Dans le «avres a* 
„ téms où j'écrivpis contre lui , ajou- ?/ f |[ M f^ r ; 
» te-t-il , nous étions tous deux fort t . i,'p. uu" 
» jeunes , & il n'avoit pas fait alors 
» beaucoup d'ouvrages tels que ceux 
„ qui lui x^nt acquis dans la fuite une 
» juûe réputation ». 

Cette efpéce de réparation n'a pas 
empêché le P. du Cerceau de venger 
Quinault des traits fatyriques de M. 
Defpréaux. C'eft dans fa piéee inti- 
tulée % Néccjpté de la Critique , ou le 
Grànd Prévôt du Parnafe , où il fait 
parler ainfi les mauvais écrivains y 



» 



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Bibliothèque 
f— * à l'occalion dû fatyrique François : 
Philippe 

Quinault. Voyez-moi ce Prévôt de Baie , 

Jf^fc» U n ' a p a$ épargné Quinault» 

A quoi il fait répondre ainfi Apollon; 

Mais Phébus d'une œillade rlere , 
Lesrejettant avec mépris, 
Leur dit d'un ton ferme & févére , 
Paix , canaille de beaux efprits , 
Qufn'avez (ait ici que braire ; 
Si fur Quinault on s'eft mépris , 
J'y veillerai, c'eft mon affaire 
Jkmû fe calma la tempête , 
Et Qainatrlt s-'étant préferité 
Dans lis griffe fat écouté. 
Oh déclara , vÙH requête , 
fijen appelé comme d'abus , 
Et le Preyèt re/ta camus. 
11 fut même fur 4e Parnaflê 
Réglé fans coptejftatfçn j - 
Qu'auprès d'Orphée & «fAmphion 
]J iroit reprendre fa placé : 
Et puis Phébus d'un air humain 
Lui mit fa propre lyre en main , 
Won que la fienne fût ufée , 
Mais 4gt un noble $ fier «Jédain 
' De la voir à tort mépri£ée , 
En tombant il Ta voit britée ; 
On en fit recueillir foudain , 
Tous les morceaux jufques au moindre l 
Mais on les recueillit en vain » 
Et. l'on ne put bien les rejoindre» 



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Françoise. 2 j j 

Tel fut le deftin de Quinàult , 
Seul de tous oii le Commiflâîrc , Philippe 
A fon éjard un peu dorfaire , ^ 
Se foit trouvé pris en défaut. Â 

A peirie M. Quinàult commen- 
çoit-il fa 54. année, qu'il fentit les 
approches de la mort ; pendant deux 
ou trois mois il fe vit , pour ainfi dire, 
mourir plulieurs fois par jour : c'é- 
taient de continuelles défaillances: 
d'ailleurs l'idée de Lulli, mort Tannée 
précédente fans beaucoup de prépa- 
ration, Pa voit frappé : il en profita 
«lirétieiinemetit , & redoubla fes re- 
grets d'avoir empoîfoané fes pièces 
tyriques d'une morale efféminée , 
4ont les Payens même ri'euifent pas 
fouffert chez eux une école publi- 
ée : c eiHa péûexhoa de M. l'Abbé 
-d*01ivet. H mourut à Paris h 16 
^Novembre Son corps eft in-: 

Humé en FEglife de S. Louis dams 
rifle. Il s'étoit lui-même corapojfé 
cette épitaphe ^ qu'on a trouvée par- K|an deU 

ftH fes papiers : Force , # defc. 

de Par. t, 

Paflànt , arrête, ici pour prie* un moment , ?• 340» 
C'eft <e } que des vivans les morts peuvent atten- 
dre ; " 

■ % Quand tu feras au monument > ^, 
On aura foin de te le rendre, ~ 



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iç6 ^IBLI OTHEQUE 
Antoine ANTOINE FURETIERE. 

ÏURETIERt. 

Antoine Furetitrc , dont M. Qui- 
nault fut, comme tant d'autres , fi 
maltraité dans fes Faâums , étoit 
auifi Parifien. Après avoir fait avec 
fuccès les études ordinaires que l'on 
fait au Collège , il fe livra à celle du 
Droit Civil & du Droit Canon , & 
s'y rendit habile. Il fe fit enfuit e rece- 
voir Avocat au Parlement de Paris, 
& exerça la charge de Procureur 
Fifcal de l'Abbaye de S. Germain des 
Prés. En 1664. wrfqu'il fit imprimer 
fes Poefies , on lui donnait encore le 
titre à' Avocat, amfi qu'il paroît p$r 
le privilège du Roi daté du 26 Août 
delà même année ; ily ayfcit.cepeiV' 
*cfcartt déjà quelque teins qu ? il avoit 
-quitté cette profèflibn pour emfcwraffeîr 
*éàit Eccléfiaftrque. Le GaUia Chrif- 
èidnate Ait Abbé de Chalivoy, Ordrfc 
-deCîteaux , au Diocèfe de Bourges, 
dès 1 66 3 . On lui donne auffi le Prieu- 
ré de Chuines > & d'autres y ajoutent 
celui de S. Dedys de ; la ; Chartre à 
Paris , ce que je rie trouvé point Mar- 
qué t da n$ le .npu veau Gfdlia Chnf- 
tiana. 



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Françoise. 157 
C*étoit un homme d'efprit & de — -— t 

Soût , d'un génie vif, aifé , Fécond. Antoini 
1 : l'Abbé de Loménie de Brienne lui Fu ™ El * 
reproche d'avoir été trop intéreffé ; Mém/mt 
& il ajoute' que fes Couches de VAca- <** m. de 
démie pou voient le mettre en parallèle B enne ' 
avec le Taffbne , dont il avoit , dit-il , 
tout le cara&ere & le génie. Furetiere 
S acquit de la réputation par les ou- a e la Répu*. 
vrages de Littérature en profe & en ^ettr. t. 
Vers. On eftime encore fa Nouvelle * ' art ' é * 
allégorique , 0# Hijioire des derniers 
troubles arrivés au Royaume d'Eloquen- 
ce , écrit ingénieux , dont on a cinq 
Ou fix éditions , & l'un des phis pro- 
pres , au jugement de Jacques Ber- 
nard 9 à délaffer les gens de Lettres 
des études férieufes qui font ordinai- 
rement le fujet de leùrs occupations. 
Son Roman Bourgeoise eu aufli beau- 
coup de vogue ; mais on ne le lit 
plus , parce que fon principal mérite 
confifte en quelques traits fatyriques 
Compris dans des allufions à des faits, 
connus dans le tems. Il ne feroit in- Not. de s. 1 
telligible aujourd'hui qu'à l'aide d'un p# 
Commentaire , qui ne rendroit pas 48 , 49. ' 
le livre mieux écrit , ni plus digne 
d'être lû. 

Furetiere tient fa plus grande re* 



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Iç8 BlBLlOTtfEQUE 

nommée de fon DiSiontiaire, & de 
Antoine ce qu'il écrivit à l'occafion de fes dé- 
mêlés au fujetdecet ouvrage avec 
***** une partie des membres de 1 Acadé- 
mie Ffançoife, où lui-même a voit été 
reçu le 1 5 Mai 1661 , & dont il fut 
exclu , par une délibération de cette 
W>i5oc Fr. Compagnie le 12 Janvier 1685- J'ai 
npuv. édiJ* parlé ailleurs de F origine & des fui- 
i fui* 1 *' tes de cette conteftation , auffi bien 
que des ouvrages qu'elle a fait naî- 
tre , & en particulier des Faûums de 
Furetiere > que Ton a tant vantés , & 
qui en général, ne font bien écrit* 
que dans quelques endroits de mé- 
chanceté , pleins du feu de la colère 
qui Panimoit contre fes confrères de 
KAcadémie. J 'ai feidement oublié un 
Dialogue de M. D. ( Defpréaux) de. 
? Académie Farnçoife, & de M. L. M. 
C Le Miniftre ) Avocat en Pnvlewnfi 
tait durant le cours de la même dé- 
pute. M. Charpentier s'en donne 
Ctrpcnt. pour Auteur dans le Caffent^riana ; 
*: <**' ce n*eft cependant qu'un UteUe p^ifl 
d'injures groffieres, & d'aceufation* 
qui paroiffent calomnieufes , & dont 
k ftyle d'ailleurs eft déteftable- Il ne 
falloit pas deshonorer M: Defpréaux 
au point de le faire un des interloçu- 



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I 



Françoise. 259 
*:«rrs de ce miférable Dialogue. 

Furetiere dans les écrits qu'il mit Antoine 
au jour contre le Corps dont il avoit Fu 
«té membre , répandit plulieurs vers 
du même goût que fa profé ; & ce ne 
font pas les feuls qu'il ait compofés. 
Dè? 16*5 , il donna un Recueil de A*«t. a« 
ies Poënes r qui fut réimprimé en ^Hcf"*. 
. 1664 , & qçii ne contient que des piè- 
ces qu'il avoit faites , dit-il, pour la 
plupart, au fortir du Collège , & qu'il 
11'auroit pas penfé , fi on l'en croit ^ 
à rendre publiques ,. fi Ton n'avok 
fait de plulieurs des éditions fiirtives 
& remplies de fautes. Ce Recueil 
Comprend cinq Satyres , affez peu 
intéreflantes en elles-mêmes , & lâ- 
çfeement verfifiécs. La première con- 
tre les vices des Marchands , eff 
adf effée à l'Abbé de Marolles ; la \ 
& la 3. ftit les défauts des Procu* 
reurs , le font , Tune à M. Pelliffon-, 
l'autre à l'Abbé de Maucroix ; la a. 
contre un Médecin Pédant , eft à M. 
Conrart , & la 5. fur les Poètes , à 
l'Abbé Ménage. Le Poëte n*y attaqué 
perfonne en particulier , au moins il 
le protefte ; & il ajoute que fes lec- 
teurs y ont trouvé fi peu de person- 
nalités, qu'un Marchand de Paris , 



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Ifo BiBtIOTflE'QUÊ 
prit la Satyre des Marchands pour ufïe 
^oiwinjlruSion faite à dejftin par quelque 
^T%^^ ile t homme d ^ le Commerce , qui 
vouloit tnfeignerà bien vendre 9 & qu efi 
conftquence il la fit apprendre par cœur 
ifes apprenti/s : il falloit que ce Mar- 
chand fût d'une grande fimpKcité. 

Ces Satyres font fuivies de Stan- 
ces , d'Epigrammes, de Madrigaux, 
d'Epitaphes, d'Enigmes , de 3 Ep£- 
tres y & Je deux Élégies. Prefque 
joutes ces Poëfias rie j>réfêntent que 
des foupirs ou des dépits amoureux, 
fi l'on en excepte les Enigmes & les 
Epitaphes ; celles-ci ne iont que fa- 
tyriques. La 3.EpîtreàM. Cafandrcy 
eft au£i une Satyre contre ceux qui 
veulent juger delpotiquement des ou- 
vrages d'autrui , & qui font lin nïati- 
vais accueil aux Auteurs qui n'ort 

Îoint les richeffes en partage, M. 
. >efpréaux, quoiqu'ami de Furetiere, 
.eftimoit peu fes Epigrammes ; il 
Jblâmoit fur -tout celle-ci, que le 
Poëte a voit faite & refaite , dit-on , à 
30 diverfes reprifes : 

PoèTies de Paul vcnd fa mai<on dc clou » 
Furet, in-iu ^ maints Créanciers engagée ; 

page 1 17. On dit partout qu'il en eft fou ; 

Je le croi > car il l'a mangée» 



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( 



Françoise, 161 
Et la cenfure de M. Defpréauxétoit z~ * _i 
jufte. La vieille Cour étoit fort pour Antoine 
ces jeux de mots ; mais depuis que-^mm, 
Benferade eut eu du deflbus , les poin- l6U * 
tes & les àlluiions furent envelop- 
pées dans fa difgrace. Si la Satyre qui Fureter. p t 
efl dans le Fureteriana eft du même l * 6 * 
comme je le foupçorine r jela préfé- 
rerais atuè cinq dont je viens de par- 
ler. Le fujet eft contre les vaines occu- 
pations des hommes , & j'y trouve plus 
de fel , plus de penfées , plus de ver. 
fification. C'eft une des meilleures 
pièces de ce Recueil , qui annonce 
des bons mots , des remarques d'Hif- 
toire, de critique, de morale, de 
plaifantçrie , d'érudition , & qui 
n'offre prefque rien «qui foit digne 
d'un homme d'efprit & fçavant, tel 
qu 'étoit ftiretiere. 

Le voyage de Mercure , Satyre du 
même en cinq livres , efl: encore une 
cenfure de diverfes conditions , & en 
particulier de la charlatanerie de 
ceux qui profeffent les Lettres , les 
Sciences & les beaux Arts ; mais elle 
eft trop longue ; c'eft un babillage 
fans fin , qui n'apprend rien de nou- 
veau , & qui n'a pas toujours pour 
guide la jufteffe du raifonnement. 



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*Ô2 B 1 B I I O T N H E Q (J E 
gg ggB On s'ennuie moins à lire les 50 Far 
Antoine frfa mora ks & nouvelles du même Au* 
FuRETiERE. t/Cur ^ ^ ont une avoit été hte 

***** dans les affemi&ée* de l'Académie 
Fraiiçoife. H eft vrai quelles ïoh* 
pefacimeiit écrites , mais eBes font 
çourtes., & tel moralité en eft bonne 
& facile à retenir* L'Avis àti Ledeur . 
roule fur-tout fur l'utilité des Fables 
en géaéral. Furetiere y fait ufr juite 
éloge de celtes: dë M. de La Fon&aiïie; 
U ^convient qu'il eft fort au-deflbus 
de lui ; mpis il fe dédommage de ce 
petit trait d'hmiiitité, en relevant les. 
£eimfcs>£ur ce qu'elles font toutes de 
ibn invention. Ces Fabtes font dé- 
diées à François de Harky , Arche- 
vêque de Paris. L'Auteur mofcrut à 
Paris le 14 Mai r688 , âgé 4e 58 ans, 
& fut inhumé à S. £uftache. 

1 11 ■ N. Xf A CY. 

N. d'Acy. 

1 m. Je rapporterai à cette mêtneànhée 
les giTvrages <le trois Poètes que je 
.rue contenterai prefque d'indiquer, 
I^e premier eft de i68Smême. Ceft 
une Traduction en *vers à la tente des 
Pfmumœ de la Pénitence de Dàvid , & 
des Kipm du 3iman€he^ à& Gatttique 



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Françoise. i6j 

Magnificat^ du Pfeaume Exaudiat, du 
C ont au % (kl Laud&e VominuTh ôrHnes N • ^ c Y * 
génies , & des Pfeaumes Bencdic ani- 1 " #è * 
ma , IMninus illummuio % Dens ulèio- 
num^&c Audite /tac omnes gerttes-, avec 
dûs Asgumens & des Réflexions 
Gj&rétiwfljes ou Méditations for le* 
çiêmes Pfe&umes. C'eft un vokufoç 
in- ix. imprimé à Pàris chez Bouille- 
rot. Dans le Privilège du Roi l'Att» 
teur eft nommé JV. EeuyerSiturd'A- 
cy , & qualifié dis Confeiller Sécre- 
taire du Roi* Son ouvrage eft un 
firtrit de fa piété. 



LOUIS GAÛVAIN. 

LOUIS 

. * . i a GaUVAIN. 

Les deux autres 9 qui ont le même n as. 
but , celui d'édifier , font plus anciens 
de quelques années. ïl'un eft une 
Verjion nouvelle des Pfeaumes de David 
ta* vers 'François y fur les iûr's de tcux de 
Clcmtnt Muret & de Théodore de Be^e , 
pàr Louis Gaùvain, Dôfteur en Droit. 
C*eft encore xtn in- 12. imprimé à 
léna en 1 677. Cette verfion n'a rien 
de poétique. 



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'1 



264 B I SX ÎOÏHEQUE 



Ailles de GILLES DE CHAMPAGNE. 
Champa- 



ONE, 

1*88. 



J'ai cru en appercevoir davanta- 
ge dans les Devoirs du Chrefiitn, ou Us 
grâces que le Chrejlien doit rendre & de- 
mander à Dieu , auffi en vers Fran- 
çois , par M. Gilles de Champagne, 
Prêtre. Ce petit Livre , dédié à fon 
Âlteffe Madame la Ducheffe de Ver- 
neuil, a paru en 1670 , chez Jean 
Guignard à Paris. Il contient en par- 
ticulier des Paraphrafes du Pfeaume 
VIII ,-du Te Deum , du Cantique Bé- 
nédicité omnia opéra Domini Domino , 
du Pfeaume 85. &de diverfes priè- 
res , entre autres des Litanies des 
Saints. 

RENE' LE PAYS. 

René Le 

Pays - Je pafle à Tannée 1690, que mou- 
rurent René le Pays, Sieur du Pleffy- 
Ville-neuve , & Raimond PoiJJhn. M. 
Le Fevre de Saint Marc , dans fes 
notes fur les Œuvres de M. Def- 
préaux, dit que Le Pays étoit de 
Nante. D'autres le font naître dans 
la petite ville de Fougerres en Bre- 
tagne , au Diocéfe de Rennes. Cefl 

le 



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Françoise. 185 
îè fentiment de M: Titon du Tillet 
dans fon Parnajje François , & de M, 
Piganiol de la Force dans fa Dtp* 
tription de Paris. Peu avantagé des 
biens de la fortune , & defirant d'en 
acquérir , il vint jeune à Paris , en- 
tra dans la Finance, & obtint la 
DireÉKon générale^des Gabelles de 
Dauphi&é & de Provence. Il avoit Dcfcf | pt# ^ 
affez bien étudié , & fur-tout fa tan- *ar. t. 3. jh 
gue. Il fçavoit la Fable , PHiftoire, 1 Patres de 
& les principes généraux de toutes Richciet , u 
les feiences. Il avoit l'efprit vif & 
agréable , & compofoit avec facilité 
en vers & en profe. Il brilloit dans la 
coriverfation , & charmoit par fes 
bons mots , & par les contes qu'il 
faifoit , & qui plaifoient par leur na- 
turel^ l'enjouement qu'il fçavoît y 
ifrettre. Sincère d'ailleurs , & aimant 
l'honneur & fon devoir , il étôit in- 
capable de faire la moindre bafTefle 
pour s'enrichir* L'Académie d'Arles bimua. 
le reçut dans fon fein , & il a corn- M Dauph. p, 
pofé la plus grande partie de fes 1 6,0 
écrits à Grenoble & à Valence. ■»*> •• ' 

Ses Amitit{ , Amours , & Amouret- 
tes , imprimées l'an 1 664 furent l'ad- 
miration des Provinces,& M. Guéret 
dans fon Dialogue , intitulé La Pré- 
Tome XVUU M 



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266 BlBX-îOTH£Qt*E 
meaadc dt S. Ckud , p. 1 80. y relé- 
René u g^oit entièrement cet ouvrage. Il 
mérita cependant alors l'approba^ 
tion même dé la Capitale. Richelet 
dit que les Libraires de Lyon (jui 
l'imprimèrent les premier , & <jwy 
trouvèrent leur compta , lui dédie* 
rent , pour V$f\ remercier *les 
vres dç Théophile ; Se le c<ÙQUri& 
Jhr ce yi il en avqip IdficitUé. \Z çpetK 
dant , ajoute Riçfcelet* Théophile 
n'étoit pas fon héros ; c'étolt Voiture, 
dqnt il fut appelle h Singe* Les Letr 
très* de Le Pays ont en effet quelque 
chofe de Pair aifé & naturel du pre- 
mier j mais elles n'ont pas tout l'en-, 
jouement ni toutç la délicateffe de 
Pelprit de cet écrivain. C'eô ce que 
M. Defpré^ix infiaua dans 3. w : 
tjre , oîi il fait dire par &n Campa* 
gnara : 

Le Pays » fans mentir , eft «in feouflfon piaffent? 
X^s je oc trouve rien de. bcaiLdw» ce Voiture. 

t< LeÊaysput cette raillerie çn g*-. 

Marc,W ' ble.oîi ît étoit alors , uns lettre ba- 
dine fur ce fujet à va dç fes amis qui 
étoit à Paris.* On la peut voir dans, 
lèç HpmtUts, %jt« qui foitfk fuite 



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♦F R A N Ç O I SE/ l6f 
du premier volume. Il fit plus : 4tant ^p^"7ffi 
fyi-meme M Paris ^ il alla voir M. Rens^ ju* 
ïWprêaux; fe ïb^^ i 
<œraâei*é»}<^ M; ©s^éâu* ffc* x **°* 
d'abord effifoarraflfé de fa vïûte d'un 
homme qu'il avait mis en droit de fe 
plaindre ; mais il dit pour toute ex- 
cœft' à M. Le Pays j j qu^it fcè 4*aVtftè 
nommé dans £a &àtfr& K tfttè parce' 
cpaiït a voit vû de$>gett$ ifto-W *ppefê- { 
roientà Voiture. Le Pays pâffa feéî-, 
lement çondaitonâltïbn mt cette ^ré- 
férence ^ ils fe ^pt^rëreat j bons 
aaBn9£ t*?i:>"> Gif- -i".-:; -^i^i v ï 
liNfaKlaiiwf'ii Rûctieffe de Nemèitrs *am. Franç. 
<pYàifot<l&*vec^^ ite?' 4 * 6 ' 417- 
vrage de Le Pays , ayant demandé à 
quelqu'un comment l'Auteur étoit 
fait , iàè l 9*tyà ^ ™i" fût informé de 
cette curiofité y 'raréfiât % cètféDame . 
un écrit mêlé &^k>fç cfe vers 
d\m ftyfç enptfç % intitulé Potmiêde 
£ Auteur 4 Wiitm , Atnoom * & A- 
m<wm& * & «et. écrit fut très-bien 
réç&^L'^titeu*4ft donna de fuite plu- 
lieurs autres ; mais fa Zêfotyde , H.if- 
toire galante , n'ayant pas été goû- 
tée * ilr^m^t^ r plus rat^ent en 
publLc* La Lettre qu'il envoya à M. 
Dogue: , Intendant de DaupHiné , 



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t6£ ÎIBLI OT H E Q'tTE 

lorfque Ton faifoit la recherche de» 
jï^s. B , £ faijx nobtes , pailapour bonne: il y 
4****. ; flrtmva.-lâ nobtëflfe #e fa Mufe iflitè 
1 âe Voiture , & it y roffeiabla divers* 
traits curieux concernant la Génëâ- 
- logié des Pof tes confidérés comme 
Poètes. Il fot honoiié de l*eflime dû; 
ï>uc:d£$s\toi£i qui le iffCafc^afiœ 
^ftSi Ma^iqe^i& il/écriykbà cefujeti 
imeJLett^if^rt î^ieoSur Ja fin défes> 
jours , uade fes aflbciés ayant mal- 
Yerfé , Le Pays d&it [attaqué , & Ton 
exigea . qy*ilipay£t pour je Piffipa* 
teur. Le Pays préfenta à cette qcc*c 
. v ; „ fion&n P/acù au Roi £t>kbpxis\mtoir 
* fxaltp |es conquête ^IwtJuisXiV^) 
il finit ainfi ; : r : <[ ; ^ 



'■ juftice te veut j TOtre dfetje demande- 1 

Ce font des «)B|>« aigries é'un Roi. 
j î.fttaCLÛtt l*Empér*ur , prenez'iur Ui Hollande k 
. Mais | Sire , au non* de ipfcq ^ Jte j j&encz iSeà ' 
. , - ^ forma*.; J . : m — -m;;^ , lîr ..: 



ne fût pourfuivi & condamné 9 il en 
jjréfenta unfeppnd en ccsitefme^; - 



Jlet . de vers 

.choif. du P. 
£<iuh.p..s9x* 





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~ &K JL SfÇ O I S CHg^ 

- f !.« ) • !■■>. ■ " \> ï'-v ^ 

- ^ire , je l'aï perdu , ce procès fi terrible Reni hk 

Qui peurmVnle ver tout mon bien ; Pays 
Hélas! ce Unit n'eft pre-fquerien : j fpo. 

Mais ce rien m'étoit tout , & tout perdre eft fenfible. ibid. pat> 
jte le perds» , & pourquoi ? Pour m'être a/Tocié *V4« 
D'un homme qui moniroit de fagea ap|>arcncet . r f 
U a , ce faux prudent , A diflipé vos. finances; j . , 
Pour lui doi>je être châtié? ^ 
D*un innocent ayez pitié ; 
Votre ame à la j uftice en tout tems eft ouverte > 
Vous ou moi nous perdrons r confultez, votre cœur> 
Qui de nous deux dans un malheur 
Peut mieux fupporter une perte ï 

Les autres Poëfïes de M. Le ?ays 
eonfiftent en Eglogues , Sonnets , E-- 
Éégî*es , Mîadrigaux Stances & Chan- 
fons^à cesPoëfies pleines de galan- 
terie „' é|c , d'çnjouçmçnt : fç^î : impri- 
mées avec fes Lettres , dont on a au 
moins, cinq éditions/ AfcDefpréaiïx 
foifoit cependanûplus de cas de fa 
profè que de- fes vers. Le Pays eft 
mort à Paris le ï 3 Avril/ 1 690 f & fut 
♦ inhumé &S. : Euftachè. t 

*' RAIMOND POISSON. 



Raimond 

RzimonA Poijfon , Parifièn>, Au- Poisson 
teur & Aâeurdu Théâtre François , 16909 
mourut la même année , je ne fçais 

M iij> 



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170 BllLI OTHEiQiUÊ 

. en quel mois • & eut boijr lieu de fé- 

twT P ult ? è fflKft ; ieS.«£âi,r ê nf. M. Ti- 
I( ^o. ton au Tillet dit que fort père etoit 
f*m. Fr. un habile Mathématicien, & qu'ille 
*'£ëù : é*. perdit fort jeune, Une Epkre du fils» 
aeR.Poiflin. en ver* François » nous inûmit ràc 
r^t°!ut l'état d€ fa fortune , & nous infini** 
P ag. ji».' & qu'il avok <eu dâttS & fcttiteffe quel- 
. . . . _ . * ■ £ ett _e 




éreglehiçnt 'trop ord 
jeuneîfe ay oit réduit â un état fâ- 
cheux , & <jue Poïflon avoit entre- 
pris guérit Elte cenuaeece «fcfi : 

J«cT*nte ici fes kfcs de ?0Ke<adalefcence, 
" t>ix Ce *rouveni mêlés ceux tfe jnon ignorance 5 
" ; ' 1 tfcuS roêWm'eh aVtt &1t *ir* #û*s dftm fouir , 

y.: no ♦ • .ô , .U ; - '^ ■ 1 
U^cpb*^enfâite4e$ ikitsçia frayeur 
: kju'fcut le jeuae Sergaèw que fa <GA* 
, duite he fïït conmiede ia tamitte > & 
jiCXiftpicnèiilis'aMreffa à ; hii pour te 
tirer de cet embttrrts ; puis il conti- 
nue en ces termes: 

' ferrtes-Jloffc , tans page hî laquais > 

Chez mon pere , auprès du Palais , . 



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Françoise. 171 

Nous entrâmes , moi te premier , 
Pour prendre ta meilleure cfaife » kxiMOND 
Croyant vous y mettre à votre aife f POïfcs ON. 

Mais nos foins furent niperflus , I 
Le teins s'étoit aflis defîus , 
£t comme a tout perdie ii travaille , 
Il en avoit ufé la paille. 4 
Ce^èndànt je Vous y faignal , 
JEt je crois que je vous tirai 
Dans une petite terrine 
Qui tenoit environ chopirte , 
Trois jmlette* defatogVrtgttârtk r 
Le Cofi&l fctâtoit pas ptas beau. 
J\nfcvois quWt^letonfcJem-e , 
Mais c¥cok 4e mon ordonnance , 
Je tt'e* vt*ift% tktt mbîfft. 
Pouttim ptiffees îgttorans foins , 
" ta huit fours l'affaire en fut frite > 4 
Je vie votre flmté parfaite , 
£t «om le «fiai -alfa fi fcfeh > 
Que Mmfie*r-.k.... n'en vit tien. 

Après la mort de fon pere, Poiflbn 
S*attacha à M. le Duc de Créqui 9 
Chevalier des Ordres du Roi , pre- 
mier Gentilhomme de Chambre 9 
& Gouverneur de Paris , v qtii voulut 
bien l'honorer de fes bontés. Poiffon 
en a manqué fa rèconnoiiTance dans 
une Epître , qu'il a adreflee à ee mê- 
me Seigneur , alors Maréchal de 
France * & qui nous apprend encort 
quelques circonôances de fa rie* 

M ir 



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.Br^rrorttEQtt 
Après avoir demandé à M. de Creqnï 
Raimond le congé du Sieur RochtbeUes , foi* 
ÎIIT keau-frere, Cavalier dans le Régi- 
ment de M. de Cadrieux , 

Poèï. div. Que la fièvre depuis deux ans t 

deR.Poiflbn> ^ . . 

Otou du ranf des combatun* * 

II ajoute : 

On Éiît pour un vieux dbmefHque 
Ce qu'on ne feroit pas pour quelqu'autre, je croi| 

Ce vieux domeftique 4 c'eii moi , 
Moi qui reçut de vous le nom de BdUroche 9 
Dans un lieu d'Orléans, oîi l'on tournoit labrocbe , 
C'étoit un Cabaret que Ton nommoit ► je crois , 

Les trois Maures ou les trois Rois». 
Vous étiez encor là , fuivi d'un rien qui vaille , 
Je penfe que c'étoit ou la, Fiante ou Briaille j 
Je ne fçais quelle route ils ont eboifi tous deux » 
S'ils vont en Paradis ils ferontbienheureux» 

Mais je reviens à mon Baptême , 
Lequel fut fait fans eau , fans fel , huile , ni crème $ 
Le vin d'Efpagne feul fît l'office de tout , 
^ J'en tus mouillé de l'un à l'autre bout ». 

Car après j'en bus comme un chantre ; 
Bref , je fus baptifé jufques dedans le ventre. . 

Enfirite ».il me fouvient encor ^ 
Que je reçus de vous douze beaux Louis d'or , 
J'en avois bom befoin ; mais pour ce bon office , 
J'en ai préfentement mille à votre fervice *&c. 

]Le Poëte dit dans la fuite de cette 
Jtpître , qu'il avoir alors fept enfans, 



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F tC A N Ç O I SI. 
dont l'aîné étoit âgé 18 

Le goût que Poiffon prit .pour la« Raxmoni>> 
Comédie , futfivif , que fans confi- 
dérer les avantages que le £)uc de * 
Gr équi auroit pu lui faire , il le quitta 
pour aller jouer la Comédie en Pro-- 
vmee. Ce fut f^ns doute vers i6jp 
. ou Tannée fuivante : car $n ,165$ il 
étoit Afteur de la Tjou^jde Bour- 
gogne ; 8t en i6%6\ çéttç Troupe 
ayant été réunie à celle de Guéné- 
gaud y il ypaffa avec fes camarades. 
Sqn talent fupérieur pp>ir lès rôles 
Ççtniiquës^ & principalèi^ient pour 
çélui oe d^/Vr, <m^ 
'adopta, fôutenu d r un efprk kgréablë, 
& rempli de faillies , le firent con- 
noître de toute la Cour & même de 
Louis }j|IVr" qui le remit dans les 
bonnes grâces de M« deXréqui y & 
lui donna plufievfs marques: de fa- 
bonté & de fa libéralité. En '1661 
tems auquel le Roi accorda dès pen-- 
fions aux gens de Lettres de fon 
Royaumë , & S quelques étrangers , , 
Poiffon'adrçltâ une Lettrç à Louis* 
XIV. qui commence ainfî : 

< - f^A ccpx^qpi'fe mitent d'eNmre> " : " 
On dit, que vous donnez de quoi , • 
-Cependant je m'en mêle , Sîre*, 
, Ek vouant -longez p^s à moi. 



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POïsVOW, - m d'fetttfcbi ***%ttîr* , v<sus 6m défeaftoyé 

De na vtihê trcmWarfte eût e»flé le coifrage , 
Si vous ne m'tufiiez. oublié ! 

ïî paffe enftiite ati Roi ANnrt ptafio» 
: de arifle livret : qtfe 'lui , ? oitftm fei- 
"fiflt à la tttte àe Vèiïetôfi, pdtùeàien- 
ï& , qui s'étoit f étirée après forait 
' de &etlerofe fon mari , & il hti expofe 
d'uhe manière plaidante cotabren cet- 
te peftfron lui&oit â cHatge,fc ipfeÛe 
l'fertgâgeoit , à chaire di^Yttet mTil 
payoit , de* fotihàtëï ^tfcflitie 
<feïAier,& ajoute î; 5 

ptrortatn fi tous Vonfirt ,&*tfn$ fccif r 
Rétame* dfc nVfe {toit* m» ï>atfÉKe y 
- Qutefa *fe ôuXa mort tue fafci*i8îHérett*e> 

tfe n^tt,«)droisj^rte â lettre é» h^u<e> 
• Cfellc où j'aipire $»*ele 4*e*»e£ 
J Vous changeriez mon irifte fort J. 

Ôui trifte , je le puis bien tlïre . j 

• ' ' t'ar fi je n'é^ére ieli vbjuSf',SiftV ' ' !j 

• r ( Jtn%ért«i<iuWla4fibir. / ; . * 

le Rpi goûta cette f^ïtre , Raccorda 
quatre cens livres de .penfîoii à l'An* 
teur,& PoiÉbnlui fit*c remet-ciment; 



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f£Àtf<*Oïst. xff 



fronarqàe adoré dans la paix 9 



Et redoutable dans la guerre», Raimon© 
toi «jui te tends par tes beuts faits POJMON. 
Àdmiràtie à toute Ta terré , 1 6 

toiffr -, qti*o«ifefe jlôttr foï dfe vteirx ! 
Que fat* *#hte <*>\ ft h etavux t 
Grand *di> *6u\ l*(Jfef*tt$ ttidcfre ; 
fce Tti#c y îe Sarnfete > te Mener , 
^ Tiennent de Uuit climats p dur te Voir tm moment $ 
Auprès de toi Céfer , $dpion , Alexandre r 
Ne font pasieqrétonmment. 
fct moi , Ôrand Roi , j'avoue ingénuement > 
XJtûc je Yfc fixais f>àr ôti m*y préAdrfe , 
Pcmr té feireun rtmercimlrtr. 
Par *tfe bonté fiirpWnknee • 
Ta m\« Éflhwë ^iatré cWis fômfcis it ftrtre , 
/enere remerdrojs priait 
fton , gr&Tid R$i ,je ne ptusltre ingrat, à çefoinu 
Je jure , &c*eft hazard fi quel^u'ati n'en ntttrnuife % 
Mais nétfeflairement t Sire* il feut que je jure i 
. Èï que ta tàajeffc*' p*àfie voir en efret , * 
Si je fuis Wehîîblë au bien qtïïérté hïafàît ; ' 
Qûe mi fâi^efoittkïti^^ t 
• fit^liSetoto^ >-'■ • 

Si jc^hÈtt ijÉrrfàft un fcul$Gur ttJAà t*e y • ' ; 
Sans prier pour ta Majefte\ 

On lit et* mi fuit dans fe Farere- ******* 
rlana : « Pbifloft étbit bîêh Vèïih par- * 
»tout. ^i.Colbprf tuiayoit tenufifj 
^eniarit ce.quttui â^oit dorçne 
» entrée chez ,ce Minière * à qui iï 
V portait quelquefois des vers à là 

M vj 



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ij6 Bibliothèque 

* louange. Un jour qu'il y fut , après- 
JUimonû >} y avoir« été plufieurs fois pour tâ- 
°iTo N ' » cher d'obtenir un emploi pour le fil- 
" »leul , mais jufqu'alors inutilement 
#il falua M! Colbert , & lui dît qu'il 
» apportait quelques vers qu'il pre- 
» noit la liberté de lui préfenter. Le 
» Miniftre rebuté de pareilles pièces 
» lui coupa la parole , & le pria très- 
» fortement de ne lui point lire fes 
» vers. Vous n'êtes faits vous autres,, 
» dit-il , que pour nous incommoder 
» de la fumée de votre encens. Mon- 
»feigneur ,,dit Poiffon , je vous affure 
» que celui-ci ne vous fera point de 
» mal à la tête ; il n'y a rien qui ap- 
» proche de la louange. NL De Màu- 
« lévrier y & toute là compagnie , 
» impatiens de voir les vers de Poif- 
» fon , prièrent M. Colbert de les îui 
» laifler lire , ce.qu'il permit à condi- 
» tion qu'il n'y auroit point de louan- 
» ges. Poiffon commença ainfi 

Ce grand Miniftre de la paix r 
i » : . y i; Colbert qiie^ fa France révère ? x 

. r - Dont4e r nom nerjnoyrça jttnaifi: . . 

a'îto^ ybus hé 

» me teiiefc pa& parole ; finiflez;jé 

» me fouviendrài de vous dans l'oe- 
il ~, ' <: b iir . " v 

ir IL 



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i 



F r a n ç o rs e. 277 
y> cafion...^ Monfeigneur , répliqua » 
y> Poiflbn , je vous jure que voilà tout Raimond 
»ce qu'il va de louange* dans cette Poisson* 
n pièce. M'importe y ajouta M. Col- **9& 
» bert r n*en Êfez pas davantage. La 
*> compagnie le pria* néanmoins de fi 
» bonne grâce , qu'il permit , cpioi** 
» qu'avec aflez de peine , à Poiflbn 
>> de continuer. Celui-ci recommenças 
» en ces termes;; 

Ce grand Miniftre de la paix 

Colberc que la France révère , 

Dont le nom ne mourra jamais : ' 

Eh bien , tenez , c'eft mon compère. • 

Eier d'un honneur fr peu commun , * 

Eft-on furpris fi je m'étonne», 

Que de deux mille emplois qu'il donne , 

Mon fils n'en puifTe obtenir un. 

5L Colbert accorda fur lé çKamp £ 
Êoiflfbn , pour fon fils , un emploi die 
Contrôleur général des Aydes. Ce 
Çoete quitta la Comédie à la clôture 
du Théâtre,, avant Pâques de Tan— 
née 1685 , & mourut , comme je l'ai, 
cjit, en 1600. Il avoit eu fept enfans 
dont -un teufj Paul Poiflbn , prit le: 
parti de la Comédie , fuccéda à fon- 
j>ere dans les mêmes rôles qu'il avoit: 
jpués jJBc le remplaça avec cefuccè* 



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37$ BïBt tOt HËQtfÊ 
qui flatte l'amour propre , & qui l'ai* 
Pots^oN D tâcha P lu * particulièrement à une 
1**0/ profçmûn que le Chri&anifme con- 
damne. On a dix Comédies dè Rai- 
mond Poiffon , toutes en vers : Lubiriy 
OU le Sùï vengé : Le Fvu de qualité : Le 
Baron de la craffe : Vapres-fouf i des 
jiuberges : Les faux Mofcovites : Le 
telle Bàfque: Là Hollande malade: 
La Mégère amour eufe : Les Femmes co* 
quettes: Les Foux divertijfans. La Co- 
médie du bon Soldat a été tirée de 
cette pièce. On trouve dans le même 
Recueil , & Ïqvls le nom de Podffoa 
La Comédie fans titre ; mais elle eft de 
Bourfault. A l'égard dés Poëfies di- 
verfèS de Ràhntfnd Poiiïm\ il ù 9 y a 
que fon Epître au Roi * qui le trouve 
avec fon Théâtre 9 dans l'édition de 
r6§7, en 1 vol. in- 11. Mais elle* 
étaient réuntes dès îfôï â la t§re de 
h Comédie intitulée Ln Fbux dîvir- 
iiffàns. Celles dont j # ai firit mentiOrf 
iy Kfent , avefc d'antres piétés m 
Maréthal de Créauy , à MM. de Lou- 
trois , Colbert , à £>dma*êts , à te 
ïhicheffe dè Richdien, à pîufieutt 
Aâenrs & Aûrkes du théâtre Fran- 
çois , à MM. Sanfier , Cabouft , Har- 
aouin & autres. Toutes ces Poéfies 



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F*: ANÇOïi £r 279 
dîvetfes ont un air aifé & naturel qui 
plaît. 

P. S. D. 

Je âe fçâft à qtit attribuer xles Sa- 
tyres mi parafent k même année 
t&$o > ibtts le titre de Satyres 9 ou 
' Réflexions fur ks ïrràift jtes hommes 9 
ïès 'mïMtM^ii tem. L'Epître dté- 
-^càtbire â Ml Bbiteherat , Chaiïce- 
iiet de Frartcè > eft fignée J>. D. & 
d&tis'te privilège du Roi , l'Auteur 
fcft défigfté pa* tes Lettres initiales- 
: P. &. S. D. Le Reci^ldbnt ils^t 
-fctKitiertt neuf Satyf-é^verîifié^ affiér 
^ lâthèÊ^nt » maïs |)Idiiie$ de chdfes 
*tiïes & très-fenfécs. 

Dans k ï. le Poëtefe récrie eofr- 
^tre la fureur qui porte les hpmmes â 
~te détruire^es uns les autres ; ce qui 
; lui damjelieu dé parier de la guerre 
* &4ss iafettmens iHewtri^rs qu'on y 
met en ufage : il finit par une çein- 
Ivttè <de$ ' dlfordres Çae k Vanité a 
fetméuits daftsle monde. Il ftit>n*re 
~Aa*&k 1. «que i& pfcts grands ham- 
? *fcès:fdttt ïtyets à fe ttomper > & que 
J tdprît , pêtf J'fcbus quel^în *m feit r 
iTel! que trop foutent k caiife Oit 
Focèafioa. (tes n*au& ks plus dange> 



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iSo BlBLIOTH E Q V IT 
> r eux : Télogc de Louis XIV. terminer 
P. D. s. D, cette i. Satyre. La 3. attaque l'ava- 
it jo*- rice & les effets pernicieux que l'â- 
mour de l'argent produit dans toutes 
les conditions. La 4. efi tin portrait 
des égaremens de la j£uneffe : , & d«s 
incommodités de la vieilleffe, & le 
Poëte y prouve cette, vérité 9 . Que 
le fage aufïi bien que celui qui a Pef- 
prit foible eft fouvent l'efclave des 
événement Dans la 5. qui eft: fur la 
manière de fe rendre illuftre;par fes 
ouvrages , le Poëte donne des avis 
très-utiles;, connus y j'en cpnviens T , 
de tout écrivain fenfé y mais commu- 
nément fort peu pratiqués. Il y parle 
du Sieur P entier, Auteur du Cabinet' 
des Grands ^ Evre peu eûimé : 

-XJue d'Auteurs ûn^ rsifoxH Que de plume* J^ë* 
* riles ! ; f 
t'Âmour propre pént tout ett^efjBcHëtnr mener; 
Et dam-feu Cabînâ on voit toujours Ponùm^ 

La 6. S&tyre concerne, les procès 
& le malheur de ceux qiji plaidât. 
Ge q^l'AnonypîPdit c,omrel^cor- 
niptfc>/> des; Jt*gç$ r &r ïfe trjt>p:>gra^d 
npmbre de Loiiç & de Coutumes , n-a 
rien d'outté. Il prouve dans la 7. que 
Iihomme n'eft point , à proprement r 



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F & a n ç Oise. i£r 
parler , heureux dans quelque con- 
dition qu'il puifle être , & que , pour p - D - s * D * 
l'ordinaire , on l'efi encore moms à 1 * Cé 
la Cour que partout ailleurs 

Que l'en foit habitant de Parii ou de Rome , 
Hr bien plus d'un endroit on fem que Ton efk 
homme : 

tes charges, les Grandeurs n'allongent painoa 

jours ; 

Ces chofes trop fouvem en arrêtent le cours. 

Il dit de lui-même /en fîniflant > qu'il 
ne fe fentoit p; 
ouvrages , ni 



ne fe fentoit pas propre à de grands 
ai à écrire ThiÔoire. 



Moi qui ne fuis point ne^pour ces projets fameux » 
J'évite ces deifeins comme trop dangereux* 
Si j'ofe quelquefois errer fur le Parnaflc , 
C'efl qu'au facré Vallon mon c(pri* &. délaflê : 
De là vie « en un mot , je calme un peu l'ennui , 
Riant également de moi-même & d'autrui» 

.C'efl dans la 8* Satyre qu'il attaque 
les Nouvcllijles de profeflion 9 gens 
prefque toujours fort oififs , très-iou- 
vent fort ennuyeiix , & qui parlent 
d'un ton décifif de ce qu'ils lçavent 
communément le moins. Le Poëte 
tes peint aflez bien , & montre le 
danger cju'il y a en bien des occa- 
sions, à répandre & à débiter des non- 



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velles. H ne réprouve pas une loua* 
d. s. D. ble curiofité , il ne veut pas qu'on 
foit infenfible k ce qui fe paffe d'im- 
portant dans le monde ; mais il Mi- 
me l'inquiétude & le defir trop ardent 
de vouloir tout fçavoir , tout péné- 
trer. La 7. & dernière Satyre eft fur 
la différence de ce fiécle (le 17. > 
d'avec les précédens , & fur les de- 
fordrfcs que le poifbn caufoiî d« fon 
tems dan* lafociëté civile. Il y cen- 
fure Fignorance, & fait voir lès avan- 
tages de f étude. 

SB S N. COURTIN. 

N. Cour- 

TI iV o Courtm attaqua auffi les erreurs 

9 * des hommes-^ non par les traits delà 
Satyre , mais en leur «oppofant quel- 
ques exemples éclatant de grands 
perfonnages qui en avoient fçu triom- 
pher , & les dogmes comme les ma- 
ximes de la Religion les plus capa- 
bles de ramener à la vérité ceux qui 
s'égarent , 011 de les prémunir connt 
la féduâion. Ce ne fut pas cepen- 
dant par-là qcTù commença fa carriè- 
re poétique. Charmé des hauts faits 
de Charlemagne , iï conçut le deifem 
"de chanter U réiaMitfemint de f£m- 



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F 'A ik 'W Ç te I s 6. if ? 
Rmain , quittait coftté tant de 

feins & de fatigues à ce Prince; & 
foft* âvôir aflefc foefuré (es forces 
avec fon etttreprife , il donna en 1 666 
un Poëme héroïque en fix chants ; où 
Ton voit trop peu de rritïmit y & trôp 

' défiais : & de nierveimmx dénué 
dç vr aifèthbîànc^. 

Lauis te Laboureur âvàttriéja don- 
Aé un PoëYftt de Charieittegne , mais 
dont l'objet étoit dictent, ïl y trai- 
tait te réfaWifftftient <dti Pape. M. 
GôwtiYi ttédfcre qu'il n'én à voit inr 
*«ne tofcftoiffance loriqu'il compofa 
kfien; ii Ta voit fait dans une foïitude 
"Où ï! n'entendoît xfyit rarement parler 
dte te qm fe paffe dans la République 
dfcfr 1 ïiettres.' Rentré apparemment 
àârts fé-cottimè^ce ordinaire, de la 
Vie, il c^iébVa *n 1^74 latfouvetlc 
Cànqtcëtt de Ax Frânàie-Comtê. Ce le- 
tond. Poème eft en quatre chants , 
fcî&éfc 4e quelques fiâioris & de plù- 
fiejirs àlltewies qui paroiffent affôz 
Jt^es. Le roete a fçu trouver le fe- 
cret d'y rappeller une partie des deux 
Campagnes qui avoient précédé la 
conquête de la Franche-Comté. Il y 
nomme les principaux combattans r 
& il tend à chacun la juftice qui lui 



TIN. 



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1$4 BlfiLIO Tfl/E Q V * 
étoit due. Ce Poème languit trçfT 
cependant,, & le détail des aéUons 
n'cft pas affez animée Le zélé avoit 
fait prendre la phime à l'Auteur ; 
mais les Mufes ne Font pas fuffifam- 
ment fécondé. • j: 

Il ne fit plus fur la #n de fes jour* 
que des Poëfies Chrétiennes , qufif 
réunit & publia en 1687. Ce Recueil 
contient encore un Poëme héroïque 
4e Charlemagne en cinq livres , mais 
de Charlemagne pénitent. Le Poëte £t 
qu'il avoit préféré de faire connoîtrtU 
pénitence qui a fait faint et grand Mfh 
narque , que de continuer à chanter Ut 
hauts faits d'armes qui Vont fait Empe- 
reur des Romains. H convient que 1911 
ouvrage eiid'une invention auffi 
guliere , que lé fuj et en eH nouveau ; 
que les attions de piété y les humilia* 
tions , les auftérités ,Jes affligions,, 
les larmes , les foupirs ^qu'ilexpofç, 
qu'il décrit % qu'iltâche de. peindre , 
. ne feront peut-être pas au goût de 
ceux qui ne veulent dans les poëmfs 
ue des portraits de grandeur , que 
es idées magnifiques , que des aven- 
tures extraordinaires , des faits d'ar- 
mes merveilleux 9 des palîions écla- 
tantes i.mais il fe flatte , & il iqefem^ 



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Tranço i si. 285 
ble qu'il eft un peu fondé , que l'on 
trouvera que les principales règles N - Co^&- 
de Part ne laiffent pas que d'y être T1N - 
e*a£teàiënt obfervees , que lés inci- 1 9 °* • 
dens n'y font pas tout-â-fait dénués 
de beauté & d'agrément , que les épi- 
fcdek y font affçzfuftés & affez bien 
imaginées , que les défcriptio^s n'en 
fôikt pas défagréabtes. Je vôudrois 
que la vérité dé l'hiftôire y fût aufli 
exaôemènt obfervée ; mais il m'a 
paru que le -Poète mettait beaucoup 
plu» d 'é&ïonéâe faintetp fur le comp- 
te ide ChàHemagn'e que l'hiftoire n'en 
rê£ônnoît. J II lé f loué, auffi fur fon . 
aftiour -pour les fdîences & pour les 
fçtfVans-, & fur cela il ne dit rien de 
trop. Voici le portrait qu'il y fait : 
èUjilàân <lans ] le j. Livré. f ; 

C'eft ti fagé^JoeTeur qui de toute la France 
Chaflà y' comme un Soleil , la nuit de l'igno- 
rance i ' 

„ Et quiiit refleurir an Royaume des Lys , 
.Depuis un teins fi long les Arts enfevetis. 
C'eft lui qui fur les bords de îa fameufe Seine , 
Jetta k£ vtpndemens d'une nouvelle Atheine » 
JEt dans l'ample pourprjs d'une immenfe Cité, 
Qui fait de tout f Etat la iforce & la beauté , 
- Recueillit fur un Mont les Itoufes difperfées, 
Alors de toutes parts errant** & chaiTées j 



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iS6 Bibliothèque 

■ Et ce im\â Empereur approuvai^ fcn «leftin , 

N. Cour- * Lc $ ^ & Çou* » & Uwç. twrit fan fcin. 
tjn. r 

A **°* Si le Poëtê â vqulu jiaHçr sa crt^, 
droit , comme il parpït , de la forma- 
tion de rUniveruté de Paris *jl s an- 
ticipé les tetns ^c^te fenœufet é«oJe 
eftpoftérieure à Chaule jnagB«v 

Les autres Foefies de çe Recweit, 
fpnt fur /b qiiatftjinf ck tkotoip* > I* 
Mort % le Jugemçnt dernier * 1? Para- 
dis & PEnfçr > Se ta àmt du premier 
homme. Ce dernier PQëlOfc<ç&f 1* ë«* 
chants ; dans lç u M* Cpurtia parte, 
de la création dç fhonaiw dans l'strt 
d*innocençe \ de ianbonh^mj, <te la 
liberté que Dieu lui donna, d$ man- 
ger de tpus les fruits du Paradis tçi> 
, reftre Perception dfufl feui i. de 

l'envie que lèï)emoh conçut de cette 
félicité, & des moyens qu^j?j£t pQur 
en dépouiller Acfam & jfcye. Ine- 
xécution de ces moyens , la chute de 
nos premiers pères, , & fes fuites , &- 
neftes, à tmte tearfoàémé , font le 
fujet du fécond charifc ' 

Il paroït par ces vers Au Pàime for 
la mm , que 1* Auteur étoit alors daîfis 
un âge avancé , piufqu'ÎI. dit ça le 
commençant ; \ _ _ . 



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F R A N Ç O I S E A *87 

^ Comme, un Cygne mourant aux rives du Méandre, 
Annonce fon trépas d'uncbaot lugubre & tendre : 
Ainfî près du fépulçhre , & déjà fur le bqrd 
Des ténÀreufcs eaux oh préfide ht mort , 
* charte le* rigueur de la Targue inhumaine 
18* letfttaie* k*x de fim ample domawe , fcç. 

M* Couurtia 3, dédié çe recueil k Da r 
ujd *Lmunt ; & dan$ l'approbation 
d« I>o£çur$en Théologie , mû çû 
4u 16 Août 1683 » il e# analifiq a»' 
ci^r Profijfiur en Humanités de CUni- 
vtrjiti 4* Paris : c'eft tout ce que j'ai 
pu Wrçpdçe à fçm fyjet ; j'ignore de 
CQr^bÎQp 4$ tsms il a furvécu ï Vinx- 
preflicajx 4e. çes Poë&çs chrétiennes. . 

ISJAÇ PENSERADE. . 

- I$AAC DE 

l On n*a pas le même doute fur le Bensïra- 
t^msde la mort dîfeaç de Benferade, DE - 
ÇonfeïUer d'Etat , reçu à l'Académie: u * u 
Françoifç le 17 Mai 1674; cette mort 
arriva à Paris le. 1 9 Oftobre 1 ^ 9 u II Difc de 
etoit né en 10 1 1 à Lyons-la^forêt, pe- !^ bé Tal - 
«tç vjHe de la haute Normandie % 8c, chum i a vie 
ibrtoitcTune famille engagée dans les tude***'* 
erreurs dit 'Calvinifme. On dit que 
*Qn pere étoit Maître des Eaux & 
Forêts. Il y a lieu de croire que celui- 
ci rçatxa dans l'Eglifç Catholique f 



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188 Bibliothèque 
— puifqu'il permit que fon fils reçut la 
Is*àc de Confirmation! l'âge de 7 à 8 ans. 
Bensera- Ce fo t Puget , Evêque de Dar- 
PE *f*x. danie , depuis de Marfeille, qui lai 
adminiftra ce Sacrement , & Ton rap- 
porte que ce Prélat voulant l'engager 
a prendre un autre nom que celui 
d'Ifaac, l'enfant lui répondit qu'il le 
YOuloit bien t pourvu qu'on lui donnât 
du retour; ce qui fit augurer , ajoute- 
t-on , qu'il fçauroit un jour défendre 
fon bien : cependant on dit que fon 
pere lui ayant laiffé une fucceflion 
fort embrouillée f il aima mieux, 



<jue plaider. 

On a prétendu que fes ancêtres 
avoientété illuftres par leur noblefle. 
Si nous encroyons l'Auteur du Mer- 
cure galant ( O&obre 1 69 1 ) il étoït 
ïffu de Paul de Benferade , Seigneur 
de Chépy , Chambellan du Roi Louis 
XII , Grand Maître & Capitaine gé- 
néral de fon Artillerie , Gouverneur 
du Château de Milan , comme il eft , 
dit-il , juftifié par les Lettres de natu- 
ralité à lui accordées , & à fon fils 
Louis de Benferade en 1 504. Il avoit, 
ajoute-t-on, des alliances dans la 
xnaifon de la Porte & dans celle de 




(lie Normand , abandonner tout 



Vignacoiut, 



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Françoise. 289 
Vignacourt, étant petit - neveu d'un ! 
Grand-Maître de Malte de ce nom / IsAA c 
& coufiniffu de germain de celui qui BlNSE **- 
règne préfentement. Mais ce langage ' x 6 u 
eft bien différent de celui de Ménage , 
qui prétend avoir entendu dire que 
Benferade étoit fils d'un Procureur 
de Gifors ; & d'un autre écrivain plus 
moderne , qui dit, que ni fa famille , 
ni peut-être fon véritable nom , n'ont 
jamais été bien connus, « Je ne m'ar- 
rêterai point , dit à cette occafion Hiftoire. 
» M. l'Abbé d'Olivet , à difcuter ce ï A " d p ; f 6 r ;. 
» qui eft de la noblefle de Benferade. 
» S'il a voit laifle des enfans, ce feroit 
» leurs affaires ; mais il n'a Uiffé que . . , { 
» des Poëfies, & à cet égard peu im- 
» porte qu'il defcendît ou non des 
» anciens Seigneurs de Malines , & 
» que du côté maternel il tînt à la 
» maifon de 4a Porte , & à celle ds 
»Vignacourt ». Ce qu'il y a de 
vrai , c'eft qu'étant venu jeune à la 
Cour , il s'y donna pour parent du 
Cardinal de Richelieu , & que ce 
Miniftre & le Duc de B/ézé , le re- 
gardèrent comme appartenant à leur 
famille. Le Cardinal lui confeilla de 
fe livrer à des études férieufes , & 
d'emb rafler l'état Eccléfiaftique , afin 
TomtXrilI. N 



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îço Bibliothèque 

de lui procurer des bénéfices. Mais le 
I s a. a c Théâtre , dit M. d'Olivet , eut pour 
de Bense- i u - pj us ^'attraits que la Sorbonne; 
RA ^ r- une Aftrice , la Bellerofe , lui tourna 
' la tête * & il s'amufa dès-lors à faire 
des vers galans , & même des Comé- 
dies & Tragédies. On a de lui dans 
ce genre , Cléopatre , & La mort d'A- 
chille & la difpute de fes armes , Tra- 
gédies, dont la i. eft de 1635. & * a 
%. de 1636 ; Iphis & Idnte , Comédie, 
& Gujiave , ou Vheureufe Ambition , 
Tragi - Comédie , Tune encore de 
1636 & l'autre de 1637. Méléagre, 
Tragédie , qui eft de 1640. Paul 
p Boyer , dans fa Bibliothèque univer- 

p. 116. /elle , y ajoute La Pucelle d'Orléans , 
Tragédie , qui eft de 1641 ; mais Sa- 
muel Chapuzeau , dans fon Théâtre 
François , donne cette pièce à M, de 
la Mefnardiere , & ilpouvoit en être 
mieux inftruit que Boyer. Ces pièces 
Dramatiques firent peu d'honneur à 
Benferade , qui n'avoit pas pour ce 
genre d'écrire les talens qu'il falloit, 
& perfonne n'a foufcrit aux éloges 
que Mayret a donnés à fa Cléopatre. 
On peut confulter fur cela les tomes 
V. & VI. de YHijloire du Théâtre Fran- 
çois. 



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i 



Françoise. 191 
Quoique le Cardinal de Richelieu «— 
ne goûtât point le parti que Benfe» l8AAfi 
rade avoit pris , il ne laiffa pas de lui £^ ENS1 ~ 
accorder une penfion de fix cens li- A x ^ x . 
vres , & après la mort du Cardinal , 
événement qui lui fît perdre fa pen- 
fion, il s'attacha au Duc de Brezé, qui 
commandoit une Armée navale. Mais 
à la féconde Campagne qu'il fit fous 
lui , le Duc ayant été tué , Benferade, 
qui n'avoit encore aucun grade dans 
la Marine , fe réfugia à la Cour , oh 
il étoit déjà très-connu en qualité de 
bel efprit. La Reine Mere lui affûra 
une penfion de mille écus ; & Ton 
crpit qu'il aurpit eu auffi la protec- 
tion de Madame la DuchefTe d'Ai- 
guillon , fans ces quatre vers qu'il fit 
après la mort du Cardinal , §c dont 
cette Dame fe trouva offenfée ; 

Cy gift : ouy gift par la mort-bieu 
te Cardinal de Richelieu ; 
Ec ce qui caufe mon ennui » 
Ma penfion àvecque lui. 

Il fut fecouru par d'autres Dames ri- 
ches & libérales , dit l'Abbé Talle- 
mant ; & dans la fuite , il obtint juf- 

2u'à fept mille livres de penfion fur 
es bénéfices % dont M. le" Cardinal 



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■ îgi Bibliothèque 
—y— Mazarin lui en donna deux en mou- 
I s a a c ran t f ur l'Evêché de Mende auqiiel 
Ide^"" avo ^ **** nommer Hyacinthe Ser- 
ié$t. TOn *9 depuis Archevêque d'Albi. Il 
a voit une autre penfion de deux mille 
livres fur l'Abbaye de Hautvilliers , 
& une rente de 500 écus fur la Mai- 
fon de ville de Lyon. 

Ses Poëfies galantes , ou fur d'au- 
tres fujets , & fes bons mots le mi- 
rent fort à la mode. Durant plus de 
20 ans il fiit prefque le feul chargé de 
compofer les vers des Ballets qui fai- 
foient alors un des principaux diver- 
»■ tiffemens de la Cour. Il y prit un 
tour nouveau & hardi , ce fut de dé- 
couvrir dans les peintures fines & 
délicates qu'il faifoit des Dieux & 
des JDéeffes , le caraôere , l'inclina- 
tion , & même les aventures des per- 
fonnesde la Cour, qui repréfentoient 
des rôles dans ces fpe&acles. Il fen- 
toit fur cela fon talent , il en étoit 
jaloux , & vouloit qu'on connût fa 
fupériorité. M. le Préfident de Peri- 
gny , qui étoit alors Lefteur du Roi , 
ayant fait 'en 1664 le defTein & les 
vers du Ballet intitulé les Amours dè- 
Çiiifès j & ce Ballet n'ayant pas eu le 
fuccès de ceux de Benferade, celui-? 



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à 



Françoise. 195 
ci en triompha , & le témoigna par 
ces 4 vers qu'il fit fur le champ : l » a.a 9 

DE B£NSE- 

Ami Lecteur , ou Préfident ; n'importe : RADE. 
La Mafcarade eft belle , & vous Tentcndez bien ; 
Vos Amours dêguifts Je font de telle forte , 
Que le Diable n'y connoit rien. 

M. de Perigny répliqua par ces vers : 

Méchant pîaifant , ou Poète ; n'importe : 
La Mafcarade eft belle , & là Cour l'entend bien > 
Mais pour les gens de votre forte 
On eft ravi qu'ils n'y connoiflent rien. 

Mais ce commencement de querelle 
n'alla pas plus loin. Celle que Benfe- 
rade s'attira avec Molière ne fut pas 
de plus longue durée. Il avoit plai- 
fanté fur un endroit d'un Ballet que 
le dernier avoit fait. Molière ne s'en 
vengea qu'en faifant des vers pour 
le Roi , repréfentant Neptune & le 
Sçjeil , d'un ftyle fort refTemblant à 
celai de Benferade , un peu outré , 
à la vérité , par les jeux de mots ; & 
ces vers furent vus de toute la Cour f 
& la réjouirent. 

La pièce que Benferade lut en 1684 
dans une afTemblée de l'Académie 
Françoife , le jour de la réception de 

N iij 



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294 Bibliothèque 

Thomas Corneille , fut prife plus fé- 
I s a a c rieufement. Il faifoit dans cette pièce 
e Behse- j e p or t ra }t en raccourci des 40 Àca- 

IDE* ■•/»•• • • • * t 

demicxens qm vi voient alors , par 
rapport à leurs perfonnes , à leurs 
talens , à leurs avantures , & à leur 
fortune. Il y parloit avec liberté de 
chacun d'eux , mais avec ce tour fin 
& inimitable que Ton a loué dans 
beaucoup d'autres de fes poëfies. 
Celle-ci mortifia plufieurs de les Con- 
frères ; & quoique très-applaudie par 
d'autres ; & peut-être même par plu- 
fieurs de ceux qui en entendirent la 
lefture , l'Auteur crut devoir la fup- 
primer , & elle n'a jamais vû le jour, 
quoique le Pere Le Long , dans fa 
Bibliothèque des Hiftoriens de France % 
en parle comme d'une pièce impri- 
mée. 

Benferaderéuffiffoîtdans les chan- 
fons ; & la plûpart des airs tendres 
du célèbre Lambert font compofés 
fur fes paroles, C'eft à caufesde fes 
vers chantans , qui , avec ceux qu'il 
a compofés pour les Ballets , ont fait 
fa plus grande réputation , que M. 
Defpréaux dit en parlant de Louis 
XIV , dans le quatrième chant de fon 
Art Poétique , 



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Françoise, 195 

Que de fon nom chanté par ia bouche des Belles , — — 
Benferade en tous lieux amufe les ruelles. 1 s A A c 

de Bense- 

En effet les Dames les plus aimables rade. 
& les plus fpirituelles,foit de la Cour, 16 9 u 
foit de Paris , fe faifoient un plaifir 
de l'attirer, chez elles , & réçitoient 
volontiers de fes vers. Chriftine Rei- 
ne de Suéde charmée pareillement 
de fes ouvrages , voulut l'attirer à 
Stockolm , & la Cour de Fiance fut 
furie point de lui donner l'emploi de 
Réfident , & même d'Ambaffadeur 
en cette Cour. Mais cela n'ayant pas 
eu lieu , un plaifant , dit l'Abbé Tal- 
lemant , data ainfi une de fes Ga- 
zettes : 

L'an que le Sieur de Benferade 
X'alla point à fon Ambafiade. 

* En général cependant , le fhrle de N s ot '^' 
» & la vérification de Benferade font f ur Defpr^t. 
h plutôt faciles qu'aifés , dit un Cri- 4 -P* x6 s» 
» tique moderne. Ils ont l'air du na-. 
» turel ; mais on y trouve fouvent du 
»plat & du Ianguiflant. On ne peut 
» nier qu'il n'eût beaucoup d'efprit ; 
«mais qu'on ôte de fes pièces les 
»plus eftimées,les allufions forcées, 
aies équiyoques % les pointes, les 

Niv 



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296 Bibliothèque 
g »> quolibets , que lui reftera-t-il qui 
I s a a c H réponde à ion ancienne réputa- 
D ^ NSE " » tion ? » J'ai parcouru fes Epîtres , 
j 6 p U fes Sonnets , fes Stances , fes Elégies , 
fes Madrigaux , fon Ppëme fur le Ma- 
riage du Roi , fes vers des 24 Ballets , 
& il m'a paru que le jugement que je 
viens de rapporter n'avoit rien d'ou- 
tré. Une de fes meilleures pièces eû 
celle que le Pere Bouhours a inférée 
dans fon Recueil de vers choijis. Je parle 
de la Plainte du Cheval Pégafe aux che- 
vaux de la pethe Ecurie , qui le vouloïent 
déloger de fon galetas des Thuilleries* 
C'eft que Benferade avoit un loge- 
ment au Pavillon de ce Château , & 
qu'on avoit été obligé de le lui ôter* 
pour le donner à un Ecuy er lorfqu'on 
y plaça la petite Ecurie. La Plainte 
qu'il compofa eft d'une badinerie fine 
& délicate , & l'éloge du Roi y eft 
très-bien afnené. Benferade n'étoit 
propre qu'à ces ingétiieufes bagatel- 
les ; quand il en fortoit , il fortoit de 
fon caraftere. Les grands fujets lui 
convenoient peu , encore moins les 
fujets de piété. 

Sçaurions-nous , dit M. l'Abbé 
d'Olivet , qu'il eût paraphrafé en 
vers quelques chapitres de Job , fans 



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I S A A C 
DE BENSI- 
RADE. 



Françoise. 197 
un Sonnet dont il accompagna cette 
paraphrafe en l'envoyant à une Da- 
me? Il y a eu cependant au moins 
deux éditions de cette paraphrafe , "^i. 
l'une en 1638, & l'autre en 1 647 , & 
peut-être y en a-t-il eu une troifiéme 
vers 165 1 , puifque la difpute née à 
Foccafion du Sonnet en queftion ne 
commença que ladite année. On en 
trouve Thiftoire dans les Mémoires de 1# Ari'ix!*" 
Littérature de M. de Sallengre. On y 
lit que le Sonnet de Benferade fiit gé- 
néralement approuvé , mais que les 
ennemis qu'il s étoit fait par fa liber- 
té de parler, prétendirent que ce Son- 
net n'approchoit pas de celui que 
Voiture avoit compofé pour une Da- 
me nommée Uranie, Ce différend 
partagea toute la Cour >&l tous les 
beaux efprits de ce tems-là , & Ton 
nomma Jobtlins les partifans de Ben- 
ferade , & Ufanins ceux qui le dépla- 
roient pour Voiture. Il falloit nécef- 
fairement prendre parti pour Fini ou 
pour l'autre ; iln'étoit pas permis de 
demeurer neutre : fur quoi un bel 
efprit fit ces quatre vers : 



Uranie & Job, ce me fcrtlblc, 
N'a voient rien à fe demander; 



N v 



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29$ Bibliothèque 



I S A A C 
DE BENSE- 



Ma foi Ton devroit bien gronder 
Ceux qui les mettent mal cnfemble. 



Les Jobelins fuivoient Tétendart du 
Prince de Conti , & les l/ranim 
avoient à leur tête Madame la Du- 
cheffe de Longueville , qui s'expliqua 
affcz librement fur le Sonnet de Ben-r 
ferade dans une Réponfe qu'elle fit à 
la Comtefle de Brégy , qui lui avoit 
écrit en favettf du Sonnet fur Job, 
Ces deux Lettres fe lifent dans le Re- 
cueil de Madame de Brégy , p. 17, 



ci fit fur le mêmeiujet.(ibid. p. 98.) 
En combien d'autres manières ne 
s'eferima-t-on point de part & d'au- 
tre , comme le fait entendre M, Cor- 
neille dans ce Sonnet : 

Peux fonnets partagent la ville, 
Deux fonnets partagent la Cour , 
Et femblent vouloir à leur tour 
Rallumer la guerre civile. 

Le plus fot & le plus habile 
En mettent leur avis au jour , 
Et ce qu'on a pour eux d'amont 
A plus (f un échauffe la bile. 

Chacun en parle hautement 
Suivant fon petit jugement , 
Eu'il y faut mêler le nôtre, 



19. avec une Ept 




celle- 



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Françoise. 199 

L'un eft lâns doute mieux rêvé , ~~ I " 

I S A A C 

Mieux conduit , & mieux achevé à DE BENSt- 

Mais je voudrois avoir fait Tautrc. RADI. 

Le même dit dans un autre Sonnet 
en apoftrophant la démangeai/on delà, 
guerre civile , 

Que vous avez de peine à demeurer oîfîvc > 
Puifcju'au même moment qu'on voit bas les firon-, 
deurs » 

Pour deux médians fonnets , on demande , qui 

vivef 

M. le Prince de Conti , félon d'au- T 0 |v,Rem. 
très celui de Condé , porta ain£ fon furBayic,p. 
jugement fur les deux Sonnets , eau- l "* 
fes de la difpute : 

Ces deux fonnets n'ont rien de comparable , 
four en parler bien nettement ; 
Le grand eft le plus admirable , 
Le petit eft le plus gaianJ. 

Le grand , en vers de fix pieds , eft 
celui de Voiture ; & le petit , en 
vers de 4 pieds , eft de Benferade. 

Ce dernier fâché de voir la Du- 
cheffe de Longueville prévenue con- 
tre fon Sonnet , lui en fit fes plaintes 
par un autre Sonnet qu'on peut lire 
* Nvj 



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300 Bibliothèque 

dans les Mémoires de Littérature de 
Is aac M. de Sallengre , de même que les 

*ade ENSE " vers ^ ue ^ t ^ e ^ e Scuderi fur le 
même fujet , la Glofe que Sarfafin 
adreffa à M. Efprit , qui étoit du parti 
des Jobelins , & un extrait de l'exa- 
men critique que fît Balzac des deux 
Sonnets de Voiture & de Benferade. 

Il y avoit plus de 40 ans que M. 
de Benferade jouiffoit de toute fa 
gloire , lorfqu'il s'avifa de publier en 
1 676 fes Métamorphofes en Rondeaux , 
ouvrage qu'il entreprit à l'ufage de 
j M. le Dauphin , par ordre du Roi , 

qui le gratifia d'une fomme de dix 
mille livres , mais qui n'en fiit pas 
Bibi. Fr. mieux reçu du Public, Je ne répéte- 
rai?' nouv *» ra i point ce que j'en ai dit ailleurs, 
&fuivf' S7 ' afin de ne pas trop allonger cet arti- 
cle. Je me contenterai de rapporter 
ce Rondeau que l'ingénieux Chapel- 
le fit en réponfe à l'Auteur , qui lui 
avoit envoyé de fon livre un exem- 
plaire bien relié 9 

A la fontaine où Ton puife cette eau > 
Qui fait rimer & Racine & BoiUau , 
Je ne bois point , ou bien je ne boif guère ; 
Dans un btfoin , fi j'en avois affaire, 
J'en boirois moins que ne fait un moineau. 



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Françoise. 301 

Je tirerai pourtant de mon cerveau 
Plus aifémenc , s'il le faut , un Rondeau , 
Que je n'avale un plein verre d'eau claire 
A la fontaine. 

Pe ces Rondeaux un livre tout nouveau » 
A bien des gens n'a pas eu l'art de plaire ; 
Mais quant à moi j'en trouve tout fort beau » 
Papier , dorure , image , caractère , 
Hormis les vers , qu'il falloit laiiTcr faire 
A La Fontaine. 

On a plufieurs autres Rondeaux 
fur le mêmefujèt dans le Porte-feuil- 
le de M. L. D. F. à Carpentras / 
1694 in- 11. 

Le dernier ouvrage de Benferade 
eft un Recueil d'environ 100 fables Pam - Ff » 
réduites en autant de Quatrains , P HHtoirc dt 
dont 3 9 ont été gravées au Labyrin- r Acad. Fr. 
the de Verfailles. Non feulement il \ 7 \.* %?Q * 
ne donna plus rien depuis au Public , 
il fit même divorce avec le grand 
monde, Jufqu'alors çfclave de la 
Cour y il voulut enfin fe voir libre , 
& à la campagne. Gentilly près de 
Paris fut le féjour qu'il enoifit ; & 
au-deffus de la porte de fa retraite , 
il £t mettre des armes qu'il s'étoit 
données , avec une Couronne de 
Comte. Un de fes amis dit un jour en 
les voyant , ceji au* Poètes à tnjwu 



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302 Bibliothèque 
Sa maifon & fes jardins étoient des 
I s a a c mieux décorés : tout y refpiroit l*ef- 
pe BtNSE- p r it poétique du Maître ; on n'y 
* A J\ E " voyoit qu'infcriptions gravées fur 
Técorce des arbres , & celle-ci fe 
préfentoit la première : 

Adieu fortune , honneurs , adieu vous & les vôtres , 

Je viens ici vous oublier. 
Adieu toi-même , Amour , bien plus que tous les an- 
tres 

Difficile à congédier. 

Ces deux derniei-s vers ne doivent 
être pris que fur le pied de l'hyper- 
bole , puifque Benferade avoit alors 
70 ans, & qu'il étoit de plus attacpié 
de la gravelle. La folitude ne lui fit 
rien perdre , dit-on , de la vivacité 
& de l'enjouement de fon efpri{ , ce 
qui a fait dire à M- de Senecé > fon 
panégyrifte : 

fïiftoire du Ce bel cfprk eut trois talens divers 

Tb. Fr. t. 6. Qui trouveront Tavenirpeu crédule ; 

ll 7« p c piaifanter les Grands il ne fit point ferupuk, 

Sans qu'ils le priflent de travers : 
Il fut vieux & galam fans être ridicule , 
Et s'enrichit à compofer des vers. 

La retraite lui infpira cependant 
des fentimens plus falutaires , & il en 



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Françoise, 303 
vînt à ne trouver plus de confola- T mmmm ^ > 
tion que dans les Pfeaumes , occupé Isa a c 
uniquement ou à les réciter , ou à les ™£ EN81 " 
traduire en vers françois. On voit RA j^ 
par une de fes Lettres du 3 Novem- 
bre 1690, imprimée parmi celles du 
Comte de Suffi Rabutin , qu'il avoit 
traduit ou paraphrafé ceux qui en- 
trent dans les Heures de tËglife. Sa 
Religion éclata âuffi dans les dou- 
leurs ; & celles-ci devinrent fi vives, 

3u'il réfohit de fe foumettre à la 
angereufe & violente opération de 
la taille. Mais fa confiance ne Ait 
pas mife à cette dernière épreuve. 
Ayant voulu fe faire faigner par pré- 
caution, le Chirurgien lui piqua l'ar- 
tére , & troublé de cet accident , prit 
la fuite , au lieu de travailler à étan- 
cher le fang. On n'eut que le tems 
d'appeller le Pere Commire , Jéfuite, 
fon Confefleur & fon ami , lequel 
n'arriva que pour le voir mourir. Il 
avoit 78 ans, 

L'Auteur du Mercure Galant cité 
plus haut , ne dit pas que fa mort ait 
été fi précipitée. « La maladie qui a 
» emporté M. de Benferade , dit-il , 
» l'a furpris dans la préparation qu'il 
» faifoit pour fe faire tailler de ta 



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1 



304 Bibliothèque 

» pierre , & tout l'art des Médecins 
I s a a c » n'a pu réparer la faute des Chirur- 
i>£ BENst- » giens. Il a eu une fièvre violente, 
rade. >} accompagnée dp rêveries ; mais 
l6 * u » commeil a toujours eu beaucoup de 
» religion ( fans doute depuis fa re- 
» traite ) & qu'il s'étoit préparé à 
>> l'opération qu'on lui devoit faire , 
» en véritable chrétien , & en chré- 
» tien pénétré, des vérités de la foi, 
.» s 'abandonnant entièrement aux or- 
» dres de la Providence , tous les dif- 
» cours qu'il tenoit , quoiqu'ils fiif- 
» fent prononcés avec véhémence , 
» fuivant fon tempérament , s'adref- 
" » foient à Dieu , à qui il fe plaignoit 9 
» en lui demandant en même tems la 
» patience dans fes douleurs , qui 
» étoient extrêmes. » 
<Euvr. de M. de S. Evremont qui parle de lui 
j. m™. fc . 4 ' ^ ans J ll g erne nt fur quelques Au- 
teurs François, adreffé à Madame la 
Ducheffe de Mazarin , dit qu'il avoit 
4< un caraftere fi particulier , une 
» manière de dire les chofes fi agréa- 
ble , qu'il faifoit fouffrir les pointes 
»& les allufions aux plus délicats ». 
Il eft vrai qu'on no\is a çonfervé 
quelques-uns de fes bons mots , qu'on 
nous a beaucoup vantés j mais fi je 



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Françoise. 305 
puis dire librement ce que la plupart _ _ 
m'ont fait penfer , dit M. Le Fevre I s a a g 
de S. Marc , Benferade n'étoit pas DJE Bfc Nsi- 
meilleur plaifant que bon Poète. Et RAD *' 
ce jugement me paroit affez confor- Notf fur 
me à ce que M. Deforéaux dit dans Boil - *• »• P- 
ces vers de fa Satyre (ur l'Equivoque, l6 *' 
ou parlant d'elle-même , elle dit : 

Je ferois mieux , j'entends , d'imiter Benferade : 
C'efr par lui qu'autrefois , mife en ton plus beau 
jour , 

Tu fçus, trompant les yeux du peuple & de la Cour* 
Leur faire à la faveur de tes bluettes folles , 
Goûter comme bons mots tes quolibets frivoles. 

MICHEL LE CLERC. * 

Michel 

Michel Le Clerc étoit plus ancien i6^u 
que Benferade dans l'A cadémieFran- „. A . A 

/ 1 n * ^- Hiitoiredc 

çoile ; il y avoit ete reçu des le 16 rAcad. Fr. 
Juin 1662. A l'âge de 23 ans , il vint & f *; v p ' %n ' 
d' Alby fa patrie à Paris , pour y fai- Hiftoîre du 
rç repréfenter la Virginie Romaine , Th> Fr# t# 60 
Tragédie , qu il avoir faite , comme t. xi. pag. 
on voit , dans un âge peu avancé, 

r* • ' j 1 s o • &t.XH. p. 

Cette pièce donnée en 1645 , & *I m *7 6 * 
eut du fuccès , fit augurer que fi l'Au- 
teur continuoit dans ce genre d'écri- 
re, il mériteroit une place dans le 
fécond rang des Poètes : car Pierre 



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306 Bibliothèque 

E^*"*^ Corneille tenok feul le premier. Mais 
Michel { Q [ t que Le Clerc fut peu flatté de 

MQi*^ cettc réuffite > foit q ue la profeffion 
d'Avocat au Parlement qu'il embraf- 
fa , le détournât d'une pareille occu- 
pation , 30 ans s'écoulèrent depuis 
fa Tragédie de Virginie , jufqu'à cel- 
le à'Iphigénit, qui ne parut qu'en 
1675. 

f Jacques Coras eut beaucoup de part 
à cette féconde pièce Dramatique de 
Le Clerc 9 quoique celui-ci ne faffe 
honneur au premier « que d'environ 
» une centaine de vers épars ça & 
» là , qu'il a choifis parmi quelques 
>* autres qu'il a voit faits , ajoute-t-il , 
» en quelques fcénes dont il lui a voit 
» communiqué le deffein ». Cette 
Tragédie n'eut que cinq repréfenta- 
tions , la première le 14 Mai 1675 » 
& la dernière le 9 Juin fuivant , & 
elle n'eft guéres connue aujourd'hui 
que par cette Epigramme attribuée 
à M. Racine: 

Encre Le Clerc , & fonamiCoras , 
Tous deux Aineurs rimans de compagnie , 
N'a pas longtems s'ourdirent grands débats. 
Sur le propos de leur Iphiçénic. 



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Françoise. 307 

Coras lui dit , La pièce eft de mon crû, mmmmÊ ^* 
Le Clerc répond , Elle eft mienne , & nen Michel 
vôtre : Le CleRC. 

Mais auflitôt que l'ouvrage a paru , I69U 
Plus n'ont voulu l'avoir fait l'un ni l'autre. 

L* Auteur de cette Epigramme a un 
peu au refte abufé de la licence poé- 
tique ,puifque bienloinde défavouer 
cet ouvrage , M, Le Clerc aflure 
liautement dans fa Préface , qu'il eft 
entièrement de lui, à la réferve de la 
petite part qu'il y donne à Coras* 

En 1681 Le Clerc travailla aufS 
avec le Sieur Boyer à la Tragédie 
d'Orejfle 9 qui fut repréfentée pour la 
première fois à Paris le 10 Oftobre 
de ladite année , après l'avoir été à 
Fontainebleau devant le Roi , dès le 
mois de Septembre précédent. Mais 
ila compofé feul un mauvais Opéra f 
intitulé Orontu , qui n'a jamais été 
joué à Paris. 

Colletetdansfon Difcours du Son- 
net , p. 104. parle de quelques tra- cl £ n [ P y Lut# 
duôions en vers Latins , faites par c bu>i." Fr. 
Le CJerc , & j'ai moi-même fait 
mention ailleurs 

De Ton TaiTe François en naiflànt oublié t 

C'e#-à-dirç de fa tradu&ion en vers 



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308 Bibliothèque 
François des cinq premiers chants 
Michel de la Jérufahm délivrée , dont le peu 
Clerc. ^ e d^b^ empêcha le Traduâeur de 
6,x " donner la fuite. Ses autres Poëfies 
Françoifes font une Ode pour le Roi , 
imprimée en 1 663 , & qui a 280 vers ; 
une x. Ode encore pour le Roi 9 de 
240 vers, mife au jour en 1668 , & 
Le Temple de f Immortalité 9 Ode de 
400 vers , à M. le Dauphin , publiée 
en 1673. On lit encore du même 
trois Sonnets dans le Recueil de Ser- 
ci, tome 4. fur l'abdication de Chrif- 
tifie , Reine de Suéde , fur fon voya- 
gé en France, & fur fon entrée dans 
Paris : voici le dernier , où la louan- 
ge eft trop outrée : 

• Mufes qui préfidez fur les bords de la Seine , 
N " Rangez fous vos drapeaux vos plus chers nour* 
rifibns > 

Préparez vos concerts , méditez vos charbons , 
El venez rendre hommage à votre Souveraine* 

Toi , fuperbe Paris , qui te contiens à peine * 
De qui tout TUnivers doit prendre des Jcçons , 
Travaille à fon triomphe * & de toute* façons 
Eftaïlc tes grandeurs aux pieds de cette Reine. 

Voici la véritable & Tunique Pailas 9 
IUuftredans la paix , comme dans les combats» 
£t qui s'eii contactée au Temple de mémoire, 



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Françoise. 309 

On y voit à fes pieds les vices abattus ; 
Et n'ayant plus de fceptre , elle ne met fa gloire - Michel 
Qu'à régner en tous lieux par fes feules vertus. ^ fy**** 

Enfin je connois du même , un autre 
Sonnet fur la Statue du Roi érigée 
en la Place des Viâoires , & une Ode 
à M. le Dauphin fur la prife de Phi- 
lifbourg, en 1688. Ce Poète eft mort 
le 8 Décembre 1691. 

N. DE LA FOND. / 

N.Dela 

Je n ai riçn lu du Sieur De U Fond. 
Fond, Parifien , Capitaine de Dra- l6 n* 
gons dans le Régiment de la Reine. 
M. Thon du Tillet , qui le croit mort Pam Ff 
vers 1691, dit « quec'étoitun de ces p. 434 ,'435! 
» agréables débauchés, qui étoit pref- 
» que-toujours en pointe de vin,& qui 
» alloit même quelquefois plus loin >,. 
Il ajoute « qu'il avoit le talent de 
» parodier , ou de faire des paroles 
» fur les airs qui avoient le plus de 
» vogue, & que Ton trouve plufieurs 
» Parodies de fa façon dans les trois 
» volumes de Parodies , & dans les 
» deux volumes de Tendreffes Bachi- 
» queS) imprimés chez Ballard ». 

M. le Maréchal de Turenne , con- 



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3io Blbliotheque 
tinue M. Titon , & M. le Maréchal 
N. De la d e , Créquy aimoient La Fond, & 
Fokd. l'invitoient à leur table. Il n'étoiî 
1692,0 pas moins recherché de M. le Duc 
de Vendôme & de M. le Grand-Prieur 
fon frère. La Fond mourut d'acci- 
dent au Château d'Anet , où M, de 
Vendôme l'avoit mené ; étant tombé 
fur un efcalier , il fe fit une bleffure 
à la tête , & en mourut quelques joiirs 
après. 

CHARLES DIS PERIER. 

.•Sîîiïï. cha / le ? Di j périer >, mort Je i 

i6$%. Mars de la même année 1692, eft 
plus connu par fes Poëfies Latines oh 
il a excellé, que par celles qu'il a 
composées en notre langue^ Il n 'a pas 
cependant négligé celles-ci, & ç'cft 
dans ce genre qu'il a remporté deux 
fois le prix de 1 Académie Françoife. 
La première fois fut en 168 1. Sa pie- 

pièces de ce e ^ une ^°S ue 9 farce fa) et > Qu'on 
Fcef. qui ont voie toujours Sa Majejlé tranquille , 
remporté^ie quoique dans un mouvement continuel* 
Franç.ctepuis La féconde en 1683. Le Poëme cju'il 
sé7i. jufsu'à envoya à l'Académie , a pour objet , 
1? * 7 * Les grandes chofes que le Roi a faites 
pour la Religion Catholique. M. De la 



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Françoise, jh 
Monnoye avoit auffi travaillé le me- 
mefujet, &les deux pièces ayant eu Charl? s 
un égal nombre de fuffrages , l'Aca- duPirur. 
démie fit frapper deux Médailles , 1 
chacune valant moitié du prix , pour 
les partager entre les deux Auteurs. 

Je connois encore du même deux 
Sonnets , imprimés in-folio , l'un au 
Roi y l'autre à Monsieur. Ils font 
fans date. Il a auffi traduit en vers 
François plufieurs des infcriprionsde 
Santeul pour les Fontaines de Paris, SantoK 

« i i~ • i i a * Garni, c* ). 

& les Epitaphes du même pour Ar- P . 35 , , 
mand deGrammofit, Comte de Gui- 104 9 ,05# 
che. 

Charles Du Périer, .Gentilhomme 
Provençal , né à Aix , étoit fils de 
Charles Du Périer , Gentilhomme d« 
Charles de Lorraine , Duc de Guife, 
Gouverneur de Provence , & neveu 
de Scipion Du Périer , ami de Mal- 
herbe 9 & célèbre Jurifconfulte. 

LOUIS E- AN AST ASIE ! ! 

SERMENT. Louise* 

Anastas:! 

Louife-Anaftafie Serment cuit va Sek * e " t ' 
de même les Mufes Latines & Fran- 1 * 1# 
çoifes. Cette Demoifelle étoit de 
Grenoble en Dauphiné. Son mérite 



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3ii Bibliothèque 

la fit adopter par l'Académie des 
Iouise- Ricovrati de Padoue. Ayant fixé fon 
Anastash féjour à Paris , elle y fut recherchée 
Serment. ' • . / % r y 

de quantité de perlonnes diftinguees 

Pam. Fr. par la naiffance , de même que des 
F* gens de Lettres , & des plus, beaux 

efpritsde fon tems, & comme ceux- 
ci remarquoient en elle un difcerne- 
ment jufte , joint à beaucoup de génie 
& de coniioiflançes , ils la conful* 
toient fouvent fur leurs ouvrages. 
Quinault en particulier la con fidé- 
roit comme fa Mufe choiiie ; ce qui a 
davr. ç*e donné lieu à ce Madrigal de M. Pa- 
raviii. édh. yillon y adreffé à ladite Demoifelle : 

de 17^7.1.*. 

Ta Mufe , ta perfonne au-delà Tonde noire 
Eterniferont ta, mémoire , 
V Amour en a fait le ferment , 
Puifijue Quinault eft ton Amant, 

Mlle Serment étoit cependant fur- 
nommée la Philofophc , titre qui ne 
s'accofderoit pas trop avec ce qu'in- 
finue ce Madrigal. 

Cette Demoifelle étoit liée auffi 
avec le célèbre Pierre Corneille , & 
«uvr. di?. l'on voit dans les Œuvres divtrfes de 
ao8 CO ao9. P ce g** anc * P°ëte un Madrigal très- 
*° ' 1 9# galant qu'il lui envoya , par la raifon 
que par un excès.d'eftime pour lui 

ell 



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I 



Françoise. 315 
elle avoit baifé fa main. Mademoi- 
féfle Serment y répondit par un -Lowm«- 
autré gu*on trouve au.mçme endroit. 5^^"* 
Ce fiit çjlé qui donna le premier k + &91i 
gout de la Poëfie à l'Abbé Geneft , 
quidemeuroit alors fxir lè ménaie pal- 
lier , 8c qui obtînt par fon empreffe*- 
ment à lui rendre de petits fervi ces ^ 
qu'elle daignât employer ^ quelques A d€ 
jaomens à jianllruire^ xromme noue l'AbbéG*- 
le dirons ailleurs, «cft. 

Les derriieres années .de fa vîè« 
Mlle Serment fut tourmentéç par uri 
cancer quijui rendoitla vie défagréa- 
Wçy&iqtu W faâfdit fôuHaîter lit mort " * * " 
avec empreffement. Près de ce der- 1 . r ; * , 
flfer tenrte 9 elle fit les vers fuïvàns : \ . , . 

Bientôt ( la Jumierc ées Cieu& 
paroîtra plus âmes yeux ; 
. Bientôt quitte ènvers.Ja nature f ^ 
' J'iraitlans une nuit dbîcùre 
Me livrer pour jamais aux douceurs du fommerV 
' Je ne me verraiïplu* par ua trifte réveil 
Jùcpofiée à feiuir les troubles de la vie. 
Mortels qui commença ici bat vôtfie cours, > 

Je jie vous porte point d'enVie^; * - » • • « k 
( f Votre fort, ne vat»t pas ajeriiier, 4e mes jours, » 
Viens favorable mon  viens brifer des liens ê , 
Qui malgré moi m* attachént à la vie ; 
J ; Frappe , féconde mon vie ; ** \ 
qint ûwflfrir $ft Je plut.gtarid<Ses * 

Tome XVUL O 



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Louise» , 
An a sx as u 



Gilles 
Mhnage, 



31-4 BlFtl O T II £ Q U E 

Dans ce long avenir Teptre l^fpr^t tranquille; 
Pourquoi ce dernier j>as dfc-ii à redouter ? 
Du' fcfaftre des humains, l'éternelle bonté 
Des malheureux mortels eft le plus fur' azile. 

On a plufieurs autres pièces de 
vers % & quelques Lettres en profe 
de Mlle Serment dans le premier vo- 
lume du Recueil de pièces Académi- 
ques en profe & en vers , mis au jo«r 
par le Sieur Guyonriet de Vertron. 
jMUe Serment eft morte à Paris vers 
l'aa 1692. 

1 GILLES 9 m AGE, 



Voîçi lui 3 c ^ c Coiu-tifaa des Mufes 
Latines & Françoifes : c'eft le célèbre 
Gilles Ménàgty Fundesolûs laborieux 
écrivains du dernier luécle , comme 
la multitude & la variété de fes Ou- 
vrages le font affez connoître* 
pour H naquit à Angers le 1 5 Août, 1 61 3 , 
5e r M. à Mé V n! àe Guillaume Ménage , Avocat du 
à la tête du Roi dans la mêmeville , & de Guio- 
Mmf«* f ne Ayrault , fœur de Pierre Ajrault, 
Lieutenant Criminel; Son inclination 
polir rétude , dont il donna des mar- 
ques non. équivoques dès fa plus ten- 
d^jfup^Tc,, engagea fon peare à lui 



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François e. 31* 
procurer une éducation conforme à ■■ 
de fi belles difpofitions. Après avoir Gilles 
appris les premiers élémens de la lan? Ménage. 
gue Latine , on lui fit lire & expli» l6 ? %% 
quer les meilleurs Auteurs delà bon- 
ne Latinité , d'oii il pafla à l'étude de 
la Philofophie , dans laquelle il fit 
un progrès extraordinaire. Pour le 
délafler quelquefois de fa trop grau*- 
de application , fon pere lui donna 
des Maîtres de Mufique & de Danfe ; 
niais ii ne put réufîir ni dans Tune ni 
dans l'autre. 

Il s'appliqua avec plus defuccès à 
l'étude du Droit ,. & plaida à Angers 
en 1631. La même année, ayant été 
amené à Paris , il fut reçu Avocat au 
Parlement, & y plaida pfufieurs caoi? 
fes , une entre autres pour M. Sen- 
gébéré fon Maître de Droit, qui 
vouloit répudier fa femme pour c^ufe 
xl'aduitere. Quelque tems après il 
alla aux grands jours de Poitiers eu 
qualité d Avocat ; mais à fon retour , 
dégoûté de cette profeflïon , & fe 
voyant d'ailleurs attaqué d'une fcia* 
tique , il retourna à Angers , <fe fit 
appliquer le feu fur fon mal , fouf- 
frant avec beaucoup de confiance 
l'extrême douleur inféparahle d'un 
pareil remède. O ij 



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3 16 Bibliothèque 

Lorfqu'il fut guéri , fon perc 
croyant lui faire plaifir , fe démit en 
fa faveur de la charge d' Avocat du 
Roi. Ménage ne voulut pas le refu- 
ser étant chez lui ; mais fitôt qu'il fot 
de retour à Paris , il lui en renvoya 
les provisions. Ce refus le brouilla 
quelque tems avec fon pere ; mais 
M. TEvêque d'Angers les ^accom- 
moda ; & Ménage ay ant déclaré alors 
au Prélat <[u v iï vouloit embraffer 
l'état Eccléfiaftique , on lui laiffa la 
liberté de fuivre fon penchant. Peu 
de tems après il fiit pôurvû de quel- 
ques bénéfices , en particulier du 
Doyenné de S. Pierre d'Angers , que 
fon pere avoit pofTédé. Je ne fçaîpas 
en quelle année il en fut revêtu, 
tetw mm Chapelain lui en donne le titre pour 
4c çhapei. " la première fois dans une Lettre du 
10 Septembre 1650, & il ne le lui 
avoit point donné dans une autre du 
12 Février 1648. 

Il s'appliqua alors à l'étude des 
fielles^Lettres avec une ardeur dont 
le fuccès fut très-heureux. Il recher- 
cha la connoUTance des plus fçavans 
<lç la ville & des provinces , & fit 
^habitude particulière avec tous ceux 
*jui gtoient regardés alors comme les 



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François e. 317 
arbitres de la réputation des gens de 
Lettres , & comme les difpenfateurs M ?^" 
de la gloire. Je vois par deux Lettres \*** B " : 
de Chapelain , l'une du 17 Septem- 
bre 1640 /& l'autre du 11 Décem- 
bre 1641, qu'il avoit déjaTeftime& 
la confiante de phifieurs Littérateurs 
connus > & par une troifiéme du 1 % JM ^ 
Février 1648 , qu'il étoit bien venu 1 * 
chez M. le Duc de Montaufier , & 
chez Madame de Sévigné, 

Chapelain , à qui if étoit redeva- 
ble en partie de cet accueil , Tintro- 
dnifit auffi chez le Cardinal de Retz , 
qui n'étoit alors que Côadjtiteur de 
1 Archevêché de Paris , & qui le défi- 
roit avec paflion , & il eut une place 
dans la maifon de ce Prélat 3 avec 
jui il vivoit fort familièrement. Mais 
ils ne s'accommodèrent pas long- 
tcms enfemble. « Ce Cardinal qui Rem. de m. 
» paflbit pour un grand homme , dit Jofyfur jNy- 
» Ménage lui-même , fe laiffoit con- lc ' Pr 5 * 8r 
>> duire comme un enfant. Les fem- 
» mes le gouvernoient , & lui avoient 
» fait de mauvais préfens. Lorfque 
»je le quittai , ajoute-t-il y M. le 
» Prince de Conti me fit offrir quatre 
» mille livres de penfiôn , fi jfe vou- 
» lois être à lui.. J'en fus fort tenté * 
O il; 



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3x8 Bibliothèque 

» ce Prince ayant alors de grands 
» bénéfices, & pouvant m'en faire 
» tomber quelques-uns. Je confultai 
» mes amis là - deffus , & leurs avis 
» furent partagés ; mais jeprononçai 

» pour la liberté Lorfque je fortis 

* de la maifon du Cardinal , ma for- 
» tie fit bien du bruit. Tout le monde 
m en parla jufqu'aù Gazetier qui fai- 
» foit alors la Gazette en vers bur- 
»lefques»: 

Le bel efprft Monfieur Ménage , 
^ Eft , dit-un , en mauvais ménage 
Avec le Cardinal de Ret*; 
On ne fçait par çuelt intérêts. 

M. Ménage perdit ion pere îe 18 
Janvier , & en hérita une telle 
terre qu'il vendit 60 mille livres â 
M. Servien, alors Sirr-întendant des 
Finances , qui hii en paffa un con- 
trat de trois mille livres de rente. Peu 
de teins après il obtint par Arrêt du 
Grand Conseil le Prieuré de Mondi- 
dier , qu'il avoit acquis en vertu d'un 
induit qu'un Confeiller de fes amis 
lui avoit donné ; & dès qu'il fut pour- 
Vu de ce bénéfice , il le réfigna à M. 
l'Abbé de La Vieuviile , depuis Evê- 
/ que de Rennes , qui fit créer en fa 



GlLJL.ES 
MÉNAGE. 



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fav^Ur iroe, i penfion de quinte cens 
li^es fil* JHWbaye dé S, Lomer de M ^^f 
Blois , & une de deux railfc cinq cens i 
livres fur celle de Savigny. îi fat- 
cfr^rgé dans le même tems par le 
Çpçdi&al Maaarjnfiî M, Galbept , de 
f^irç iœiralé de -gens de lettres,! 
qiM l*on àvoit ddTem de donner des 
pensions on deri gratifications. Mais* 
ce fxrojet ne réuffit point «lors ; & ' 
Jorfque dans la fuite il eut fon effet , 
M^rtkgé fiit gratifié poacnfti part d'une > 
penfion de &cùx miÉte fàvt^efe ; qui ne t 
lui int : cependant payée ^ue pendant 
les quatre premières années; 

Cette augmenta tien de revenu lni 
procura unplusjrrand repos ? & xm ^ 
plus .honnête loifir que jaimais pour 
travailler à plwfîeurs iowVraçès <pïfil 
donna fucceffiveraerit ato IM>Ub de- 
puis 1^6 ço jufqu ? en 1690, & pour la- 
OQfrtpofiHtion defquels fa mémoire * 
qm était très-grande & fes vaftes 
Içâaires lui fervirent beaucoup. Je } 
n'entrerai point 4àns le détail de ces > 
ouvrages dantia très-grande patrie 
n'etft pas ici dé mon ïkjet ; il me fu£ 
fit de dire , qu'il n'y a point de genre 
de Littérature dans lequel il ne fe 
foit exercé* &ibHvent4vec fiiccés. 

Oiv 



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3dO; Bibliothèque 

Il ét©it Grammairien ^PKilofoplî^ ^ 
y , Jtrçifeonfulté , Hiflariéri * Poëte , Ah- 
Mîna«b. tiquaij^.^ & Critique. Les tangues 
1 * u ' Grecque t Latine , Efpagnole, Ita- 
lienne lui étoient familières; & il a 
é^fcit eu profe dans phifiëurs àe ces 
langues , & dans toutes dès Psoëfies , 
ck même que dans la Françoife. L*A 
cadémiedela Crufca hiidonna place 
dans fon corps ; & après la mort de 
M. le PréfidentdePerigni^^uiavoit 
été. nommé Précepteur de M. le Dau* 
phin:, il ht sq!iieffi<»:deàii po«r le: 
r^£ia#er. C'était; en 1670. ->LMt^ 
teur de la vie de M~îde Montàïifier 
ne nomme pas cependant Ménage 
Comment, parmi les eoncurrens ; mais M. Huet 
en parle dajnS'ïfes Mémoires de fa 
P^run.p.i6 9 , p ro pj. e v ^ ev ^,çi[ t que qiioique le 

Duç de Monta ufier prévît bien que 
Ménage ne feroit point choïfi, ie Roi 
H Connoiflant à ïpeine de nom , il ne 
laiffa paSiqin? deiepropofer conjoïn- 
t$tn entravée MM. Bofiitet & Huet , 
qiii : furent adojités l'un pour Précep- . 
teur ^ le feççnd pour îe féconder. 
nu pag. Dans les ïtiêmês Mémoires , M. Huet 
m» I parle twjQursdetMénageayee éloge» 
jyjfr Dix an$ auparavant, en 1660, M. 

MçAage ayoit ftfluyédfis tracafferies. 



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Françoise* jit 
çuî le chagrinèrent au fujet d'une — — 
élégie Latine au Cardinal Mazarin, Gilles 
où Ton prétendoit qu'il avo^t mal Ménage 
parlé du Parlement de Paris , & d'une l6 * x - 
députation que cette célébré Com- 
pagnie fit alors à ce Miniflre. La vé- 
rité cependant efî que" cette Elégie 
âvoit été compofée trois ans avant 
cette députation , & qu'elle a voit été 
Vue & lue de tous lçs meilleurs amis 
de l'Auteur , qui n'y avoient rien, 
trouvé de ce que fes ennemis avoient 
intérêt d'y voir. Makré cela , il fal- 
lut fe juftifier férieulement , & Mé- 
nage le fît d'une manière à perfuader 
tous ceux qui n'aimoient que la jufiï» 
çe & la vérité. On a encore le Mé- 
moire r en forme de proteftation * 
qirïl fit à ce fujet , & on Te trouve 
au commencement du t. 1. du Mer 
nagiana. 

Ce nuage étant difîipé , Ménage 
continua les travaux qu'il avoit com- 
mencés , & qui lui ont acquis l'eftime 
& l'amitié tant des Princes & des 
Grands,^ vec qui il a toujours eu beau*-- 
coup de commerce , que d'une bonne 
partie des Sçavans de l'Europe. On 
a vu M. le Prince dé Guimené , M. de 
Montaufier MM. de Bautru , Ser- 



O v 



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312 Bibliothèque 

vien , quelques Prélats & des Minif- 
Gilies très même lui accorder leur amitié , 
Ménage. j u j Q /f r } r place dans leur Palais ; 
16 * l# Chriftihe Reine de Suéde l'honorer 
de fes Lettres , l'inviter à venir chez 
elle , & faire elle-même une partie 
du chemin pour le venir voir. On a 
vu lesSçavans de Florence lui accor- 
der une place dans leur Académie, 
ceux d'Angleterre & de Hollande le 
confulter ftir leurs ouvrages ; ceux de 
France même le regarder comme l'un 
' des arbitres de la réputation des gens 
de Lettres , & quantité lui dédier des 
Livres. 

Sa Requête des Dictionnaires , écrit 
badin & critique , en vers aflez in- 
génieux y qu'il adrefla à Meilleurs de 
l'Académie Françoife, empêcha qu'il 
ne fïit reçu dans cette Académie 
prefque dès le commencement defon 
Hiftoîre de établiffement. Mais en 1684 , la pluf- 
» A< a F 26 T part des Académiciens nommés dans 
*.^pag. il , cette R e g U g te ^ étant morts , il fut 

propofé pour remplir la place que la 
mort de M. de Cordemoi laiflbit va- 
cante , & elle lui auroit été accordée 
fans une puiffante brigue qui la fît 
tomber à M. Bergeret , qui étoit alors 
premier Commis de M, de Croiffy, 



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François e. 32J 

M^niftre d'Etat. « Toute la maifon >. . 

» Colvert , dit Ménage lui»même , fit -Giu.** 
»«ne affaire deconfequence ds cette. M ** AG «- 

M^fers de Seignelay , «te 
» woiiiy, leCoadjuteurde Rouen, ch. 7t . 
» le Dac dé S. Aignait , foHicitérent 
»en pertTonneipomr Bergeret , avec 
»f>!u6eiirs E>aiftes de. la Cour». Co 
W'P^^fé&flfeewijuïte, .■ >i 

Doht la trouve ,de M^ûSge 
A ppel la comme d'abus 
Ail tribunal dé ^hébus, ' 

dit hardinwnt Benferade dans fes Pt>r- 
-dàufatctiks:, lus en 
pdebie Acâdémieiié ^ott^màne que 
*4. Befgeret fiit re^u. . / 

M. Ménage eut encore d'autres 
affaires.; Sorbiere & Vkbbé Fay- sor^rian,, 
wtiont.'foitieïe tuà «te» ^bfltraits fort r- l6 s. ,6 «- 
peu.avaiJtagetix, «tit a eu des f 
«neiés'afiez vifs avec l'Abbé d 'Aubî- fui Hem.' 
«nac , Gilles Boiieati , C&tin , M. de 
*alo Y le P. Bouhours , fit NfcBaiilef. 
• Xfans-la cohteftation qnfiî y eut 
«wtre Iwiât l'Abbé d'Aufeigrfac , il ne 
«*a^flbk «que de ' fçavoir cornbïen 
d?heuî«s.avoitduréi"aaiohder J B ê tt/'A 
toutimmimhos de Térence. Cette 
dilate qui cottâfiehça en 4640, & 

O vj 



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J14 B t B L ro ? H E QUE 
qui paroiflbit de peu d'importance,. 
Gilles ne ] a jflr a durer plufieùrs an- 

Um*" °^ es •> ^ donna occafion à des volâ- 
mes entiers de part & d'autrfe. J'en ai 
parlé ailleurs. 

Celle que lui fit Gilles Boileat* 
s'était que fur fon Eglogue intitulée 
Chrifiiru-y parce qu'eue contient Té- 
loge de cette Ilçiae deSuéde;, & qii'iî 
s'y agit de l'invitation faite par cette 
Princeffe à Ménagé de fe rendre au- 
près d'elle , & des, motifs qui pou- 
voient le déterminer ou à faire ce 
voyage >: qU à i demeurer en France, 
Boilertu ,prétendifc dans J$n Avis fur 
çettepiéçç,que Çfari&ne n'y étoh pàs 
affez louée , que les vers en étaient 
trop pompeux pour une Eglogue, que 
d'ailleurs ils étaient pillés de toutes 
parts , & qu'en générât Ménage-adop» 
toit trop fréquènjment dans fes poër 
fies , le$ penfées y & les expreflïons 
même d'autrui. Ménage traita le pro- 
cédé de ibn critique .d? ingratitude & 

Ami Batfi. d'infidilitL «Jliaifoit , dit-it,pro- 
«b. 136. n teffxon d'iïne grandê amitié pour 
»moi, & dans letemsqu'iL ëcri- 
» voit contre moi r il était tous les 
» jours chez moi à me faire la Cour* 
* Non feulement je ne l'avois. jamais 



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Françoise. J15 
*offenfé , mais je Pavois obligé en — — 
nfréaueftiip-dé rencontres. « A l'égard Gilles 
des louanges que Ménage fe donne à Ménage 
lui-même dans fort Eglogue , il en" l ' 92 " 
Convient, & fe juftine ainli : » Je 
» m'introduifis dans cette Eglogue 
» fous le nom de Ménalquc^ réfolu de • 

* quitter ma patrie à caitfedes guér- 
ites civiles > & d'aller demeurer en 
*Suéde. Et jy introduifis le Berger 
»Daphnis , me détournant de ce 
wdeffein en me montrant les avan- 
tages que j'aVois dans mon pays , 

en me les rémontrant avec de 
» grandes louanges; Il eîit été ridi- 

* cidé de; me convier de demeurer 
adans un lieu , en medifant que je* 
>>nV étois pas confidéré ». 

Jai détaillé ci-devant fa dîfputé 
avec PAbbé'Cotîn , & jen-'ai point v partiel* 
omis les- traits que Motiere a' Fartcés codn. 
contre f urt & l'autre. Le différend 

Îu'il eut avec M* de Sailone vin t que 
fcce que celui-ci a voit mal parlé de 
fefc Amœnitates jurùdam fôn Journal' 
de "1665 5 ce fF* dbnna lieu à Mé-- 
ftage d'ans la Préfàcede fefrObi^ va- 
lons, for Malherbe* , de traiter le 
Journal des Sçavans dé Galette , & de* 
tikt^hs hebdomadaires* Son démêlé 



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jiS Bibliothèque 
— avec le Pere Bouhours , Jéfuite , fat 
Es un peu aigre dans le commencement , 
mais il fe pafla k plus honnêtement 
du monde dans la fiiite ; 3c û leur 
amitié en fut un peu altérée » il ne 
manqua rien à la fincérité de la récon- 
ciliation. 

La querelle de M. Baillet n'eut pas 
le même fuccès. M. Ménage publia 
fon Anti-Bailht poux répondre à quel- 
ques jugemens défavantagfcux que 
M. Baillet avoit recueillis contre fes 
ouvrages , & particulièrement con- 
tre fes Poëfies. On lui conseilla de 
faire imprimer fa Réponfe 5 ôç com+ 
me on fa ifoit quelque difficulté de lui 
en accorder ia permiffion , il fe réfo 
lut , ne pouvant plus fortir à catife 
de fon incommodité 9 d'en écrire à 
M. le Chancelier. Cette permiffion 
lui fut refofièe , parce que. des per-. 
fonnes de confidéra tion qui lui ét oient 
oppofées > s'en mêlèrent > & ce livre 
parut en Hollande peu de teins après. 
On l'a réimprimé depuis >à Paris fcvec 
des notes de M, de la Mpanoye. 
VAnti-ËaUktt&au refte ouvrage 
fingulier , plein de forfaitteries , Bo- 
lées avec un affez grand notrtbre de 
bonnes remarques. L'article où Mé- 



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Françoise, 327 
nage veut prouver qu'il a pu faire 
des vers de galanterie , parce que 
d'autres Eccléfiâftiques en ont com- 
posé , eïl ridicule en lui-même , & 
fait peu d'honneur à l'Auteur. 

Après la mort de M. le Cardinal 
d« Rets , Ménage tintrèglément chez 
lui les Mercredis de cha-aue femaine 
une Aflembiée qu'il appelloit fa Mtr* 
turiak , oii il eut la fatisfa#ion de 
voir toujours un grand concours de 
gens de Lettres , tant François qu'é- 
trangers. Les autres jours il alloit a£ 
fiduement |u Cabinet de MM. Du 
Vuy , & depuis leur mort, à celui dè 
M, de Thou. Quelque tems après , 
étant à genoux à Notre-Dame un 
Vendredi Saint ^ il fe démit la cuiffe 
en voulant fe relever ; & depuis , 
ctant à Vitri chez M. l'Abbé Parfait , 
il fit une chute qui lui démit l'épaule ; 



de la chambre , il commença alors â 
tenir tous les jours une efpéce de pe- 
tite Académie. 

Il parloit beaucoup , & aimoit à 
débiter ce qu'il fçavoit. Sa mémoire 
prodigieufe lui fourniffoit toujours 
une infinité de belles chofes fur tous 
les fujets dont on venoit à parler dans 




is hors d'état de fortir 



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$i8 Bibliothèque 

fon Affemblée : & comme il avok 
eu les plus belles connokTances de 
la Cour & de la Ville , il fçavoit . 
euantité de faits , de bons mots , & 
ae particularités , dont il divertit 
foit ceux qui Fécoutoient. Une étude 
continuée pendant toute fà vie , & 
tant de correfpondances qu'il avoit 
avec tous les Sçavans de l'Europe , 
à qui il écrivoit i & dont il recevoit 
fréquemment des Lettres , étoit ua 
fonds inépuisable d'érudition qu'il 
mêloit agréablement dans la conver- 
sation. Au mois de Juillet 1692,1! 
fut attaqué d'un rhume , Çui frit fuivi 
d'une fluxion fur la poitrine , & qui 
ayant été jueée dangereufe, le fit 
fonger férieulement à la mort. Il fe 
confefla au Pere Ayrault • Jéfuite, 
fon proche parent , reçut les Sacre- 
mens , & mourut le 13 du même 
mois , âgé de 79 ans. Il fut enterré le 
25 à S. Jean le Itond , oû on lifoit 
fon épitaphc compofée par M. P A vo- 
cal Pinflbn , avant ïa deftru&ion ré- 
cente de cette Eglife. On lui donne 
dans cette Epitaphe le titre de Con- 
feiller , Aumônier du Roi, Par fon 
Teftament, M. Ménage a légué fa 
Bibliothèque aux Jéfuites de la raair 
£bn profeue, 



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FR>A » Ç O I 5 E> '! 

Comme Epëte * il e# plus connu ™^ 
par fes Poëfies Latines, Italiennes & Giu.es 
même^Grecques * que par fe$ Koë- M ** Ar 
lies Françpifes. De celles qu 'il a con> 
pofées en fcettç, dernier^ langue , j'ai L 
fi^fammjent^pajfé de fon Eglogue 
iutituhée^ Chriftine. Sa Reqûitt Picr 
tionnains dont j'aji fait ai*fli mention * : 
fut dérobée par l'Abbé de Montreuil I 
à l'Abbé Giraud , qui ayoit en garde . 
les papiers de Ménage , & qui la fit 
imprimer ipr4°. à Paris Tan i 649 fous 
ce tifre r £p Parnajfe àllarmL Ménage 
qui n'a voit pas lieu d'être content de > 
cqtte édition , en donna une plus cor- 
reôç en 165 1, auffi in-uf dans fes 
Mifcdlanta ; &l M. de la Monnoye : 
en a publié une troîfiéme^ansl^e.t, 4. - 
diî Menagiana , avec des notes. Les 
MiJ^Unea <\\\q je viens de citer y * 
contiennent auffi d'autres Poëfies , 
une .Elégie, donf le titre eft, Rechute 
amoureftfe , une Eglogue , te Pefcheur r \ 
ou *4 fais > Idylle à madame la Max- 
quife de Seyigny > dont on a dit, fans> 
trop de fondement >que Ménage étoit' 
devenu amoureux , une Epure à Cha- 
pelain , fon ami alors f & avec qui il 
fe brouilla depuis , des Stances fous 
lé titre $ Indifférence % des vers pour 



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mettre fous le portrait iT Amarante , 
MiÏag" peut-être la femme de M. De la La- t 
U9%. ne » & un Sonnetyî/r /a KSuhriande de 
Julie , depuis Ducbefle de Montau- 
fier. Ces Poëfies , & les autres ou- 
vrages 4e Méiiage ont été imtéfc en 
versFrsmçoii^ffrMM> Godeatt,May* 
natxt P*éfident d'Aurillac De la 
Lane , Colletet , De Segrais ; dont 
Ménage hii-même a réuni les pièces 
dans les Mifecîlanea , oh Ton a auffi 
fà Differtation ftir ies Smntts de ia 
bdle mneintîtfi , dont f ai ettoccaîîôn" 
cte parier à f article de Voiture. Le / 
but prefque unique deTEpîtretle M. 
Godeau eft-de louer Ménage fin* le 
foin qu'il a pris de recueiîfir & de 
piAfierlesPoëfies Latines dé Sâfeac. : 

i MATTHIEU DE MONYftEUît. 

Matthieu < 

x>i Mon- y a \ pgj-j^ ( j ans lîn a ^tr e volume de 

T *i*ju. ^ can ^ e M° nttreu l °U Montreuit 9 cfai 
avoit été ami de Ménage & fuh des 
4b de l'Académié Frartçinfe ; t pàï ; 
nommé dans le même article / Mat- 
thieu de Montèrent f frère puîné de 
Thon du Jean , qui fut lié pareillement avec 

Slp.^, - ' Ménage^ & qui eftplus connu par 
fespoéfîes que fou ^mé. Matthièti, 



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Françoise. 331 
•fils de Bernardin , lequel étoit Àvo- — ^ 
■cat aii Parlement de Paris , naquit en ^ A1 £Î£JJ 
a 620 , vraifemblablement dans cette 
ville , quoiqu a s en tenir à quelques- 1 6?z> 
xmes de fes Lettres, ijparoiffe qu'il 
étoit né en Bretagne. Son pere qui M é m .deM. 
s'apperçut qu'il aimoit l'étude & la Mkhauit ,Y. 
vie tranquille , le deftina à l'état Ec- **• * 
cléfiaflique , & lui fit prendre la ton- 
fure. Mais le jeune homme n'alla pas 
plus loin , & il n*a jamais été enga- 
gé dans les Ordres facrés , en quoiil ' 
a agi fort fagement , la gravité èe 



point. 

Né avec un efprit amufant, & un 
cœur affez porté à la tendreffe , étant 
bailleurs d'une phyfionomie reve- 
nante Se tî'unefigure aimable , il plut 
aux Dames , il en fut recherché, & 
ne penfa qu'à les amufer & â fe ré- 
jouir. Ses Lettres peuvent pafler pour 
un Journal amoureux ; & fes vers , 
furtout fes Madrigaux , éloignés de 
la verfifieation guindée de tant d'au- 
tres pièces de ce genre , font clairs , 
faciles , naturels , & renferment ordi- 
nairement un joli fens. On l'a aceufé 
d'avoir affe&é un peu trop de les 
faireinférer dans les Recûeik de Po#- 




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332. BiBtIOTHEQVE 
fies choîfies qtic les Libraires foi- 
Wa " h,£D {oient alors imprimer : ce qui a fait 
tkeÎil ON " dire à M - Dcfpréanxdans fafeptiéme 
i4 9 i Satyre : 

On ne voit point mes vers £ Tenvi de Montreuîl , 
GrôflW impunément les feuillets d'un Recueil. 

Nor. furies Mais M. de la Monnoye prétend que 
î Ug s. d p *îi6 Mor treuil étoit innocent de cette a£ 
'. feftation. Elle eft , dit-il , eatiérement 
du Libraire Sercy , qui pour multi- 
plier les volumes des Poëfies qu'il 
imprimoit , ne me'ttoit dans la plu- 
part des pages , qu'un Madrigal feul 
de fix vers , & louvent de quatre, 
avec le nom de Montreuil au bas en 
grofle lettre. Barbin en ufa de même 
.lorfqu'en 1666 il imprima les vers 
du même Auteur à la fuite de fes 
Lettres, 

Il n'eft pas fur d'ailleurs que Mat- 
thieu de Montreuil foit Auteur de ce 
grand nombre de pièces qu'on trouve 
dans les Recueils depuis 1645 J u f 
Mém.d'Ar- q U » en 1665 ; on prétend même qu'il 
wîV}». - & doit paffer pour confiant qu'il neTefl 
îuiv. qu'en partie ; que les Recueils anté- 
rieurs à 165 1 contiennent quelques 
vers de l'Académicien , ou des frères 
.^înés de Matthieu , car ils étoieat 



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Françoise. 333 
tous Poètes ; que dans les Recueils «— —» 
fiiivans imprimés par Serey , il s'en Matthieu 
trouve plufieurs du quatrième frère , D£ M 0 

qu en général tous ceux qu on voit 
fignés ^ • Montreuil , ne peuvent 
être attribués à l'Abbé , puisqu'il ne 
les a pas réclamés dans le Recueil de 
fes Œuvres. 

Quoi <gu'H en foit , le goût pour la 
galanterie qui entraînoit celui-ci, ne 
t'empêcha pas de voyager. On voit 
par les Lettres qu'il fçavoit un peu 
d'Efpagnol , qu'il a voit appris dans 
le pays même ; de l'Italien , & du^ 
. Latin fuffifamment pour un homme 
d'efprit ; qu'il a paffé june partie de 
fa vie en Bretagne , qu'il y peffédoit 
un bon Bénéfice , & qu'il étoit même 
d'une Académie ou Société de gens 
4e Lettres de cette Province. Il jouif- 
foit d'jjnç fortune honnête ; mais 
l'amour du plaifir Tengageoit à des 
dépenfes conlidérables. En dédiant 
fes Œuvres à M. Molé , Maître des 
Requêtes, il publie hautement le$i 
Saveurs qu'il a reçues de ce généreux 
Mécène. « Mon deffein n'efl: pas de 
» dire du bien de vous f mais de fai* 
» re fçavoir à toute la France que 
» vous m'en avez fait.,.... Grâces à 



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334 Bibliothèque 
— ■ — » votre générofité , fans le fecours de 
Matthitu »la Phitofophie je puis vivre con- 
Pe Mon- »tent». 

treuil. M- dc Qjfoac , Evê^ue de Va. 
* lence ,& depuis Archevêque d'Aix, 
prévenu en fa faveur , l'engagea de 
venir demeurer avec lui , & l'Abbé 
y conlemit. Il avoit alors mangé une 
grande partie de fon bien, il eltimoit 
d'ailleurs le Prélat , & il fut content 
de pouvoir lui être utile en qualité 
de Secrétaire & d'homme de lettres. 
Quatre vers de feu M. Calvy , Juge 



eut auffi quelque autre emploi û ce 
n'eft que ces vers font fur le ton de 
critique : les voici ; 



Lorfque M. de Çofnac paffa à l'Ar- 
che vêçné-d'Aix , Montreuil le fui vit r 
& mourut dans cette ville au mois 
de Juillet 169a. Dans le Recueil de 
fes Œuvres , dont j'ai parlé , on a di* 
même une Lettre oîi 1 on remarque 
beaucoup d'efprit & de délkateile,. 



de Graffe 




SuppK de 
ifor.de 1749P 



Pont la profe & les ver? font tant de bruit en 
France , 

Matthieu Montreuil eft en Provence 
Greffier de runiverficé, 



Matthieu Montreuil , cet Auteur fi vanté , 



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Fn'4'irço! s s," 
• contenant lt voyageât la Cour de Fran- 
et vers la framiettiTEJpagrit T >pour le Matthjeçj 
-mariage du Roi' Loutë &\3L. elle çft M o ^ 
de *66o. Elle m été attribuée, par, TKE f u ] 
pluûeurs Ecrivains à M, de Monti~ 1 
pny , mort Evêquede Léon , comme 
je l'ai obfervé en parlant de ce Pré- 
lat : mais il eft fûrqu'çlle eft de l'Ab-r- 
bé de Montreuil. Il y raconte ce * 
qu'il avoit vu lui-même , ayant été 
de ce voyage. On a réimprimé cette 
Lettre en 1667 dans le t, 1. d'un 
Recueil de quelques puces nouvelles & 
galantes. > tant en proje quen vers. 



CHARLOTTE SAUMAISE DM Charlot- 
ÇHAZANy Comtesse de Breqy. t e s a u- 

MAISE D fi 

Madame la ComtefFe de Brégy Chazan , 
parle aufli de ce voyage dartsfes Let- Coi *tesse 
très. Le nojn de setté Pame étoit DI 1 ^^ r " 
Charlotte Saumaife de Chaym. Elle ' 
étoit nièce du fçavant Claude de Sau- 
maife , qui fut honoré en 1645 ^ un 
Brevet deGonfeilier d'Etat. Elle fut p*rn. Fr. 
inariéafort jeune à M, de Flécelles, P-45ï« 
Comte deBrégy> Lieuten^nt-Géné- 
ral des armées du Roi , Confeiiler 
d'Etat d*épé^ r Envoyé extraordinai* 
re en Pologne * & depuis Ambaffa^ 



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33^ Bibliothèque 

S!^ mm ^ deur en Suédè. Dans fes Lettres, elle 
Chabot- parle de deuxde fes frères qui étoieat 
T E d A . U v militai té6 , dont l'un fut tué à Far- 
Ch az.an , mee , ce <jui rengagea de demander 
Comtesse pour le furvi vant à la Reine Mere le 
x>s Brégy. gradé'du défunt. Elle n'y dit rien de 

Lcmcs & * es en f ans ♦ m ** s on fçait qu'elle étoit 
pr èCdcMarf. mere d'Anne-Marie de Sainte Eufto- 



•pour Maraine Anne d'Autriche , Rei- 
ne de France , fit profeffîon à Port* 
Royal des Champs le n Novembre 
*66oàPâgede 27 ans ,& mourut le 
premier Avril 1684 > âgéfi*4 e $ r ans » 
On peut voir fon hiftoire dans le Sup- 



plient ali Nécrôlôge *te l'Abat 



r.jmo» & de Port-Royal des Champs. . 
imu Sa mere , qui ne Ta voit élevée gue 

^pour le monde , étoit bien venue au- 
* près de la Reine, dont elle fat unç 

1 ides Dames d'honneiir , & dont elle 
le portrait ; elle pkit beaucoup à 
ia Cour par fôn efprit , fes taiens & 
fes agrémens extérieurs., & c'eft fur 
ce dernier article que Bènferade là 
: loue prijratipalèmfcat daiisiuiaEiritre 





iw+tiuÙ' Mon ame incapable 4efan<îrc, 

pag. 55. Voofconno«aifczpo*ip*otts^uâidre4 - 



Et 



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: François e: 

Et le haut char oit je tous voy , 

Traîne a/Tez dVçlavcs (ans moi : CharlQT- 

Si bien qu'il eû bon , ce me femble , TE Sa u* 

Que nous n'ayons commerce enfembie ^ ISE DB 

Qu'une fois , & fur ce papier ,. Co^l 

Ou je vous rends compte de hier. D£ Brbgv* 

Par le portrait que Madame de , 
Ërégy nous a laiffé d'elle-même , il & U 
eft aifé de fentir que Jîeriferade ne dk 
foit rien de trop. A l^gan! de fon ca- 
raftere i voici comment elle le peint* 
* J'aime trop la louange , dit-elle,» 
» & c 'eft ce qui me la fait rendre avec 
» ufure à ceux de qui je la reçois. J'ai 
» le cœur fier & dédaigneux i mais 
^ je ne laiffe pas d'être douée & civi- 
» le. Je ne m'oppofe jamais aux fen-* 
» timens de perîbnne ; rn^is il eft vrai 
» qu'intérieurement je rie les reçois 
» guéres au préjudice des miens ». 
On voit cependant par l'hiftoire de 
fa fille , qu'elle contredit avec beau- 
coup d'empire le parti que cette* 
pieufe Religieufe s'étoit crue obligée 
d.e prendre , & qu'elle fît tout ce qu el- 
le put pour l'arracher du port où elle 
s'étoit réfugiée. Elle continue , « Je-. 
» puis dire avec vérité que je fuis née : 
» fage & modefte , & que l'orgueil 
~ prend toujours foin de confer ver en 



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jjS BritibrpÉQUE 

„ moi ces deux bonnes qualités. Fai 

CtfARLot- » de la pareffe * je ne cherche 

f ê S a b- » pas les plaifii-S & tes divertifïemens; 
AXise àfe H mà j s loifqù^H pf-ëiid plùs de foin 
CoS«se » que moi-fiiêmè de xxie les procurer, 
ai Brég*. h Ion m oblige, & jy parois fort 
x j . « fcaie, bieri quèje në le fols pàs trop.*. 
>i Je n'ai pas l Vfprit potté à 1 Intrigue; 
» mais quand je fefâi ëntrée dans une 
affaire, je ffèrife affliirémèfit m'en 
» démêler kvet quéldufe condinte. Je 
» fuis contente jùftjii à Topinfâtreté, 
» & fecfétê jtifqu'à rèxfcès...... Pdttf 

à lier d'antitîé aVec mbi , il en faut 
^ faire Tôtrtes les avances ; itiàis je 
n réptffe bien Ces pèrriés par les fui- 
» téi ; car /e fëfs mëi âfriîs avèc toute 
>> i'arâeiif qti'ôn a accoutumé d'em- 
apfoyer feûleitfefrt pour fes particu- 
» liers. îfttérêtsr ; jè les loue , & je les 
Héf£ft& i fàtiê jamais convenir de 

» rieri qui foit tontrë èiii Je n'ai 

>i tfofnt âffèz de vertu pour être fans 
^ le de'fir dù biéh & des honneurs; 
» triais f'etf aîi tf op pouï furvre au- 

* tûri dés" chemins qiii y peuvent 
conditirê. J'âgis da'hs le tiïàhde feloa 

* ce tfttû devtbii être ôfc tro>p ^eû 
^fètoncè qù'il éft»; 

ibid. P . i 7 . 4 Son affèftioft pbifr Bëftfëradë hii fit 



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F r À n ç 6 i s e: 339 
prendre parti pour le Sonnet de ce 
bel efprit fur Job , contre le Sonnet Charlot- 
durante pâr Voiture. Elle s'en expli- TJ \ A ^ 

Jua avec beaucoup de politeffe & Chazàn ; 
'éfprit dans une Lettre qu'elle écri- Comtesse 
vit ftir cela à Madame la Duchefle i>e b*egt«î 
de Longue ville qui tenoit pour lè ***** 
Sonnet de Voiture , & qui hu fît yne â J$ c * zt f J 
rëpohfe également fpirituelle à éld- dcBcnferad*,' 
gante. Sur quoi un Anon^më fit lei 
Vers fuivans , où il fait parler ainfi 
l'ombre de Voiture à Madame de 
Brégy. 

geauté brillante autant que fombjrç ; Recueil de 

Qui troublez fi cruellement , Serci » t, i. 

Par votre injufte jugement , 
Le repos & la paix d'une Ombre ; 
Réformez votre Arrêt , rétraftez votre écrit « 
Et de votre raifon tirant plus d'avantage , 
Chaflèz rpbfcurité qui vous voile Tefprit , 
Vous la châtiez fi bien de deflus le vifage. 

Les Lettres de Madame de Brégy 1 
nous apprennent auffi qu'elle avoit 
d'étroites liaifons avec les Reines 
d'Angleterre & : de Suéde , avec 
Monsieur , frère unique du Roi** 
Madame la Comtefle de Soîflbns f 
M. le Chancelier le Tellïèr , M. Har- 
douin de Peréfîxe Archevêque de 
Paris • le Pere de Sainte Marthe î qui 

pi] 



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34Ô B I fi LIOTHE QJJ E 

y— B a été Général de la Congrégation de 
Charlot- l'Oratoire /l'Abbé de Montaigu, 
MAisE A dë E nvo y^ en Angleterre; , & plufieun 
Chazan , autres perfonnes diftin^uées pàr leur 
Comtesse, naiflance & par leur mérite. Ces Let- 
DE Bregy. très, toutes fans date , finiffent par 
i ** >• une Rejation allégorique d'un voya- 
ge fait à S. Cloud. 

Ses Poëfies qui font en petit nom- 
bre, ont de la douceur de l'élé- 
gance. Mais elles ont prefque toutes 
pour objet un amour rafiné & méta- 
physique , qui étoit du goût des 
beaux efprits de ce tems-là. Oïl en 
peut juger par les queftions d'amour 
que Madame de Brégy propofa en 
profe , que Quinault mit en vers par 
ordre du Roi , & que la Comteffe 
Expliqua &paraphrafa à fon tour, 
auffi en vers. C'eft à peu près le 
même goût qui règne dans fes Son- 
nets & dans les Stançes. Le Sonnet 
fur les Antiquités de Rome me paroît 
mériter quelque préférence j le voici ; 

• Voui que Ton vit jadis tle fplendcur éclatans , 

Termes , Cirques , Palais , q uc parcout on re- 
nomme ; 

Si vous montrez encor la puiiïancè. de Rome ; 
yow mymrcz bicii^ufli la puiflknçc4utcmt<. ; 



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Françoise; 341 

Autrefois Ton a veu loger des Empereurs « 

^ * Où logent maintenant tous les oifeaux fùneftes: ChàKlOT- 
De ce que vous étiez vous n'êtes que les reftes ; T E S a U- 
JEt la guerre a fur vous déployé fes fureurs. M AIS£ D B 

« r . . Chazan , 

Rome qui fous fes loix rangea toute la terre , Comtesse 

Ayant régné longtems , reperdit par la guerre |> E Brigy. 
Tout ce que fa puiflanceavoit pu conquérir. I*JJ« 

Sa ruine a du fort témoigné Pinconftance ; 
L'Auteur de fon trépas le fut de fa nai/làncc : 
Mars lui donna la vie , & Mars >a fit périr. 

Madame de Brégy conferva fa 
beauté extérieure avec celle de fon 
efprit jufque dans un âge avancé , ce 
qui donna lieii à ce couplet de chanr 
ion y un peu malin : 

Vous avez belle B * e a y s, 
Plus de printems que les Lys ; r 
Car Jcs Lys n'en ont qu'un ; . ] 

Vous en avei cinquante , & bientôt cinquante un, r 

Cette Dame eft morte à Paris le 1 3 
Avril 1693 , âgée de 74 ans, & fut 
inhumée à S. Gervais , où l'on voit 
fon Epitaphe , conjointement aveç 
celle de fon mari. Dans la deuxième 
partie de La Galerie des Peintures y 
Sec. p. 441 & fuivantes, on lit un 
portrait en profe tracé par elle de Ma- 
demoifeUe de Saumaife , fous U nom de 
la jeune Iris* 

Piijf 



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341 Bibliothèque 

y Jean- JEJN-LOUIS FAUCON DE RIS, 
KL- F *i Seigneur de Charlevjil. 

1. i s , Sei- ■ - _ 

«NtuR d s Jean-Louis Faucon de Ris , Sei- 
t h a r l i- gneur de Charleval , à quatre lieues 
* A L# de Rouen , étoit un de ceux que la 
***** Comteffe de Brégy mettoit au nom- 
bre de fes amis. Il étoit d'une illuftre 
famille , originaire d'Italie > qui vint 
s'établir en France du tems de la 
Reine Catherine de Médicis 9 & qui 
a donné quatre premiers Préfidens au 
Parlement de Rouen , & un à celui 
de Rennes. Charleval dont cette fa- 
mille a pris le nom , eft un village 
confidérable , ci - devant nommé 
Noyon fur Andelle , où Charles IX. 
a voit fait bâtir un Château en 1572, 
parce qu'il trouvoit ce lieu commo^ 
de pour la chaffe , dans la forêt de 
-t-yons & aux environs. Ce fut de lui 

Sue MM. de, Ris l'acquirent , ce qui 
îur donna lieu d'en prendre le nom. 
Jean-Louis Faucon de Ris vint de 
Bonne heure à Paris où il a fait fon 
|ejour le plus ordinaire. Il fe plai« 
toit aufli à Ris > village du tnêmç 
Diocéfe , ainfi qu'on le voit par une 
Lettre manufcrite de Chapelain , du 



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Françoise; 34$ 
19 Oftobre 1655 ; & il faifoit dé ■ 555; 
terns à autre quelque voyage en Nor- J h a n- 
mandie , fa patrie. L'Abbé de Boifro- *ai> 
bert^dansTEpître en vers qu'il hji a 
adreflee , le gronde de ce qu'il étoit GNEU k dè 
venu à Paris fans l'en avoir averti , Citf arliJ- 
& le menace de le traiter de même VAL - 

2uand fes affaires le conduiront a ^J|? de 
.ouen, ou en quelque autre lieu de Boifr. in- 4 *. 
la Normandie. p. 9* 

Né avec une complexlon fi foible^ 
que chaque année fembloit devoir 
terminer fa vie , il ne laiffa pas dè 
cultiver les beaux Arts avec foin. La 
nature qui lui avoit donné un corps fi 
délicat , lui avoit fait l'efprit de mê- 
me , & tout ce qu'il a produit eft 
marcjué à ce coin. Marot fut en par- 
ticulier fon Auteur favori , & fon 
ûylè poétique en approche beau- 
coup. Son affe&ion pour ce Poète 
fe voit auffi dans ces vers qu'il adref- 
fa à une Dame qui lui en avoit de- 
mandé les Œuvres, 

Les Œuvres <\c Maître Clément 
Ke font pas gibier à dévote , 
Je vous les prête feulement ♦ 
Gardez bien qu'on ne vous les ôte. 
Si quelqu'un vous les efeamote , 
Je k donne au diable Àôarou . . 



Recueil de 
Barbin , t. 4. 

Mélange de 
Vign. Marv# 
c. t. p. agi t 
»?»• 



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344 Bibliothèque 

D'autres font fous de leur marote , 



J,OU is F AU- Mo * ' e *"* S * 0U m0n Marot * 

K?s N Sei- Comme ce Poëte , M, de Charle- 
gneOr de va l faifoit des vers avec une grande 
Charli- facilité, & où Ton remarque un efprit 
tal. aifé & naturel II n'aimoit point à 
***** faire de longues pièces , ni à beau- 
coup méditer celles qu'il faifoit. Pa- 
reffeux par caraftere & par une fuite 
cle fon tempérament , tout ce qui de- 
mandoit quelque foin le febutoit d'a- 
bord. C'eft par cette raifori qu'il n'a 
jamais voulu fe charger d'aucun em- 
ploi , ni rien faire pour avancer fa 
fortune. Il aimoit les plaifirs , mais 
fans trop s'y livrer. L'entretien de fes 
amis le charmoit plus que toutcequi 
auroit pu le tirer hors de lui , ce qui 
lui a fait dire : 

„ . Amitié tout eft charmant 

Recueillie . 
Barbin,t. 4. Sous ton équitable empire ; 

p. jj $• On te trouve rarement , 

Ceft ce que j'y trou v e à dire. 

Cette plainte trop fondée en général, 
ne le regardoit pas ; peu d'hommes 
ont eu plus d'amis ; non feulement 
parmi les Ecrivains les plus polis & 
}cs plus agréables de fon tenu , mais 



V 

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F r a n ç o i S *7 34Ç 
encore parmi les Seigneurs les plus 
diflingués de la Cour. On compte " : J e a n- 
parmi les premiers Scarron & fon il- LoUisFau - 
ïuflre femme , depuis Marquife de £° S N * E * 
IVlaintenon , Chapelain , Thévenot, gneur di 
Sarafin ,'qui lui a adrefleplufieurs de Gharle- 
fes Sonnets , & des Stances , & qui le val. 
loue dans la pièce intitulé , te Mouton U9 ** 
fabuleux 9 Conrart , Maynard , qui 
le confiiltoit fur fes vers , &c.Soh 
cara&ere aimable, fon efpritfolide, 
& fa difcrétion lui acquéroient Pefti- 
jne & la confiance de tous ceux qui 
Je cpnnoiffoient. Il avoit peu étudié 
les anciens Auteurs , maisbeaucbup 
les hommes. 

Lire & repayer fouvent Recueil dt 

Sur Athées & fur Rome, pa^tV/' * 



dit-il, 



pag. J5J. 



Oô de quoi faire un fçavant * 
Mais non pas un habile homme. 

Méditez inceflàmment , 
Dévorez livre après livre ; 
C'eft en vivant feulement 
Que vous apprendrez à vivre. 

Avant d'en fçavoir les loix * 
La clarté nous eft ravie ; 
11 faudroit vivre deux fois 
Pour bien conduire la vie. 



Quoique le plus grand nombre des nu, p. i%\ 



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54$ B I BilOT HEQUÉ 
vers qui nous reftent de lui n'ait que 
J * a n- [a galanterie pour objet , on prétend 
IoukFau. Py . t : ^ d'intrigue fuivie, 

K i $ , Sei- & < I ue ce fl u " diloit à une Dame 9 

Ch a* Ll» ^ e ncn ?cuz V 1 '* wre amitié , 

^ a l« C*eft une faveur finguliere : 

flj$# Ne m'obligez pas à moitié ; 

Accordez-la-moi toute entière : 

fon cœur le difoit à toutes , quoique 
fa plume ne traçât que des fentimens 
d'amour. L'Abbé de Boifrobert,dans 
l'Epître citée plus haut , fait cepen- 
dant entendre qu'il fréquentoit vo- 
lontiers les Dames y & qu'il aimoit, 
U jeu ; 

...... Comment ferort-ir poflîblc 

Qu'après t*a?oir tu Ci fenfible, 
Mon cœur par tant de noeuds lié 
fût été mot oubtié r 
ïô m'as trop montré de tendrefle ; 

Jfe ne pais croire qu'elle cefle 

Enfin dy moi quel eft mon crime» 
Le tien eft le hoc on la Primé , 
On le TriSrac ou le Piquet , 
On quelque attachement coquet» 

/' 

Mais il faifoit principalement confit 
ter fa félicité dans la modération de 
fes delirs , & dans ht tranquillité de 
Isl yjc y que les paiEons ne mancgjent 



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. Françoise. 347 

jamais de troubler. C'efïçe qtfii y 

exprimé par ces vers : 

Louis Fai^- 

Modérons nos propres ?«ux » C O N ' D I 

Tâchons à nous mieux connoîure, & _i s > S*.£ 
~r>eiir€-tn d'être heureux ? cNiuft D I 

Délire un peu moins de l'êxre. Charl^ 

y AL. 

I-€ fameux fouverain bien , i f j j . 

tn un féjour de mifere , 1^4, p.*j 54; 

K'eft qu'un pompeux entretien 
Et qu'une noble chimère. 

VoicJ comment j'ai compté 
Dès ma plus tendre jeuneflèj 
La venu , puis la famé , 
Puis la gloire , puis la riebeflb, 

La noblefle de fon cœur & fa gt> Pam. Fi»; 
nérofité parurent en diverfes ôcc^- *• 
fions. Il sVtéreffoit fur-tout à la for- 
tune des gens de Lettres. Il fuffit dç 
rapporter ce qu'il fit ppur M. àp 
Mad. Dacier. Peu de mois apçès leur 
mariage , ils eujçnt deflein d# 6? re- 
tirer à Caftres. M- de Cb<arleva| s'i- 
maginant que leur frrUwe qtii. ^tpit 
alors très-bornée , ppiiyoit les cLéfcçfi- 
miner à prendre ce p#r,ti , il aUa, led 
trouver, leur apport» mille 
yres en or , les prdfy ayeç tputçs Igj 
iflftances poflibles de tes, açceptçi^ 
On dit que M f de Qkarjevai nîé t ctir 
tf&pas wgios poEm t»t eti p^pfe 
4 P vj 



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■ - -^ 348 BlBLIOTHEQ VË 
S mmmmm . qu'en vers , & que dans tout ce qui 
Jean*- eftforti de fa plume , on remarque 
\ o U " F d U h ?™ cou V <} c franchife ^d'ingénuité, 
K 1 s s^i- fidèle au régime qu'il s'étoit prefcrit, 
^neur dx malgré l'extrême délicatèffe de fa 
Ch akjle- complexion , il a pouffé fa carrière 
> T A *« jufqu'à Tâge de 80 ans. Son eftomach 
u > u 9}* s'étant encore plus affoibli par les 
années , il prenoit foirvent de la ru- 
barbe pour le fortifier ; mais ce qu'il 
regardoit comme un remède , fut 
pour lui un poifon. Ce fréquent ufa- 
' ge de la rubarbe réchauffa trop , & 
lui caufa de la fièvre. Les Médecins 
« «urent recours à la faignée , qui fut 

réitérée plufieurs fois. A la dernière 
faignée , comptant avoir réuflï , ils 1 
dirent en préfence de M. Thévenot, 1 
Sous-Bibliothécaire du Roi : Enfin 
voilà la fièvre qui s'en va : Et moi, 
répliqua Thévenot , je vous dis que 
c'eftle malade qui s'en va. Et eneffef, 3 
M, de Charleval mourut une ou deux 
heures après. C'étoiten 1693. 

Le Recueil de fes Lettres & de fe 
Poëfies eft tombé après fa mort entre 
les mains de M. le premier Préfiderft 
de Ris ,fon i neveu, qui a négligé d'en 
faire part au Public» Mais on avoît 
«léja^de lui fept pièces ea vers dansfe 



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J 



Françoise. 349 
Recueil de Serci , fçavoir , dans le 
T. I. un Sonnet , des Stances à M. Sa- J e a n- 
razin pour l'inviter à dîner 9 & deux Louis Fau- 
Epigrammes ; dans le T. IILdes Stan- £ t f N ^ £I * 
ces contre la coquetterie, & un Son- GNEl / R D B 
net fur une quefte ; & une Epigram- Char Li- 
me dans le T. V. Le Recueil de Bar- val. 
bin contient un bien plus grand nom- de 
bre de pièces du même , depuis la scrci , t. 1. 
page 3-05 du T. IV. jufqu'à la page *'J\ 9 *£ 9 
360. ce font encore des Stances 7 des t j-Vm*» 
Epigrammcs , & plufieurs Chantons, 
les unes fur l'amour , d'autres fur le # s * 
vift : il y a auffi quelques Stances 
chrétiennes, que l'Auteur compofa, 
fans doute , dans un âge avancé ; je 
fouhaite qu'il ait penfé auffi folide- 
ment le refte de fa vie ; voici les fen- 
timens qu'il y exprime : 

#.cs ombres de la mort me vont couvrir les yeux^ 
11 faut quitter la terre & s'élever aux Cieuz ; 
11 faut des libertins détefter les maximes , 
Et que mon repentir foit égal âmes crimes. 
- Pardon , Seigneur , pardon à ce pécheur Chré- 
tien , 

Qui sut homme d'honneur fans être homme dt 
bien , 

Et qui d'une foi morte , ou plutôt endormie , 
, Ne cherchpit Ton falut que dans la prucTbomie , 
Par ta bonté , Seigneur , mon efprit éclairé , * 
Rtconnoît qu'autrement ta doit 4u* adoré , 



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3jo Bibliothèque 

E5555555 £t qu'une ame au plaifir par le monde etnpor- 

Jean téc , 

Louis Fau- j^ft pas digne du hng dont ta Tas rachetée. 
C O N D I 

Ris, Sw M, Dacier , au commencement da 
gneor di f econd tome de fa Traduûion d^Ho 

tal. RL1 race » a donné un difcours fur cê 
Poëte, qtiieftde M. de Charleval , 
Ce difcours comprend en peu de mots 
un jugement très-fin & très-folide des 
Poëfies d'Horace , dont Charleval 
faifoit fes délices, 

=== PAUL PELLISSON FONT4- 
Peiusson NIER* 

I O N T À- 

nikr. L'indépendance & la tranquillité 
qui firent les délices de M, de Char- 
leval , ne furent point le partage de 
PaulPe/liJ/on Fomamcr^fon, contenu 
porain & fon ami ; & fi celui-ci fut 
décoré de plus de titres , s'il fut re- 
vêtu de plus d'emplois , il éprouva 
auifi plus de troubles , de traverfes 
& d'agitations. Sa famille f comme 
celle de M, de Charleval , étoit 
ancienne & difiinguée , fur-tout dans 
la Robe. Il comptoit parmi fes An- 
cêtres , Raymond Pelliffon , qui fût 
Àmbailadeur de France en Portugal, 
M%ft 4ç§ Rç^uçfes^ pxemjer P#fr 



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Françoise. w 
dent du Sénat de Chamberi , & Com- 
mandant en Savoye pour François Pa u^ 
premier; & depuis ce Raymond juf- f*o"ta- 
qu'à Jean-Jacques Pelliffon , pere de nier. 
Paul , on pourroit , (i c'en étoit ici le 1*9*. 
lieu , nommer plufieurs autres P e ^ r6 ^i] e , Mo ^ 
Tonnes de cette famille 9 qui ont remr r c 
pli avec beaucoup d'honneur & de 
diflinôion les emplois où leur mérite 
les avoit fait parvenir. 

Paul naquit à Beziers l'an 1614, Joîy.Rem; 
auoique quelques Ecrivains le faf- ^j*** 1 * * w 
lent naître à Caftres , & en 1628. 
Pour fe diftinguer de fon frère aîné , N 
il ajouta au nom de Pelliffon celui de 
Fontanùr \ qui étoit celui de fa mere, 
femme de beaucoup d'efprit , mais 
fort entêtée des préjugés du Calvi- 
nifme dans lefquels elle n'eut que 
trop de foin de nourrir fon fils. Ce- 
lui-ci fit fes Humanités à Caftres , fa Hiftoîre <fr 
Philofophie à Montauban , & fon g- 
Droit à Touloufe , où à peine eut-il & fut?', 
donné (juelques mois à l'étude , qu'il 
entreprit de paraphrafer les Infiituus 
4e Juftinien , dont il ne donna cepen- 
dant que le premier Livre 9 qui parrçt 
en 1645. P^ 11 ^ e tems a P r ^ s il vint à 
Paris , où le célèbre Conrart , à qui 
4I étçit recon^mai»l4par les Prote£ 



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3fi Bibliothèque 
tans de Caftres , fe fit un honneur de 
Paul j e montrer à ces premiers Académi- 



F E ^""°^ ciens , dont la maifon étoit le ren- 
i e r. dez-vous. 

1^5. Tout portoit dès-lors M. Pelliffon 
à oublier fa Province. Il retourna 
cependant à Caftres pour y fuivre le 
Barreau , & fe difpofer à remplacer 
dignement fes pères. Mais f^ carrière 
s'ouvroit à peine, lorfqu'il fut attaqué 
d'une petite vérole , qui lui déchi- 
queta les joues , & lui déplaça pref- 
que les yeux. Si cet accident l'af- 
fligea , il crut ne pouvoir mieux fe 
confoler qu'avec les Mufes ; & pour 
cela il revint à Paris. Meconnoiffa- 
ble à fes amis , k ne confulter que les 
traits defon vifage , ils le reconnu* 
rent à des traits plus durables , à des 
manières douces & liantes , à un en- 
jouement délicat ; & fur-tout à une 
certaine éloquence de converfation 

Îui lui étoit particulière. // abufoit y 
it Madame de Sévigné , de la ptr- 
miffion qu ont les hommes d* être laids: 
mais il n'avoit qu'à parler pour arrê- 
ter l'impreflïon que pquvoit faire la 
difformité de Ion vifage. 

Parmi les perfonnes qu'il cultiva 
lé plus 1 Mlle de Sçudery tint le pr^ 



NIER 



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Françoise. 353 
mier'rang. Une parfaite conformité — — 
de génie, de goût, & de fentimens 
les avoit faits l'un pour l'autre. Il n'y F """£ ! 
eut peut-être jamais de liaifon fi ten- Nl E , R# 
<ire ni fi confiante. Ou ils fe virent , 1^3. 
ou ils s'écrivirent tous les jours , du- 
rant près de jo ans. Le célèbre Sara- 
zin étoit de leur fociété , & après fa 
mort , arrivée à Pezenas en 1654 , „ 
M. Pelliflbn recueillit fes ouvrages , 
les dédia à Mlle de Scudery 9 & les 
orna d'une préface où la bonté de 
fon cœur ne fe fait pas moins fentir 
que la jufteffe de fon efprit. 

Dès 1652 , déjà pourvu d'une 
charge de Sécretaire du Roi , il lut 
à l'Académie Françoife l'hiftoire qu'il 
avoit faite de cette Compagnie , qui 
par reconnoiffance le nomma des- 
lors à la première place vacante , & 
ordonna qu'en attendant il auroit 
droit d'aflifter à fes Affemblées : mais 
avec cette claufe , Que la même grâce 
ne pourroit plus être faite à perfonne 9 
pour quelque conjidiration que ce fût. 
Vers la fin de l'année fuivante , il 
ceffa d'être furnuméraire , & pronon- 
ça alors, le ^Novembre 1653 , un 
difcours qui fut applaudi. 
, Comme il a 'avoit pas moins Tef^ 



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MIE 

un 



354 Bibliothèque 

prit des affaires que celui des Lettres, 
Paul & qu'il s'étoit fait un fonds de con- 
Pellisson no iflf ances utiles , qui le rendoient 
ont a- p rQ p re ^ toll te forte d'emplois , M. 
Fouquet , qui l'eftimoit & qui con- 
noifloit fon mérite , rattacha à fa 
perfonne en 1657, & le fit fon pre- 
mier Commis , & bientôt fon confi- 
dent. M* PellifTon, loin d'abufer du 
crédit que cette nouvelle fituation 
lui donnoit , ne s'en feirvit que pour 
le bien public , & négligea même fes 
propres intérêts ; ce qui lui fait dire 
dans fa Requête à lapoficrité , que pour 
fervir le Roi , 

Il quitta les amours , 

Les tendres vers & les tendres d&ours ; 
Mourut au monde , & de très-bonne grâce #' 
Son épuaphe en fut faite au Parnafle » 
Veilla , fua , courut , n'oublia rien , 
Pendant quatre ans , hors d'acquérir du bien * 
N'en voulant point qui ne lui vint fans crime g 
St qu'un Patron ne rendît légitime. 

En 1659 il alla prendre poffeflion 
d'une charge de Maître des Comptes 
à Montpellier ; & ce fut dans ce voya» 
ge que paffant par Pezenas , il fc 
transporta fur la tombe de Sarazin, 
i'arrofa de fes larmes , fît célébrer un 



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Françoise, 355 
fervice pour lui , & lui fonda un An- 
niversaire f tout Proteftant qu'il étoit Paul 

1 Pellissok 
encore, F o n t a* 

Quelque tems après fon retour à N1 ER> 
Paris, la difgrace de M. Fouquçt 1^5. 
ay^nt éclaté , M. Pelliffon y fut en- M M d é c m p au ^ 
veloppé : on le conduifit à la Baftille Ferriés dans 
aù mois de Septembre 1661 , & il y 1 e / * cm ' d * 

, / 9 . 9 * M. Joly fur 

demeura quatre ans & environ qua- Bayie , P ag. 
tre mois , îans rien perdre de fa tran- &tor » 
quillité , parce que fa confeience ne 
lui reprochoit aucune faute dans 
l'emploi qu'il avoit exercé. Àuffi 
dit-il en parlant du lieu oîi \l éto\t 
détenu : 

Doubles gril' es à 'gros doux ; 
Triples portes > forts verroux , 
Aux ames vraiment méchantes 
Vous repréfentez l'enfer ; 
Maïs aux ames innocentes 
Vous n'êtes que du bois , des pierres & du fer* 

Dès qu'il fut arrêté , un Gafcon de 
beaucoup d'efprit , qui avoit été à 
fon fervice, & qui avoit éprouvé 

3u'il étoit libéral , alla trouver Ma- 
ame Pelliffon , mere du prifonnier, 
& lui dit qu'il venoit s'offrir pour 
rendre fervice à fon ancien Maître, 
& qu'il étoit réfolu de tout hazarder 
pour y réuflir. On le crut , & on le 



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356 Bibliothèque 
■M^i chargea de rendre une Lettre de M. 

Paul Pelliffon à M. Fouquet , que Ton con- 
! E ^ SSON duifoit de Nantes à Paris , & qui étoît 
r ER T *~ gardé à vue. Pour y parvenir , le 
i6$i. Gafcon prit la route de Paris à Nan- 
tes , offrit fon fervice dans tous les 
logis où M. Fouquet devoit pafler, & 
fe loua dans un en qualité de Cuifi- 
nier. Lôrfqu'il fallut fervir à fouper à 
M. Fouquet , il feignit d'avoir fait un 
faux pas , & jetta exprès ûn plat de 
potage fur un des gardes qui étoit à 
. fes côtés ; & pendant que les autres 
gardes avoient les yeux fur leur ca- 
marade , il fit comprendre par un 
clin d'œil à M. Fouquet , que ce qu'il 
venoit de faire n'étoitpas fans my£ 
tere. Celui-ci ayant foupé , & vou- 
lant aller au lieu fecret de la maifon , 
le prétendu Cuifinier prit Un flam- 
beau pour l'y conduire , & en le po- 
fant , il mit auprès la Lettre de M. 
Pelliffon , avec du papier & une écri- 
toire , & fortit fi promptement , que 
les gardes qui étoient reftés à la por- 
te , ne foupçonnérent rien. Il ne tar- 
da pas à fe faifir de la réponfe, que 
M. Fouquet avoit laiflee au même 
endroit , prit congé de l'Aubergine , 
retourna en diligence à Paris , s'en^ 



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Françoise; 3^7 
rolla en qualité de foldat à la Baftille, 
& remit la Lettre à fon ancien Mai- p EL ^ I j S ^ 
tre , à qui il fut d'un grand fecours F 0 A . 
durant tout le tems que dura fa pri- nier. 
fon. u?$. 

Malgré les ordres très-exprès du 
Roi , qui avoit défendu qu'on don- 
nât à M. Pelliffon ni encre , ni papier,, 
& qu'il eût aucune communication,' 
finon avec fes gardes , il fiit toujours 
pourvu de tout ce qui eft néceffaire 
pour écrire. Il entretint un commer- 
ce de Lettres avec fes amis ; il en fit 
paffer jufqu'à M. Fouquet , & en reçut 
des fiennes. Ce ne fut même que par 
les preflantès follicitations que ce 
dernier lui fit dans fes Lettres , qu'il 
employa le loifir de fa prifon à exa- 
miner à fond par la lefture des Pères 
Grecs & Latins , & des Conciles,quel- 
Ie eft la véritable Religion parmi les! 
différentes Communions qui parta- 
gent les Chrétiens. La première écri- 
toire & le premier papier qu'il eut lui 
furent portés par un Ramoneur qu'on 
avoit apofté exprès à la porte de 1$ 
Baftille , dans la penfée qu'il pour- 
toit en demander un. Lui-même in* 
Venta mille ftratagêmes pour entre- 
tenir fes relations au*dehors . Se il 



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35* Bibliothèque 
■—— ■ » épargna fi peu l'argent dans cette 
.Paul vue , qu'à fa fortie de prifon , il fe 
E&usson trouva qu'il avoit dépenfé 54 mille 
J^ TA -livres. 
ïc 9 . LesFaôums répandus dans le Pu- 
blic pour la défenfe de M. Fouauetf 
furent d'abord reconnus pour êo-éde 
fa main. Là Coiir en fit des repro- 
ches au Gouverneur de la Baflille , 8c 
lui ordonna de prendre de meilleu- 
res précautions pour l'avenir. En 
conféquence ce Gouverneur mit au- 
près de M. Pelliflbn un Allemand , 
dont il fe croyoit aflïiré , & qui avoit 
ordre de lui offrir fes fervîces , & de 
faire un rapport exaû de ce dont il 
feroit charge. Mais le prifonnier, fen- 
tlt d'abord le piège auon luitendoit, 
& peu après il fçut h bien gagnercet 
Allemand , & le mettre dans fes in- 
térêts , qu'en pâroiflant ne fervir 

3' ue le Gouverneur , il fut en effet un 
es plus fidèles émiffaires du prifon- 
nier. 

Pendant cjue M. Pelliflbn étoit pre- 
mier Commis de M. Fouquet , il étoit 
connu & eftimé du Roi. L'examen 
rigoureux qu'on fit de fa conduite, 
durant fa prifon , ne lui fit rien per- 
dre de cette efiime. On répandit ce; 



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Françoise.' 359 
pendant contre lui plufieurs libelles 
injurieux , on forma contre fa probité Paul 
dés accufations odieufes , il fut plu- j^""™ 
Heurs fois interrogé avec beaucoup nier. 
dë ievérité ; mais jamais on ne put u^j. 
prouver qu'il fût coupable. Vous le 
fçavez ^ dit-il , parlant de lui-même , 
dans fa Requête à la pojlérité, que j'ai 
déjà citée , & qu'il fit à la Baftiile , 

' Vous le fçavez , grilles , portes , verroux , 
Si dans ces lieux , fans nuls témoins que vous , 
Son cœur , fa main , fa langue , fa mémoire , 
Du grand Louis n'ont révéré la gloire , 
Faifant pour lui ce qu'un cœur bien pieux 
Au même état auroit fait pour les Dieux. 
Vous le fçavez , ô puiflance divine , 
S'il eut jamais i'efprit à la rapine, 
£t toutefois fans bien fçavoir pourquoy , 
Certaines gens , qu'on nomme Gens du Roy » 
Bien renfermé le déchirent d*in jures , 
Lui demandant par longues Ecritures 
Les millions que faifant fon devoir 
11 n'eut jamais , mais qu'il pourroit avoir* 
On le diffame , & qui pis eft encore , 
Il le fçait bien , mais il faut qu'il l'ignore. 

On avoît faifi un de fes billets par 
leqtrel il conféiltoit à M. Fouquet de 
rte fe défaire jamais de fa charge dé 
Pi-aciifew Géhéral; ce billet iht 
ptfrté *tt Roi , qui après Ta voir lû j 
(jfik : Le Cbmmis tn fçavoti-plus qïït /* 



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36ô x BlFLIOTHEQUÉ 

Maître. On lui infinùa de la part de 
P a u l s a Majefté , que s'il vouloit fe faire 
F ont a- Catholique, on pourroit le faire 
nier. Précepteur de M. le Dauphin ; mais 
x6;5» il n'étoit pas homme à changer de 
Religion par des vues humaines. Ce 
fut vers la fin de 1665 , ou au com- 
mencement de 1666 , qu'il eut fa li- 
berté , & il ne fit abjuration du Cal- 
vinifme que le 8 d'Oûobre 1670. 

Dès que fa fortie fiit arrêtée , & 
qu'on eut permiffion de le voir , les 
plus grands Seigneurs de la Cour, 
& les Princes mêmes l'honorèrent de 
leurs vifites. Il fiit propofé vers le 
même tems pour écrire 1 hiftbire du 
Roi , & en 1668 il eut l'honneur de 
fuiyre ce Prince dans fa première 
conquête de la Franche-Comté, dont 
il a compofé une Relation, qui a été 
imprimée depuis. En 1671 il fiit Maî- 
tre des Requêtes, Vers le même tems, 
il reçut l'Ordre de Sousdiacre ; & le 
premier Bénéfice que le Roi lui don- 
na , outre une penfion de fix mille 
livres , fiit l'Abbaye de S. Martin de 
Benevent , dans le Diocèfe de Limo- 
ges, On voit par une Lettre imprimée 
du 18 de Juin 1678 , qu'il étoit alors 
pourvu de cétte Abbaye, Mais on dit 

qu'il 



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Fil ANÇO I SE. 361 
qu'il ne la garda pas longtems,à caufe 
des difficultés qu'on fit à Rome pour D p A u L 
les Bulles , prétendant qu'elle étoit p ""iï 
Régulière. A la place de Benevent , NI E J A ~ 
on lui donna l'Abbaye de Gimont , 1^3. 
au Diocèfe d'Auch. Il eut enfuite, 
pendant l'Economat de Cluni , le 
Prieuré de S. Orens , fitué dans un 
fauxbourg d'Auch même. 

Tout ce qu'il a fait depuis fa con- 
verfîon, dit M. l'Abbé d'Olivet , peut 
fe renfermer en deux mots ; car il 
n'eut dès-lors que deux objets devant 
les yeux, l'avancement de la Reli- 

Îrion & la gloire du Roi. On n'a rien 
ur ce dernier article , que des pièces 
détachées , & en particulier ce fa- 
meux Panégyrique qu'il prononça 
dans l'Académie , & qui fut auffi-tôt 
traduit en Italien , en Efpagnol , en 
Anglois , en Latin , & même en Ara- 
be. On n'a publié que des fragmens 
de fon Hiftoire de Louis XIV , qu'il 
avoit cependant prefque finie. 

Quant à fon zélé pour l'avance- 
ment de la Religion , on le connoît 
par les ouvrages qu'il a compofés 
pour fa défenfe, qu'il a lui-même 
rendus publics , & dans lefquels on 
peut dire que la controverfe y eft fans 
TomêXFIII. Q 



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362 Bibliothèque 
**— — * amertume, & la Théologie avec des 
Paul grâces. D'ailleurs ce grand Convtr- 
iusson tifleur, comme les Proteftans Tappel- 
E R T A " loient , n'ufoit de fa faveur auprès 



rets tant ipirituels que temporels f 
de ceux qui fecouoient le joug de 
Terreur : & les revenus des écono- 
mats 7 confiés à fa prudence 9 étoient 
difpenfés avec la? plus exaôe fidélité. 

Il mettoit la dernière main à fon 
Traité de FEuchariftie , quand la 
mort le furprit à Verfailles le 7 de 
Février 1693. C'étoit un tempéra- 
ment ufépar de fréquentes maladies, 
& par un travail opiniâtre qu'il n'a- 
voit jamais interrompu depuis faten- 
Réflcx.fur ^re jeuneffe. Il ne reçut point les Sa- 



recevoir , comme les Hérétiques le 



piaifantant , publièrent fauffement , & comme 
Se d,t ' quelques Catholiques ont eu la témé- 
rité de le répéter ; mais parce que la 
fluxion dont il étoit attaqué le fuffo- 

Îua , avant que le P. de la Chaife , 
éfuite, qu'il a voit mandé , fut venu. 
C'eft le témoignage que lui r$nd M. 
Boffuet dans une Lettre à Mlle de 
Scudery ; & M, F Abbé Bofquillon , 
témoin des derniers momens de fon 



du Roi 




ménager les inté- 




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Françoise. 363 
ami, a certifié qu'il étoit mort dans !— — ■ 
les fentimens les plus tendres & les Paul 



tiennes. 

L'efprit de M. Pelliffon étoit ex- Rcm .dr\f. 
cellent , vafte , profond , folide , pé- TAbbé joiy 
nétrant , aifé, délicat, plein de feu, ^y lc 'P- 
& également capable de -bien réuffir 
en tout ce à quoi il a voulu s'appli- 
quer. Il étoit Poète , Orateur , Hif- 
torien , Jurifconfulte , Théologien ; 
& dans toutes ces qualités fi rarement 
réunies en une feule perfonne , il fit 
voir qu'il n'étoit pas inférieur à ceux 



tiere. Il avoit de bonne heure formé 
fon goût par une lefture réfléchie des 
anciens Auteurs Grecs %. Latins , 
qu'il préféroit aux modernes. Son 
ame naturellement portée aux gran- 
des chofes , étoit pleine de fenti- 
mens d'honneur & de probité. Il étoit 
généreux , libéral , & entroit chau- 
dement dans les intérêts de fes amis. 
Il étoit moins réfervé à demander 
des grâces pour eux r que pour lui- 
même , ou pour fes parens. Jamais bîm. Poc?t. 
amateur des gens de Lettres ne fut «•»»?• s** 





feule ma- 



Qij 



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364 Bibliothèque 

plus ingénieux à faire valoir leurs 
Pelmsson ta ' ens 9 n * P^ us af dent à prévenir 
F o n t 4- leurs befoins. Le Févre de Saumur 
hier entre autres , & Scarron reçurent 
l6 9$* plus d'une fois'des marques eflentiel- 
les de fa générofîté. Il avoit d'ail- 
leurs beaucoup de modeftie 9 & pa- 
roiffoit convaincu de ce qu'il a ex- 
primé dans ces quatre vers. 

Grandeur , fçavoir , renommée » 
Amitié , plaifir , & bien , 
Tout n'eft que vent , que fumée ; 
Four mieux dire , tout n*eft rien. 

Enfin eftimé , chéri de tout ce qu'il 
y avoit de perfonnes d'un vrai mé- 
rite à la Ville & à la Cour , il en fut 
généralement regretté après fa mort, 
pam. Fr. Ménage qui etoit fon ami parti- 
page 4*jo. culier luisît cette Epitaphe , fous le 
nom tfAchanu. \ 

Ici gît le fameux Achante , 
L'honneur des rivages François ; 
Il droit après lui les rochers & les bois 
Par les Tons amoureux de fa Lyre charmante* 
Patfant , ne pleure point fon fort : 

( # ) Mlle de De l ' iI,uftrc $*P*° (*) ^ uc rcf P e & a l'envie , 
Scudery, H & l aimé pendant fa vie , 

Il en fut plaint aprèf fa mort» 

Mlle l'Héritier fit auffi ces vers pour 



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i 



Françoise. 365 

honorer fa mémoire , où elle fait al- 

lufion à fa mort fubite : n P A w L 

Pellisson 

Toi qui de Pelliflbn vois ici le tombeau , Font a- 

-Apprens qu'il fut pieux , qu'il fut bon , qu'il fut Nie R. 
fage, 

Qu'il fut par fon fçavoir Pornement de notre 
âge , 

Et qu'il eut le cœur noble autant que l'efprit beau. 
En marchant fur les pas de fes ayeux illuftres , 
Il remplit dignement le cours de treize luftres , 
Toujours dans la vertu , toujours dans l'équité* 

Aufls pour prix de fa droiture , 
Le trépas dont fouvent la loi paroît fi dure , 
Pour lui n'eft qu'un paflàge à l'immortalité. 

M. Pelliflbn avoit une fi grande 
facilité pour s'exprimer en vers Fran- 
çois , qu'il en faifoit fouvent fur le 
champ , comme M. Le Goux , Con- 
feiller au Parlement de Dijon , le 
rapporte & en cite des exemples dans 
fon Supplément Manufcrit au Menagia- 
na , cité par M. l'Abbé Joly dans fes 
Remarques fur Bayle. Mais fes Poe- Pa *' 6 ° 8 ' 
fies n'ont jamais été toutes recueil- 
lies. On en a inféré plufieurs petites 
pièces d'un goût excellent dans plu- 
fieurs Recueils, tels que celui de 
1667 à Cologne , celui qui a été im- 
primé chez Couterot en 1681 , troi$. 
volumes in- 12 9 & principalement 



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^^^^ 366 Bibliothèque 
S^SSS celui qui a pour titre Pièces galantes 

Pilusson m P ™f C ^ tn ycrs dt Madame la Com- 
F o n t a- u Sf € d'k Sui c & de M. Pellijfon, en 
ki e r. 4 vol, in-12 , 1715, Plulieurs defes \ 
1^5. Poëfies Chrétiennes & Morales fe li- 
x fent aufli dans le tome i. des Poëfies 
diverfes dédiées à M. le Prince de 
Çonti,p. 225-233 , dans le tome 2 
du même Recueil , p. 306-331 , & I 
dans le fécond vol. de la Bibliothè- 
que Poétique de M. Le Fort de la Mo I 
riniere , dans les vers choifis du P. , 
Boahours , & dans le premier tome I 
du nouveau Recueil des Epigramma- , 
tiftes François , ( p. 268 & fuivantes.) j 
On fçait aufli qu'il eft Auteur du Pro- | 
logue en vers , à la louange du Roi > \ 

pCUi" lî Cvmcaie ici rdcheux , Ctfc Mo* I 

licre, qui fut repréfentée à Vaut ) 
chez M. Fouquet en préfence de Sa 
Jtëajefté, en 1661. Ce Prologue fe lit 
aufli dans le tome 2 des Poëfies di- 
verfes dédiées au Prince de Conti , 
avec l'Elégie de M. Pelliffon au Duc 1 
de S. Aignan > fa Requête à la pajlèritt> 
où il fait fon Apologie & l'éloge du 
Roi d'une manière fort ingénieufe, 
fon Epître à M. Conrart , & fon Ode 
fur I3 mort du Marquis de Pizany. 
« De tous les manuferits de M. Pel« 



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François «. 367 

» liflbn , dit M. F Abbé de Faur-Fer- =5» 

» riés, fon coufin , dans le Mémoire p A u L 

» que j'ai déjà cité, le plus fini eftle f^nTa* 

» Poëme d'Eurimédon, qui , fans dou- * x E R . 

»te , eft fon chef-d'œuvre pour la 1*93. 

» Poëfie. C'eft un Poëmé Epique de j 0 i y , Rem. 

» 1 500 vers en cinq chants parfaite- fc' Bayie , p. 

» ment beaux. Les connoiffeurs , qui 59 ' 

» l 'ont lu , difent que toutes les régies 

» de l'Art Poétique y font admirable- 

» ment bien obfervees. Cen'eftqu'u- 

» ne pure fiftion ; mais fous le nom 

* d'Eurimédon , il fait uji beau por- 

» trait du Roi , & une belle deferip- 

» tion de Paris & de la Baftille , fous 

» les^ioms de Lariffe & de fon Ghâ- 

» teau. M. Pelliflbn compofa ce Poe* 

» me à la Baftille , dans le tems où les 

» interrogatoires qu'il avoit à fubir t 

» ne lui laiflbient que des idées triftes 

» & fâcheufes. H crut , pour les diffi- 

» per , devoir compofer un ouvrage, 

» qui , par la grande application qu'il 

» demanderoit , détournât fon efprit 

» des objets affligeans dont il étoit 

» trop occupé. 



Qïv 



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368 Bibliothèque 



Roger de ROGER DE RABUTIN 9 COMTE 
Rabutin, DE BUS S Y. 

Comte de 

Bussy. * „ , 

i^y, M. Titon du Tillet qui a donne 

place à M. Pelliffon dans fa Defcri- 

ption du Parnaffe François 9 n'y a pas 

oublié Roger <fc Rabutin , Comte 

Bujfy ) qui étoit auffi de l'Académie 

Françoile. Il en dit cependant peu de 

chofe , parce qu'il ne Ta confidéré 

qu'en qualité de Poëte , & par la 

même raifon j'ajouterai peu à ce qu'il 

en dit. 

Difcoatsdu Le Comte de Buffy naquit le 3 

SÏÏr y le è fct Avril 1 6 1 8 à ?P ir y > terre P rès d ' Au - 
cnfans , de- tun , fort ancienne dans cette famil- 

ï£ ïuÇS le > & <ï ui en eft fortie - P ès 1>an 1118 
la fin. Mayeul de Rabutin étoit un des 

grands Seigneurs du Maconois ; & 
en 1460 Hugues de Rabutin y bi- 
fayeul du grand-pere du Comte de 
Buffy , époufa Jeanne de Montagu , 
fille unique & héritière de Claude de 
Montagu , Prince de la Royale Mai- 
fon de Bourgogne. Léonor de Rabu- 
tin , Comte de Bufly , pere de Roger , 
après avoir laiffé fon fils quatre ans 
au Collège de Clermont , dit depuis 
de Louis le Grand , à Paris , le mena 



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Françoise. 369 
avec lui en 1634 au fiége de la Motte 
en Lorraine , d'oii il le renvoya à R R ^** N DE 
Paris joîi il fut fix mois à l'Académie. ç OMTt D g 

Après avoir paffé par divers em- bussy. 
plois hônorables , & s'être trouvé à 169}. ' 
plufieurs fiéges & combats , où il 
donna des marques de fa valeur , il 
fiit fait Meftre de Camp de la Cava- 
lerie légère , Lieutenant Général des 
Armées du Roi , à l'âge de 3 5 ans , & 
fon Lieutenant Général en Niver- 
nois. Il eut auffi la charge de Con- 
feiller d'Etat. Il fut reçu à l'Acadé- 
mie Françoife au mois de Janvier 
1665 , après la mort de M. Perrot 
d'Ablancourt , & il n'a pas oublié de 
rapporter dans le Difcours à fts enfans 
fur le bon ufage des adverjîtés , &c. le 
remerciment qu'il prononça à cette 
occafion. On y apperçpit de la déli- 
cateffe & de l'élégance ; car l'Auteur 
joignoit toutes les grâces du difcours. 
à toutes celles de fa perfonne , & il 
écrivoit bien en profe & en vers. 
Mais la vivacité de fon efprit, & le 
penchant qu'il a voit à plaifanter, lui 
attirèrent plufieurs difgraces pendant 
le cours de fa vie. 

La plus confidérable en elle-même 
& par fes fuites , fiit celle qui lui vint 



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%jo Bibliothèque 
y à Poccafion d'un petit Livre intitulé f 
Ioger de Hijloire amour euft des Gaules. Voici 
omxV^s ^ e < ï uc ^ e man * ere M raconte ce fait 
u ssy! DE ^ ans ' c I^i^cours que j'ai cité. 
1 6)\ . « Au mois d'Avril 1665, dit-il , on 
Pag. *8o. » donna au Roi une hiftoire ma nul» 
1 k* f • » crite qui couroit dans le monde fous 
»mon rtom. C'étaient les amours 
» généralement connues de deux Da- 
»mes ( * ) , que j'avois écrites pour 
¥> m'amufer , & pour en divertir quel- 
» ques-unes de mes amies , dont Tune 
#► à qui j'avois prêté cette hiftoire , 
» l'avoit fait copier. Je me plaignis 
„ d'elle un peu rudement , & cela 
» l'obligea de rendre cette hiftoire 
» publique , après y avoir gâté les 
n portraits des gens confidérables > 
» dont je parlois > pour m'en faire des 
» ennemis ». L'Auteur découvrit ce 
ftratagême au Roi , qui fut con vaîncn 
de la vérké ; mais la juflice de Sa 
Majefté > atyoute-t-il y demandant de 



&é avoit offeiifes , il m'envoya arrê- 
ter & conduire à la Bafîille le 17 
Avril 166J. 

Le Comte y tomba malade au boat 
de fix femaines , & le refus qu'on fit 

4*) Mcfdaœei ck Chârillon & d'OIonnt. 



Satisfaire 




mamifcrit faM- 



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Françoise. 37* 

à fa femme de le voir , augmenta fon 
mal. Sa captivité dura cependant j^' 6 *" 1 
huit mois & demi. Ce fiit pendant ce comte 'm 
tems-là qu'il compofa en vers cette bussy. 
iïigénieufe Requête que le P. Bou- x**j. 
hours a inférée dans les vers .choijîs ; d 
elle eft de la part de trois prifonniers , t 8j. " 
/'«/i defquels parle au nom des autres. 
M. de Bufly avait commencé à goû- 
ter la PoëïieFrançoife en lifant l'Ode 
de Racan à Léonor de Rabutin , foi* 
pere , comme il le dit dans le Dif- 
cours à fes en/ans , où il rapporte cette 
Ode. (p. 13 3. ) Pour être délivré * 
il offrit de donner la démiffiori de fa 
charge de Meftre de Camp de la Ca- 
valerie , quoiqu'après 3 1 années de 
fervice , & qu'il eût exercé cette 
charge durant 1 3 ans ; il écrivit auffi 
le 11 de Novembre delà même an- a8 J b ^ 0 J^ 
née 1665 une Lettre au Duc de S. jhiv.'i»»» 
Aignan , qui étoit une forte de fatif- 
faâion à l'égard du public & des per- 
fonnes intéreffées dans fon manuf- 
crit y & il a publié lui-même cette 
Lettre. Le 2 de Décembre fuivant 9 
le Marquis de Louvois virtt lui de^ 
mander de la part du Roi la démif* 
fion de fa charge , en faveur du Du£ 
de Coiflin j il la donna , fortit de là 



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37^ Bibliothèque 
Baftille , & fut exilé dans fes terres 
Roger de en Bourgogne, où il refta 17 ans. Il 
Comte^b eut ce P en< iant en J ^73 la permiffion 
Bussy. de venir à*Paris pour fes propres af- 
1^3. faires. En 1676,1e Roi lui fit la même 
grâce ; en 1 68 1 ,il lui permit d'y fixer 
Ion féjour , &le 12 Avril 1682, il le 
rappella à la Cour. Mais le Comte 
n'ayant pas tardé à voir qu'il y étoit 
affez mal accueilli , il s'en abfenta 
pendant cinq ans ; & enfin il retour- 
na pour toujours en Bourgogne : il 
mourut à Autun le 9 Avril 1693 , 
âgé de 75 ans. 

On Ht ce qui fuit dans fon Epita- 
phe compoféc par la Comteffe d'A- 
lets ou de Dalet , fa fille. « Prefque au 
» comble de la gloire , Dieu arrêta 
» fes profpérités ; & par des difgraces 
» éclatantes , il le détrompa du mon- 
» de , dont il avoit été jufques-là 
» trop occupé. Son courage fut tou- 
» jours au-deffus de fes malheurs. Il 
» les foutint en fujet fournis , & en 
» Chrétien réfigné. Il employa le 
» tems de fon exil à fe bien inftruire 
» de fa Religion , à former fa famille, 

t» & à louer fon Prince La mort le 

» trouva dans de feintes difpofitions». 
L'Auteur de cette Epitaphe efl la 



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Françoise. $73 

même qui après être demeurée veuve 

de Gilbert de Langeac , Marquis de Roger de 

Coligni , fut mariée en fécondes nô- JUbutxn , 
P , r • 7-1 • 1 1 n • • Comte db 
ces à Henri-François de la Kiviere , BusSY# 

qui écrivoit très - agréablement en 
profe &c en vers , & dont on a impri- 
mé en 175 1 les Lettres avec l'Hiftoi- 
re de fa vie & du Procès qu'il avoit 
eu avec fon beau-pere , &c. 

A l'égard des Poëfies de M. le Com- 
te de Buffy , on s'accorde affez, à 
dire qu'on n'y reconnoît pas le carac- 
tère d'un vrai Poëte , & qu'on n'y 
voit que celui d'un bel efprit , qui 
s'amufoit à compofer de jolis vers. 
On n'eftime ni fes Sonnets , ni fes 
Rondeaux, & je ne crois point qu'on 
faffe plus de cas de fes Maximes £4- 
mour 9 & Almanachd 'Amour pour Van- 
nés, de grâce 1665 , par le grand Ovide 
Cypriot , fpeSateur des Ephemèrides 
amoureufes , &c. Il y a cependant du 
tour , de la penfée , de la délicateffe 
même dans les maximes ; mais fi le 
repentir de l'Auteur a été fincere , 
elles ont dû lui coûter des larmes. 
Il réuffiffoit mieux dans les imita- 
tions des Epigrammes de Martial y 
de Catulle, & de quelques autres an- 
ciens Poètes ; encore réduit-on à un 



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374 Bibliothèque 
affez petit nombre ce qu'il a fait de 
Rogcr de b on en ce genre. Sa profe eft beau- 
Comte ^ £ cou P me ^ eure * domine en convien- 
Bussy. nent ceux qp* ont ^ ^ es Lettres , fes 
i6f}. . Mémoires , le Difcours à fes enfans > 
& fon Hiftoire abrégée de Louis le 
Grand. M. Defpréaux a caraûérifé 
en deux mots fes Heures galantes , par 
ces vers de fa huitième Satyre : 

.Tirai par ma confiance aux affronts endurci » 
Me mettre au rang t des Saints qu'a célébré- 
Bufli.» 

Voyez fur cela la note de M. Brof- 
fette y & TAvertiffement de M. Déf- 
ères de préaux lui-même , fur fon Epître 4, 

îe^MM?' °^ tOUt Ce ^ U€ ^ ^° mtC 

tfi/p. "oô de Buffy fit pour ne point entrer en 
* fui?. querelle avec ce Poëte , qui avoit eu 
lieu d'être mécontent de lui. 

■ j GASPARD DE FIEUBET. 

Gaspard 

K u 2 o m * Puifque M. Titon du Tiflet place 
encore fur fon ParnafTe Monfieur de 
Fieubet, il convient que j'en dife 
âuffi ùn mot. Gafpard de Fieubet , 
Seigneur de Cendré , Ligni , &c. étoit 
d'une famille de Touloufe , fils de 
Gafpard de Fieubet > Baron de Lau-> 



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Françoise. 37? mmm ^^ 
me, mort en 1647, & de Claude ^ mmmaÊ ^ 
Ardier. Ilfuivitle Barreau, fut Con- 
feiller au Parlement , puis Maître 
des Requêtes , Chancelier de la Rei- 
ne Marie -Théréfe d'Autriche , & 
Confeiller d'Etat ordinaire y & fe fit 
eftimer & chérir dans ces différent 
poftes de tout ce qu'il y avoit de dis- 
tingué à la Çour & à la ville. Sa mai- 
fon fut toujours ouverte aux gens de 
Lettres , de qui il a reçu les plus 
grands applaudiffemens. Quelque oc- 
cupation que lui donnaffent fes em- 
plois > il s'amufa de la Poëfie Latine 
&.Françoife , & réuffit dans Tune & 
l'autre. Je ne connois cependant de 
vers François de fa compofition , que 
la Fable iïUlyjjt & des Sirènes , que 
le P. Bouhours a donnée dans fort 
Recueil de vers choijîs , & l'Epitaphe Pa ** ^ 
du célèbre Defcartes > en dix vers > 
gravée fur une table de marbre blanc 
dans TEglife de Sainte Geneviève du 
Mont , & imprimée à la fin du tome 
1 de la vie de Defcartes , in-4 0 . pag* 
443. fie dans le tome y de la Déf- 



ia Force. On dit qu'il eft forti de la 
même plume plufieurs autres pièces 
aufli agréablement tournées & aufli 



cription de Paris de M. Piganiol de 




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^^^^ 376 Bibliothèque 
^— — — 1 bien verlifiécs. J'ignore ce qui en a 

»f/»um ëtéim P rimé - 
* 1 6y 4!"* ^ • ^ e Fî eu ^ et a y a nt perdu fa fem- 
me au mois de Janvier 1686 , & 
n'ayant point d'enfans , il fe retira 
chez les Religieux Camaldules de 
Grofbois près Paris , où il vécut dans 
la retraite & dans la pénitence , & y 
mourut détaché du monde,& ne (em- 
pirant que pour le Ciel , le 10 Sep- 
tembre 1694, en la 68 année de fon 
âee. Son Epitaphe dit , Que la patrie 
n eut jamais de Citoyen plus chéri; 
la Robe , dè Magiftrat plus éclairé; 
le liée le , de génie plus fublime ; 
l'homme de bien, d'ami plus préve- 
nant & plus fidèle. Il naquit dans 
l'opulence , ajoute-t-on , fut entraîné 
par les amufemens du monde , fut 
élevé à plufieurs emplois ; mais dans 
le tems qu'il occupoit une grande 
place , & qu'il pouvoit prétendre aux 
plus grandes , il prit les aîles de la 
colombe , & s'envola dans la folitu- 
de , où il courut à pas de géant dans 
la carrière de la pénitence. Son Orai- 
fon funèbre fut prononcée dans le 

Oraif fun m ^ mc '* eu P ar l'Abbé Anfelme le 
de vAb. Ani. 1 1 de Septembre 1695. Elle eft impri- 
in.8. P 4,3. m é e> & on lit à la fin l'Epitaphe du 



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Françoise. 37? 
même en Latin , fuivie d'une traduc- 
tion Françoife , & d'une paraphrafe 
delà même en vers François, par M. 
HaudiquL 

JEAN - BARBIER &AUCOUR. — T — 

Jean 

Jean Barbier d'Aucour n'eft guéres Ba r b 1 e r 
plus connu comme Poëteque M. de d Aucour * 
Fieubet, quoiqu'il ait plus écrit que I6 * 4 " 
lui en vers. Mais fes poëfies font 
toutes anciennes. Cet écrivain à qui 
Ton doit une excellente critique d'un 
ouvrage qui fera toujours eftimé , Les r " c ^ 0, p de 
Sentimtns de Cléante fur les Entretiens r . p ', £ 9 
tfArijie & d'Eugène du P. Bouhours , " ^ 
étoit de Langres. Il quitta fa patrie r Ab'w* Gr£ 
dès l'âge de 14 ans , alla à Dijon , n « » au-^e- 
& y trouva un azile chez M. Joli de éditées Seat 
Blaizy , Préfident à mortier, qui le <*« 
prit moins pour Précepteur de fes Cl sup t piém. 
enfans , que pour leur compagnon <* e ^ot. de 
d'étude. Après avoir fait fa Philofo- ,735 ' 
phie , il vint à Paris , y étudia en 
Droit , & fut reçu Avocat au Parle- 
ment. Il réfolutde fuivre le Barreau; 
mais ayant demeuré court dans fon 
premier Plaidoyer , il ne s'e^pofa 
plus à plaider, & il fe contenta d'é- 
crire dans les occafions d'éclat. 

Quand nous n'aurions que fes deux 
FaSlums pour Jacques Le Brun, fauf- 



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37$ Bibliothèque 

fementaccufé d'affaffinat, contre M* 
J e a n d e Savonniere , Conseiller au Parle- 
Ba r bu* ment ^ £ Qn accu f at eur , ils fuffiroient 
9 îT^!*' P our démontrer combien il avoit de 
talens pour ce genre d'écrire. M. 
l'Abbé Granet a eu raifon de faire 
réimprimer ces deux pièces* deve- 
nues raies. 

Rien ne fait plus d'honneur â M, 
d'Aucour , que d'avoir été choifi en 
1677 par M. Colbert pour élever M. 
d'Ormoy , depuis Marquis de Blain- 
ville , fon fils. On comprend aifé- 
ment que ce Miniftre n'eût pas confié 
cette éducation à un fujet médiocre. 
Ce choix , & encore plus fon mérite 
perfonnel,lui ouvrit les portes de l'A- 
cadémie Françoife. Dans le difeours 
qy 'il fit le jour de fa réception le 29 
Novembre 1683 , il donna des preu- 
ves éclatantes de fa reconnoiflance 
envers fon illuftre bienfaiteur , qui 
étoit mort depuis peu de tems. L'A- 
cadémie fit fouvent des épreuves uti- 
les de fes talens ; on fçait que c'eft 
lui qui a le plus travaillé en ce tems- 
là à perfeftionner & à achever fon 
fameux Diftionnaire. 

Trois ans avant que d'entrer à 
l'Académie, il avoit obtenu une corn- 
mifTion de Contrôleur des Bâtimens 



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Françoise. 379 
du Roi; mais ayant dépenfé tout l'ar- 
gent qu'il avoit à des entreprifes qui J ean 
échouèrent par la mort de M. Col- Barbier 
bert , il fe vit réduit à une fituation D 
fâchéufe. Vers Tan 1689 , îl entra 
dafis un parti pour les bois de Nor- 
mandie , dont il ne recueillit que'des 
procès , ce qui l'engagea à fe placer 
chez M, de la Meilleraye , en qualité 
de Gouverneur. Mais comme fes 
appointemens étoient fort modiques* 
& -que d'ailleurs il s'étoit marié peu 
avantageufement , il rentra dans le 
barreau , plaida de nouveau , & il 
le faifoit avec fuccès lorfqu'il fut at- 
taqué de la maladie dont il mourut. 
Les Députés de l'Académie qui allè- 
rent le vifiter dans cette fituation , 
furent touchés de le voir mal logé* 
Ma confolation , leur dit- il, c'eft que 
je ne laiffe point d'héritiers de ma 
mifere. L'Abbé de Choify,l'un des 
Députés , lui dit, Vous laîjfe un nom 
qui nt mourra point. Il répliqua : Qu'il 
ne s'en flattoit point ; que quand fes 
ouvrages auroient une forte de prix, 
il avoit péché dans le choix de fes 
fujets. « Je n'ai fait que des critiques, 
» ajouta-t-il , & ces ouvrages font 
» peu durables. Si le livre qu'on a 
a critiqué vient à tomber dans le 



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3$o Bibliothèque 
Ï5ËË55!? » mépris , la critique y tombe en 
JîAN » même tems,parce qu'elle pafle pour 
B arbier „ inutile; &fi ma lgré la critique , le 

DAUCOUR. r 9 - . ° t , * • • ^ 

i*P4. n " vre * e Soutient , alors la critique 
» eft pareillement oubliée , parce 
» qu'elle paffe pour injufte ». Le con- 
traire eft cependant arrivé à fon 
égard : le. livre du P. Bouhours eft 
toujours lu y & la critique de notre 
Auteur n'en eft ni moins eftimée , ni 
moins recherchée» 

M. d'Aucour mourut d'une inflam- 
mation de poitrine , le i y Septembre 
1694 dans la 53 année de fon âge. 
M. de Clermont-Tonnerre , Evêque 
de Noyon , qui lui fuccéda dans l'A- 
cadémie Françoife , ayant aflfe&é de 
ne rien dire du défont dans fon dil- 
cours , M. l'Abbé de Caumartin , 
mort depuis Evêque de Blois , y fup- 
pléa dans le fien. « Le Confrère que 
» nous avons perdu , dit- il , ne de- 
» voit rien à la fortune : riche dans 
» toutes les parties qui compofent un 
» homme de Lettres , il n'avoit au- 
» cun de ces titres éclatans aui rele- 
» vent fon fucceffeur : fon eiprit aifé 
» & pénétrant lui avoit fait acquérir 
» une facilité merveilleufe pour la 
» compolition de fes propres ouvra- 
ges r & une critique très - exaûc 



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Françoise. 381 
» pour la correâion de ceux des au- — — » 
» très ; rien ne fortoit de fes mains j 1 a n 
» qui ne portât ces deux carafteres y Ba r b i e r 
» & nous nous fouvenons avec plaifir d Auc our. 
» eu plutôt avec douleur , de 1 ufage l6 ?*' 
» qu'il en faifoit dans nos exercices 
» ordinaires». 

M. de Caumartin n'a pas compris 
dans cet éloge les Poéfies de fon 
Confrère ; ce font les moindres de 
fes ouvrages , quoiqu'on ne puiffe 
pas dire qu'elles foient fans efprit & 
lur-tout fans une grande facilité. 
Comme il vivoit dans un tems où la 
Traduôion du Nouveau Teftament, 
iuppofée imprimée à Mons échauf- 
foit les efprits , on le fait Auteur de 
plufieurs des pièces en vers François 
qui furent répandues alors contre les 
adverfaires de cette Traduftion, qui 
efl depuis fi longtems entre les mains 
de tout le monde. On lui donne en 
particulier une Lettre en vers libres fur 
ce fujet , contre M. Hardouin de Pé- 
réfixe , Archevêque de Paris , & une 
autre de même genre contre un Man- 
dement du même Prélat fur le retrait- - 
chement de certaines Fêtes. Cette fé- 
conde pièce eft de 1 666. La première 
parut au moins deux ans plus tard f 
en 1668 , ou l'année fuivante. Dès 



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382 Bibliothèque 
wmmmmm 1664 il avoit fait imprimer ion Poë- 

J * ^ « me, moitié férieux, moitié burlefque^ . 
a r b 1 f r intitulé Onguent pour la brûlure : cette 
pièce , qui eft d environ 1800 vers, , 
eft une Satyre contre la morale des \ 
Xafuiftes relâchés : la première édi- 
tion eft in-4 6 . J'en ai vu plusieurs au- 
tres in-8°. in- 11 & in- 16. Accufé 
d'avoir traité dans cette Satyre des 
matières trop graves pour trouver 
place dans le burlefque, il tenta de 
îejuftifier par une Lettre en profe. 
( Lettre d'un Avocat à un de fis amis ) 
qui eft du premier Avril de la même 
année 1664. Elle n'a que 8 pages 
in-4 0 . ^ 

Je ne fçais point de quel tems eft 
la première édition d'une autre Saty- 
re du même en vers irréguliers , que 
M. l'Abbé d'Olivet intitule > Apollon 
vendeur de Mithridaîe que Richard 
Simon a fait réimprimer tous le titre 
Bfti. criu-d 5 Apollon charlatan, dans fa Bihlio- 
5*3- tMq UC critique , oii il a pris le nom de 
Sainjore: c'eft une Satyre des Tragé- 
dies du célèbre Racine , excepté 
d'Efther & d'Athalie , qui n 'a voient 
point encore { paru. Cette critique , 
toute ingénieufe que M. Simon la 
trouve , n'a jamais nui à la réputa- 
tion de celui qu'elle attaque. Elle fit 



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Françoise. 383 - 
cependant quelque peine à M. Def- ^—^^ 
préaux, qui lança ce trait contre g^^J 
l'Auteur, à la fin de fon Lutrin , où il ^aucoua 
v adreffela parole à M. de Lamoignon i6 9 ±. 
premier Préfident : 

Quand la première fois un athlète nouveau 
Vient combattre en champ clos aux joutes du Bar- 
reau 

Souvent (ans y penfer , ton augirfte préfcnce , 
Troublant par trop d'éclat fa timide éloquence , 
Le nouveau Cicéron tremblant , décoloré , 
Cherche en vain fon difeours fur fa langue égaré ; 
Cn vain pour gagner tems , dans fes tranfes affreu- 

îes, - . 
Traîne d'un dernier mot les fyllabes honteufes ; 
Il héfite , il bégaye, & le^trifte Orateur 
Demeure enfin muet aux yeux du Spectateur. 

M. Defpréaux n'ignoroit pas cepen- 
dant que l'accident dont il fait ici un 
reproche à M. Barbier d'Aucour , 
pouvoit arriver aux meilleurs Ora- 
teurs , & qu'il n'étoit pas fans exem- 
ple. La dernière pièce en vers de 
M. d'Aucour , eft une Ode fur la prife 
de Philifbourg , qu'on a inférée dans 
le Recueil de l'Académie Ff ançoife, 
année 1689. ^ l'égard de fes écrits 
en profe , on peut voir ce qui en eft 
dit dans le Supplément de Moréri de 
1735, & dans le Nouveau Boy le tra- 
duit de TAnglois , tome I. p. 64 & 
ftiiv. de la Lettre B. 



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3$4 BlBLIOTHEQ UE 



Jhan JEAN D\HESNAUD. 

' Hes- 



NAUD 



x6 ^ 4> S'il eft vrai que Jean à'Hefnauà, 
ou Z?* Htfnault , foit mort en 1682, 
comme je le lis dans le Nécrologe 
Manufcrit de feu M. De la Monnoyc, 
je dérange l'ordre chronologique en 
le plaçant ici ; mais outre que M. Ti- 
ton du Tillet dit dans fon Parnafc 
François, que le tems de la mort de 
ce Poëten'eft pas bien certain, il m'a 
paru convenable d'en faire mention 
immédiatement avant Madame des 
Houlieres , qui paffe pour avoir été 
fon élève. 

Ce n'eft pas par la naiflance que 
d'Hefnaud a été diftingué ; il étoit 
fils d'un Boulanger de Paris : mais le 
mérite eft plus eftimabie que la naif- 
fancé , & on ne peut fans injuftice 
refiifer à d'Hefnaud la louange d'a- 
voir été un des plus beaux efprits de 
fon tems. On fçait qu'il étoit ami de 
Chapelle, avec lequel il avoit étudié 
la Phîlofophie de Gaffendi. Les cir- 
conftances de fa vie nous font peu 
connues , & l'on n'en fçait guéres 
que cê qu'il nous en apprend lui- 
même dans une Eglogue que je ne 

crois 



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N A UO. 



. . Françoise. 
crois imprimée que dans le Fureteria- 
na. Cette Eglogue eft intitulée Ama- Jean 
r<«w«; c eft Madame des Houlieres »' H e s- 
<jui y eft en effet louée en vingt en- " 
droits. Daphnis , l'un des interlocu- 
teurs , eft d'Hefnaud lui-même , qui 
V rappelle fes voyages , fes emplois , 
& fon attachement à M. Fouquet Sur- 
intendant des Finances , qui fut fon 
protecteur. On voit par cette Eglo- 
guequ'il avoit été dans les Pays-Sas, 
en Hollande , en Angleterre : 

J'ai tenté la fortune en mille lieu» divers , 
Et traînant me» malheuts j'ai couru l'Univers. 
J*ai fait ouïr mes chants dans cette terre heureufe i 
Que baignoit l'Océan , & le Rhin , & la Meufe , 
J'ai vu ces prés touffiis , que d'énormes travaux 
Sauvent depuis cent ans de la rage des eaux. 
Jufque dans Albion j'ai cherché ma retraite; 
Le Roide la Tamife écoutoit ma Mufette ; 
Et ce Roi généreux eût été mon appui, 
Si j'avois fervi Pan comme on le fert chez lu!. 

Il paroît par la fuite de cette Eglogue 
qu'il fuîvit Louis-Victor de Roche- 
çhouart, Duc de Vivonne, en Sicile ; 
& en particulier à Meffine , dont ce ' 
Seigneur fut fait Viceroi , & qu'il 
iortit de ce pays brique la Sicile re* 
tourna fous la domination Efpagnol- 
le. Je ne puis entendre autrement le* 
yçrs fuivans; 



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386 Bibliothèque 

A travers des écueils , an péril des naufrages 
Jean cherché la Sicile , & fcs gras pâturages : 

» H I s- Emre Sc || le & carybde , une ancienne Cité 

* Au *>' . Alloit bientôt me rendre à la tranquillité , 

Si de fon protecteur Tauftere politique 
Ne l'eût Elit retourner fous un joug tirannique. 

D'Hefnaud , contraint de revenir en 
France , chercha partout de l'emploi, 
& en eut, à ce que Ton croit, dans le 
Bourbonnois, qu'il fut encore obligé 
de quitter , on ne fçait pourquoi» 
Avant ces courfes , il a voit mérité la 
proteôion de M. Fouquet , qu'il per* 
dit par la difgrace de ce Miniftre ar* 
rivée en 1661. C'eft lui qu'il peint 
dans la même Eglogue fous le nom 
tfArcas , oîi il parle auffi avec éloge 
de M:, de Fontenelle qui étoit jeune 
alors : 

Ce Berger enjoué , ce doux Magicien , . 
Qui connoît tous les morts du vieux tems Je du 
fien , &c. 

i 

Quoique Mr Defpréaux ait mis 
d'Hefnaud dans fa neuvième Satyre 
au même rang que Bardin , Colletet, 
Kot. de s. Pelletier , & plnfieurs autres qu'il 
to cl~£ n'eftimoit pas , il ne laiflbit pas de 

9. Satyre de . 1 , . rr i t\ •• 

Pefpréaux. convenir qu il etoit allez bon Poète. 
Il ajoutoit que fa meilleure pièce 9 



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Françoise. 387 
fîon pas pour le fujet , mais pour la 
compofition > étoit un Sonnet contre J h a m 
M. Colbert , qui commençoit par ce D * H E s ~ 
<vers: # NA ^\ 

Miniftre arare & lâdie , cfclavc malheureux. 

Xa colère , ajoute-t-on , avoit-fait 
enfanter 1 ce Sonnet à d'Hefnaud : il 
avoit reçu des bienfaits de M. Fou- 
quet , Surintendant des Finances , 

3ui s'était en effet attiré la tendreffe 
es Gens de Lettres par fes gratifi- 
cations ; il crut que M. Colbert avoit 
contribué à la chute de ce Miniftre f 
& dans cette perfuafion il s'imagina 
qu'il lui étoit permis d'ea témoigner 
publiquement fon indignation. M, . 
Colbert , fuivant le même, récit , fit 
^en cette occafion une aûion pleine 
de grandeur. On lui parla de ce Son- 
net : il demanda s'il n'y avoit rien 
contre le Roi ; on lui dit que non. 
«Cela étante répondit-il 9 Je nen veux 
point de mal a V Auteur* D'Hefnaud 
apprit cette réponfe , il eut honte de 
s'être laiffé emporter au-delà des bor- 
nes du refpeâ & de la modération , 
& fupprima fon Sonnet autant qu'il 
lui Ait poffible. Mais eft-il bien cer- Refl| de 
jain que d'Hefiiaud foit l'Auteur de joiyfurBay- 

Rij Je p. 43». 



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388 BlBLIOTHEQtTE 

— — » ce Sonnet ? Ce qui en fait douter J 
Jean c'eft que Loret dans fa Gazette du 
d* H e $- j d e Septembre 166 1 , parle d'un au- 
N lé D tre ^°^ te nomm é Hénaut 9 qui faifoit 
, 1 * 4# alors des vers fatyriques , & qui ea 
fut puni , 

Certain malheureux Nouvelliste ; 

dit cette Gazette , 

Efprit brouillon , mauvais Sophifte ^ 

Qu'on homme Mathurin Hénaut , 

Fut hier , dit-on , bien penaut. 

Car Cous prétexte de nouvelles , 

Ayant fait courir des libelles , 

Aficz niais f & peu fçavans , 

Contre des morts & des vivans , 

Pic par fentenre de Juftice. •••• • 

Au Chltcïet publiquement , 

Tout du long amende honorable.. m»; 

La torche au poing » 4a corde au col...., 

£t même tout nud en chcruife , 

De France pour neuf ans banni , &c. 

Le Sonnet que Jean d'Hefnaud a 
compofé fur X Avorton 5 a beau?» 
coup de bruit en fon tems , & a été 
très-applaudi , quoiqu'il foit irrégu? 
lier , les vers étant inégaux, & les 
4eux Quatrains fur des rimes diffé? 
rentes. Ce Sonnet fut fait à Toccar 
$0» $ ? unç #Vfjmirp »ryiyéç à upe 



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.-Françoise, 389 
JDemoifelle de condition qu'il eft in- 
litige de nommer. j a a n 

Il fait partie des Œuvres diverfes de H e s- 
l'Auteur , impnniées en 1670 , & NA ^ D * 
contenant La confolation à Olympé 1 
Jurla mon et Alcimedon , en profe , des 
imitations en vers du chœur de l'A&e 
a & de l'Afte 4 de la Trôade de Séné- 
que , & du fécond chœur du ThieJIe 
du même ; des Lettres en vers & en 
profe, à Iris, à Lucrèce, à Sapho,&c. 
toutes fur la galanterie ; onze Son- > 
nets , en conïptant celui de l'Avor- 
ton ; une hiltoriette , aufli en vers ; 
le Bail du cœur de Cloris , en profe & 
en vers ; & quelques vers Latins. 
Parmi les Lettres , celle à Sapho , 
c*eft~à-dire à Madame des Houlieres, 
avant Ion mariage en 1 649 , m 'a paru 
la meilleure & la plus intéreffante. 
D'Hefnaud l'exhorte à ne pas autant 
s'appliquer à l'étude qu'elle le fai- 



qu'elle ne le livroit pas affez aux 
compagnies qui la déliroient , & que 
la gloire qu'on acquiert à la fuite 
d'Apollon ne vaut pas la peine qu'on 
fe donne pour l'acquérir & pour la 
conferver : fur quoi il lui dit ; 



foi 




fa fanté en fouffroit , 



R iij 



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59° BtBLlCFTHÉCjUE 



On ne peut craindre trop d'être trop eftimeey 
Rien ne nous aflervû comme la Renommée. 



Je a H 

9* H E S'- 
il A U D. ^ n P Cfd bîen dtt rC * 0S P ° Ur fairC Ua ^ 
bruit , 

Et ce bruit ne vaut pas la peine qui le fuit. 
Four moi je ne fuis pas la dupe de la gloire ; 
Je vous quitte ma place au Temple de Mémoire i 
Et je ne conçois pas que la loi du trépas , 
Doive épargner mon nom , & ne m'épargne* 
pas. 

Je me mets au-deJTus de cette erreur commune* 
On meurt & fans reflource , & fans réferve au* 
cune#..... 

Ce qui refte des morts, refte pour l'es vivans , 
Et va mourir comme eux dans les âges fui vans* 
Ainfi du grand Homère , ainfi du grand Virgile r 
l'éloquence & la gloire eurent un fort fragile. 
L'une & l'autre nous touche , & ne les touche 
plus î 

les grands titres pour eux font titres fuperflus. 
Tandis qu'on les admire , & tandis qu'on les 
loue , 

L'impitoyable tems de leurs Œuvres fe jouer 
Mous regrettons déjà ceux qu'il nous a ravis : 

Et des autres un jour ceux-là feront fuivis * 

Ceflêz donc , o Sapho , de vous en taire accroire. 
Dans un monde nouveau ne. cherchez plus le 
gloire; 

Et faites fuccéder au foin de l'acquérir , 
Le foin de la connoftre , & de vous en guérir , 
&c. 

]pe Recueil efl dédié à un M. Doort, 



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F R A N Ç O I S É. 39I 

que je ne connois point. Quand on a 
lu ce qu'il renferme , on fent que le 
principal talent de l'Auteur confiftoit 
a traduire ou à imiter des morceaux 
de Poëfies des Anciens Poètes Latins. 
Mais le choix qu 'il a, fait pourroit fai- 
re foupçonner qu'il étoit un peu trop 
partifan d'Epicure. On ne croit pas 
cependant que Bayle ait eu raifon dô 
rapporter tant de particularités 
odieufes à la mémoire de cet Auteur. 
II n'a jamais fait de fyftême contre 
l'immortalité de l'ame , ni confulté 
Spinofa. Le Bail du coeur eft à mon 
gré la moindre pièce de fon Recueil, 
ce font de ces allégories forcées qui 
îie font plus du goût d'aujourd'hui* 
L'Hiftoriefte ou le conte qu'Amaran- 
te envoyé à Diane le jour de fa fête , 
au lieu de Bouquet , eft affez joliment 
écrit. Le Sonnet fur la vie privée; , 
imité du deuxième chœur du Thiefte 
de Sériéque , m'a paru bon. 

S'élève qui voudra , par force ou par adrefîe 9 
Jufqu'au fommec gliflant des grandeurs de la 
Cour ; 

Moi je veux , fans quitter mon aimable féjout ; 
Loin du monde & du bruit rechercher Ja fagelTe.' 

Là , fans crainte des Grands > fans faite & fans 
triftcflc, 




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M AU D. 



391 Bibliothèque 

Mes ycui après la nuit verront naître le jour f 
Jean j c vcrra i faifons fe fuivre tour à tour , 
* ^!. E _ S " Et dans un doux repos , j'attendrai la itciKdk. 

Ainfîlorfque la mort fiendra rompre le court 
Des bienheureux* momens qui corapofent mes 
jours , 

Je mourrai chargé d'ans , inconnu , folitaire. 
Qu'un homme e A: miférablc à l'heure duuré-f 
pas , 

Lorfqu'ayant négligé le fcul point néceflàire , 
II meurt connu de tous , & ne fe connoît pas I 

Ce Recueil de 167O ne contient 
pas toutes les Poëfies du fieur d'Hef- 
naud. J'ai parlé ailleurs de fa traduc- 
tion du commencement de Lucrèce, 
que M. de la Monnoye.a cru fauffe- 
ment donner pour la première fois 
dans fon Recueil Je' pièces choifîes , im- 
primé en 1714. Onaffure que d'Hef- 
naud avoit traduit tout le Poëme de 
Lucrèce , mais qu'un Cônfefleur lui 
en ayant fait fcrupule , il brûla fon 
ouvrage , dont il n'eft refté que les 
cent premiers Vers , que fes amis 
avoient copiés ou retenus de mémoi- 
re. Le Fureteriana , qui eft de Tan 
,1696 > nous a donné outre cela deux 
autres pièces en vers afTez longues 
du même , dans lefquelles on voit 
des vers pompeux & des penfées neu* 



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* Françoise. 393 
^res_,maîs auffi trop de négligence &. _ 
de diffufîon. La première eft uneElé- Jean 
gie, dont le fujet principal eft le com- H * sa 
bat de la Raifon contre l'Amour. Elle N : A J D - 
commence ainfi : 1 M * 

Echapé des périls d'une ardente jeune ffè , 
Et parvenu dans l'âge où règne la fagefle , 
Je rh'étois réfolu d'écouter la Raifon , 
Et d'être fage au moins dans l'arriére faifon. 
Je contemplois déjà les miferes humaines , ^ 
Et j'en aceufois plus nos pîaifîrs que nos peines ; 
J'en aceufois furtout les plaifirs amoureux , 
Comme les plus légers & les plus dangereux. 
Je voyois qu'à la fin tous les cœurs s'en dégoû- 
tent , 

Ou par les maux qu'ils font , ou par les biens 

qu'ils coûtent , 
Et me reflbuvenant de ce qu'ils m'ont coûté , 
Je m'en croyois auflî pour jamais dégoûté , 
Mais j'ofei voir Olympe , &c» ^ 

-La Raifon lui donne de fort bons a vis, 
& furtout l'exhorte à ne pas prendre 
an lieu d'elle l'Opinion , qui ne pour- 
roit que l'égarer : 

Fuis le fantôme vain qui porte mes couleurs , 
La folle Opinion , Reine des fantaftiques , 
Source de tant de biens & de maux chimériquet, 
C'eft elle qui de l'homme augmentant les befoins» 
Muîtiplie avec eux fes travaux & fes foins , J 
Qui lui faifant haïr le repos & la joye , 
Aux avares foucis donne fon ame en proyc ; 

Rv 



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394 Bibliothèque* 

- £ A ^ ' Qui lui fait de la gloire enfanglanter Pautel , 
©* H E S- ^* cou " r * la mort pour rcn ^ rc ^ InIno^tcl • 

W A W D. Ceft cllc V* corrompt les mœurs & les ma»* 

mes , 

Ravale des vertus , & relève des crimes # 
Selon fon Intérêt régie fesfentiroens , 
Juge des adions par les événemens , 
Méprife un vertueux que le fort abandonne t 
Révère un fcélérat que le bonheur couronne g 
Aux peuples inquiets vante les nouveautés , 
Et leur fait un Héros d'un chef de révoltés , &cV 

L'autre pièce eft PEglogue dont j'ai 
parlé, dont les interlocuteurs font 
Philcne & Daphnis , & dont le titre eft 
Amarante. On dit qu'elle contient 
fous ces trois noms les portraits de 
trois perfonnes illuftres que te Leâeur 
y reconnoîtra fans peine. J'ai averti 
qu'Amarante eft Madame des Hou- 
lieres ,& Daphnis le Poète lui-même: 
Pour Pkiléne , je ne fçai qui c'eft. Il 
y a encore plus de négligence dans 
cette féconde pièce que dans» la pre- 
mière , mais il y a auffi des beautés, 

ANTOINETTE DU L1GIER DE 
LA GARDE , Dame 

DES HOUIIERES, 

Xa plus grande gloire du Sieur 



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Françoise. 395 

«d'Hefnaud eft d'avoir eu pour difci- 

ple la célèbre Madame des Houiie- Ant ° 1n t * t - 
t 1 -rx , . te du Li- 

res. Le nom de cette Dame etoit GIERDE ^ 

Antoinette du Ligier de la Garde, garde , 
Elle naquit à Paris vers Tannée 1633 Dame de$ 
ou 1634. Son pere étoit Melchior du Hou "*- 
Ligier» , Seigneur de la Garde , Che- RI ^ 4t 
valiér de l'Ordre du Roi , qui avoit 
été d'abord Maître d'Hôtel de la 
Reine Marie de Médicis , & qui étoit 
alors attaché en la même qualité à la 
Reine Anne d'Autriche. Sa mere fe 
nommoit Claude Gaultier. 

La nature prit plaifir à raffembler Eloge «te 
dans Mademoifelle de la Garde , les hJ&Ï 
agrémens du corps & de l'efprit à un Mém' de 
point qu'il eft rare de rencontrer. b^2t!°H 
Elle avoit une beauté peu commune, <*« Poëf. de 
une taille au-deffus de la médiocre , hÔu™^!* 
un maintien naturel , des manières 
nobles & prévenantes ; quelquefois 
un enjouement plein de vivacité , 
quelquefois du penchant à cette mé- 
lancolie douce , qui n'eft pas ennemie 
des plaifirs ; elle danfoit avec juftef- 
fe , montoit bien à cheval , & ne fai- 
foit rien qu'avec grâce. Lorfqu'elle 
entra dans le monde , les Romans 
étoient regardés comme l'école de 
refprit ci de la politeffe. Elle s'y livra 

R vj 



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. 39^ Bibliothèque 

pourfuivre la coutume établie : maïs 
/NToiNET- e u e ne b orna pas-là fon application. 
cxex de la Avide de s'inftruire , elle étudia lé 
Garde , Latin, l'Italien, & PEfpagnol, & fi 
Dame des bien que dans la fuite les Auteurs les 
Hou m- pl us eftimés en ces trois langues lui 
* fis * devinrent familiers. 
1 Son inclination pour là Poëfie fe 

' montra d'abord au plaifir qu'elle pre- 
noit à la lçâure des vers. Ce fût 
d'Hefnaud , comme on Ta dit ^ qui lui 
fit appercevoir les talens . qu'elle 
a voit elle-même pour y réuffir , & qui 
lui apprit les régies de la Poëfie Fran- 
çoife. Ses parens la marièrent en 
1 6 j i à Guillaume De la Fon de Boif- 
guerin , Seigneur des Houlieres, Gen- 
tilhomme de Poitou. Attaché à M. de 
Condé , lorfque ce Prince fortit du 



fa fortune , & fa femme fe retira chez 
fes parens , d'où elle paffa à Roçrpi, 
& enfuite à Bruxelles , où elle fut ar- 
rêtée prifonniere , au moiç de Février 
1657 , & conduite au Château de 
Vilvorden , à deux lieues de cette 
ville. Chez fes parens , elle avoit 
cherché de la confolation en étu- 
diant la Philofophie de Gaffendi ; 
durant fa captivité , qui fut de h«U 



Ro 




M. des Houlieres fuivit 



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Françoise; 397 ^ 

/mois , elle en trouva une plus folide — mmmm £ 
dans la ledhire de rEcriture Sainte Antoinet* 
& des Ecrits des Pères de FEglife qui tE ™ L ¥ x ; 
cpnvenoient le plus à la fituation. G k R D E 
Délivrée de priîbn par fon pjrfpre da**e dis 
mari , & le Roi ayant offert une am- Houlie- 
xiiftie à tous ceux qui étoient fortis RES# 
du Royaume dans le tems des trou- 1 
bles , oc qui voudroient revenir , M. 
& Madame des Houlieres furent pré- 
fentés par M, Le TeHier au Roi , à la 
Reine Mere , & au Cardinal Maza- 
rin. 

La mode étoit alors de faire des 
portraits , ou de dépeindre la figure 
& le caraftere des perfonnes de la 
Cour & de la ville. Madame des 
Houlieres qui eut dès Tinftant de fon 
retour un grand nombre d'admira- 
teurs ,fe vit bientôt fur les rangs. Le 
premier de fes portraits fiit compofé 
en vers & en profe par Chevalier 
de Grarçiont , fur une Lettre que M. 
le Prince, avec qui il étoit en rela- 
tion , lui écrivit à ce fujet. Il n'y mit 
point le nom de celle qu'il vouloit 
peindre , fe contentant de la défigner 
îbus celui tfAmarillis, nom paftoral 
. qui fiit longtems celui de Madame 
des Houlieres , jufqu'à ce qu'elle y 



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Antoinet- 
te du Li> 

61F.R DE LA 

Garde , 

Î>AM* DES 
HOU LIE- 
KES. 

La Gallcrie 
des Peintu* 
res , a. part, 
pag. 517 & 



Fagc 349 



Bibliothèque 
eût fubftitué celui de Céliméne. Ce 
portrait commence ainli : 

Vous de qui la vertu , l'efprit & la beauté , 
Rendra le nom fameux dans la poftérité , 
Et donc les actions ont effacé la gloire 
Des Héros de Roman , des Héros de l'Hiftoire ; 
Vous qu'on a vu forcer d'effroyables prîfons , 
Et que huit mois entiers la mort en cent façons 
N'a pu faire trembler ; adorable inhumaine , 
On a mille plaifirs , & Ton n'a point de peine , 
Quand on eft obligé de parler des thréfors 
Qui parent votre efprit > votre ame , & voue 
corps. 

Quand on fait le portrait d'une beauté commune, 
Ou d'un de ces efprits fujets à la fortune , 
Pour peu que Ton en ait * on s'en peut acquitter: 
Où la matière manque , jon j«int l'art de flater : 
Mais quand il faut dépeindre une jeune héroïne, 
Sçavante , fiere , belle , éloquente , divine , 
Cette entreprife eft grande , & mon foible pin- 
ceau , 

Ne fçauroit qu'ébaucher un û charmant Table». 

Son fecon* portrait fut fait en vers 
par le Poëte Lignieres , qui le lui en* 
voya. Ceft celui qui eft intitulé , 
Portrait d 'Amarante , dans la féconde 
partie de la Callerie des Peintures , 
&c. Il finit par ces vers où le Poëte 
fait allufion à une petite chienne que 
Madame des Houlieres aimoit beau- 
coup , & qu'elle avoit perdue ; 



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FftÀNÇÔISÊ. Jjjjf 

Vous voulez qu'on lui fafle une Oraifon funèbre , 
Et qu'on f immortalife en vers. 
Si vous ccflfcz , divine dés Houliere , 
De traiter fièrement le malheureux Ligniere , 
De le railler ; JH de le méprifer , 
II tâcheron de l'immortalifer. 
Laj ! il fouffre une peine extrême f 
Et rien n'égale fon ennuî: 
~ ïmmortalifez-la vous-même , 

Vous faites des vers mieux que luf. 

Ce portrait fut fuivi de deux autres P a s> 
de la même main , aufli en vers , & 6l ?'* 6l% * 
qui ont été recueillis dans le même 
ouvrage que je viens de citer. Mada- 
me des Houlieres feignit de ne pas 
connoître l'Auteûr du premier , je 
veux dire de celui qui avoit été fait 
par le Chevalier de Gramont , & elle 
n'y répondit point. Elle fentoit quel- 
les auraient pu être les fuites d'une 

Eareille démarche. Quant à ceux de 
igniere , elle crut pouvoir répon- 
dre fans conféquence à la civilité de 
ce Poète. Elle fit donc à fon tour fon * b - P- *44 
portrait en vers , ainfi que celui de lb ' p ' ^ 
Mademoifelle de Vilenne, leur amie 
commune , & qui fe mêloit de Poëfie* 
Ces deux pièces , les premières qui 
nous refient de Madame des Houlie- 
res , prouvent qu'elle ne compofoit 



Antoinet> 
té du Lf- 

01 ER D£ LA 

Garde , 
Dame de» 
Hou lie- 

RE S . 



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400 BÎBLIOTHÉ <5^E 

pas alors auffi corre&ement qu'elle 

tb^^u^li- *' a ^ ait dans la ^ i " te : mais on y tr0U ^ C 

euK de la ^ U naturel accompagné d'une négli- 

Garde, gence peut-être affez convenable au 

Dame des lujet. * 

Houlii- £jj e exer ç a depuis fon talent pour 
i x^ 4- ^ a Poëfie fur tous les fujets qui fe pré- 
fentetent , & comme fa beauté lui 
faifoit adrefler un grand nombre de 
pièces galantes , elle y répondoit 
d'une manière qui faifoit goûter fes 
vers par ceux à qui ces fortes de fujets 
n'étoient point indifférens. Si dans 
plufieurs on trouve répandus beau- 
coup de tons plaintifs contre la for- 
tune , c'efl que l'état de fes affaires 
a voit été en effet tellement dérangé , 
pendant fa retraite hors du Royau- 
me , qu'elle a voit été obligée de fc 
faire féparer de biens d'avec fon 
mari dès 1658 , & que M. des Hou- 
lieres a voit abandonné toupies fiens 
à fes créanciers. Nous n^avons pas 
toutes fes premières Poefies ; elle les, 
négligeoit , & la plus grande partie 
s'eft perdue. Celles qui ont été con- 
servées , & qui lui donnèrent afors le 
plus de réputation, furent le Sonnet 
en bouts-rimésfur l'or , & deux Epî- 
très fous le nom de fon chien > avec 



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Françoise. 461 
1*apothéofe du même , dont elle fai- SSSSA 
fbit le Cerbère du Parnaffe. Ces pié- Antoinet- 
ces furent inférées dans le premier Ti DU Ll-t 
•Tome du Mercure galant en 1672. Gard1 
Quand fes affaires , ou quelque dame des 
autre motif, ne l'obligeoient pas de Hou lu- 
quitter Paris , dont elle n'a pas laifTé RES# 
que de sfabfenter aifez fouvent , elle 
recevoir avec plaifir les vifites de 
ceux qui fe diftinguoient par leur ef- 
prit , entre autres de MM. Conrart , 
Pelliffon , Benferade , Charpentier , 
Perrault , des deux Corneilles 9 de 
MM, Fléchier , Mafcaron , Quinault, 
Ménage , des deux Tallemants , de 
l'Abbé de Lavau, de M. de la Mon- 
jioi| , &c. On voulut même l'aflbcier 
à une compagnie de gens de Lettres 
qui s'affembloient à l'Hôtel de Mati- 
gnon chez l'Abbé d'A ubignac , efpéce 
d'Académie que la mort de cet Abbé 
difîipa. D'un autre côté elle recevoit 
des vifitSs & des Lettres des Ducs de 
la Rochefoucault , de Montaufier, de 
Nevers , de Saint Aignan ; des Maré- 
chaux de Vivtfnne & de Vauban , du 
Comte de Bufli Rabutin , de M. Le 
Peletier de Souzi , & de beaucoup 
d'autres , & elle en étoit toujours fa- 
vorablement accueillie quand elle fe 



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46% ËlBtîOTHEQUE 

préfentoit chez eux. On eftimoitdan* 
Antoinet- toutes ces maifons les ouvrages qui 
ti bu li - fortoient de fa plume , & on 1 exhôr- 
GaVd " toit à les *n«itiplier. Elle étoit même 
Dame dis confultée dans de certaines difputes 
Houlie- qui arrivoient entre les gens de Let- 
très, & le parti qu'elle prenoit étoit 
"* 4# toujours loué , s'il n 'étoit pas tou- 
jours fttivi. 

Ce fut ainfî qu'elle efitra dans 1* 
contéftation , mue principalement 
entre l'Abbé de Bourzeis & le Pere 
Lucas , Jéfuite , d'uiîe part , & de 
l'autre MM. Charpentier 8r Talle- 
mant , de l'Académie Françoife , s'il 
convenoit de compofer en Latin on 
en François, l'infcriptiori qu'on vcra* 
loit mettre fur l'Arc dé Triomphe 
qu'on eut alors deffein de faire élever 
à la gloire du Roi. Les partifarts de 
notre langue l'emportèrent, au iftôins 
pour les infcriptions de la Galerie de 
Verfailles ; car l'Arc de Triomphe 
ne fut point exécuté , & Madame 
des Houlieres marqua fon contente- 
ment de cette viûoire , par une Bal- 
lade qu'elle fit fur ce fujet. 

Une autre queftion l'intéreffa da- 
vantage. C'étoit la comparaifon de 
Corneille & de Racine. Décidée pour 



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Françoise. 40$ 
le premier , elle Vit avec peine la 

Î>référence qu'on donnoit au fécond, Antoinit. 
orfque Corneille eut ceffé de travail- TE DU Lr " 
1er pour le Théâtre en 1675, Elle?"™ 1 * 
avouoit que Racine avoit parfaite-* d xme de $ 
ment réuffi dans le ftyle tendre & les Houlie- 
fituations touchantes : mais ne trou- * ES - 
vant point dans fes Tragédies ce fu- u *+* 
Blime & ce génie Romain , qui carac- 
térifent Corneille , elle prétendit 

2u'ayant pris une route différente , \l 
toit en cela même inférieur à fon ri- 
Val. Son zélé l'emporta trop loin ert 
cette occafion , & fit tort à fon goût, 
JA. Racine travailloit alors à fa Plié* 
dre , & Pradon compofoit auffi fur le 
*nême fujet. Les deux pièces avant 

Çaru en même tems fur deûx différent 
'héâtres en 1 677 , Madame des Hou-' 
lieres prit parti pour celle de Pradon^ 
& jépandit un Sonnet où elle faifoif 
une Parodie burlefque de laPhédrede 
Racine, On en ignora l'Auteur pen- 
dant quelque tems les méprifes 
de M. Racine & de fes amis occafion- 
nerentde grands troubles, dont on 
peut voir le détail dans l'Avertiffe- 
ment de M- Le Fcvn de S. Marc, fur Dc f " vr ^ 
l'Epître 7. de Defpréaux. Mais le pagf^l & 
nuage de la .prévention fe dilîipa luiVr 



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_ 4^4 BlBLIÔTHÈQÛE 

f mtmmmm bientôt. La Tragédie de Racine a été 
Antoinit- mife au rang de ce que ncftis avons 

ïiï dAa de P lus P ar ^ h fur le Théâtre > & 
Garde , ce ^ e ^ e P ra don eft tombée dans l'on- 
Damb des bli , malgré la proteâion de Madame 
Houub- des Houlieres , <[ui s'attira par cette 
conduite un portrait peu obligeant 
u * 4# pour elle , de la part de M. Def- 
préaux dans fa dixième Satyre : c'eli 
celui qui commence par ces vers : 

C'eft une précieufe , 

Rcfte de ces cfprits jadis fi renommés , 
Que d'un coup de Ton art Molière a diffamés,' 
&e. f \ 

Outre/ces difputes dans lefquelles 
elle entra , & quitlurerent alTez long* 
tems , les plus petits fujets lui don- 
_ noient lieu d'exercer fa Mufe. On en 
a un exemple dans les pièces qu'elle 
compofa fur fa chate , qui firent une 
partie de l'amufement de la Gour & 
? 5e la ville pendant l'Automne de 

1678 , & qui intéreffent très-peu au- 
jourd'hui. Ce fut vers le même tems 
que fans aflez confulter fes forces , 
elle voulut entreprendre des pièces 
de plus longue haleine , & d'un gen- 
re différent de celles qui l'avoient 
fait eftimer jufques-là. 



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Françoise, 405 
Elle commença d'abord un Opéra — — — f 
de Zoroafirc & Sémiramis , & elle ef- Antoinet- 
faya dans la fuite de faire une Corné- TE DU Ll ~ 
die fous le titre des Eaux de Bourbon. gTrd'e^ 
Mais elle fut affez fage pour en relier dW Î>ip 
au plan , ou à des effais informes que Houwb- 
lepablic n'a jamais vus. Elle fe livra RES * 
plus conftamment à llnclination l ' 9 ** 
qu'elle avoit pour le Tragique , & 
compofadeux pièces en ce genre , la 
Tragédie de Genferic, Roi des Van- 
dales , qui fut jouée fur le Théâtre 
de l'Hôtel dç Bourgogne le %o /an- Hîftoî^d» 
vier 1680 , & celle de fule-Jntoint , T a h - * r - «• 
dont on n'a imprimé que des frag- &î. 16 *' 
mens , mais dont on conferve le Ma- 
nufcrit entier. Quoiqu'il y ait de 
beaux endroits dans la première , on 
ne peut difconvenir , que Madame 
des Houlieres ne fût extrêmement 
éloignée de la grandeur des fenti- 
jnens de Corneille où elle afpiroit , 

3u 'elle n'entendoit point le genre 
ramatique , & que fa yerfification , 
' pôur l'ordinaire h coulante & fi natu- 
relle dans fes autres ouvrages , eft 
forcée & dure dans celui-ci. Lorfaue 
cette Tragédie fut repréfentée , ua 
Ajto/iymç fit ç$ Sonnçt : 



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Antoinet- 
te DU Llr 
.GIER DE LA 

(Garde , 
Dame des 
Houlie-» 

ILES. 

1*94* 



406 Bibliothèque 

La jeune Eudoxe eft une bonne enfant » 
JCa vieille Eudoxe une grande diableflc ; 
Genferic eft un Roi fourbe & méchant , 
Digne Héros d'une méchante pièce. 

Pour Traflmond , c*eft un grand innocent ; 
Et Sophronie en vain pour lui s'emprelTc. 
Jfuneric eft un homme indifférent f M* 
Qui , comme on veut » & la prend & la Uttfe» 

Sur tout cela le fujet eft traité » 
Dieu fçait comment Auteur de qualité , 
Vous vous cachez en donnant cet ouvrage* 

C'eft fort bien fait de fe cacher ainfi : 
Mais pour agir en perfonne bien fage , 
11 nous fclloit cacher la pièce suffi, 

Ce mauvais fuccès ramena l'Auteur 
au genre auquel elle étoit propre» 
Elle fît à l'occafion de la naiflance 
du Duc de Bourgogne, petit-fils de 
Louis XIV , une Idylle qui fut très- 
bien reçue à la Cour , & lur laquelle 
cependant on répandit cette Epi- 
gramme fatyrique, qui eft attribuée, 
lans fondement, à d'Hefjiaud dans te 
purcteriana. 

JPour immortalifer f enfant qui vient de naître , 
Bt qui gouvernera dans foixante ans peut-être , 
ï.a des Houliere a fait cent vers tant mal que bien, 
Que lui donnera-t-on pour un fi long ouvrage \ ^ 

Si j'en étois cru , ma foi rien. 
JPpur immortalifer & fa ebate & fon chien, 

fille en a frit bien davantage. 



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Françoise. 407 
Une autre pièce qui fit plus de bruit , 1— mmm B 
fat la Balade quelle compofa au Antoinetv 
mois de Janvier 1684 , fur le chanr ™ L L *~ 
gementdela Cour en fait de galante» gÀVoe^ 
rie , & qu'elle adreffa par une Epître Dami dk$ 
à M. le Duc de Montaufier. Ce fut Houm* 
l'Opéra d'Amadis qui y donna lieu. RES# 
La caufe oppofée trouva des défen- 
feurs dans la Fontaine , Pavillon , le 
Sipur De Lpfme de Monchefnai , & 
furtout dans le Duç de S. Aignan f 
jcontre lequel Madame des Houlieres 
foutint une guerre poétique , jufqu'4 
ce que ce Seigneur voulût bien s'a» 
vouer vaincu. 

Le 14 de Septembre de la même* 
année, elle fut aggrégée à l'Acadé* 
jnie des Ricovrati de r^dôue , & le 
?.8 Mars 1689 , celle d'Arles crut 
également s'honorer en la choififlant 

})out remplir une de fes places, J)ès 
^commencement de l'année précé- 
dente , le Roi lui avoit accordé une 
penfion de deux mille livres. Elle 
n'en jouit pas longtems , étant morte 
à Paris le 17 Février 1694, Il paroît 
par fes vers que dès 1686 elle fouf- 
froit de grandes douleurs , ce qui ne 
l'empêchoit pas, de fréquenter fes 
amis , autant qu'elle le pçuvoit , 8f 



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4o9 Bibliothèque 

— de les célébrer à fon ordinaire , ainfi 
àntoinet- que tous les événemens les plus re- 
te dit Li- marquables. C'eft même à ce tems 
G j^rd £ A ^ ue nous * omiIies redevables de fes 
Dame "s P^ us b eaux ouvrages. Lorsqu'elle fc 
Houlie- ientoit un peu moins de penchant à 
*es. la gaieté , elle compofoit ces Idylles 
l *94* tendres & languiffantes, qui femblent 
exprimer la pofition où ellé étoit 
alors. Si fes maux la portaient à des 
impreffions de triftefle & à des pen- 
fées plus férieufçs , elle produifoit 
ces Réflexions morales , où fon amc 
femble s'élever aux plus grands ob- 
jets. Sur la fin de 1693 , elle compofa 
celles qui roulent fur l'envie immo- 
dérée de faire paffer fon nom à la 
poftérité , à Poceafion de fon por- 
trait peint pâr Madame Le Hay , plus 
connue fous le nom de Mademoiselle 
Chéron , & acheva la p^raphrafe de 
trois Pfeaujnes qu'elle avoit coin»* 
mencée quelque tems auparavant. 
Au bas du portrait dont on vient de 
parler, on lit ces quatre vers : 

Si Corine en beauté fut célèbre autrefois , 
Si des vers de Pindare elle effaça la gloire • 
Quel rang doivent tenir au Temple de Mémoire» 
Les vers que tu vas lire , & les traits que tu vois ? 

Le plus grand nombre des Critiques 

femble 



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Françoise. 409 
fcmble en effet fe réunir dans ce 
point qu'on ne peut refufer à Ma- Antoinet- 
dame des Houlieres des grâces dans TE DU Ll- 
leftyle, du tendre , du naïf, un élé- LA 
gant badinage, une diûion nette & OameWs 
précife , une verfîfication aifée & Houlu- 
coulante^ des tours heureux & gui kes. 
lui font propres. Je neiçai que teu l6 94* 
M. Rouffeau qui ait prétendu « que 
» tout le mérite de Madame des Hou- Ro „ " tr t e . s ^ 
» lieres n'a jamais confifté que dans p- 
»une facilité ianguiffante , & dans 
» une fadeur molle & puérile , propre 
» à éblouir de petits efprits du der- 
» nier ordre , comme ceux qui com- 
» pofoient fa petite Académie ». Mais 
n'entre-t-il pas dans cette rigoureufe 
cenfure un peu de prévention & de 
mauvaife humeur ? Je le laiiTe à déci- 
der aux Maîtres de l'art. 

On a fait un autre procès à la mé- ^ 
moire de Madame des Houlieres. On p r éiid. bou- 
a prétendu que les plus belles ftances ^^ d ^ s ^ a 
& penfées de fon Idylle des Moutons, 
fe trouvent dans une pièce en vers 
héroïques furie mêmefujet, inférée 
dans un affez mauvais Recueil de 
vers , imprimé dit-on en 1649 > P ar niSïte 
les foins d'un nommé Coutel , & que Couui, 
Madame des Houlieres n'y a fait que 
TomtXFUI. " S 



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4tà Bibliothèque 
" . Ml . ir quelques changemens pour acconv 
Antoinet- nioder les vers à la mefure des lyri- 
;te du Li- q Ues ^ ( j ont e j j e f erv i e- ç e j e 

G aVd b * con fi rttie » ajoute-t-on , c'eft qu'alors 
Dame des elle n'avoit qu'onze ans , étant née 
•Hou lie- en 1638 , ( elle étoit née dès 1634 ), 
* ES - Un des premiers apparemment qui 
*04* ait hàzardé cette accufation contre 
Madame des Houlieres , eft l'Auteur 
du Mercure Suffi > dans fon mois d*À* 
vril 173 5 , p. 135. oîiil nomme l'Au- 
teur des Promenades , Antoine Confel, 
Chevalier 9 Seigneur de Monceaux des 
Rues 9 & prétend cjue fon Recueil 3 
été imprimé à Bloïs , & , quoique fans 
.date, vers Tan 1649. Cette alléga- 
tion donna lieu àdeséclaircifTemens, 
ijui furent inférés dans le mois de 
Juin de la même année du même ou- 
vrage. L'Anonyme de ces éclaircif- 
femens répond 1 e . Que l'Auteur des 
Promenades fe nommoit Coutel & non 
Çùnfel. 2°. Qu'à la vérité il voyok 
un grand rappôrt entre l'Idylle des 
Moutons de Mad. des Houlieres, & la 
pièce dudit Coutel fur le même fujét, 
jnàis que le plagiat , s'il y en avoit 
un , devoit retomber fur cet Ecri- 
vain , puifque dans tout ce qui étoit 
de lui , il n*y avoit rien de bon dans 



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François! 411 
fon Recueil , que cette Idyiie , dont — — 
il avoit même changé le titre en ce- Antoinet- 
lui-ci : Sur Cindohnci , &,Lycidas. T ^ u ~ 
3°. Qu'il étoit faux que les Promenr- A 
des fuiTent de 1^49 , la pièce la plus d ame Dï g 
ancienne étant une Epitaphede i66ï. Houlie- 
4*. Enfin que Coirtel avoit pillé dans 
le même Recueil le Poète Bertaut. 1 
feu M. le Préfidenl Bouhier averti 
de l'accufation formée contré Mad* 
des Houlieres , & des foftderaens fur 
lefquels on Pappuyoit 9 répondit auffi 
qu'il avoit de la peine à le réfoudre 
à croire Madame des Hoidieres pla- 
giaire ayant donné tant de preuves 
de fon génie , & de fon caraâerè 
original. « Je croiirois volontiers f 
ajoute-t-il , que toute jeune qu'elle 
?> étoit d'ailleurs { & eUe ne l'étoit 
pas âutant que ce célèbre Magiftraî ' 
le croyoit ) « étant conduite par le 
^ Sieur Hefnaut , fon Maître en Poë- 
» fie , qui peut-être dès-lors cultivok 
» les talens de cette jeune perfonne , 
elle avoit donné cet effai de fes 
produôions , corrigé fans doute par 
^ Hefnautqui le fit imprimer* Après. 
*> quoi , quand elle fut devenue plus 
habile , elle voulut remanier cette 
# pièce, fuivantfa nouvelle manière, , 

Sij 



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4** Bibliothèque 

» & la remit dans l'état où elle a paru 
àntoinet- n depuis ^ ans I e Recueil de fes Poë- 
te du Li- ^fies*. Comme cette mêmequeftiou 
jgierdela a été agitée encore depuis par plu- 
Garde, £eurs de nos Littérateurs modernes, 

Houue- £S vn Anon y. me a prétendu la décider 
par ces raifons : Que les Promenades 
n 9 + p du Sieur Coutd ont diverfes dates , 
pelles de 1640 & de 1649 » Q ue ce 
livre n'offre ni permiffion , ni nom de 
F^rTnt^oi ^*kraire » Q ue toutes les autres pié- 
^6. feuille , fes de ce Recueil font fi inférieures à 
m %. in^i. l'Idylle conteftée, qu'elles ne peu- 
vent avoir le même pere ; Que celle- 
jci peut avoir été mife dans la collec- 
tion qui porte le nom du Sieur Coutel 
par les ennemis de Madame des Hou- 
Jieres, envieux de fa gloire ; Qu'il 
feroit d'ailleurs étonnant qu'on eût 
jété fi longtems à s'appercevoir du 
plagiat 9 fi celui-ci eût eu quelque 
.réalité; Que de plus on y retrouve 
«fi fenfiblement le ftprle de la Dame , 
jqu'on ne peut l'y meconnoître ; qu'el- 
le n'avoit aucun befoin de cette pié- 
,ce pour fa gloire , & qu'on ne peut 
fe perfuader qu'elle eût voulu s'ex- 
pofer à la perdre par ce vol. L'Ano- 
nyme en fait la comparaifon avec 
.diy.çjfçs autres Poëfies de la même , 



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Françoise. 413 
&: cette comparaifon occupe la plus _ 
grande partie de fon écrit , qui n'a Antoinet- 
quc 59 pages. te du Li- 

Madame des Houlieres avoit re* ® IFRDELAf 
cueilli elle-même une partie de fes 
I-'oeïies en; 1687, avec cette courte Houlie- 
Préface en vers : res. 

Loin de remplir ici d'ennuyeux complimens . 
Un inutile & long prélude; 
Sans crainte , fans inquiétude t 

m. . 

Je livre mes amufemens 
A la critique la plus rude. 
'Cette cfpéce de fermeté 
Ne vient point de la vanité , 
Que m'auroiem pû donner les plus fameux fuflfnK 
ges; 

I>e plus juftes raifon s font nui tranquillité. 
Du tems qui détruit tout je crains peu les outrages^ 
Le grand nom de Louis mêlé dans mes ouvrages r 
Les conduira ians doute à l'immortalité. 

En 160 y , Théréfe des Houlieres fa 
fille , dont je parlerai dans un autre 
volume 9 n'étant morte qu'en 1 7 1 8 , 
donna une féconde partie des Poëfies 
de fon illuftre ntere , & ce Recueil a 
eu encore depuis quelques autres 
éditions. Mais la meilleure eft celle 

S iij 



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414 BïM/iof »eque Fraptç. 
— — — qui ? été donnée en 1747 à Paris : 
ÀNToiNET- outre qu'elle eft corre&e , & aug- 
T£ du Li- m entée de plufieurs pièces qui n*a- 
Gak^e* voient pas encore été imprimées , on 



s - mere & de la famille , compofé en 
particulier fur les Mémoires de feu 
M. de la Boiffîere de Chambors, 
Capitaine dans le Régiment Colonel- 
Général Cavalerie, & de l'Académie 
des Infcriptions & Belles - Lettres > 
qui avoit été ami de Madame Des 
Houlieres , & qui eft mort en 1 743 ♦ 




F I N* 



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p ^Hh** «i^h- □ 

tfl» Il 1 1 -II II, g II g 3 « H- M jOEEDB I 

BIBLIOTHEQUE 

FRANÇOI S E. 

O» 0 rangé ce Catalogue fuivant l'ordre des 
matières qui font traitées dans cet ouvrage : 
& afin que l'on trouve fans peine les jugemens 
que l'on porte des livres dont il y efi fait men- 
tion , on indique ici les pages où il en efi parlé* 
On a cru auffi devoir inférer dans ce Caia*- 
logue quelques écrits concernant les mêmes 
matières , dont on ne dit rien dans 1* ouvrage; 
mais ces derniers font en petit nombre. 



SU1TÈ DELANÈI/VIËMB PARTIE. 
P OËTES FR ANÇ OIS, 

DIvcrfes Poëfies de Jean Baudoin , de 
l'Académie Françoife ,dans le Cabinet des 
Mufes , ou nouveau Recueil des plus beaux 
ven de ce temps. A Rouen , David du Petit- 
val , 1*19. in- 11, Item $ dans les Délices 
de la Po'efie Françoife\ Paris , Touffaint Du 
Jiray, i6to. û>&. Dans les Mufes iUufires* 

S iv 



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416 Bibliothèque: 

A Paris , lé j 8. in i x. Et dans quelques antres 
^Recueils de fon tems. Du même , Vers qui font 
au bas des Portraits de la grande Hiftoire de 
France , par Mézerai. tome 17. page 1 , 1 , j. 

Les Oeuvres diverfes tant en vers qu'en pro- 
fe , dédiées à Madame de Mattignon. Par Oc- 
ta vie , ( contenant les Amours d'Acanthe , Se 
autres œuvres. ) Paris , Jacques Le Gras , 
16; 8. in- 11. tome 17. page 3. 4. 

Le Parnaflc Séraphique, & les derniers îbu- 
pirs de la Mufe du R. P. Martial de Brives t 
€apucin , contenant : Les Grandeurs de Dieuy 
les Grandeurs de K. S. J. C. les Grandeurs de 
la Sainte Vierge les Grandeurs de Dieu fur 
fcs Sain&s 5 les- combats & victoires de faint 
Aléxis. Et autres œuvres mêlées. ( Mis au jour 
par le Frère Zacharie de Dijon > Prêtre* Ca- 
pucin. ) A Lyon , chx^ François Demajfo y 
1660. in 8. avec plulieurs gravures, tome 17. 
page 4 & fuiv. 

Soupirs & mort de Daphné , pour Tabiènce 
du Roy très-Chreftien Henry le Grand , Roy 
de France & de Navarre , a Anne de Cau- 
mont , Comtefle de faint Pol DuchefTe de 
Fronfac, 16 10. in-4. &in-fol. 13 Sonnets.—- 
Rcnairtance & allcgrcfle de Daphné pour le 
règne heureux de Louis XIII. Roy de France 
& de Navarre y à Léonor d'Orléans , Duc de 

Fronfac , 162 1. 13 Sonnets. Calliope , à 

M. François Le Févre de Caumartin, Evêque 
d'Amiens , à fon heureux avènement en l'E- 
.glife Cathédrale de Notre-Dame, 13 Sonnets 
& un Chant , 1 $ l$* -~ Polyrrlioé , à Henry 



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Françoise. 417 

d'Orléans , Duc de Longucville , Gouverneur 
& Lieutenant Général pour Sa Majefté en Pi- 
cardie, faifant Ton entrée à Amiens, 1615. 
X4 Sonnets. — Au même , à fon retour à la 
Ville Capitale d'Amiens , Cailirhoé , 16 16. l^ 
Sonnets. — — BannifTement volontaire & fpiri- 
tuel du Pécheur , à Anne de Caumont , 1 61 1. 

il Sonnets. Le Pécheur , à la Vierge 

mère de Dieu, i6n. 13 Sonnets. — - Con- 
fiance du pécheur à la naiflance du Fils de Dieu, 

16 15. 18 Sonnets. Complainte de Daph- 

fié. Guirlande ou Chapeau de fleurs : Progno- 
ftiques , encore en Sonnets. — - Etreines à' 
Louis Du Frefne , Sieur de Froïdeval , &c. 
Toutes ces Poe'fïcs font à 1 Adrien de la Mor- 
liere, Prêtre 3 Chanoine de l'Eglifed* Amiens, 

6 fe trouvent dans fon Hiftoire de la ville 
d'Amiens , in-4. & dans l'édition de 1641; in- 
fol. tome 17. page ir. fi» fuiv. 

Heures en vers François, contenant les ijo 
Pfeaumes de David , félon l'ordre de FEglife , 
où font compris les Offices de la Vierge , les 

7 Pfeaumes Pénitentiaur , l'Office dés Morts,* 
les Vefpres , Complies , Heures Canoniales & 
Cantiques. Avec plufieurs belles Méditations 
fur 10 principales Feftës de l'année , & Myftc- 
res de noftre foy. Nouvellement traduit & 
cornpofé par Meflirc Claude Sanguin , Che- 
valier Confeillcr du Roy en fes Confeiis, 
Maiftre d'Hoftel de Sa Majefté & de feu fon 
A. R. M. le Duc d'Orléans , dédiées à la Reine, 
Paris , aux dépens àè l'Auteur , che^Jean de 
la Caille r 1660. in-^ tome ij. page 14 , 15 
6» juiv. 

Hippôcrâte dépayfé , ou la verfion para* 

S y 



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4i8 Bibliothèque 

phrafée de fès Aphorifmes en vers François, 
par Louis de Fontenlttes.- Paris , Pépingué, 
- 1-^54. in-4. tome 17. page 16 & fuiv. 

Commentaire en vers fur les A priori fines 
d'Hypocrate. Par le fieur Cabotim , Avocat 
en Parlement. Paris , Guillaume SaJJier , & 
Jacques Talon , i*6j. mm. tome 17. pages 
19' 10. 

L'Horofcope de M. îe Dauphin , tiré des 
divers augures arrivés à fa naiuance , par N. 
de Javerzac , Poème héroïque en vers libres. 
Au Roy. Pour Etrcnes adreflécs à Madame la 
Marquife de Montoxier , Gouvernance de M. 
le Dauphin, in-4. &ns date. 

Le Prince inconnu , ou l'Adieu de la France 
au Mis naturel de Charles II. Roi de la Grande 
Bretagne, Elégie. Parle même. in-4. (ans date. 

Echantillons Amoureux à M. le Duc de* 
Montauficr , Gouverneur de M. le Dauphin , 
in-4. Tans date. Par le même. 

Vers du même fur la mort de M. le Cardinal 
de Mazarin 5 in-4. * 6 6 1 • 

Quatre Madrigaux y du même , au-devant 
de la Mufè nailfante dû petit de Beau— 
chastbau, in-4. l6 57* tome irj* page zo & 
Juiv. 

Les premières Oeuvres Po'étiques du fïeur 
Frenicle. A Pans , Touffaint Du Bray , 
itfiy. in-8. tome 17. page 13.6» fuiv. p. %6-, 

Ecs Poefies. de A* ( Nicolas ) Frenicle 



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Françoise. 419' 

Confeillerdu Roi , & fon Général eu fa Cour 
des Moanoycs. Paris , Jean de Bordeaux , 
1619. in-8. Uid. pages 16. & Ju'tv. 

Les Oeuvres de N. {Nicolas ) Frénicle , 
Confeiller du Roi , & Général en fa Cour des 
Monnoyes. Paris , Touffaint Du Bray , 1 6 19. 
mZ.Ibid. 

L'Entretien des illuftres Bergers , par le 
même. Paris y Jacques Duguaft y 1634.111 8. 
Uid. 

Jefus crucifié : Poëme, par le même. Paris , 
Jean Camufat 9 1636. in- 1 % . ibid. 

Hymne de la Vierge, par le même, Paris \ 
Antoine de Sommaville , 1641. in- 4. Ibid. 
pages %6- jufquâ 34. 

Paraphrafe des Pfeaumes de David , par le 
même. Paris , 1 66 1 . Jean Guignard >- in-i i.- 

Hymne de Saint Bruno , Fondateur de l'Or- 
dre des Chartreux , au R. P. Dom Jean Pegon , 
Prieur de la grande Charrreufe , & Général de 
tout l'Ordre , par le même , in 4» fansdatc. 

Hymne de la Vi&oire après la rcduûion de 
la Rochelle. Dans le Sacrifice des M uf es. Pa~ 
ris, 1635. in-4. 

Poelîes de Monfieur m Marmet , (îeur de 
Valçroissant. 4 Paris , Louis Chamkou- 
dry , 1 6 j y in- 1 z. tome 1 7. pages 3 5 & fuiv. 

Poëfics du fieur pu Perret. A Paris , cher 

Svj. 



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4*0 Bibliothèque 

U même , i6$6. in ix. rom* 17 *. pages , 11* 

Nouveau Cours de Philofophie en vers 
îrançois , dédié à M. le Duc de Mercœurj 
augmenté par 1* Auteur de plufieurs Remarques 
fur chaque partie. Paris , Henri Le Gras , 
1657. in-riM tome 17. pages yj , 38. 

Recueil de Poefies diverfes des plus célèbres 
Auteurs de ce temps, rêveur, corrigé & au- 
gmenté , par Jean Conart : à Paris , Louk 
Chamhoudry y 1655. in-n. tome 17. page y6. 

PoSCles diverfes de M. Guillaume de Bré- 
Biuf. A Paris , Guillaume de Luynes , i6;fr. 
in-it. & i66l. À Rouen. , in^l. tome 17, 

pàge 43V ' r 

Panégyrique de la Paix , par le même. lbïd\ 
X660. in-4, 

Entretiens folîtaires , ou Trières & Médita- 
tions pieufes , en vers François , par le même. 
Imprimés à Rouen & fe vendent à Parie 
che^ Antoine de SommavilU 16*©. in-u.. 

Les mêmes , à Paris , T. B. Loyfon ,1644. 
la- iu Ibid. pages 4$ & fuiv. 

Les Oeuvres de M", de Brébeuf nouvel^ 
lèmcnt mifes au jour , contenant fes Lettres en 
profe , & diverfes Poefies : en deux parties. 
Paris y L I}. Loyfon^ U64. in-n. 

Eloges poétiques , du même. Paris , Antoine 
de Sommaville 16 6 1« in^i u -tome 1 7. pages- 



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François e. 411 



Diflertation fur la Pharfale , les Entretiens 
foîitaires , la Défenfe de TEglife Romaine- r 
ic autres ouvrages de M. de Brébeuf , ( par 
Guillaume Du Hamel , Confeiller ic Aumô- 
nier du Roi. ) Paris , Charles Savrtux , 1 664* 
in il. tome 17. pages 4 z & fuiv. 

Ode à M le Cardinal Dac de Richelieu , par 
Maître Adam, {Adam Bïllàut , Menuifier 
<îe Nevers.) Paris, Jean Camufat , 163^» 
in- 4. tome 17. pages 53 & fuiv. 

Les Chevilles de Maître Adam , Menuifier 
de Nevers , ( avec une Préface de l'Abbé* db 
Marolles.) Paris , Toujfaïnt Quinet ,1644. 
ïn-4. lbid. pages 546» fuiv. 

Le Vilebrequin de Maître Adam % contenant 
toutes fortes de Poë fies Galantes , tant en Son- 
nets , Epiftres , Epigrammes , Elégies , Madri- 
gaux , que Stances , & autres pièces , autant 
curieufes que diverti fiantes , fur toutes fortes 
de fujets. Dédié à Monfeigneur le Prince. Pa- 
ris , Guillaume de Luynes, in-11. lbia\ 
page 58. 

Ode pour Monfeigneur le Prince , par le 
même. Paris , TouJ/aint Quinet, 1648. in- 4* 

te Claquer de la Frondé fur la liberté des 
Princes 5 avec une Elégie aux Dames Françoi- 
fes , & une Epigrammc 5 par le même , 16 yi, 
in-4. Ibid. pages 6r & fuiv. 

Odes facrées , par Dom Simplicien Gody*. 
Du même, les Honnête* 3c diverfes Poê'fics- 



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4%% Bibliothèque 

de Placidas Valornancien, divifées en cînxf 
Livres. A Nancy ,1*31. in-i i. tome 17. pages 

Paraphrafes fur les Pfeaumcs VIII. Domine, 
Do min us nofter. CXIL Laudate , ueri , Donù- 
num. CXXVII. Beati omnts qui timent Do- 
minum. CXXIX. De profundis clamavi adte> 
Domine. CXL1II. Benedi&us Dominus. Et de 
l'Hymne , Ave, maris ftella $ par le Sieur ( Sa- 
lomon ) de Priez ac. Paris , Antoine de Som* 
maville, 1643. in-ix. tome 17. pages 64, 6f. 

Les Promenades de Saint Cloud , caprice 
du Sieur ( Salomon) de Priez ac. Paris , ibid, 
1645. in-4. Ibid. page 66* 

Les Poëfies de Salomon de Priézac > fieur 
de Saugues. Paris y i6yo. in-8. Il y a auiï 
deux pièces du même dans la Mufe Bachique, 
ou féconde partie des Mufes illujlres. Paris , 
1658. in-n. Ibid. 

Paraphrafe fur les fept Pfeaumes de la Pé* 
nitence de David , par François le Metel de 
Boisrobert. Paris , 1617. in- 11. tome 17. 
pages 6% & fuiv. pages ji. 

Les Epîtres du même , première partie. Ibid.- 
1V47. in-4. Ibid. page 90. 

Les Epîtres du même , ( féconde partie ) 8C 
autres Œuvres Poétiques. Ibid. 16 59. in- 8^ 
Ibid. pages ?c , 91. 

» 

Sonnet du même , dans TUranoplée ^ on- 



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Françoise. 41$ 



Navigation du lift de mort au port de vie , 
&c. par Frère Martin tE Noir , Auguftin 
Rouennois. A Rouen , 1616. in- 8* tome 17. 
page 69. 

Diverfcs Poëfïesdu même, i°. Dans le Cabi- 
net des Mufes , ou nouveau Recueil des plus 
beaux vers dé ce tems. A Rouen , itfiy. 
in- ix. tome 17. page 70. i°. Dans le Tem- 
ple d'honneur , & fur la mort de Florimond 
d'Ardres , Baron de Frican 5 à Paris , \6xi. 
in -8. ibid. 3 0 . Dans le Recueil des plus 
beaux vers de Malherbe & autres. Paris , 
i£z6 & i6}8.in Z.ibid. & page 9}. 4°. Dans 
le Parnafle Royal , èic> 1635. in-4- J°. Dans 
le Sacrifice des Mufes , in-4. 5* * 6 *' ^ ans 
l'Edite des bouts rimés decctemp"s> 
in - 11. 7°. Dans le tome 3. du Recueil 
de Barbin. 8° Dans le Parnafle François de 
M. Titon du Tillet , in-fol. ibid. 

Les Oeuvres de feu M. de Bouiilon , con*- 
tenant l'Hiftoire de Jocondc , le Mary com- 
mode , TOifeau de paflage , la Mort de Daph» 
nis, r Amour defguifé, Portraits, Mafcarades, 
Airs de Cour , & plufieurs autres pièces ga- 
lantes. A Paris y Claude Barbin > 166}. m - 
*x. tome i7*pages 05 & fuiv. 07 & fuiv. 

La Pucelle d'Orléans , Tragédie , par Hip± 
pvlytt'Jules Pilït de ii a. Mesnardiere. Ptf- 
ris , 1641. in-4. tome 17. page 101 & fuiv. 

Alinde , Tragédie, par le même. Ibid.i6^y, t 
«fc-4°. IbÛL page 106.. 



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414 BlBLrOTHEQfUE 



LesPoëfiesde Jules de la Mesnardier*, 
de T Académie Fraricpife , Confeiller du Roy , 
& Maître d'Hoftcl ordinaire de Sa Majefté. 
Ibid. Antoine de Sommaville 9 i6$ê. in-folw 
Ibid. pages 106 & fiiiv. 

Chant nuptial pour le Mariage du Roy. Pat 
le même. Ibid. de t Imprimerie Royale , i$6o. 
in-fol. Ibid. p. 105. 

L'Hermaphrodite ; Poëmt , ou l'événement 
d*une Fable cft deferit avec tous les ornemens 
de la Poefie: imité du Prcti, par N. de Ram* 
J allé , P*ris , Pierre Rocolel , 163?. in-4. 
tome 17. pages 110. & fuiv. 

Europe ravie , Idylle , par le même. Ibii. 
1^41. ln-4. Ibid. 

Le départ funefte : Idylle, par le même; 
taris y Antoine de Sommaville , 1641. in-4. 
f Avec un Avertiflèment au nom de Tlmpri- 
meur. ) Ibid. 

Les Idylles du Sieur de R*m*Alle , où font 
Contenues , la Nymphe Salmacis : le funefte 
départ .-Europe ravie : le Soleil amoureux: la 
Lune Amante : TEfclave généreufe» Paris, Pier- 
re Rocolet , 1 648. in-4. Ibid. 

Les mêmes, in-ix. Ibid. pages' no ,111 fi» 
fuiv. 

Satyre contre laPofte, en ftances. Dans le-' 
Recueil de Scrcy , t. 4. p. 1 it-xiir. lb. p. nu- 



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Françoise. 425 

L'Onofandc , Satyre , par Guillaume Bau- 
tru , Comte de Servant $ dans Je Cabinet 
Satyrique , tome 17. pages 1 1 3 , 1 14, 

L'Ambigu, autre Satyre du même. lhid. 
page 114. 

Poëfies bùrîefques de Jean Loret , conte- 
nant plusieurs Epïtrcs à diverfes perfonnes de la 
Cour , & autres œuvres en ce genre d écrire^ 
Paris , 1 647. in-4. tome 17. pages 117 & fuiv. 
119 6* fuiv. 

Poëfies du même , dans un Recueil de poëfies 
de divers Auteurs , ibid. 1654. Ibid. 

Gazette burlefque de la Cour , de l'année 
i6$$.Ibid. in-4. 

La Mufe hiftorique*, ou Recueil de Lettre* 
en versburlefqucs, écrites à Mlle de Longue- 
▼iUe 7 ( depuis Duchefle de Nemours , ) conte- 
nant les Nouvelles du temps , depuis le %6 
0#obre i6$x. jufqu'au 18 Mars 166 y. Parle 
même. Paris, 16 }6. &ann. fuhr. 3 voLin foL 
Ibid. 

La Mufe hiftorique , ou Recueil des Lettres 
envers, contenant les Nouvelles du temps, 
écrites à fon Alteffe Mlle dcLonguevill'e. An-. 
née 1650. (depuis le 4 Mai ) dédiée au RoK 
Année- 1 6 f 1 • dédiée à la Reine. Paris , 1 6 5 8 & 
16 5 9. in-foi. Ibid. 

Les Poëfies âc(Jean Ogier ).de Gombaitcd, 



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4%6 Bibliothèque 

A Paris , Auguflin Courbé , 1646. ia-4. tome 
x 7« 113 £ iîtt^. 130 &fuiv. 

Epigrammes, dû même, divifées en trois 
livres. Paris , in-n. 1658. Ibid. 

Les Danaïdes , Tragédie , du même. Paris, 
in-i i . 1 6 j 8. 74f74. ptfge 131. 

Amarante, Paftoraic, du même. Parit, 16)1. 
in 8. Ibid. page 131. 

Poëfîes diverfes , par M. P. A Paris , 
&ame Luynesy 1664. in-li. ftw»* 17. pop 
133. 

Introdu£tion à la vie de vote du B. François 
de Sales , Evéaue de Genève : ou autrement fa 
Phiiotée. Mile en vers François par le Sieur 
Martinet Descury , Gentilhomme ordinaire 
de la Reine mere du &oy , & dédiée à cette 
pieufe Princefiê. Première partie. A Paris , 
André Soubron > 1665. ia-4. * Qm * l 7*ptgt* 
*34>1J** 

A Louis le Grand , Protecteur de TEglifè , 
Poème. Par le Sieur Martinet , in-8. {ans 
date. Jbid. page 135. 

Emblèmes Royales à Louis le Grand , en 
▼ers , par le même , ou du moins par le Sieur 
Martinet , Ayde des Cérémonies de France. 
A Paris , 3. in-i 2.. .htm , 1673. in-ii. 
avec figures. Ibid. page 1 3 j. 

Les Plaifirs de S. Germain en Laye , & de tst 



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Françoise. 417 

Coor , & le Tableau 3e la vie humaine , ou le 
Solitaire , par le Sieur H. L. N. Paris , Gabriel 
Quintty Uéj.in-n. tome 17. page 136. 

Defcription de la ville d'Amfterdam , en 
vers burlefques , félon la vifite de foc jouis 
d'une femaine , par Pierre le Jolle. A Am- 
fier dam , cke% Jacques le Curieux , l'an 166 4* 
in-ix. tome 17. page 138. ^ 

Diverfes pièces de Théâtre de George de 
Scudery , dont on peut lire les titres dans 
YHifloire de V Académie Françoife , in- 1 i . tomer 
a. page 414. & dans YHiftoire du Théâtre Fran* 
fois ,t. 4. p. 440, tome 17. pages 13$ 6f 
fuiv. 1 40 & fuiv. 

Diverfes Poefies du même, à la fiihe de cha- 
cune de fes pièces de Théâtre. Ibid. Le Cabinet 
de M. de Scudery , Gouverneur de N. D. 
de la Garde , première Partie. Paris , Augujlin 
fourbi y i*4*.in-4. tome 17. page 14 j Ofuiv. 

PoSfîes diverfes , dédiées à M. le Duc de Ri- 
chelieu , par M. de Scudery , Gouverneur 
de Noftre-Dame de la Garde. A Paris , Auguf- 
tin Courbé , 1649* »-4- Le privilège eft du 1^ 
Juillet de la même année 1 649, Ibid. page 1 5 3. 

Difcours de la ïrance à M. le Cardinal de 
Richelieu , après fon retour de Nancy. Par le 
même. Paris , François Targa, 1634. in-4. 
& dans U Sacrifice des Mufes. Paris , 1 6 3 5. in- 
4. Ibid. page 153- 

' L'ombre du grand Armand , par le même. 
Parts, d* Scrcy, 164). in-4. Ibid. 



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4*8 BlBLIOTHEQÛE 

Le Temple: Poème , à la gloire du RoiSt 
de M. le Cardinal de Richelieu, par le même. 
Paris , 16} ). in-fbL Et dans le Sacrifice de* 
Mufes. Ibid. 

Regrets de la mort glorieufc de M. de Tarf- 
crede de Rohan , à Madame de Rohan fa fœur, 
par le même, Paris , Mufiùer , 1*49. in -4* 
Ibid. 

Àlaric , ou Rome vaincue : Poème héroïque, 
par le même. ( Avec un difcours fur le Poème 
épique. ) Paris , Auguftin Courbé , 1*14. in- 
fol.ôc in-u.d Routa. Ibid, pages 153, 

Poe'fies diverfes du Sieur C. FlOriot, Avo- 
cat en Parlement. A Paris , François Mauger, 
1664. in- ii. Le privilège eft du 30 Octobre 
*66). tome 17. pages 16 1 &Jùiv. 

Les fentimens <f honneur , ou les Maximes 
-du Sage , pour fè conduire en honnefte homme 
en quelque forte de condition de vie que ce 
foit. Par /. François ire Salle*, Sieur du Sous. 
A Paris , Claude Barbin y ? 166$.. in- S. tome 
.17. pages 16 f & fuir. 

Les première* Oeuvres poétiques de Paul 
Ferri ( ou Perrt ) Mcfïïn , ou lous la douce 
diveriité de fes conceptions fe rencontrent les 
honnêtes libertés d'une jeunefle. A Montau- 
ban , 16 10 .tome 17. pages lôj 6> fiùv. M) 
& fuiv. 

Avis à M» Ménage , fur fon Eglogue intitu- 



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Françoise. 419 

l^c , Chriftine , en profe & en vers , par Gilles 
Boue au , depuis de l'Académie Françoifç. 
Paris y 16 59. in-4. — Le même dans le Re- 
cueil de Pièces choifïes donné par M. De la 
.Monnoye , t. i. à la Haye , ( Paris ) 17 14. 
jui- 12., tome 17. pages 170, 178 &Juiv. 

Oeuvres pofthumes , du même. Paris ,167a. 
in-i z. Ibid. pages 180 & fuiv. 

Pocfîes diverfes du même , dans les Recueils 
*ie fon tems , dans le t. 1 . du Ménagiana , &c 
clans la Bibliothèque poétique de M. Le Fort 
de laMoriniere, in-4. t. îAbid. pages 174 6» 
fuiv» 

Eglogucs , Printemps , & autres Poëfies. Dé- 
diées à Madame la Comtcffe de S. Géran , par 
le Sieur De la Bucaille de la Groudiere, 
Paris ^ Olivier de Varennt , i64%. in- lt. 
tome 17. pages i8z , 183. 

Les Dialogues de Lucien en vers françoîs. 
Paris y Claude Barbin , 16*9. in-n. tome 17. 
pages 183 , 184, 

La Cadette des Bijoux , par le Sieur D. T. 
Paris , Gabriel Quinet , 1669. in-ft.. ( c cft 
de Torches.) tome ii*pa$es 185, i8f. 

Poêfies diverfes de Denys Sanguin de S. 
Pavin , ( mort en 1 670. ) dans le Recueil de 
Barbin , t. 4. in 1 1. Dans le t. 1 . de la Biblio- 
thèque poétique de M. Le Fort delà Monniere, 
in- 4. Plus , dans le Recueil de Serci , t. 1 . p. 80. 
&t. 5. p. 104. tome 17. pages 187, 188 
fuiv. 



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430 Bibliothèque 



Poëficsdivcrfcsde/dCftf** Carpentiir k 
Marigny , dans les écrits duteras conaus fous 
le nom de Mazarinades. tome 17. p*ges 154 
& fuiv. 

lettres ( en profe & en vers ) de M. de 
Marigny. A (a Haye , cht^ Antoine Lafitilie, 
1*58. petit in-ix. de «4 pages. ( Tous ceux 
.qui citent ce Recueil le mettent en 16 5 j. (ans 
avoir fait attention que prcfque toutes les let- 
tres qui y font rapportées (ont datées de 1*58.) 
Jbid. pages 1)9 , 100. 

Les Oeuvres en profe & en vers du Sieur de 
Marigny. Paris , Charles de Sercy , avec les 
Amours de Léandre & d'Hero , en vers , 1 674. 
in- n. Ibïd. 

Recueil de Barbin > t. 4. p. 191. Il n'y a 
-que trois pièces de Marigny $ Ballade 9 Eftrea- 
A£S> Stances. Ibid. 

Elégie a Maître Adam , Menuifïcr de Yen, 
au-devant des chevilles de celui-ci. 

Le Pain beni , Peëme du même, Uid. pages 
403 , 104. 

XHvcrfes Poëfies du même , dans le Recueil 
*de Sercy : réimprimées dans les Oeuvres en 
profe & en vers de 1*74. IkUL & 204. 

PoëGes diverfes A* Honorât de Bu€ii , Mar- 
quis de Racan , 1. Dans les Délices de la 
Poëfie Françoife , itfiofc 162.1. in-8. i.Daas 



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Françoise. 43 1 

Je Recueil 4fc 162.7. *. Dans les nouvelles Mu- 
fês , en 1 6 $ j . 4. Dans le Recueil des plus beaux 
*ers de MM. Malherbe 0 Raçan , Maynard, 
&c. Paris , Pierre Mettayer , %6)2. in - 8. 
5. Dans le Sacrifice des Mufes , au Cardinal de 
Richelieu $ Paris, Sébajlien Cramoify,, 
in-4. 6. Dans les Recueils de Sercy > de Barbin , 
de M. Le Fort de la Moriniere ,&c. & dans le 
«orne 1 1. des Amufemens du cœur & de refprie. 
4omc 17. pages 205 6* fuiy>zii & fuiv. 

Les Bergeries , du même , , 1 £ 1 y . in- & 
, iMrf, Tùuffaint du Bray , 1618. in-8. 
troifiéme édition. 

Item, i Zy<w , J?<zi//^, 1^35. in-8. 

p<*£*x 110 6» /o*V. 

Les fept Pfeaumes, du même» Paris, Touf* 
fainSi du Bray , 1*31. in-8. avec une Epître 
dédieâtoire en profe , à Madame la Ducheilc 
de Bcllegarde. lUd. page 1 1 $. 

Odes facrées , du même , dont le fujet eftpris 
des Pfeaumes de David , ôc qui font accommo- 
dées au temps préfent. Paris, 16 5 1. in-8. Ibid. 
pages zi ; 6» fuiy. 

Dernières Oeuvres & Poe'fîes Chrétiennes , 
du même, tirées des Pfeaumes , & de quelques 
Cantiques du vieux & nouveau Teftamenç, 
Taris,* Pierre Lamy , itffo.in-8. Avec une 
Epître dédieâtoire à MM. de l'Académie Fran- 
çoife. lbid*. zrf &fuiv. 

Oeuvres du même , >. vol. in-n. (dont le 



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432 Bibliothèque 

premier contient les Pfeaumes & les Can tiques - 
le fécond les Bergeries & autres Poëfies) 
Paris, Urbain Couftelier , î-ji+.Ibid. 1.16 & 
fuiv* 

Poème pour honorer la mémoire d'Antoine 
de Mcaux , Baron de Survilicrs, par François 
Ogier : cité dans fes Lettres qui font à la fuite 
du voyage de Munfter de Claude Joly. tome 
17. pages 119 & Jm'w* 

Traduction d'une partie de l'Epître d'Ovide 
de Phillys à Démophon , par le même. Avec la 
traduction des Héroïdes d'Ovide de l'Abbé de 
Marolles, 1661. in- 8. Ibid. pages zi$ &fuiv. 

Poème , du même, pour célébrer la mémoire 
de Médire Antoine de Chabannes. Paris , veuve 
Jean Camufat , 1 6$ 1 . in-4. Ibid. page z 14. 

3 Odes & 18 Sonnets , dans les Mufes illuf- 
tres de François Coileret. Paris , Louis Chamr 
houdry , 16 $*. in-u. Ibid. pages 114, 2.1J. 

Autres Poëfîes , du même , dans le Recueil de 
Scrcy. 

La Miféricorde de Dieu fut la conduite d'un 
pécheur pénitent : avec quelques autres pièces 
Chrçftiennes Le tout compofé & mis en lu- 
ornière par luy mefme > en réparation du pafFé. 
Dédié à Ton Altère Royale Monfeigneur le 
Duc d'Orléans , (par Pierre Patris , Georil- 
homme de Caen. ) A Blois , che^ Jules Hotot, 
16*0. in-4. famé l 7\P a g es ll 7 6* fàv* 2J1 
firfuiy. 



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Françoise* 433 



La France à la Pucelle (d'Orléans ) \ Se autre 
pièce fur le même fujet, (ignées P. Patris , 
Gentilhomme de Caën. Dans un Recueil d'In- 
feriptions & de vers fur la Pucelle d'Orléans. 
Paris , 1 6 1 8 . in- 4. Ibid . page 131. 

Poëfîes dlverfès , du même , dans le Recueil 
de Barbin , in- il. t. 4. Ibid. page 1 j r. v 

Poëfîes diverfes , par ,1'Abbé d*Ingitmon, 
{Jean de Montigny > depuis Evêque de Léon) 
Dans latroifiéme partie du Recueil de Sercy , 
1 656. in-i i. tome 1 7. p âges 2 3 5 S» fuiv. 141 
&Juiv. 

Le Palais des Plaifirs , par le même , pour 
réponfe au Séjour des Ennuis de M. de Mont- 
plaifîr , dans le tome x. du Redueil des Poètes 
diverfes , dédié à M. le Prince de Conti. tome 
17. 135 & fuiv. pages 141 , 141. 

. L'œconomic du petit monde , Ou les Mer- 
veilles de Dieu dans le corps humain. Stances.' 
Par Etienne Carneau , Religieux Céleftin , 
imprimées plufïeurs fois à Paris i, & dans les 
Mufes illuflres >dc François Colxetet , Paris y 
Louis Chamhoudry f 16 f 8- ïn-iu tome 17: 
14* §t fui** s 

La nàilTance du Fils de Dieu en notre chair; 
Cantique fpiritucl , par le même, Paris , 
1-643. in-4. 

Le Sage indifférent, Stances, .du même, A la 
fagey ). âxi S toïque Chrétien: taris, ibid. 1*45. 
in-i i. Ibid. page 14;, 

7^* Xrill. T 



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434 Bibliothèque 

Stances Chrétiennes fur Y Anagramme de ta 
Séréniflime Chriftinc ♦ Reine de Suéde , da 
même. Paris, Alexandre Leflitin, i6$6. in- 4. 
Uii. pages 143 , 144. 

L'Imprimerie Royale , à M. le Cardinal Ma- 
xarin , fur Ton heureux retour. Stances, du. 
même, in-fol. fans date. 

r 

La Stimmimachie , Poëmé fiif la difpute entre 
les Médecins au fujet de l'Antimoine, adrefle à 
la Faculté de Médecine de Paris, Paris*, Jean 
Paflé, 16 j 8. in- 8. par le même. UiJ. page 

Les vérités divines contenues dans la Méfie 

3ui fe chance à la Ectc du très £aint Sacrement, 
U même. Paris , Pierre Lefclapart , 1666. 
in-i4. JUd. page ^44, 

Vers fur les 4 fins de l'homme , dans le Cloî- 
tre des Récoilets de Paris > du même. Ibid. 

La pièce de Cabinet , dédiée aux Poëtes du 
tems > Stances éaîgmatiques avec an Sonnet fur 
le même fo'jct > du même» Paris , /m/i Pajlé, 
1648. in 8. Ibid. page 14 ;« 

La Solitude, à;M. le Cardinal de Richelieu , 
par Pitjrc li Moywe , Jéfuite ; avec deux 
Sonnets & deux Epigrammes , du même. Paris » 
Jean Camufai , 1639.in-4.f0/pt 17+ pages 146" 
&fkiv. 6> 15*5. 

La Sagefte Divine ( dans la. création du 



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Françoise. 43 5 

onde ) en deux Odes , au même , avec quatre 
Sonnets , par le même Paris , Cramoify ,165*. 
in-4. — 

Le Spéculatif \ Lettre héroïque & morale , 
il M. le Cardinal Barberin , taris , Cramoify , 
xéy7é iô-4. avec un Sonnet à M. Des Yvc- 
xcaux , par le même. Ibid. 

Lettre Héroïque ( du même) à M. le Prmce , 
&r fôh retour. Paris , Muguet , 1660. in-4. 
Ibid. 

Le Miniftre fans reproche , à M. le Préfîdent 
J&ailleul , par le même , avec un Avis au Lec- 
teur. Paris , HcnauUg 1^45. itt-4. Ibid. 

De la vie chârapeftte \ Lettre morale , dU 
même , avec un Àvertkïement. Pans , Muguet , 
1661. Ibid* 

Le Théâtre du Sage ; Lettre morale , du 
même. Ibid. 166 1. in-4. 

De la pail du Sage j Lettre morale , du même, 
ibid. i6Gz* in-4. ibid. 

Plaifancej Lettre poétique, du même,i£« 
i£$3. in-4. 

Du jeu 5 Lettre morale , du même , ibid, 166 iî 
în-4. Ibid. . _ . 

" Nouvelles Poétiques , ou Lettre du fage à 
la Seine fur la naiffance de M. le Dauphin , ib, 
i*Cx. in-4« ZM* 



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436 Bibliothèque 

La vue de Paris , Lettre héroïque Se mo- 
rale , par le même. Paris , Augujlin Courbé , 
1659. in-4. 

Saint Louis , ou la fainte Couronne recon- 
quifej Poëme héroïque, par le même; avec 
un Traité du Poème héroïque ( & des Gravu- 
res) Paris , Auguftin Courbe > 16$ 8. in- 11. 
/<wb* 17. pages 147 6» /âiv. 

Entretiens & Lettres poétiques , du même» 
Paris , Efiienne Loyfon, i66j. in- 12. i&ii, 
153 &fuw. 

Les Œuvres poétiques du P. Le Moyne, 
enrichies de très belles figures entaille douce, 
( & du portrait de l'Auteur. ) Paris , Thomas 
Jolly , 1671. in- fol. Ce Recueil contient tout 
ce qui vient d'être détaillé , & beaucoup d'au- 
tres Poésies , celles entre autres qui font dam 
les Peintures facrées , & dans la Galleric des 
femmes fortes, Ibid. 

La Magdeleine au Défertde la (ainte Baume 
en Provence , Poëme fpirituel & Chrétien , 
par le R. P. Pierre de Saint Louis , Carme ; 
dans le Recueil de pièces choifîcs , publiées 
par M. de la Monnoye. A la Haye , ( Paris) 
17 14. in-xi. t. 1. tome 17. pages 159 & fuiv. 

Œuvres Chrétiens d'Antoine Godeau , (de-, 
puis Evêque de Grafle & de Vence. ) Paris, 
Jean Camufat , 1633. in- 8. ( fçavoir , Dif- 
cours de la Poëde Chrétienne, en profe : Eglo- 
gues facrées , dont le fujet eft tiré du Cantique 
'des Cantiques , au nombre de 8. ParaphralLs 



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F a an ç 6 ï s ê. 437 

du premier & du (ècond Cantique de Moyfe * 
des Cantiques de" Judith , d'Ezéchias , des trois * 
Infans, de Zacharie , de Siméon , du Magni- 
ficat , du Te Deum\ des Pfeaumes 70, 94, 
ni, 130, 138, 145-. Les larmes de la Mag- 
deléne , Elégie ; les larmes de S. Jean , Stances ; 
dans la maladie , Stances ; Méditations en 
profe. ) tome 17. pages 169 & futv. 

L'inftitutior* du Prince Chrétien , par le 
même. Paris, Pierre Petit, 1*44. in-4, 
( Avec des maximes en profe fur le même fu- 
jet : les Elémens de la Religion Chrétienne en 
vers : l'inftruction de S. Louis à (on fils : Para- 
phrafe des Pfcaumes i 9 , 10 , 71 , 81 , 100. 
Oraifon pour le Roi , tirée de Salomon , en 
profe ,&c. }/£</. 

La grande Chartreufe, Poème , par le même. 
Paris , Jean Camufat , i 1. in-4. lbid. 

La Sorbonne , Poëmc, du même. Paris, 
Pierre le Petit , 1 6$ j . in-4. 

Paraphrafé des Pfeaumes de David , par le 
même , ibid. 1658. in-4. M>id* 

Saint Paul , Poëme Chrétien , par le mémo 
Paris , ibid. 1 65 4 & 1 6 6 4. in- 1 1 . Ibid. 

Poëfies Chrcftiennes d' Antoine Godiau r 
Evêque de GralTe , nouvelle édition , revue Se 
augmentée. Paris, Pierre Petit, 1660. 3 vol. 



en profe fur les Poëfies fui vantes. L'AfTom* 
ption de la Yicrge , Poëme en trois Livrcsf 




volume contient : Difcours* 



T u j 



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438 BtbiîOTKbque 

j Hymnes, ij Fglogues facrées $c fpiritueî- 
lcs. Paraphrafê des Cantiques , qui étoit dans 
I édition de 1 6 j j. Paraphrafe des. Pféaumes 4. 
1^. ic. if. jo. 70. 71. 8|< 54. 100. ro$. 
in. i$o. 138. 145. 148. tes larmes de Saine 
Jean. Les larmes de Sainte Magdelçne, La Sain- 
te Baume. Sur le Baptême de N. S, A M. d'An- 
dilly , fur tes Œuvres Chrétiennes. Stances. 
28 Sonnets. Les EU mens de la Religion Chré- 
tienne. Uinftittttion d'un Prince Chrétien. T. 2. 
Les PoSmes de Sainte Magdeîéne ; de ta Vier- 
ge d'Antiocbe ; de Saint Euftache 5 de la Spr- 
bonne 5 de la grande Chartreufc. Hymaes à~ 
la louant de di vers faims & de «ju^kyscs priâ- 
tes. Irnitarion dç U première hyatn* $yne- 
fms. Sept Qdcs t dont f fiir d«* ftjsts de l'An- 
cien Teftamènt ; & Ta feptiéme intitulée , Rora* 
h fainte. Paraphrafe du Cantique (THabacuc. 1 
Cifeoufs , aufli en vers , contre la mawaife 
morale da terns T. j. 14 Epîtres morales, Sur 
la mort de Madame la Princefle. Imitation des 
ver* 4e K> de Saiqt-Genie* , pour le Cardinal 
ChHï. L'éloignement de Paris , imitation de 
Buchanan. Vers à ion DéTert. Autres à fa Bi- 
NlotWquc. Sonnets fur la vie, la mort» & les 
Myftercs de N. S. J. C. en trois parties. Sonnets 
iur le très-faint Sacrement. Sonnets fur divers 
fujets. pome 17- JP*£« -^S &./îwv« 

Les Taftes de l'Eglife , pour les dotree mois 
de l'année, Ouvrage pofthume, du même. 
Paris , François Muguet , 1^74. in- 11. avec 
une Préface , âc une Epître dédkatoirc , foqs te 
nom <fe l'Imprimeur , à François de Harlay , 
Archevêque de Paris. Ibid. pages 169 & fuiv. 

Remerciement au Roi , par Jean-Baptifie 



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Françoise* 439 

Socqueun Molière. 17. fag* 158. 

La Gloire du Val de Grâce, Poëme, par le 
même. Jbid. page 198 &fui\u Ces deux pièce» 
font dans presque toutes les éditions des (Sui- 
vre s de Molière ; la féconde eft aufll à la fuite 
Ât fa vie de Pierre Mignard , premier Peintre 
du Roi > par l'Abbé de Maziere de Monville , 
in- iz. 

Polffics de Madame ( Henriette de Coligny) 
Comte/Te de la Suzh. Paris , Charles de Str- 
cy t 1666, in-ii. tome *7.page 301 &fuiv. 

Poëfics de la même , dans, les cinq volumes 
èn Recueil de Scrcy , 1*70. in - 11. Jbid. 
Item , dans le t. 4. du Recueil de Barbin. Jbid. 
Item , dans le Recueil de pièces galantes en 
vers & en profe, A Trévoux % 17x5. 4. vol. 
in-11. Ibld. 

Le Temple de fa Gloire , Po&ae. A M. le 
Duc d'Anguietf, par JV, Rouos j>v Plessis- 
Belliere , Seigneur de MOntplaisir , dans 
le Recueil de Poëfîes diverfes , dédiées à M. le 
Prince de Conti , t. 1. tome 17. pages 30^ & 
fiùv, 

Réponfé du même , à des Stances.oii M. PcU 
liflbn fait parier M. le Dauphin. Jbid. tome 17. 
pages 309 & fuivi 
v 

Sonnet contre ceux qui méditent du Cardin 
nal de Richelieu , par le même. Jbid. tome 
tome 17. Jbid. 

Balade à M. de Saint Aignan , en lui ca- 

T iv 



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440 Bibliothèque 

voyant on moufqueton qui tire fept fois , par 
le même. Ib. t. 3. tome 17. Ibid. 

Siïain far le tombeiu d'Anne <f Autriche, 
Heine de France, par le même. Dans le Recueil 
de vers choîjzs du- Pere Bouhours. tome 17. Ib. 

L'Hy ver , ( ou le Séjour des ennuis. ) Stances, 
par le même , dans le tome 1. du Recueil de 
Scrci. tome 17. Ibid. 

Diverfcs antres Poëfîes du même , dans le» 
j tomes du même Recueil, tome 17. Ibid. 

Poefîes divcrlcs de Pierre de Lalane , dans 
les Recueils de fon tems. tome 17. pages 314 
& fuiv. & 

Poëfies du Chevalier d'AcfiiLLY, ( Jacquet 
de Cailly , Seigneur de Ruiily, Chevalier 
de l'Ordre de Saint Michel Gentilhomme 
ordinaire du Roi. ) Paris, 1667. în-n. tome- 
17* pages 310 & fuiv. $1;. 

Les mêmes, dans le Recueil de Pièces choi* 
fies, tant en profe qu'en vers, (par M. De la 
Monnoye. ) A la Haye , Paris x Emeri>\ 
I7Î4. in- il. t. l, lbid. page 

Partie-des mêmes Poëfies , dans le Recueil de 
Barbin, t. 4. in-n. & dans la Bibliothèque 
Poétique de M. Le Fort dé la Moriniere, in-4. 
1. Ibid. page 

Sonnet de Jacques di Valljbe > Seigneur 
dis Barreaux 7 imprimé an grand nombre 



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Françoise. 441 

*3e fois feparément, Se dans des Recueils, tome 
mj. pages ^1$. 3 31- 

Poëfîes diverfes de M. Robert Arnxth.i> 
^d'Andilly, dans le Recueil de Tes Œuvres , 
în-fol che( le Petit , t. i. tome 17. pages 331 
& fuiv. 

• 

Ouvres cftreftiennes de M. Arkai^d d'An- 
dilly , contenant le Poème fur la vie de J. C. 
Prière à J. C- fur la délivrance de k Terre 
fàinte; Ode fur la folitude 5 Stances furdiver- 
fes vérités chrétiennes , neuvième édition. À 
Paris r veuve de Jean Camufat , 1 i 45. in- 1 x„ 
Iles mêmes , 1659. in- 11. Les mêmes y 
ibid. 1684. in«4. 

Les mêmes , â l'exception des Stances , avec 
une traduction en vers Latins , par Pierre Bas- 
tide, Prêtre. A Paris , le Petit, 1664. in-i*~ fc 

Les mêmes , en partie dans fe 1. 1. du Recueil 
de PoëJIes diverfes dédié à M. le Prince de: 
Conti. 

La même Ode fur la Solitude , avec Fa tra- 
duction du Sieur Baftide , dans les Fables choi- 
Jks de M. De la Fontaine , traduites en vers- 
Latins , &c. à Anvers y { Rouen) 1738. ki-n- 

Huit Sonnets du même, dans le c. x. du 
Recueil dédié au Prince de Conti. On parler 
de toutes ces Poefies, tome 17. depuis la page 
331 jufquà 340. 

Tableau du bonheur de la vieille/Te , oppofS 

T v 



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44* BlBXfOTHEQUE 

an malheur de 1* jeunefle , corapofë en Qua- 
trains , par Marin le Roi , ( Sieur de Gom- 
berville. ) Paris , 1614. in-8. cfoç 
Laque hay. tam ij. pages 341 6» /iiv. 

Imitations ou Paraphrafes de quantité d'en- 
droits d'Horace , & de quelques autres Poètes 
anciens, dans CzDo&rine des mœurs , in-fol. 
1646. & pluueurs ibis réimprimée in-ix. lbïi. 

Poëfies diverfes du même, dans le t. 1. &le 
t. u du Recueil de Poëfes <liverfc» , dédié à 
M. le Prince de Conti lbid. 

Ode à Monfeigneur le CardinafDuc de Ri- 
chelieu , par Jean Chapelain , de l'Acadé- 
mie Françoife. Paris , 1^57. in -4. Ibid. Au- 
ptft'm Courbe, i6$o. in-4. It*m > dans le r.-i. 
du Recueil de Poëfies diverfes, dédié au Prince 
de Conti. jfo/B,.dans le t. 4. du Recueil de 
Barbhu tome 17. pages 351 &fui*. . 

: Du mêmç , Paraphrafe du 50. Pfeaume, 
Miferere , &c. Paris , Jean Camufat , 1637^ 
in-4, lbid. 

Du même , Ode pour la naiflance de Mon- 
feigneur le Comte de Dunois. Paris , Pierre 
k Petit, it+t.wr+Wpà.. 

Du même , Ode pour Monfeigneur le Duc 
tfAngukn. Paris > Pierre kPttit, 1646. in* 4^ 
lbid. 

Du même , Ode pour Monfeigneur le Cardi- 
nal Mazarin. ibid. 1647» in- 4. lbid. 



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ilfn & h ç 0 f & t. 44% 

Du même , Ode poux là: Paix & pdur le 
Mariage du Roi. Paris r Augufiin Courbé j 
itftfo. in-4. 

Du même, autres Odes , Sonnets & MacfrN 
eaux , féparément , & dans le Recueil de Sercy* 



La Couronne Impériale , pour la Guirlande 
de Jolie , par lè même: dans le Recueil de 
Sercv ; dans rHuetiana > & à la fin de la vie.de 
M. le Duc de Moncaûfîer. Ibid. 

La Pucelle , ou la France délivrée ? Poème 
Héroïque en doiifce Livres , orné de belles Ef- 
rampes à Ta tête de chaque Livré > du portrait 
de M. le Duc de Lbngueville , & de celui de 
l'Auteur. Paris y ié$6. in- fol/ Item y in-ix. 
f0m* 17. /* 3 5 1. jufquà la fin de 

l'article page $ 9 W 

L'inftitution Chrétienne , avec <Tàutre$ Ou** 
vrages de piété , en vers François , par Frère' 
Claude Rohault , Prieur .de Holnon, ^e 
l'Ordre dfc; I^éfcKmtreV A Paru , che\ Pierre, 
& Petit, 1674, ut'ï*;tme ijipàgèi 5^*04» 

lEpîtrfc ; Jè Vxknn* CôNfc Ait* y Çbnfciiler, 
Secrétaire du Roi , l'un des 40 de fAcadémie 
îraoçoife, à X Ahbè de Bbififàfbert , dam? iâr 
première partie des Epines de eêW-ci $ in- 4. 
16*471. tome 17. 3^4 6» /îtfVi 

Balade de la mifero des Gtfuteux , par îe^ 
même, Parmi les ?o«6ès dé Sarswia, ï é 5 S. in- ' 
11. Ibid. » . . a : . 




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444 BlFLfOTHEQUE 

Imitation du Pfcaumc 91. dans le t. 1. dis 
Recueil de PoSues diverfes , dédié au Prince 
de Conti. Ib 'uL 

Les fcfeaumes ( j 1 (êuîement) retouchés fur 
l'ancienne verfion de Clément Marot. Par le 
même. A Chartnton , 1677.M-H. Ib'uL 

Madrigaux, de la Guirlande de Julie. Ibid. 

Zénobie, Tragédie Ccn profe ) ou la vérité 
de l'Hiftoire cft confervée dans robfervation 
des plus rigoureufes régies du Poërae Draraa-* 
tique , Ipar François Hidelin , Abbé d'Aubi- 
gnac ) Paris % Auguflin Courbé , 1*47. in-4* 
Le privilège cft du % Janvier 16+6. tome 17. 
pages 406 bfuiv* 

Le Martyre de fainte Catherine , Tragédie,, 
( en vers ) par le même. Sur la copie imprimée 
à Coin , cht{ Eléarar Mangeant , 1650. in-4* 
Ibid* 

Les deux Pucelles , Comédie en proie , par 
le même, 1641 , in- n. lbid. / 

Pocmctle 60* vers , du même , fur les Ta- 
bleaux énigmati^ues. La foire d'An.our , avec' 
l'Opérateur d'Amour, du m&ric; L'Ordre de la 
liberté , du même. IVuL 

Sonnets , dont un à la tete de la première 
diflertation du même, contre Pierre Corneille, 
«c deux autres dans Ifs Pottraks égarés , du 
même, Paru , itftfo. in-ii. lbia\ 



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Françoise. 



441 



Le Trio de la Médecine , à Mademoifelle C» 
«îu même. Dans le Recueil de Sercy >t, i. page 
xxi. corne i pages 406 -41 9. 

Œuvres Poétiques de Jean des Marets d* 
Saint Sorlin , Conseiller du Roi, & Con- 
trollcuç général de l'extraordinaire des Guer- 
res , l'un des 40 de l'Académie Françoife » 
contenant les Comédies de Roxane , de Sci- 
pion , des Visionnaires, d'Afpafie Se d'Europe; 
diverfts Poëfies-j des Enigmes, & des Œuvres- 
chrétiennes. A Paris , 1*41 & i*47« "*-4- 
tome 17. depuis la page ^i^.jufquà la fin du 
volume* 

Pleaumes de David paraphrafës , & accom- 
modés au Règne de Louis le Julie. Ibid. 164c 
in 4. du même. Ibid* 

Tombeau du grand Cardinal" de Richelieu , 
Odet de 170 vers ) Ibid. 1643. in- 4. du- même». 
Ibid. 

L'Office de la Vierge Mark , mis en ve» 
par le même. Paris , Henri le Gras , 1645^ 
in- 11. Sur un privilège général du 14 Mars* 
1639. L'Approbation des Cenieursduij Mars 
1 64 j. Ibia\ 

Le même Livre r lcconde édit> 15. 1 6+7. Ih. 

Le même , fous ce titre : Prières & Œuvres 
chrétiennes dédiées à Ta Reine , augmentées de 
beaucoup de prières en vers, de la tradudion 
de divers Pfeaumes, d'Hymnes des 7 vertus 
chrétiennes , Pocmc divilé en fept journées. 



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44<> Bibliothèque 

de 178 Quatrains pour la vie chrétienne , tirtV 
du Livre de l'Imitation de J. C. des Préceptes 
de Mariage pour une Daine Chrétienne , tirés 
de S. Grégoire de Na7ianzc , en Quatrains, 
Paris , Denis Thierry , 1669 in-iz. Ibid. 

Les Promenades de Richelieu , ou les vertus 
Chrétiennes. Poème en 8 chants. Ibid. 16 Si* 
in-11. Ibid* 

les 4 Livres de limitation de J. C. traduit* 
en vers , do même. Paris , Henri le Gras , 
x.654. in " 1 1 7« 

Clovis, ou la France Chrétienne, Poème 
héroïque, du même. Paris , 1654. in-4. Dédi- 
cace au Roi , de figures. Ibïd. 

Le même, en 1^57. à-Leyde , parles £t\e* 
virs > in-iA. 7#rf. 

Le même , à Paru* Florentin Lambert , 
*6 6i* in-4,. Ibid. - 

Le même, à Paris ,A6f\. in- 8. augmenté 
d*un Difcours pour prouver que les fujets 
chrétiens font les feu& propres à la Pocfic hé- 
roïque , & d*ûn Traïté dés Poëtes Gteci , La- 
tins , & François. Ibid* 

Le Combat fpiritueî , ou de la perfection de 
la vie Chrétienne* Traduction fane en vers, 
du même. Au Château de Riche&éu x . 1654. 
in- 11. Ibid* 



Sui la conquête de la Franche-Comte , Poème 



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Françoise. 447 

«Fenvirort ijo vers. Paris, 166S. ia-4. du- 
même. Ib'uL * 

Marie-Madelaîne , ou le Triomphe de la 
Grâce , Poème du même , en dix chants , avec: 
une préface. Paru , Denys Thurry, 1669. in* 
11. i£i</. 

^ La comparaifo» de la Langue & de la Poèfie 
Irançoife avec la Grecque & la Latine > & des 
Poètes Grecs , Latins & François , & les Amours 
«le Protée & dePhyfis, Poème en 6 chants. 
Plus dans la féconde partie : Difcours de la 
Poèfie au Cardinal de Richelieu , Poème. Ibid* 

Les beautés & les douceurs de la Campagne». 
> ou la Journée du Solitaire , Poème. Détcftation 
de la guerre , Ode. Autre Ode , imitée d'Ho- 
race , Jufium é» tenactm y $cc. Stances contre 
les Entretiens dangereux. Autres Stances. La 
France , à la Reine Régente , lors de la guerre, 
de Paris , Stances. Paru , BUlaine , 1670** 
iti-ii. IbicL 

1 Efther , Poème héroïque ( en IV. chants ) par 
le Sieur de Bots val , U même des Marests, ) 
Paris ^1670, in-4-Avec une longue pièce en 
vers , intitulée : L'excellence & les plaintes de 
la Poëfie héroïque au Roi. IFid. 

Le même Poème, augmenté de 3 chants,, 
fous le nom de l'Auteur, dédié à Madame la- 
Ducheflc de Richelieu * Dame d'honneur de la: 
Pleine. Paris , Jwi G vignot d y 1*73.. in- 12* 
Ibid. 

Le Triomphe de Louis & de fon fiéclc,.pQcrner 



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44% BlBLIOTHEQ ITE 

lyrique, du. même , en 6 chants. Paris, 1674* 
in-4. Ibii. 

La Défenfc du Poème héroïque , avec quel- 
ques remarques fur les Œuvres fatyriques dff 
Sieur Defpreaux : Dialogue eu vers & enprofe, 
du même. Paris, 1*74. ia-4. Ibid. 

La Défenfe de la Pocfie & de la Langue 
Francoifc , adrciîée à M. Perrault. Par le même* 
Contenant 1 . Traduction de l'Ode latine <f» 
P. Coramire , adrefféc à M. Santcul. z. Tra- 
duction d'une Elégie latine de Santeul à M. 
Perrault. 3. Epître à M. Perrault, pour réponfe 
aux Poètes Latins, vers dithyrambiques. Paris, 
Nicolas le Gras, 1675. m '%* H>id* 

Œuvres Poétiques de Jacques ete Cor as, 
dédiées à M. le Chancelier , contenant les Poe'- 
mes de Jofué , ou la conquête de Chanaan y 
Poème Grcré , dédié au Roi ; de Sam (on , Poe- 
me facre , dédié à la Reine 5 de David , ou la 
vertu couronnée , Poème facré 5 Jonas , ou" 
Ninivc pénitente. Paris , Charles Angot, 
166$. in-11. Jonascftdc 166^ 

Lettre fous le nom du Libraire Angot air 
Sîeur de Ceras , & répdnfe de celui-ci ^ in-4. 
de 15 pages 166%. & réimprimée dans les' 
Remarques de M. l'Abbé Joly fur le Diction- 
naire de Bayle , article Jonas, 

Paraphrafes de quelques Pfëaumes , par fac~ 
qïies Esprit, de l'Académie Françoile , citées 
par M. PellifTon. tome iZ.page 1 &fuiv. 

Deux Rondeaux > du même , dans le Recueil 



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Françoise. 449 

«îe Rondeaux donné par l'Abbé Cotin , ea 
x 649. in- 11, Ibidm 

Pîuficurs vers du même , dans fon Traité de 
la faujjeté des vertus humaines , en 1677 U 
2 678.1 voK in-u.lfâ/. 

Maximes politiques mifes en vers , par M» 
l'Abbé Eshut , frère du précédent. Paris, 
Denys Thierry & Claude Barbin y Hé ?. in» x 

ïbid: 

Ode pour le Roi fur Tes conquêtes dans la 
Hollande , du même. Paris , veuve dEdmt 
Martin y 1671* in-4» Ïbid* 

Plainte de Madame fur le départ de Monfieur 
pour la guerre de la Hollande. ,' du. même, Ik 
1671. in- 4. Ces deux pièces (ont aufli la 4 & 
la 1. du Recueil intitulé : Recueil de ce qui s'eft 
fait de plus confidérablt par des meilleurs efprits 
de ce tems fur Us conquêtes du Roi en Hollande „ 
în-4. lbid* 

Ode, du même, à M. le Cardinal Mazarin ; 
fur la paix. Dans le Recueil de Poëfees divsrfes 
dédié a M. le Prince de Conti , in-ix. t. 3* 
tome 1 page 1 jujfqu x â 1 j. 

Recueil de ce qui s'eft fait de plus confîdé- 
rable par des meilleurs efprits de ce tems fur 
les conqueftes du Roy en Hollande , in 4. fans 
date, mais imprimé en 167 3. Les Auteurs dont 
ce Recueil contient des pièces font: MM. De. 
la Cravttte , Nicole , De la Volpiliere , Efprit , 
François Colle tet , De la Chèçe , Le Clerc > 



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4ΰ B r B l r O T H E Q tr E 

O ronce Fine de BrianvilU, M. dcB & fe 

Chevalier de Lorraine. Les 3 Odes de M. de ht 
Volpilnre ont paru auflï féparcment , fous ce 
titre ; La Hollande aux pieds du Roy. ^>ar 
M. de la Vôlpilieri, Docteur en Théo- 
logie. A Lyon , cht^ Vincent Moulu , 1*^3. 
KoL*' AVC ° 806 E f >îtrcdérfic « olrc c « profeau 

Les Descriptions poétiques de J. D. B (/«/r 
Bumierbs , Jéïuke. ) ^ Zj,™ , cher Jean- 
Bapuftt Dtytnat % i6 4 y.in- 4 . tome iS.pogt 

Poches Lettres de M, D assoitct , f Char* 
Us Coype au, ) contenant diverfes pièces hé* 
roïques , faryriques & burlefques. Paris >LouU 
Chamhoudry , . 1 d ; j in- x u totçc x *. 1 f 
6» jufqu'd 51, 

Les Rimes redoublées de M. Dassouct, 
Parts , <fc rimprimerie de Claude Ne go s Jur I4 
Urrt de Cambray^ 167 u in.ii. JbitL 

Les Avanturcs de Monfieur i/Assouc*. 
Ptff/x , Claude Audiwet y U77. 1 voL io-n. 

Les Avanturcs d'Italie de M. x>*Àssouct. 
Paris , G. Quinet, (ou plutôt 1677 ou 

1^78 j in- 11. Ces trois volumes d* Avanturcs 
contiennent quantité de Pocûes de l'Auteur. 
Ibid. 

La prifondc M. d'Assoucy , dédiée au Roj\ 
Paris , G. Quinet, itf/8. in-n, en profè Se 
en vers» Ibid. 



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Françoise. 451 

Les Penfées de M. tfAssoucY dans le faint 
Office de Rome , dédiées à la Reine. Ibid. 
1 678. in-i*. mais achevées d'imprimer le 9 
Septembre 1676. Ibid. depuis la page ij juf*. 
qu'à 51 inclujîvment. 

Ode ( de 400 vers ) pour rAcadémie Fran- 
çoife, par Jacques Cassasnis , depuis de la 
même Académie. Paris , i64o t in 4. 18* 

Henry lç Grand atf Roy , Pfctfmé do même 

( d'environ éoo vers ) l'aris , Jacques Langlçis, 
i46i. in-fol. /km, /JW. ia-ii. même année 



Ode fur la naiffance de Monfeigneur le 
Dauphin , du même, Paris , Aupifiin Courbé \ 
1 fi . in-4. ( de ioo vers. ) Ibid. , 

Ode , du rrjême , Se i6q vers , fur les Con- 
queftes du Roi en Flandres. Paris , Edme 



Poëme , du même , d'environ joo vers , fur 
la Concjuête de la Franchc-C pmté. Paris , Sè- 
hdjiun" Afabre Cramotfy , i6t%. in-fol. Le 
même in-n. Ibid. 

Poëme , du même, d'environ mille vers , fur 
^Guerre de Hollande. Paris, Ibid. 167t. in- 
fol. Ibid. 

Neuf petites pièces du même , dans le Recueil 
de Poëlies diverfes , dédié à M. le Prince de. 



lèid. 




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45* B*I B L IO.T fit E Q P E 
Cpnti , in- ix. t. i. depuis la page n^. jufqnlr 

Ode du même , for la paix des Pyrénées. 
Aid. c. i. p. *77 & fuit. Ibïd. 

Madrigaux de M. D. L. S. ( Antoine di 
Rambouillet , Sieur de la Sablière, Con- 
fèiller Sécrctaire du Roi , Maifon , Couronne 
de France , 6c de fcs Finances 5 mis au jour par 
£bn fils, Nicolas de Rambouillet , Sieur di 
la Sablière.) A Paris , che{ Claude Barbin> 
1680* in-ix. tome 18. pages 61 jufqiïà 6+. 

Quatre Centuries de Sonnets , par Pierre du 
Pelletier , Avocat au Parlement , citées pat 
M. Baillet. tome 18- pages 65 & fuiv. 

Sonnets du mime, au Roi , in-fol. lbid. 

Un grand nombre d'autres Sonnets > & pla- 
ceurs autres vers , du même , à la tête de quan- 
tité d ouvrages imprimés de fon tems. Ibîd* 

Soupirs François fur la paix Italienne , par 
Jean Du val, Prêtre ^Bachelier en Théologie 
de la Faculté de Paris , Chapelain du Collège 
de Séez, in-4. 8 pp. A Paris, 1 640. tome 18.. 
pages 69 (S» fuiv. 

Le Calvaire prophané, ou le Mont Valérie» 
ufarpé par les Jacobins Réformés du Fauxbourg 
faint Honoré, adreflî à eux-mêmes. Parle 
même , 1664. in-4. & ptoficurs fois réimpri- 
mé depuis. Ibid. 

Les Triolets da temps félon les vifions 



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Françoise. 45 j 

-d'un petit- fils du grand Noftradamus , faits 
pc^wr la confalarion des bons Françôis , & dé- 
liés au Parlement , attribués au même. Paris, 
L>enys Langlois , 164p. in-4. 11 pp.'AidL 

Le Parlement burlefque de Pomoife , conte- 
xna^t les noms de tous les P*éfidens & Confeii- 
1ers qui compofent ledit Parlement : enfcmbtc 
les harangues burlefques faites parle prétendu 
.Sieur Prdîdent. Attribué au même , 165t. 
in-4. 8 pp. Ibid. 

La Sorbonne au Roy , fur de nouvelles Thè- 
mes contraires à la vérité , outrageufes aux Li- 
bertés de l'Eglife Gallicane, funeftes à l'Etat, 
Se condamaées par î Arrêts du Parlement. At- 
tribué au même. in-4. 16 pp. fans date. Ibid. 

Jefus mourantj Poëme,par le fieurBiGRES, 
clédié à la Reine. A Paris , de l'Imprimerie des 
nouveaux caractères inventés par î'. Moreau , 
Maître Ecrivain juré à Paris , & Imprimeur 
ordinaire du Roi , 1 644. in-4 tome 1 8. page fz* 

Hercule furieux , Tragédie , ( par Nicolas 
l'Héritier , Seigneur de Nouvellon et 
de Villandon. ) Paris , Touffaintf Quinet, 
- 1 6 $ in-4. tome 1 8, pages 736* fuiv. 

Le Grand Clovis premier Roy Chreflien , 
Tragi Comédie. Dédiée à Monfeigneur TErni- 
nentimme Cardinal Mazarin. Par le même. 
Paris , Guillaume de Luynes , 16 §K 0 in-8. 
Ibid. 

Portrait d'Amarante > du même , dans h 



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454 BlBLIOTHE QUE 

Galerie des Peintures , ou Recueil des éloges 
en profe & en vers , x. partie. Paris > de Sercy, 
i66y in-n. Ib'uL 

Les Œuvres de M. le Préfîdent Nicole , 
( contenant le Poème héroïque d'Adonis , tra- 
duit du Cavalier Marin , dédié au Roi : de* 
pièces choiiks , traduites d'Horace , Ovide , 
Martial, &c. Proferpinc, Poème de Claudian, 
& les Satyres de Perle. ) Paris , Charles ét 
Sercy , 1 66 z. in-i i. tome i %* pages 77 & fiùf. 

Les Oeuvres du même , beaucoup augmen- 
tées : avec une Epître en vers à M. le Duc de 
Stûat Aignan ; & des Pocfies pieuTes du même. 
Ibtd. 1653. i vol. in n. Ibtd. 78 , 7?. 

Catéchifme en vers , avec des prières quand 
on afltltc à la Méfie , & pour la journée ; par 

M. D'HeàUVILLE , (Louis LE BOURGEOIS,) 

Abbé de Chantlmerle. Paris , Frédéric Léo- 
nard, 1 669. in- 14. tome I&. pages 8 1 6» /tfil. 

Le même fous ce titre: Catéchifme en vers, 
ÀèdAé à Monfeigneur le Dauphin , dans lequel 
les vérités chrétiennes font expliquées d'une 
jtianiere fi intelligible & fi exacte , que toutes 
fortes de perfonnes s'en pourront fcrvir utile- 
ment. Avec des prières pour le foir Se pour le 
jnatm , & frrr les fujets les plus imporrans , 
(£c les tept P&aumes de la Pénitence , auffi en 
vers) dernière édition. Paris , Urbain Coufie- 
lier, 16S8 in-11. Ibid. 

, Les Œuvres fpirituelles en vers François , de 
; JM. l'Abbé D'HïiujvîLtE , ôii font contenues 



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Françoise. 455 

Les Devoirs du Chreftien 9 & FHiftoire des 
Myftéres de Notre Seigneur Jefus Cluift & de 
la fainte Vierge , en forme de Cantiques pour 
le tems de FAvent. Et très utiles aux enfans 
pour leur apprendre facilement tous les princi- 
pes de la Doctrine chrétiennes dédiées à M. le 
Dauphin. Pans, Hélie JoJJet , 1684. in- 11. 
Ibid. 

Sonnets chrétiens fur divers fu}etSL, divifésen 
quatre Livres, (par Laurent Drelincourt, 
Jvliniftre de la Religion prétendue. Réformée à 
Niort en Poitou. ) A Niort , par la veuve Phi~ 
lippe Buveau* 1*77. in : 8* tome 18. pages 84 
& fuiv. 

Les mêmes , augmentés d'une Patapbf afe des 
fept Pfeaumes de la Pénitence , aufli en vers, 
A Àmflerdam , che{ Daniel de la C ortie 9 
168 1. in-8. Ibid. 

Les mêmes , avec la même Paraphrafe , à 
Amfljsrdam , Jacques Deshordes , 17 3 1 . in-8. 
Ibid. ^ 

Théâtre de {Gabriel) Gilbert, contenant: 
Marguerite de France , Tragi -Comédie , 1641, 
Téiéphonte , Tra2,i -Comédie , 1641. Rhodo- 
gune , Tragi-Comédie , 1 646. Hypolite , ou le 
Garçon infenfible. Tragédie , 164*. Sémira- 
mis, Tragédie , 1646. Ces pièces font in-4. 
tome 1 8. pages *6 & fuiv. 

Les Amours de Diane & Endimion > Tragé- 
die , *é 57 & 1 6 6 1 . Crefphonte , ou le retour 
des HéracUdes , Tragi-Comédie , 1659. Ane 



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456 Bibliothèque 

éc Pétus , ou les Amours de Néron , 1 660. \,cs 
Amours d'Ovide., Paftorale héroïque, i66y 
Les Amours <T Angélique & de Médor , Tragi- 
Comédie , 16*4- Lcs Intrigues amoureures, 
Comédie , 1667 . Les peines & les plaifirs de 
l'Amour , Poème lyrique , repréfente en MuJi- 
que, 1671. Ces pièces font in- 12.. Ibia\ 

L'Art de plaire , Poëme du même , divifé en 
% Livres. Le premier dédié à Chriftine Reine 
de Suéde. Le Lecond à Monfieur , frerc unique 
du Roy. P41W, Guillaume de Luynes t irfjj. 
in- ix. Ibid.. 

Poëme à la Séréniflime Reine de Suéde. Du 
même. Ibid. 16*55. in-ix. 

Les Poe'fies diverfes de M. Gilbert , Secré- 
taire des commandemens de la Reine de Suéde, 
<&fon Réûdont en France. Paris y i6tf x. in-u. 
Ibid. 

Les Pfeaumes en vers François , par le même. 
< Il n'y a que 50 Pfeaumes. ) Paris , Antoine 
Cflicr) 1680. in- ix. Ibid* 

Ode du même, au Cardinal Mazarin , dans 
le t. 3 . du Recueil de Poeiies diverfes dédié au 
Prince de Conti. Ibid. 

Traduaion en vers de l'Apocalypfe de (àint 
Jean félon le fens littéral , exprimé par la ver- 
non Latine appelléc Vulgate, & par les autres 
yerfîons Françoifes approuvées. Par Michelin 
Maroiles, Abbé de ViUeloin. Paris , i*77- 
in-4. tome iV.pages ?x. &fuiv. 
.... - xcs 



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Françoise. 457 

Les Papes, les Cardinaux François 5 les Ar- 
chevêques & Evêques de France , dans les an-i 
ciennes limites du Royaume , lesquels ont 
vécu depuis Tan 1 600 jufqu'à ce jour 1 Mai 
1*77. en Quatrains , par le même. in-4. Ibid. 

Paris , ou la defeription fucciucte & néant- 
moins aflez ample de cette grande ville , par 
un certain nombre d'Epigrammes de 4 vers 
chacune fur divers fujets. Du même. 1677. 
in-4. 

Quatrains fur les perfonnes de la Cour , & 
les gens de Lettres , du même. 1677. in-4, Ibid* 

Géographie facrée, ou Eccléfiaftique de tout 
le monde , en Quatrains , du même. 1 6 77. in 4. * 
Ibid. 

La prophétie de Daniel , traduction en vers 
fur la verfion Latine vulgate , avec des Re- 
marques & des Obfervations néceflaires. Du 
même. Paris, 1^77- m-^. Ibid. 

Les Prophètes Jonas & Nahum ouchant les 
Nini vîtes. Traduction en vers avec des Re- 
marques, Du même. Paris , 1 678. in^. Ibid. 

Le Cantique des Cantiques de Salomon, 
traduction en vers , du même. Ib. 1 67 8. in-4. 
Ibid. 

Les Lamentations de Jérémie , traduction en 
-vers , avec des Remarques. Du même. îb. 1 6 7 8. 
in-4. Ibïd* 

Tome XKUL V 



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458 Bibliothèque 

Recueil d'Enigmes. Paris , 1658. in-it» 
parmi lefquelles il y en a de Charles Cotin. 
tome 18. pagi 99 &fuiv. 

Recueil des Enigmes de ce tems : Avec an 
difeours fur l'Enigme , par Charles Cotin. 
Paris , i*4*.in-ii.i/. à Lyon ,164%. in-11,. 
item, à Paris , 1661. ïa ii.uem, d Rouen, 
\6iy in-ii. lbid. 

Nouveau Recueil de divers Rondeaux , par 
le même. Paris, 16 s 0. in-11. achevé d'im- 
primer le 1 Décembre 1649- lbid. 

Du même , Poème fur la Madeleine qui 
cherche J. C. au fépulcre , dédié a M. le Car- 
dinal de Richelieu. Paris , Jacques Degafl , 
16 $5. in-4. lbid. 

Du même , la Jérufaicm défolée , ou Médi- 
tation fur les leçons de Ténèbres , avec un 
Hymne de la Divinité : les contentemens d'A- 
rifte dans la foiitude , & fept Sonnets. Paris > 
François Targa, 16)6. in-4, ibidem. 

. Poefics Chrétiennes, du même. Paris ,1617* 
in- 8. item , fous le même titre , Paris , Pierre 
le Petit, 1669. in-n. nouvelle édition, 
augmentée de ptefieurs pièces, lbid. 

Œuvres mêlées du même, contenant Enig- 
mes , Odes , &c. Paris, 16^9. in-ia. lbid. 

La Paftorale Sacrée , ou Paraphrafe du Can- 
tique des Cantiques , félon le fens littéral , 
avec des Remarques. Paris, M6i. in-n. 



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FRANÇOISE. 

, Œuvres galantes en profe & en vers , du 
même , en deux parties. Paris , 1^3. in-ix. 
item , 166$, in- 11. deux vol. lbid. 

Odes Royales fur les Mariages des Princefles 
de Nemours, du même. Paris , 166$. in- 8. 
Jbid. 

La Ménagerie à fon Àltcfle Royale Made- 
moifelle , in-ix. (ans date. Imprimé par les 
Antiménagiftes , rue des Mauvais garçons , à 
Venfeigne de la Corneille d'E/ope , che% le Pé- 
dant démonté , à Cofmopolis. Le même , fous 
ce titre : La Ménagerie, par M. l'Abbé Cotin,. 
& quelques autres pièces curieufes , ( Chape- 
lain décoiffé, en deux façons : Galanterie , pièce 
obfcéne j ) A la Haye , 1666. in-ix. Les piè- 
ces ajoutées ne font point de Cotin. lbid. 

La Critique défintéreffée fur les fatyres du 
temps , du même. 1 66 6. in- 8. lbid. 

Poê'ftes diverfes du même , dans les Recueils 
4e fon tems , & dans le Mercure de if 78. 1b. 

(Eu7res mêlées de MàrU- Catherine- Hortenfé 
ses Jardins , plus connue fous le nom de 
Madame de Viliedieu , contenant Manlius , 
Tragi-Comédie , NitétiSj Tragédie , Le Favori^ 
Tragi-Comédie y des Èglogues , dés Elégies , 
& autres Foefiés $ & des Lettres, en profe & en 
Vers. A Paris , veuve de Claude Barbin , 1701. 
in ix. tôme 1 8. pages 1 1 8 & fuiv. ' 

Fables ou Hiftoires allégoriques , dédiées au 
Roi , par la même. Paris , Claude BarVm't 
1670. in- ix. lbid. 



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460 Bibliothèque 



Les Hymnes de PEglife pour toute Tannée , 
traduites en vers François par le Sieur Dumont, 
( Louis le Maistre de Sacy. )tome 18. pages 
1)5 &fuh. 

Pocrae de S, Profper, traduit en vers Fran- 
çois , par le même. Voyez fur ces deux Ouvra- 
ges le t. 6. de cette Bibliothèque , nouvelle 
édition , p. & fuiv - & P- 3 5 5 & fuiv - Ibld . 

Les enluminures du fameux Almanach des 
PP. Jéfuitcs , intitulé Là déroute & la confii- 
fion des Janfcniftes , in-4. 16*54. item> in-i£. 
1*54. item y in-3. 1*83. & depuis in-ix. Ibid. 

Poëme contenant la Tradition de i'Eglifc 
fur le très faint Sacrement de TEuchariftie , par 
M. le Maistre de Sacy, avec un difeours 
en profe fur le même fujet, in-4. & irwx. 
Paris , Guillaume Defpre{ 7 169$. Ibid. 

Le Théâtre de Pierre Corneile , à Rouen t 
Guillaume de Luynes , 166 j; 1 volumes in-fbl. 
& depuis réimprimé fouvent in - n. & auflS 
in-4. item , à Paris y che{ Martin 9 & autres, 
1758. 6 vol. in- ix. & 4 vol in-4. tome iS, 
pages 140 & fuiv. 

Limitation de î. C. traduite par le même en 
Vers François , le I..* Livre en 1*51 Les 4 
çnfemble , à Rouen , 165$. in-4. & plufieurs 
fois depuis in-i 6. & in - 1 x. Ibid. 

Louanges de la Sainte Vierge compofées en 
times Latines par S. Bonaventure, traduites 



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Françoise;. 461 

tn vert François par le même. Paris, U5j é 
in- 12. Ibid. 

L'Office de la Sainte Vierge , traduit en 
François , tant en profe qu'en vers , avec les 
fept Pfeaumes pénitentiaux , les Vêpres & Com- 
plies du Dimanche , & tous les Hymnes du 
Bréviaire Romain , par le même. Paris , Ro- 
bert Ballard, léjo. in-n. Ibid. 

Œuvres diverses de Pierre Corneille; 
( avec une préface de l'Editeur, M. l'Abbé 
Granet. ) Paris , Gijfey , 17 y 8. in- 11. Ibid. 

- Ode du même au Pere Delidel , Jéfuitc , fur 
fon Traité de la Théologie des Saints , à la 
tête de ce Traité , en 166%, in-4. dans le 
Mercure de France, mois de Décembre 1717. 
ic dans les Œuvres diverfes de Pierre Corneille. 
Ibid. 

Réponfe de Mademoifelfe ( Anne ) de la 
Vigne, à une Lettre Galante (de M. Pavil- 
lon , ) qui lui fut écrite des Champs Elizées, 
âpres une grande maladie dont elle penfa mou- 
rir. Dans le Recueil de vers choijîs , par le P. 
Bouhours , Paris , Joffi , 1 693 . in-i 1. & dans 
let Œuvres de Pavillon , 1747. t. 1. tome 1$. 
pages 164 & fuiv. 

Réponfe de Mile de. la Vigké à l'ombre de 
Defcartes , ( de Mlle Descaktes , ) vers choies 
• du P. Bouhours. Ibid* 

Monfeigneur le Dauphin, au Roi. Ode de 
la même. Ibid. 

V iij 



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461 Bibliothèque 

A rilluftre Auteur de l'Ode pour Climéne, 
quel qu'il foie , Stances , de la même. Ibid. tome 



18. Ibid. 

A Iris , Madrigal , de la même. Ibid. 

Stances , de la même , à Monfeigneur. 

Ode à Mlle Scudéry , pour la féliciter du 
prix d'Eloquence qu'elle avoit remporté à l'A- 
cadémie Françoife , par la même. Dans l'Hif- 
toire de l'Académie Françoife , édit. de 1*71, 

La paffion vaincue , Sonnet , de la même. 
Dans le Recueil de vers choifis, & dans la Bi- 
bliothèque poétique de M. le Fort de la Ma- 
rinière, in-4. t. >. 

La paffion combattue , de la même. Ibid. 
On parle de toutes ces pièces tome 18. pages 
1*4-16$. 

Childebrand , ou les Sarrafîns cha/îés de 
France , Poëme héroïque , par Jacques Carel , 
fieur de Sainte Garde. Paris , i66 6.in-ix. 

Le même , fous ce titre : Charles Martel, 
ou les Sarrafins chaffés de France. Paris , Tho- 
mas Jolly , 166%. in- 11. item , ibid. 1689. 
in- 11. tome 18. pages 169 & fuiv. 

Défenfe des beaux Efprits de ce temps , 
contre un Satyrique , par le four de Lbrac , 
( Carel. ) 1675. in-ix. à Paris, Ibid. 

Louis XIY« le plus noble de tous les Rois 




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f F R À N Ç O I 5 E. 463 

par fcs Ancêtres : le plus fage de tous les Po- 
tentats par fa conduite : le plus admirable de 
tous les Conquérans par fes victoires. Po&ne 
du même, 1671. in-4. Ibid. 

Odes , & autres Poëfîes deBaltfafar Huin , 
Confciiler à la Cour Souveraine de Lorraine 
& Barrois, &c. fur les diverfes acYions de 
Charles IV. Duc de Lorraine. Une des Odes 
eft imprimée dans la Bibliothèque Lorraine 
.de Dom Calmet. Les autres Poefies ne font 
connues que par le même Ouvrage. 

Hymnes fur différens fujets , par Dom Louis- 
Gabriel Brosse , Religieux Bénédictin de la 
Congrégation de Saint Maur , 1650. tome 18, 
pages 177 & fuiv. 

Les Tombeaux & Maufolées des Rois in* 
humés dans l'Eglife de Saint Denys depuis le 
Jtoi Dagobert jufqu'à Louis XIV. Avec un 
abrégé des chofes les plus notables arrivées 
pendant leur règne , par le même. Paris , Pc- 
pinguéj 1 65 6. in- 8 . Ibid. 

La vie de la très-illuftre Vierge & Martyre 
Sainte Marguerite , nouvellement mife en vers 
François , avec les riches Anagrammes tirées 
du nom de la Reine , fans changement d'au- 
cune lettre. Suivies de Sonnets , & d'une Ode 
Royale fur ces Anagrammes. Dédié à la Reine, 
par le même. Paris , Léonard , 1669. in-ix. 
Ibid. 

Paradis facré des Mufes faintes , du même , 
cité dans l'ouvrage précédent, Ibid. 

y iv 



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464 Bibliothèque 

Le Triomphe de la Grâce fur la nature en la 
Tie de Sainte Euphrofine, du même , 1671. 
in-4. Ibid. 

Diverfes pièces de Théâtre de Jean de Mat- 
*et % voy^| THiftoire du Théâtre François 
par MM. Parfait, tome IV. pages 3 37 & fuir. 
& le tome V* tome 18. pages 178 & fuiv. 

Œuvres Poétiques diverfes , du même , à la 
fuite de fa Silvie. Paris , François Targa % j 
in-8. Ibid. 

Œuvres Lyriques du même , à la fuite de fa 
Silvanirc. Paris , François Targa , 1 6 3 1 . in- 4, 
Ibid. 

Divers Sonnets du même > au-devant ou à 
la fuite de quelques-unes de fes pièces de 
Théâtre. Ibid. 

L'Auteur du vrai Cid Efpagnol à ion Tra- 
ducteur François , ( Pierre Corneille ) fur 
une Lettre en vers qu'il a fait imprimer r in- 
titulée , Excufe à Arifie , ou après ceut traits 
de vanité , il dit de foymêmc , \ 

Je ne dois qu*à moy feul toute ma renommée. 

in-4. en vers , 3 pages , fans date , (ignée Don 
'Baïxa^ar de la Verdad. Ibid. 

Epigramme du même , fur la Comédie de 
Pierre Corneille , intitulée La Veuve , dans le 
tome 1. des Œuvres de Corneille. Paris > 1738. 
in- h. Ibid. 

Voyage de MM. ( François le COioneux 



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Françoise. 465 

*E ) Bachaumont, & ( Claude-Emmanuel 
Luillier , dit ) Chapelle , en profe & en 
vers , & Poê'nes diverfes du même Chapelle. 
Dans le Recueil de pièces choifîes , tant en 
profe qu'en vers ( publié par M. de la Mon- 
Hoye. ) A la Haye. ( Paris , Emeri , ) 17 1 4. 1. 
vol. in-ii. Le Voyage & les PoeYies diverfes 
font dans le tome 1. tome 1 8. page 100 6» fuiv. 
jufqiï à m. 

Rondeaux du même ; contre les Métamor- 
phofes d'Ovide de Benferade , & 3 Epîtres , 
auflldu même , à M. le Duc de Nevers: avec 
les Œuvres de l'Abbé de Chaulieu > édition de 

Po'éfies diverfes de M. François de Biau- 
villiers , Duc de Saint Aign an , dans les 
Mercures de fon tems , dans les Œuvres de 
Scarron , dans celles de Madame des Houlie- 
res , & dans le Recueil des pièces Académi- * 
ques,par le fïear Guyonnet de Veiêtron. 
. terne 18. pages 113-136. 

Difcours fatyriques & moraux 3 ou Satyres 

f énérales, parL. Petit. Dédiés à M. le Duc 
e Montauner. A Rouen , Richard Lallemant , 
1686. in-n. tome 1%. page 130-135. 

Epîtres morales & Académiques de Mqnfieur 
de Sabatier , de l'Académie Royale d'Arles. 
A. Lyon , che% Robert Richard , & à Arles , 
chc{ François Gaudion, 1687. in- 11. tome 18. 
page 13*. 

L'Homme -Dieu fouf&ant, Poème héroïque. 



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466 Bibliothèque 

Dédié au Roy , féconde édition. Paris , Anèri 
Pralard t 1 6 8 1 . in-S. I/Epître dédicatoirc cft 
(ignée L. P. de Longeville , à S. Vi&or le 
premier Septembre 1681. tome 18. pagts ij7, 
138. 

Ode fur la naifTance de Monleigneur le Dau- 
phin , par Jean Doujat , Paris y Denys La*- 
glois, 16C1. in 4. tome 18. pages 2.3 8-141. 

Eloges des perfonoes illuftres ( aa nombre 
de 50 ) de V Ancien Teftament , pour donner 
quelque teinture de THiiteire facréc A Tufagc 
de M. le Duc de Bourgogne , par le même 
Paris 9 Gabriel Martin, 1658. in-8. lbid. 

Diverfés Poëfies du même , en feuilles vo- 
lantes, lbid. 

Théâtre de Philippe Qitinaitlt , de TAca- 
démie Françoife , contenant fe$ Tragédies & 
Comédies j & fes Opéra , J Amflerdam , 1 697, 
€ vol. in- 1 1. Item , à Paris , avec la vie de 
l'Auteur , che^ Pierre Ribou , 1 7 1 5. 6 volumes 
in- 1 1 . tome 1 8. pages 141 jufquà 1 j f. 

Epigrammes , & Quelques autres Poëfies du 
même dans difFérens Recueils, lbid. 

Poëfîes diveries du fleur ( Antoine ) Fure- 
tiere. Paris, Guillaume de Luynes , 1*55, 
in -4. Item y ibid. féconde édition, augmentée 
& corrigée , 1664* in-i*. /g/w* lî. pages i/tf- 
1*1. 

Lç Yoyage de Mercure , Satyre , du même, 



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Françoise. 467 

4. édition, revue ÔC corrigée fur l'impreffion. 
Paris , André Boutonné , 1669. in-ix. Avec 
une Préface ou Epitre dédicatoire ( aulfi en 
Ters , ) à per forme. Ibid. 

Fables morales & nouvelles , du < même , 
dédiées à M. François de Harlay , Archevêque 
de Paris. Paris , Claude Barbin> 1*71. in-n. 
Ibid. 

Satyre fur les diverfes occupations des hom- 
mes , du même , dans le Furetcriana. Paris , 
Thomas Guillan , 1 696. in-n, Ibid. 

Les Devoirs du Chrétien , ou les grâces que 
le Chrétien doit rendre & demander à Dieu , 
en vers français. Dédiés à fon AltefTe Madame 
la DuchcfTc de Verneuil. Par M Gilles de 
Champagne , Prêtre. Paris, Jean Guignard , 
z £70. in-i 1. tome 1 8. page 164. 

Traduction en vers des Pfeaumes de la Pé- 
nitence de David , & des Vêpres du Dimanche, 
du Cantique Magnificat, du Pfeàume Exau- 
diat , du Cantate , & du Laudate Dominum om- 
nés gentes. Les Pfeaumes Benedic anima mea 9 
Do minus illuminatio ,/Deus ultionum , & Au- 
dite hœc omnes gentes. Avec des Argumens 5c 
des Réflexions Chrétiennes , ou Méditations 
fur les mêmes Pfèaumcs. ( Par N. Ecuyer, 
Sieur d'Acy , Confciller Sécretaire du Roy. ) 
Paris y veuve Bouillerot , 1 6S8. in-i 1. tome 1 S» 
pages 16 2. y 165. 

Verfion nouvelle des Pfeaumes de David , en 
vers François , fur les airs de ceux de Clément 



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468 Bibliothèque 

Maroc & de Théodore de Bézc , par Louis 
G au vain , Do&eur en Droit. A Jéna % i6yj. 
in- ii. tome 18. page 16}. 

Amitiés , Amours & Amourettes , ( ou let- 
tres , ) par René le Pays , nouvelle édition , 
augmentée de la Zélotyde , Hiftoire Galante, 
du même Auteur. Paris , Charles de Sercy , 
1*71. in-n. 

» 

Nouvelles Œuvres du mêfïie. Ibid. 1*71. 
* vol. in- 11. Item , ibid. 1*8 y. in-n. 3 vol 
in- 11. Item, à Amsterdam en 1699. U 7 * Ctt 
encore d'autres éditions. 

Du même, 1 placets au Roi, en vers, dans 
le Recueil de vers choifîs du P. Bouhoars. 
Paris , 1 69 3 . in- 1 1 . /om< 1 8. pages 1 6+jufqiîà 

Les Œuvres ( de Théâtre ) de M. ( Raymond) 
Poisson , divifées en 1 tomes , féconde édic. 
corrigée & augmentée. Paris , Thomas Guil- 
lain)\6%7* in-n.tome 18. pages 1.69-179. 

Epître du même au Roi , à la tête du tome 
J du Recueil précédent. Ibid. 

Poefies diverfes , du même , dont quelques- 
unes font dans 1e t. 7 de THiftoiredu Théâtre 
François , mais qui font toutes réunies au- 
devant de la Comédie des Foux divertifans , à 
Paris , Jean Ribou , itfSi.in-ii. Ibid. 

Vers du même à M. Colbext , dans le Fih 
reteriana. Ibid* 



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Françoise. 



469 



Satyres > ou Réflexions fur les erreurs des 
Drames , & les Nouvelliftes du temps Paris , 
rabr 'ul Quinet , 1690'. in- 12. tome 1 S. pages 
7 



édié à M. Pierre du Cambout de Coiflin * 
vêque d'Orléans , Abbé de S. Viclor. Par N. 
:ourtin. Paris > Thomas Jolly^i666. in-ii„ 
a Poète n'y prend aucune qualité, tome il. 
âges 281-187. 

Sur la nouvelle Conquête de la Franche- 
Zomté , Poème en IV. livres. Paris , Théodore 
Girard > 1674. * n ~4- Signé à la fin N. Çôur- 
nu , P. H. ( peut être Profefleur Humanifte. ) 
Ibid. 

Poëfics Chrétiennes. Charleraagne pénitent. 
Les 4 fins de l'homme , od il eft traité de la 
Mort * du Jugement dernier , du Paradis & de 
l'Enfer , avec la chute du premier homme , 
par M. Courtin Paris , Charles de Sercy , 
1687. in ii. L'Auteur eft dit dans l'Approba- 
tion des Cenfeurs , Ancien Profejfeur en Hu~ 
manitc de VUniverJité de Paris, lbid. 

Poc'fics diverfes . &Ifaac de Benserade, 
dans le Recueil de Barbin , tome 5. & dans 
celui de Sercy , tome 1 , 1 , % & 5. 13 pièces 
dans le 1. 5 dans le 1. 1 dans le 3 . 1 dans le j. 

Les Œuvres de Monfieur de Benserade» 
a. volumes in- 11. Paris , Charles de Sercy , 
1697. Le tome 1. après l'Epure dédicatoirc à 




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470 Bibliothèque 

M. le Comte d'Armagnac , grand Ecuyer de 
France , contient le Di (cours fur la vie de 
Benfcrade , en profe , par l'Abbé Tallemant , le 
Poème de Bcnferade fur le Mariage du Roi, j 
Ces Ballades , Sonnets , Stances , Epîtres , Eic- 
gics, Epitaphcs,Madrigaur, Rondeaux ckoi- 
Ss des Métamorphofes d'Ovide , &c Le 2. les 
vers des Ballets du Roi % qui avoient été im- 
primés chacun féparément en leur tems. 

Autres Poëfies du même , dans les Recueils 
de Ton tems , & dans les Remarques de NL 
l'Abbé Joly fur le Di&ionnaire de Bayle, ar- 
ticle Benferade. 

Fables d*Efope en Quatr aî ns * du même , dont 
il y a une partie au Labyrinthe de Vcrfaillcs» 
Paris , i^78.in-8« 

J'ai parlé ailleurs , ( T. 6.) de Ces Métamor- 
phofes d'Ovide en Rondeaux. Et on a la lifte 
de Tes pièces de Théâtre dans les tomes V. & 
VI. del'Hiftoire du Théâtre François , & ail- 
leurs. Voyez fur toutes ces Poëfies le tome il, 
depuis la page 2.87. jufquà.^o$. 

Ode pour le Roi , par Michel le Clerc, de 
l'Académie Françoile. Paris , 1**3. in-4. tome 
18. pages joy jufqiCà 30$. 

Ode du môme , pour le RoL Paris , i£6l. 
inr4. Jbia\ / 

)Le Temple de l'Immortalité', Ode à M. k 
Dauphin , par le même. Paris y 1673. ia-4. 
Ibid. 



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Françoise. 471 

Ode fur la prife de Philifbourg, à M. le 
Dauphin, par le même. Paris , i*88.in-4. 
Jbid. 

Sonnets du même, dans le Recueil de Sercy* 
tome 4. 

Sonnée du même , fur fa Statue du Roi éri- 
gée en la Place des Victoires, in-4. Ibid. 

Parodies de N. de la Fond. Dans les trois 
tomes de Parodies y & dans les deux volumes 
des Tendrefles Bachiques. Paris , Ballard, in- 
ii. Elles y font marquées par une F. tome 1 8. 
pages 309 ,310. 

Qu'on voit toujours Sa Majcfté tranquille , 
quoique dans un mouvement continuel , Eglo- 
gue, par M. ( Charles ) du Périer , qui a 
remporté le prix de l'Académie Françoife en 
,i6%i. tome 18. pages 310 & fuiv. 

Les grandes chofes que le Roi a faites pour 
la Religion Catholique , Poëme du même > 
qui a remporté le prix de la même Académie 
en 1683, Dans le Recueil de l'Académie ira* 
primé en i747^ages 47 & 68. Ibid. 
• 

Sonnets du même , au Roi , & à Monficur 9 
in-fol. fans date. 

Traductions du même de 4 pièces de San- 
teul , dans le t. 3. des Poê'fîes de Santeul , i 
Paris* I7i^.'in-ix. Ibid. 

Lettres en profe , & diverfe* Poëfies de 



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47i Bibliothèque 

Louife-Anaftafie Serment, dans le premier 
volume du Recueil de pièces Académiques ea 
proft & en vers , par M. de Vertron. 

Madrigal , par la même , dans les Œuvres 
diverfes de Pierre Corneille , in- 1 z . p. io;. 

Vers de la même , Sans le ParnafTc François 
de M. Titon du Tillet , p. 446. tome iZ. pages 
JH-J14. 

Requête des Dictionnaires à MM. de l'Aca- 
démie Françoife , par Gilles Ménage. Paris, 
1649. in-4. fous ce titre , Le ParnaJJe alar- 
mé. Item y fous le titre de Requête , Sec. Dans 
les Mifcellanea de l'Aureur , 1651. in-4. i 
Paris , chc{ Auguftin Courbe. Item > dans le t. 
4. du Menagiana. tome 18. pages 3 14-350. 

Eglogue du même, intitulée Chriftine .-dans 
le t. 1. du Recueil de pièces choifîes , donné 
par M. de la Monnoye , in-n. Ibid. 

Du même, Poëfîes diverfes , dans fes Mif- 
cellanea cités. Ibid. 

Œuvres de l'Abbé ( Matthieu ) de Mon- 
treuil. Paris , Louis Billaine , 1&66. in-ix. 
tome 18. pages 330 355. 

Diverfes Poëfîes du même , dans chacun des 
f cinq vplumes du Recueil de Scrci. Ibid. 

Du même , Lettre contenant le voyage de 
la Cour vers la frontière d'Efpagne ,en l'année 
1660. dans nn Recueil de Pièces nouvelles & 



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Françoise. 473 

galantes , tant en profe qu'en vers* Cologne , 
létfj.in-n. lbid. 

Lettres & Poëfîes de Madame { Charlotte 
Saumaise de CHAZAN,)ComtefTe de Brégy. 
u4 Lèyde , che^ Jean Sambix % 1668 in- 11. 
/om* 18. pages 335-341. 

Poe'fîcs diterfes, ( Stances, Sonnets $ Epi- 
grammes, Chanfons,.} de Jean- Louis Faucon 
de Ris, Seigneur de Charleval , dans le 
Hecueil deSerci, t. 1, p. 81. 131. 300. 307. 
t. 3. p. 141. 148. t.x5. p. 70. & dans le Re- 
cueil de Barbin , t. 4. depuis la page 305. juf- 
qu a 3 6p. Choix des mêmes pièces , dans la 
Bibliothèque Poétique de M. Le Fort de la 
Moriniere, in-4. t. x. p. 411 & fuiv. tome 1 8, 
pages 

Poe'fîes diverfes , galantes , morales , chré- 
tiennes, & autres\ avec des imiutions de plu- 
sieurs Epigrammes des Anciens , par M. Paul 
Pelusson Fontanier , de l'Académie Fran- 
çoife , &c. Dans divers Recueils , tels que celui 
de Cologne , in-11. celui de Couterot , 

Paris, 1681, 3 vol. in-ii. celui de Poëfîes 
Cbrériennes &• diverfes dédiées au Prince de 
Conti , in- 11. t. 1. p. 121-13:3. & t.i* pages 
306331. Dans les vers choifîs du P. Bouhours, 
Dans le Recueil de pièces galantes en profe & 
en vers de Madame fa Comtefle de la Suze SC 
de M. Pelliflbn , 4 vol. in- 1 1. Trévoux ,1715. 
Dans la Bibliothèque Poétique de M. Le Fort 
de là Mdriniere , in-4. tdme P : 3 £1-41 1» 
Dans le Recueil des Epigrammatiftes Fran- 
çois , avec des notes de M. Bruzén de la Mar- 
TomtXniU X 



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474 Bibliothèque 

tiniere , t. t. p. 1*5-174. Dans les Remarques 
de M. l'Abbé Joiy fur le Dictionnaire de Bayle, 
p. 608. Dans le Porte-feuille de M. L.D.P.i 
Carpentras, 1694. in -11. on a ion Ode furie* 
bàcimens du Louvre, & fa Requête à la pofté- 
rité. tome 18. pages 350-367. 

Maximes d'Amour , & Almanach d* Amour 
pour l'année de grâce ié6$. par le grand 
Ovide Cypriot , lpéculateur des Epkémerides 
amoureufes , aux remarques duquel fe ver- 
ront des çhofes merteilleufes qui arriveroat 
cette année. Dédié à Cupidon. Par Roger de 
Rabutin , Comte de Bussy , à la fuite de 
quelques Poëfîes de Madame la ComtefTe de la 
Suze. Paris , Sercy, 1666. in-ii. tome 1%. 
pages 3** &fuiv. 374. 

Diverfès Poëfies du même , Sonnets , Ron- 
deaux , imitations de plufieurs Epigrammes de 
Martial , Catulle & autres , dans le Recueil de 
Çorbinelii , Paris , 1*71. 1. vol, in- 11. Dans 
celui de M. Brcugkre de Barantc. lbid. 1*58. 
x vol. in- il. Dans les vers choifis du Pere 
Çouhours, p. 3 8. 274. 175. 116. Dans le L 1. 
des Epigrammatiftcs Erançois de M. de la 
Martiniere, in-11. p. 179 313. Dans le Dif- 
cours de l'Auteur même à fesenfans, p. itfy 
$75. 

• . |_ 

UlyfTe & les Sirènes, fable. Par Gafpardm 
ïieubet , Confeillet d'Etat , &ç. Dans les Vers 
choifis du P. Bouhours , édition de 1693. m ' 
Xi. p. 148. tgmt ifc. pages 374- 375-37^- £77- 

Ipitaphc du Philosophe Oejfcartcs , en vers 



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Françoise. 475 

François , par le même , dans la vie de Def- 
cartes in-4. 1. 1. p. 443. & dans la Defcriptio* 
de Paris , par M, Piganiol de la Force > t. j» 
p. 145. Ibid. 

Onguent pour la brûlure , ou le fécret poar 
empêcher les Jéfuites de brûler les Livres , À 
M M M M. par Barbier p'Aucour* 
16^4. in-4. & plufieurs fois réimprimé depuis , 
entre autres en 1683. in -8. à Liège , avec une 
gravure, tome 18. page 377-383. 

Lettre en vers libres fur la condamnation du 
N. T. de Mons par M. de Péréfixe , du même , 
166%. in-4. MA 

Lettre en vers libres , du même , contre u» 
Mandement du même Prélat fur le retranche- 
ment dés Fêtes , 1666. in-4. 

Apollon vendeur de Mithridate, Satyre en 
vers libres, contre M. Racine , du même, 
imprimé auifi (bus le ùm^Agollon Charlatan* 
167 5. Plus dans la Bibliothèque critique de 
Sainjore , ( Richard Simon, ) 1. 2. in- 11. à ia 
fin. Plus dans les Œuvres de M. Racine , édit# 
4'Amfterdam , 1 7 1 1 . 1. 1 . Ibid. 

Œuvres diverfes , contenant la confblation 
à Olympe fur la mort d'Alcimédon. L'imita- 
tion de quelques chœurs de Sénéque le Tra- 
gique. Lettres en vers fie en profe. Le Bail d'wi 
cœur. Divers Sonnets fie autres pièces , par le 
Sieur D. H. ( Jean d'Hesnaixd. ) Paris , Jean- 
Hibou, 1670. in-11. tome 18. page 384-394* 

Elégie fie Eglogue du même , dans le Fur*- 



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47^ Bibliothèque Franç. 

teriana. Paris , GuUlain , in-n. p. iof. 

156. & p. 544-576. 

Tradition du commencement du Poenft 
de Lucrèce , du même. Voyez les Traductions 
des anciens Poètes Latins, Ibid. 

Poëfîes de Madame des Houlie&es. Paris, 
16*7. in-8. 1 vol. Ibid. 169$. Item> Paris s 
Fillette 1710, 1717 , 1731 , in 8. % voU 
/ton , nouvelle édition , augmentée de l'éloge 
de Madame & de Mlle Des Houlieres , 8c ce 
plufieurs pièces qui n'avoient point encore été 
imprimées. Paris , David , 1747. 1 petits voL 
sa*xi. tome il. />4tg* 304 & fuiv. 

F I N. 



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